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Une volonté d'affirmer leur place dans le monde au travers de visions différentes

Partie I La volonté de perpétuer le duopole entre les Etats-Unis et la Russieles Etats-Unis et la Russie

Chapitre 1 Une volonté d'affirmer leur place dans le monde au travers de visions différentes

servant les intérêts des États :

Si la politique des États cherche à assurer ses intérêts nationaux, ces derniers doivent être définis, la détermination de ce qui constitue cet intérêt national étant différente d'un État à un autre voire entre les gouvernements d'un même pays. Cette définition est de fait la combinaison de plusieurs facteurs propres à chaque nation comme la culture et l'histoire. Si le barrage idéologique lié au marxisme-léninisme en Union soviétique a disparu, les prétentions géopolitiques continuent d'exister. Tocqueville a mis en avant la dimension exceptionnelle des deux États, ce qui les pousse à avoir une vision du monde particulière et à rechercher une position dominante dans les relations internationales.

En ce sens les idéologies liées à la culture nationale influent sur cette vision. Les intérêts nationaux sont, aux États-Unis et en Russie, le produit d'idées contradictoires amenant un rapport de force entre les deux États (Section 1). L'utilisation de l'idéologie par chaque pays est en outre un outil d'influence ayant pour but d'étendre sa vision du monde aux autres États (Section 2)

Section 1 : Les États-Unis entre interventionnisme et isolationnisme face à la Russie entre Occident et Eurasie

Comme le rappelle Raymond Aron : « Les unités politiques s'efforcent de s'imposer l'une à l'autre leur volonté »100. Cette conception des rapports empruntée à Clausewitz101 est plus qu'applicable pour les relations entre les deux États qui ont gouverné les relations internationales pendant quasiment un demi-siècle. Si l'effondrement de l'URSS et l'instant unipolaire autour des États-Unis du début des années 1990 ont modifié (et même rompu) l'équilibre des puissances en vigueur pendant la guerre froide, le poids de l'histoire reste présent. Les États-Unis et la Russie ont chacun développé des conceptions de leurs intérêts nationaux qui sont le fruit d'un long processus historique, philosophique et culturel. De par leur taille, leurs positionnements géographiques et leur potentiels politique et économique, ils ont développé une conception du monde qui est parfois assimilée à une vision impériale.102 Pour autant, c'est avant tout une logique sécuritaire qui définit les intérêts américains et russes. La sécurité est en effet la base de la politique étrangère d'un État103 afin d'assurer sa survie. Elle va le conduire à rechercher l'autosuffisance pour diminuer sa dépendance envers les autres acteurs de la société internationale.

100 Aron, Raymond, Paix et guerre entre nations Op. Cit., p.81. 101 Ibid.

102 Chaudet, Didier, Florent Parmentier, and Benoit Pelopidas, L’empire au miroir : Stratégies de puissance aux États-Unis et en Russie (Librairie Droz, 2007) p.90 à 96.

103 « Quel est donc le premier objectif que logiquement l'unité politique peut viser ? La réponse nous est

fournie par Hobbes, dans son analyse de l'état de nature. Toute unité politique aspire à survivre. Gouvernants et gouvernés sont intéressés à, désireux de maintenir la collectivité qu'ils constituent ensemble, par la grâce des siècles, de la race ou de la fortune. »

Ce sont les conceptions de la sécurité et de l'autosuffisance104 de la nation qui vont être les fondements des politiques américaines et russes. Dans les deux États, elles vont prendre la forme d'idéologies contradictoires constituant les grandes tendances internes de chacun en politique internationale. Comme le fait remarquer Morgenthau, le but des politiques est rarement exprimé de manière directe et reste caché derrière des idéologies permettant de susciter une adhésion politique.105 Les chefs d’États américains et russes vont défendre les intérêts nationaux sur un fondement réaliste, tout en instrumentalisant la dimension idéologique. Là encore Morgenthau considère que l'idéologie peut être une arme pour assurer la réussite de la politique internationale.106 Cette idéologie, toutefois, ne peut ignorer la personnalité des différents dirigeants qui va influencer la politique des États, et sera même décisive pour la qualité de la diplomatie d'une nation façonnant la puissance réelle d'un État.107

