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L – Comment vous voyez, l’usage que vous pouvez vous-même faire de la théorie, quand je pense à la théorie je pense à des théories constituées, à des systèmes comme ça qui sont

L’ENTRETIEN COMME PRATIQUE SOCIALE

1. L – Comment vous voyez, l’usage que vous pouvez vous-même faire de la théorie, quand je pense à la théorie je pense à des théories constituées, à des systèmes comme ça qui sont

transmis par exemple dans les études puisque vous avez fait tout ce cursus d’études, donc vous êtes quelqu’un qui a eu accès fréquemment à la théorie, et comment vous vous avez fait ce lien, comment vous vous représentez ce rapport à la théorie, qu’est-ce que vous tirez de la théorie pour votre pratique, quel lien ça peut faire et aussi, en tant que formateur, comment vous retransmettez, enfin disons comment vous êtes orientée, d’une certaine façon, c’est-à-dire, que vous devez avoir une certaine idée de la manière dont la théorie est utilisable dans la pratique et certainement que ça se lit dans votre façon …

A – Moi pour ma profession à moi je pense que c’est l’élément essentiel le lien entre la théorie et la pratique…

Deux éléments majeurs apparaissent dès le début de l’entretien : A parle en son nom propre et ceci dans le contexte professionnel qui est le sien. Cette insistance dans les tous premiers mots (moi, ma, moi) marque d’emblée le cadre à l’intérieur duquel la problématique du lien théorie-pratique est pertinente pour A. L’entrée en matière de L ouvrait pourtant plusieurs voies à explorer malgré la restriction posée concernant ce que peut être la théorie (des théories constituées, des systèmes comme ça – qui sont transmis, dont on fait usage, l’accès à la théorie par les études). Dans une première proposition, L sollicitait A en tant qu’étudiante dans un cursus d’étude, ce qui dessine un schéma où la théorie, ce sont les études et la pratique, celle de A en tant qu’étudiante (vous êtes quelqu’un qui a eu accès fréquemment à la théorie). Dans une seconde proposition, L sollicitait A toujours comme étudiante à l’université, mais également comme responsable de formation, selon un schéma légèrement différent où la théorie, ce sont des théories constituées, des systèmes transmis et la pratique, celle de formatrice. Dans l’entrée en matière, L marque une distinction entre ces deux positions possibles (… qu’est-ce que vous tirez de la théorie pour votre pratique, quel lien ça peut faire et aussi, en tant que formateur…). Lorsque A prend la parole, elle ne s’empare en fait d’aucune de ces deux possibilités mais instaure un autre schéma ; la théorie devient celle dispensée par l’école aux étudiants dont elle est responsable, et la pratique, celle des étudiants (évidemment) en stage. A va tenir cette position durant la plus grande partie de l’entretien, jusqu’à ce que L la sollicite à nouveau sur le plan de sa pratique d’étudiante vis-à-vis de l’enseignement académique.

Dans ces premières paroles, A opère également une autre modification. Si dans l’entrée en matière il est d’abord question de théorie, le rapport de la théorie à la pratique n’intervenant qu’ensuite, A se centre, quant à elle, immédiatement sur le lien théorie-pratique qui devient une entité en soi, un élément. Elle n’entre pas en matière, à ce stade du moins, sur ce que peut être la théorie ; elle pose un objet pour la discussion, objet dénommé ou renommé lien théorie-pratique, ce qui n’est pas exactement une formulation utilisée par L dans l’entrée en matière. De ce fait, le lien théorie-pratique devient son objet, un objet posé dans la discussion à son initiative. A le connaît, ou du moins, c’est quelque chose de repérable, de situé, puisqu’elle l’évalue comme essentiel pour sa profession. Cela est si clair qu’il n’est pas nécessaire de s’y attarder : A enchaîne immédiatement comme si ce qu’elle a proposé a valeur de postulat.