La politique américaine sera, selon différentes formes, basée sur le concept de l'exceptionnalisme américain (§1), là où la Russie aura une doctrine internationale tirant sa nature de sa position géographique à la fois occidentale et orientale (§2)

§1 Une politique américaine marquée par l'exceptionnalisme

Parmi les éléments constitutifs du pouvoir de l’État évoqués par Morgenthau, se trouve le caractère national. Celui-ci se définit comme un ensemble de valeurs intellectuelles qui sont mises en avant dans une nation et que l'on ne retrouve pas dans les autres (du moins pas avec la même intensité).108 Cette personnalité nationale va se retrouver dans ce qui est appelé l'exceptionnalisme américain. Si cette expression a commencé à être utilisée au début du XXème siècle109, elle renvoie en fait à un ensemble d'éléments de nature historique qui ont

104 A savoir la capacité de subvenir par elle-même à ses propres besoins politiques et économiques. 105 Morgenthau, Hans J., Kenneth W. Thompson, and David Clinton, Politics Among Nations, Op. Cit. p.61. 106 « Such are the psychological forces wich inevitably engender the ideologies of international policies and make them weapons in the struggle for power on the international scene ».

Ibid p.62. 107 Ibid p.105. 108 Ibid p.96.

109 L'origine de cette expression serait imputable à Joseph Staline, qui aurait parlé d'exceptionnalisme américain pour expliquer la résistance des Etats-Unis à la montée du socialisme en occident.

forgé l'esprit américain. Deux semblent prédominants pour expliquer le caractère national américain : la religion et le libéralisme.

Issue de la religion apparaît d'abord la notion de destinée manifeste. Celle-ci (« Manifest destiny ») s'est historiquement implantée dans ce pays et est beaucoup plus ancienne que la guerre froide car elle date du XIXème siècle. Elle vient de la colonisation de l’Amérique du Nord (et surtout de l'ouest) et du modèle démocratique américain issu de la guerre d’indépendance. Initialement, cette doctrine développait l'idée que les États-Unis avaient pour mission divine de répandre leur modèle sur le continent américain.110 Si la « destinée manifeste » était au départ utilisée dans le cadre de l'extension des États-Unis en Amérique du Nord, elle va devenir un élément majeur de la politique étrangère de l’État naissant.

Le concept de destinée manifeste est traditionnellement composé de trois piliers :111 les vertus spéciales des citoyens américains et de leurs institutions ; la mission des États-Unis de recréer le monde à leur image ; une destinée à accomplir sous la direction de Dieu. On peut ainsi voir au travers de cette vision le rôle majeur de la religion dans la politique américaine.112 Si l'aspect fondamentaliste des premiers pèlerins s'est affaibli dans les relations avec l'étranger, il subsiste un fort aspect religieux dans celles-ci. Les Américains restent déterminés à accomplir une mission morale. À cette culture religieuse s'ajoute la philosophie libérale113, le futur président Jefferson évoquant, en 1780, « l'empire de liberté ». La forte implantation de la doctrine libérale aux États-Unis114 va amener ceux-ci à se référer en permanence à ce modèle et à tenir un discours basé sur la promotion des libertés fondamentales.115 Les conséquences sur la politique internationale vont être multiples : rejet des régimes autocratiques, capitalisme comme modèle économique de référence et appui à la société civile.

110 L'expression « Manifest destiny » vient d'un article du journaliste John O'Sullivan publié en 1845 lors de l'annexion du Texas: « It is our manifest destiny to overspread the continent alloted by Providence for the free development of our yearly multiplying millions ».

111 Robert J. Miller dans Native America, Discovered and Conquered: Thomas Jefferson, Lewis and Clark, and Manifest Destiny.

112 David, Charles-Philippe, Justin Vaïsse, and Louis Balthazar, La politique étrangère des Etats-Unis :

Fondements, acteurs, formulation (Paris: Les Presses de Sciences Po, 2008) p.58 à 60.

113 Dans ce contexte, il faut comprendre le terme « libéralisme » dans son sens classique, à savoir la primauté des principes de liberté et de responsabilité individuelle sur l'autorité d'un souverain .

114 Les deux grands partis américains sont liés au libéralisme : soit à sa forme classique (parti républicain) soit progressiste (parti démocrate).