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2. A. – … alors où est-ce que je le vois le mieux par rapport à l’étudiant, c’est dans ce que nous appelons l’enseignement clinique individualisé…

L’objet est posé si clairement qu’A peut le voir, le considérer et se questionner comme il lui convient à son sujet. Ce questionnement à haute voix a une allure un peu didactique qui confirmerait le fait que A s’est totalement approprié, a formaté l’objet au centre de la discussion. La forme interrogative confirme l’identité de formatrice que A souhaite assumer en convoquant à nouveau le contexte professionnel (… par rapport à l’étudiant…) au sein duquel elle suggère que cet objet est repérable en plusieurs lieux institués de la formation.

Elle retient un lieu spécifique à l’intérieur duquel le lien théorie-pratique est en cause. Mais cet enchaînement est marqué par le passage du je au nous, un nous qui est redoublé de la même manière que le je dans le premier extrait. On peut supposer que A parle alors en tant que membre d’une corporation qui possède des outils institutionnels spécifiques pour accomplir son travail.

3. A. – … je ne sais pas si vous en avez déjà entendu parler, ça vous dit rien du tout, si vous voulez c’est une forme d’enseignement qui est ce qu’elle est, qui vaut ce qu’elle vaut, mais qui est extrêmement importante je pense…

Ces outils sont si spécifiques qu’elle envisage que son interlocutrice puisse ignorer ce dont il s’agit, précisément parce qu’elle ne fait pas partie de la même communauté professionnelle. Elle détermine ainsi, en le distinguant, son domaine d’expertise.

Remarquons maintenant que le début du discours de A examiné plus haut est fait dans un style narratif qui s’interrompt ici pour faire place à un discours direct, adressé à l’interviewer. Ce mouvement modifie la configuration des rôles : de questionneuse, L devient questionnée et ce questionnement vise à vérifier si L possède une certaine connaissance. Ce renversement des rôles émerge dans l’action langagière en cours, il tend à

confirmer les constats précédents relatifs à la maîtrise à la fois du thème et du déroulement de l’entretien lui-même par l’interviewée. La manière dont A enchaîne ensuite sur les questions posées à L laisse penser que la réponse de cette dernière est négative (elle ne sait pas ce qu’est l’enseignement clinique individualisé). La forme de la question de A laisse entendre que son interlocutrice pourrait cependant en avoir entendu parler, ce qui pourrait se comprendre comme une référence à l’interconnaissance entre les deux interlocutrices de la même façon que L s’y est référée dans son entrée en matière. Cet aspect est renforcé par le

« si vous voulez » qui introduit l’explication longue dans laquelle va se lancer A. Cette formulation suggère que l’explication offerte est personnalisée, fournie en référence exprès à la demande de L ainsi qu’au contexte de l’interaction. Les premières propositions concernant cette « forme d’enseignement » se présentent sous la forme d’une évaluation (… qui est ce qu’elle est, qui vaut ce qu’elle vaut…). Cette évaluation est introduite avant que soit décrite la forme d’enseignement en question. On peut supposer à nouveau que c’est la référence au contexte de l’interaction qui suscite cette sorte de prévention. Il y a implicitement la référence à l’enseignement universitaire parmi les autres formes possibles d’enseignement auxquelles peuvent se référer d’une manière conjointe les deux interlocutrices.

L’enchaînement manifeste cette mise en perspective plus large que A a opérée avec le terme

« forme » en soulignant par modalisation son importance dans le contexte professionnel qui est le sien.

4. A. - … c’est-à-dire que tous les étudiants font une partie de leur expérience évidemment en stage dans différents lieux de stage. Comme on disait avant moi je suis plutôt axée sur l’hôpital et un de mes domaines, c’est la médecine, un autre c’est la neurochirurgie. Alors ça veut dire que moi, si vous voulez, quand les étudiants sont en stage soit dans l’un soit dans l’autre domaine, je passe un certain nombre de matinées, ils ont des stages à peu près de 10 à 12 semaines et je passe en moyenne 3 à 4 matinées avec chacun, donc, là je vais le matin, c’est des étudiants qui ne sont pas des débutants quand même, quoique ça peut quand même arriver, c’est vrai que la relation se fait depuis le début jusqu’à la fin des études, en fait. Alors ça veut dire que moi je vais le matin à 7 hrs avec eux, que j’écoute le rapport de la veilleuse etc. et puis qu’après l’étudiant a en charge un certain nombre de patients et que je vais avec lui, que je travaille avec lui et qu’après on discute sur un document d’évaluation avec des objectifs bien précis selon son stage et selon son lieu de stage et selon son niveau de formation et puis qu’on évalue tous les deux. Il y en a en tous cas un au terme de chaque stage et là c’est sûr que l’étudiant est tenu de répondre à un certain nombre d’objectifs, il y en a qu’il peut avoir en voie d’acquisition mais il y en a un certain nombre qu’il doit avoir acquis alors évidemment que ça dépend du niveau.