115 David, Charles-Philippe, Justin Vaïsse, and Louis Balthazar, La politique étrangère des Etats-Unis :

C'est ce mélange de la « destinée manifeste » religieuse et de « l'empire de la liberté » libéral qui va former « l'exceptionnalisme » américain, se transformant parfois en une forme de paranoïa116. La croyance en la supériorité des États-Unis et leur position quasiment insulaire vont pousser les Américains à considérer qu'ils sont entourés d'ennemis. Le cas du maccarthysme en est l'une des manifestations. Si ce dernier point n'est pas une constante de la politique américaine, elle peut avoir une influence de manière cyclique. Dans de tels cas, l'ennemi prend une forme bien déterminée et la relation devient manichéenne.

Cette culture nationale va aussi amener deux positionnements contraires dans la politique américaine : l'isolationnisme et l’interventionnisme (A), positionnements qui seront nuancés par le réalisme des présidents américains (B)

A Les contradictions entre isolationnisme et interventionnisme : des conceptions différentes de la place des États-Unis dans le monde

Orientés par leur culture nationale, les États-Unis vont adopter deux stratégies de puissance : une défensive avec l’isolationnisme (1), l'autre offensive avec l’interventionnisme (2).117

1 L’isolationniste : une tradition tenace

L’isolationnisme se définit comme une posture défensive dans laquelle, un État renonce à participer à la compétition internationale.118 Aux États-Unis, cette stratégie va être dominante, pour ne pas dire exclusive, jusqu’à la fin de la première guerre mondiale.

116 Ibid p.79.

117 « Les deux concepts d'offensive et de défensive, écrit Clausewitz, sont les deux concepts supérieurs de la

stratégie. »

Aron, Raymond, Paix et guerre entre nations Op. Cit. p. 92. 118 Ibid p.93.

Ce sont les présidents Washington119 et Jefferson120 qui sont à l'origine de cette position politique vis-à-vis des autres États, et particulièrement des États européens. Selon eux, les contacts avec l'étranger doivent rester économiques. On y voit aussi l'expression de l'exceptionnalisme, les différences de valeurs entre l'Europe et les États-Unis naissant motivant ce retrait. Pour autant cet isolationnisme ne va être absolu que peu de temps : rapidement la politique étrangère américaine va rechercher une zone d'influence à l'échelle du continent américain. La doctrine Monroe121 va ainsi définir la forme pratique de cette puissance défensive : les États-Unis ne s'occupent que des affaires du continent américain et en contrepartie aucune puissance extérieure à cette région du monde ne doit y intervenir. Cet isolationnisme n'est cependant que politique. Le vecteur économique et commercial est fortement encouragé par les partisans de cette doctrine, le retrait de la scène international visant seulement à éviter des enlisements diplomatiques.

Au XXIème siècle, cette tradition isolationniste va décliner dans la politique américaine et devenir secondaire par rapport à la mouvance interventionniste. Néanmoins, elle conserve une influence et a même connu un regain d’intérêt avec les suites de l'opération de 2003 en Irak et la crise de 2008. Elle va prendre deux formes principales : l'une proche de l'esprit de Jefferson et la seconde liée aux travaux de Samuel Huntington.122 Les « Jeffersoniens » ainsi qualifiés par le professeur Mead123 correspondent à la mouvance libertarienne, qui se retrouve chez certains membres du parti républicain comme l'ex-Sénateur Ron Paul124, la principale figure publique du mouvement. Sa doctrine repose sur un isolationnisme centré sur la protection du pays et il refuse tout interventionnisme militaire à l'étranger considérant que celui-ci a un effet

119 « La grande règle de conduite vis-à-vis des nations étrangères est, en étendant nos relations

commerciales, de n’avoir avec elles qu’aussi peu de liens politiques que possible. [...]. L’Europe a toute une série d’intérêts de premier plan qui ne nous concernent pas ou qui ne nous touchent que de très loin [...]. Pourquoi, en entremêlant notre destinée à celle d’une partie quelconque de l’Europe, empêtrer notre paix et notre prospérité dans les rets de l’ambition, de la rivalité, des intérêts, des passions ou des caprices européens ? Notre véritable politique doit être d’éviter les alliances permanentes avec quelque partie que ce soit du monde étranger, pour autant que nous ayons actuellement la liberté d’agir ainsi ; car qu’on ne me croie pas capable d’encourager l’infidélité aux engagements existants »

George Washington, « Message d’adieu », cité dans David, Charles-Philippe, Justin Vaïsse, and Louis Balthazar, La politique étrangère des Etats-Unis : Fondements, acteurs, formulation, Op. Cit. p.69.