A reprend ensuite un style narratif. La longue description qui suit est tout à fait explicite. A occupe sans ambiguïté sa position de formatrice. Elle hésite peu dans le choix des mots et dans les enchaînements, ce qui fait qu’elle semble très à l’aise. Elle parle à la première personne lorsqu’elle énumère la suite des tâches qu’elle effectue de manière générique auprès de l’étudiant dans les stages, mais son discours se confond également étroitement avec les exigences institutionnelles vis-à-vis des étudiants (… et là c’est sûr que l’étudiant est tenu de répondre à un certain nombre d’objectifs…), ce qui donne l’impression d’une adhésion non problématique entre rôle professionnel et vision personnelle.

Son propos s’organise à l’aide de connecteurs (alors, donc) qui ponctuent et mettent en relation des éléments d’ordres différents : des éléments structurels du contexte (quand les étudiants sont en stage… ils ont des stages à peu près de 10 à 12 semaines…) qui relèvent du dispositif institutionnel ; des actions professionnelles en première personne (je vais le matin… j’écoute le rapport de la veilleuse…. je vais avec… travaille avec lui…), des commentaires correctifs, méta-discursifs (c’est des étudiants qui ne sont pas des débutants quand même, quoique ça peut quand même arriver, c’est vrai que la relation se fait depuis le début jusqu’à la fin des études, en fait…). Comme relevé précédemment, certains propos manifestent une forte intrication des actions personnelles et des structures institutionnelles (il y en a (des objectifs) qu’il peut avoir en voie d’acquisition mais il y en a un certain nombre qu’il doit avoir acquis alors évidemment que ça dépend du niveau). En effet, pour qu’un objectif soit institué « en voie d’acquisition », il faut que se déploie une action professionnelle singulière qui est l’évaluation de l’étudiant dont A est responsable.

5. A – … Alors le lien théorie - pratique c’est vrai que, en première année, si on part chronologiquement c’est peut-être plus simple. En 1

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ère année on demande un certain nombre de choses qui sont les choses, les plus simples, je sais pas, mais il faut commencer par quelque chose donc on s’attend à ce que l’étudiant, au terme de la 1ère année, il ait acquis par exemple ce qu’on appelle les soins de base (c’est…) et puis un certain nombre de soins qu’on appelle soins thérapeutiques simples (c’est-à-dire…) des choses relativement courantes, qui ne demandent pas des connaissances extraordinaires. Alors le lien théorie - pratique là, il y a toujours un contenu théorique qui est donné à l’école qui est un contenu de base, ensuite un premier lien qui est effectué à l’école, toujours dans des ateliers pratiques, c’est-à-dire que les étudiants sont censés mettre en pratique, soit entre eux selon les soins, soit vis-à-vis de mannequins, un certain nombre de gestes, pour pouvoir après les mettre en pratique dans la réalité, c’est-à-dire dans leur lieu de stage. Est-ce que c’est clair comme ça…

Dans cette première partie de sa description, il n’est question ni de théorie, ni de pratique, ni de lien ou rapport théorie-pratique. Cette dernière expression survient comme un élément extérieur que A réintroduirait parce qu’il fait l’objet de l’entretien et non parce qu’il lui sert à exprimer quelque chose dans la description de son travail. Elle semble le saisir comme un outil de lecture ad hoc de son activité professionnelle, qu’il s’agit de mettre en œuvre à l’intention de L, c’est-à-dire pour le temps de l’entretien. A deux reprises, dans cet extrait, le discours construit ce que l’on pourrait nommer une mise en scène thématique concernant le lien théorie – pratique. Ces mises en scène sont introduites de la manière récurrente déjà observée précédemment par le connecteur alors. Elles interviennent d’une manière contrastée avec les énoncés précédents puisque le discours en première personne disparaît au profit de formes à la troisième personne ou de formes passives. Ce qui apparaît ici c’est la manière dont A configure l’objet comme un objet institutionnel, en dehors de l’action des différents agents qui agissent dans l’institution ; que ce soient les étudiants ou les formateurs, voire les professionnels du terrain ou les concepteurs des objectifs de stage.

C’est ce qui fait du lien théorie-pratique un outil réflexif, méta-situationnel, qui apparaît comme extérieur aux situations décrites.

Par ailleurs, si dans l’extrait qui précède, l’action professionnelle est mise en avant, elle semble plutôt servir à la contextualisation du développement ultérieur sur le lien théorie-pratique. Lorsqu’il est question de ce dernier, ce ne sont plus des actions assumées par A qui sont nommées, mais des énoncés à valeurs générales prescriptives (on demande un certain nombre de choses, on s’attend à, il y a toujours un contenu théorique qui est donné par l’école, les étudiants sont censés…). Si cet extrait se termine par une question apparemment adressée à L et visant à vérifier la conformité du discours aux attentes de l’interviewer, en réalité A enchaîne immédiatement sans attendre de réponse. Sa question cependant, semble fonctionner comme la clôture d’une première proposition.

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6. A – Et puis alors je dirais que le lien théorie - pratique aussi, ce qui me paraît très important c’est que, il y a différents…, est-ce que c’est des niveaux ou est-ce que c’est des domaines, je ne sais pas, il y a des choses qui sont des choses qu’il faut avoir comprises, de l’ordre tout à fait théorique par exemple, tout ce qui est de l’ordre de la physiologie, comment marche le corps humain, l’étudiant doit avoir un certain nombre de connaissances quand même de base, je veux dire, si par exemple, il fait une prise de sang pour une glycémie, le taux de sucre sanguin, il doit savoir par exemple quelles sont les hormones qui régissent la glycémie sanguine, quel est le taux normal de la glycémie, des choses comme ça, des choses de base qu’il doit avoir comprises lui ou elle, et puis faire ensuite ces gestes.

Donc ça c’est les connaissances, je dirais, les connaissances pures, il y les connaissances des gestes, alors c’est ce dont je vous parlais avant c’est-à-dire qu’il y a un cours à l’école

ensuite il y a une première pratique à l’école toujour,s c’est-à-dire dans un milieu « sécure » enfin pas trop compliqué pour qu’il puisse faire les gestes soit vis-à-vis d’un mannequin, soit vis-à-vis d’un collègue, donc une 1

ère appréhension des gestes et puis après alors ça se fait dans un milieu qui est vraiment le milieu professionnel, donc avec tous les aléas que ça veut dire, c’est-à-dire est-ce qu’il y a des imprévus, est-ce que le patient ne réagit pas comme l’élève pensait, enfin tout ce qu’il faut prendre en compte… Et puis il y encore l’autre niveau qui est tout l’aspect – non il y a encore d’autres niveaux – l’aspect relationnel, c’est-à-dire qu’au début on apprend des choses relativement simples, du genre dire bonjour, se présenter, dire qui on est, ce qui est par forcément très facile quand on est étudiant parce quand est pas très bien dans ses baskets et puis bon face à une personne de 80 ans dire je suis élève, c’est moi qui vais m’occuper de vous, voilà ... Alors tout cet aspect-là et puis après ça se complexifie alors tout se complexifie, c’est-à-dire tant les connaissances théoriques que la connaissance des gestes que la connaissance de l’aspect relationnel que la connaissance je dirais, de par exemple toute la gestion du travail en équipe aussi, tous ces différents aspects-là partent de choses très simples à la base et puis se complexifient jusqu’à ce qu’on voit la totalité après en dernière année, finalement. Donc le lien se fait constamment de l’école à la pratique.