120 « I am for free commerce with all nations, political connection with none, and little or no diplomatic

establishment. »

‘Jeffersonian Perspective: Foreign Relations’ <http://eyler.freeservers.com/JeffPers/jefpco30.htm> [accessed 7 October 2017].

121 Bühler, Pierre, ‘Les États-Unis et le droit international’, Commentaire, Numéro 103 (2003), p.554-555. 122 Huntington, Samuel, Le choc des civilisations (Paris: ODILEJACOB, 2009).

123 Mead, Walter Russell, [(Special Providence: American Foreign Policy and How it Changed the World)] (ROUTLEDGE, 2002).

contreproductif. En effet, les actions militaires présentent un coût financier et humain qui va à l'encontre des intérêts américains.125 Il estime aussi que les interventions militaires engendrent des ennemis pour les États-Unis. Ce discours est repris par la gauche libertarienne incarnée par le philosophe américain Noam Chomsky126127, en réaction à l’interventionnisme américain et à un gouvernement fort. C'est par conséquent un isolationnisme total. Il a reçu un écho favorable chez certaines mouvances antisystèmes qui formeront la base de l'électorat du président Trump128. Il n'en reste pas moins que malgré cette évolution, l'idée principale est d'éviter l’interventionnisme politique afin de limiter les retombées négatives sur la sécurité nationale129, sans compter la croyance que le retrait politique des États-Unis dispense la paix en permettant aux autres États de se développer.130 Il s'agit donc d'une conception réduite de la sécurité nationale. Selon les isolationnistes, elle peut être assurée en se concentrant uniquement sur le territoire américain ou sur une zone d’influence réduite. Cette posture se rattache à une version dure de ce que Morgenthau appelle le statu quo :131 ne pas changer l'équilibre des forces internationales.

L’isolationnisme basé sur « le choc des civilisations » du professeur Huntington présente une conception différente.132 De par cette vision du monde, les États-Unis ne doivent pas intervenir en dehors du monde occidental (Amérique du Nord et Europe hors États slaves) et diriger cette aire au nom des valeurs américaines. C'est à certain égard, une résurgence de l'esprit de la doctrine Monroe : un isolationnisme partiel combiné avec le contrôle d'une zone d'influence.133

Bien évidement dans les deux cas, il s'agit d'assurer aux États-Unis une position dominante dans

125 « Instead of securing our borders, we’ve been planning, initiating and waging wars of aggression. Our military is spread thin all across the planet, yet we remain involved in dangerous power plays that unnecessarily put the lives of our soldiers at risk. And we brazenly squandered the wealth of our nation as if there were no tomorrow. »

Paul, Ron, ‘Foreign Policy’ <https://www.ronpaul.com/national-defense/> [accessed 8 October 2017]. 126 Noam Chomsky se défini comme un libertarien socialiste.

127 David, Charles-Philippe, Justin Vaïsse, and Louis Balthazar, La politique étrangère des Etats-Unis :

Fondements, acteurs, formulation, Op. Cit.183.

128 Formant ce que le professeur Mead appelle les Jacksonien:en refrence au président Andrew Jackson voir Mead, Walter Russell, Special Providence: American Foreign Policy and How it Changed the World Op. Cit. 129 Nordlinger, Eric, Isolationism Reconfigured: American Foreign Policy for a New Century, Revised ed. edition (Princeton, N.J: Princeton University Press, 1996) p.4.

130 Ibid p.5.

131 Morgenthau, Hans J., Kenneth W. Thompson, and David Clinton, Politics Among Nations, Op. Cit. p.21. 132 Selon ce dernier, le monde est organisé en aires civilisationnelles chacune dirigée par une puissance dominante. Cette dernière ne doit pas chercher à étendre son influence sur une autre aire.