Ce qui commençait à se dessiner dans l’extrait no 5, et que j’ai nommé une mise en scène thématique, s’affirme ici d’une manière plus complexe. Dans l’extrait précédent, A posait les « contenus théoriques » dispensés à l’école, puis un « premier lien », toujours à l’école, puis la « mise en pratique » dans les lieux de stage. Dans cet extrait, A opère soudainement quelque chose comme une boucle rétroactive ou une reprise réflexive sur son propre exposé «Et puis alors je dirais que le lien théorie - pratique aussi, ce qui me paraît très important c’est que, il y a différents, est-ce que c’est des niveaux ou est-ce que c’est des domaines, je ne sais pas… » qui marque plus fortement qu’ailleurs l’intrication de la pensée et du discours. Comme si son propre exposé antérieur avait ouvert ou stimulé une voie nouvelle dans la réflexion, dont rien ne permet de supposer qu’elle préexistait dans sa vision de départ. L’organisation syntaxique de ce bref énoncé se distingue par la rupture, l’enchaînement sur une question, puis sur une réponse à la question « … je ne sais pas… » qui donne une allure « dialogue avec soi-même » dont l’interviewer est le témoin en même temps que l’occasion. Mais c’est essentiellement l’apparition du je qui marque véritablement l’instauration d’un plan ou d’un niveau distinct de ce qui précède.

Une mise en ordre supplémentaire est alors effectuée : elle se présente sous la forme d’une théorisation spontanée. Les notions centrales de cette théorisation relative au lien théorie-pratique sont les « niveaux ou domaines » qui correspondent aux « connaissances pures ou théoriques », « connaissances des gestes », « connaissances de l’aspect

relationnel », « connaissance de la gestion du travail en équipe ». Ce que A, en tant qu’acteur-locuteur, assume en première personne, c’est l’opération de théorisation qu’elle met en œuvre dans le discours à mon intention (… ce qui me paraît important…), c’est-à-dire à propos de l’objet qui constitue l’enjeu commun. Elle le fait avec les matériaux institutionnels (… l’étudiant doit savoir… il doit avoir compris… au début on apprend…) d’une manière très imagée parce qu’elle reprend les questions qu’il convient de se poser dans telle ou telle situation (quel est le taux normal de la glycémie ?… est-ce qu’il y a des imprévus ?…). On peut supposer qu’elle renomme ces éléments dans une perspective probablement inédite. Ce qui permet de dire que le discours s’organise autour de notions centrales, c’est l’apparition de définitions ou illustration (… par exemple… ) qui suit l’introduction de chacune d’elles et les explicite. Les indices de ce travail de construction en situation discursive sont les nombreux organisateurs textuels (et puis, alors, donc) qui ponctuent le discours ainsi que les modalisateurs verbaux (… je dirais… je ne sais pas… je veux dire…). Certains éléments méta-discursifs marquent l’aspect indexé de la construction

relationnel », « connaissance de la gestion du travail en équipe ». Ce que A, en tant qu’acteur-locuteur, assume en première personne, c’est l’opération de théorisation qu’elle met en œuvre dans le discours à mon intention (… ce qui me paraît important…), c’est-à-dire à propos de l’objet qui constitue l’enjeu commun. Elle le fait avec les matériaux institutionnels (… l’étudiant doit savoir… il doit avoir compris… au début on apprend…) d’une manière très imagée parce qu’elle reprend les questions qu’il convient de se poser dans telle ou telle situation (quel est le taux normal de la glycémie ?… est-ce qu’il y a des imprévus ?…). On peut supposer qu’elle renomme ces éléments dans une perspective probablement inédite. Ce qui permet de dire que le discours s’organise autour de notions centrales, c’est l’apparition de définitions ou illustration (… par exemple… ) qui suit l’introduction de chacune d’elles et les explicite. Les indices de ce travail de construction en situation discursive sont les nombreux organisateurs textuels (et puis, alors, donc) qui ponctuent le discours ainsi que les modalisateurs verbaux (… je dirais… je ne sais pas… je veux dire…). Certains éléments méta-discursifs marquent l’aspect indexé de la construction