133 Adams, Paul C., Atlantic Reverberations: French Representations of an American Presidential Election (Aldershot, England ; Burlington, VT: Ashgate Pub Co, 2007) p.15.

une région où ils n'ont pas de rival. La vision d’Huntington transpose l’isolationnisme originel lié au rejet des européens à celui lié à la méfiance des autres civilisations134. Si le texte d'Huntington a eu paradoxalement une influence sur les franges les plus interventionnistes de la politique américaine, il va aussi avoir un écho plus général sur les décideurs.

Toutefois, l’isolationnisme reste désormais secondaire face à l’interventionnisme (2)

2 La prédominance d'un interventionnisme variable

Si les États-Unis ont conduit des opérations militaires aux XIXème siècle contre des puissances européennes, comme l'Espagne, ils vont réellement devenir interventionnistes lors des deux guerres mondiales. En position de force face aux États d'Europe, Russie et URSS comprises, à la sortie de ces conflits, l’Amérique va déployer une stratégie de puissance offensive. À travers ces modes d'actions, on trouve deux formes d’impérialisme tel que le défini Morgenthau135 : le militaire et le culturel136. Ces deux stratégies impérialistes se combinent depuis la fin de la guerre froide avec la volonté de maintenir un statu quo : l’Amérique et ses alliés doivent rester au cœur de l'ordre mondial. Il s'agit à la fois de diriger et de s'étendre.

L'impérialisme militaire se greffe sur un unilatéralisme hégémonique137. Cette vision est au cœur du mouvement néoconservateur138, né avec la montée du socialisme au XXème siècle, et dont une large majorité des membres appartient désormais au parti républicain.139 Dans le contexte post-guerre froide, Francis Fukuyama, néoconservateur à l'époque, estimera que la fin du bloc soviétique amènera un monde dirigé par la démocratie libérale et ce de manière

134 Huntington vise particulièrement la civilisation chinois et le monde musulman comme principales menaces des Etats-Unis.

135 Ce dernier décrit l'impérialisme comme l'action de mettre fin à un statut quo et non pas nécessairement comme étant une volonté hégémonique.

Morgenthau, Hans J., Kenneth W. Thompson, and David Clinton, Politics Among Nations, Op. Cit p.26. 136 Ibid p.38.

137 Tel est le nom donné à cette école de pensée dans :David, Charles-Philippe, Justin Vaïsse, and Louis Balthazar, La politique étrangère des Etats-Unis : Fondements, acteurs, formulation, Op. Cit.189.

138 Ibid p.194-201.

139 Historiquement, ils étaient au départ dans l'aile droite de démocrates puis suite à une série de déceptions, ont ralliés les républicains. Voir le premier chapitre de Chaudet, Didier, Florent Parmentier, and Benoit Pelopidas,

définitive.140 On retrouve donc une vision linéaire de l'histoire avec un aboutissement final, l'accomplissement de la partie missionnaire de la destinée manifeste des États-Unis. Dans cette conception, les objectifs principaux de la politique étrangère américaine sont donc un monde unipolaire et la volonté d'en être la force dominante. Elle trahit aussi une volonté de garder le contrôle maximal sur la politique internationale.

L'action des États-Unis s'articule autour de l'action préventive, l'unilatéralisme militaire et l'influence à l'échelle planétaire. Elle repose sur le concept de l'unipolarité (ou la conception d'un monde unipolaire). Le néoconservateur Charles Krauthammer estime que celle-ci est possible du fait de la supériorité technologique et militaire des États-Unis.141 De ces trois outils, c'est l'unilatéralisme militaire qui occupe la première place. Les règles de droit international sont alors utilisées en fonction des circonstances. Les propos du 30 septembre 2004 de l'ambassadeur américain à l'ONU, John Bolton, montre bien l'esprit néoconservateur en la matière :« la coutume internationale n’est pas faite par les professeurs de droit ; ils nous disent

que la coutume internationale est constituée par la pratique des États. Et bien, si la règle ne nous plaît pas, on change la pratique. »142

L’impérialisme culturel143 américain se manifeste à travers un internationalisme144 : la détermination à répandre le modèle américain par des moyens pacifiques comme la coopération ou l'influence. Initialement cet interventionnisme a été conçu de manière multilatérale sous la direction des États-Unis. Ce fut la doctrine du président Wilson, lequel considérant que les théories classiques réalistes avaient échoué avec la première guerre mondiale, a émis l'idée d'un ordre international reposant sur les valeurs libérales afin d'éviter une répétition des guerres

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