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l'instrumentalisation des alliances et des organisations de coopération

Partie I La volonté de perpétuer le duopole entre les Etats-Unis et la Russieles Etats-Unis et la Russie

Chapitre 2  l'instrumentalisation des alliances et des organisations de coopération

Le concept d'espaces et de zones d'influence est un thème récurrent chez les théoriciens des relations internationales. Du fait de l'état d'anarchie de la scène internationale, des pôles de puissances se forment. Ces thèmes se retrouvent chez un certain nombre d'auteurs : aires civilisationnelles de Samuel Huntington309, grossraum (« grand espace) de Carl Schmitt310. Ces espaces internationaux qui s'inspirent de la conception développée de la doctrine Monroe reposent sur des fondations proches : un espace marqué par une culture homogène, idée reprise par Raymond Aron et un État phare qui dirige cet espace de manière plus ou moins hégémonique. Si cette vision est, chez Carl Schmitt et Samuel Huntington, fortement connotée aux idées politiques des auteurs, il n'en reste pas moins qu'elle garde une forte pertinence et offre une grille de lecture intéressante de l'organisation de la scène internationale. Les organisations internationales vont permettre d'organiser ces pôles de puissances. Selon Raymond Aron, les États partageant les mêmes valeurs et les mêmes cultures s'unissent autour de systèmes homogènes.311 Dans le contexte contemporain mondialisé c'est par une forme institutionnalisée à travers diverses organisations intergouvernementales que ces systèmes vont se construire. Mais les États étant inégaux en termes de puissance et de poids sur la scène internationale, des centres de gravité se créent au sein de ces organisations en faveur de certains États : le pays le plus puissant au sein de l'organisation devient le dominant. Les États-Unis et la Russie ayant établi avec leur politique des zones d'influence, si pour les États-Unis l'organisation servant l'espace americano-centré est toute trouvée avec l'OTAN (A), pour la Russie cela va être plus complexe. Cette dernière, héritant d'un empire disloqué, va chercher à reconstruire son espace, son « étranger proche », et même s'aider d'autre bloc de puissance non américanisé à savoir le monde islamique et asiatique. (B)

309 Huntington, Samuel, Le choc des civilisations, Op. Cit..

310 Schmitt, Carl, Le nomos de la Terre, 2nd edn (Paris: PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE - PUF, 2012).

L'instrumentalisation des organisations internationales par les deux États va suivre la logique du rapport de force développé dans la première partie de la thèse.

Section 1 : l'OTAN et ses partenariats : entre outil de contrôle régional et d''influence globale :

Le potentiel d'influence et de puissance qu'ont les États-Unis au sein de cette organisation est important. Washington, en tant que première puissance mondiale, à la fois politique, économique, militaire à partir des années 1990, utilisera l'OTAN et ses partenaires dans le cadre d'une stratégie visant à défendre ses intérêts et plus précisément à conserver et étendre sa puissance. Outil créé pour lutter contre l'URSS, l'existence et le rôle de l'organisation ont fait débat aux États-Unis après l'effondrement du bloc soviétique. Bien que le poids financier de la contribution américaine de l'alliance soit un sujet récurrent amenant une volonté de prise de distance, il est aussi vu comme un atout car il permet aux États-Unis une marge de manœuvre au sein de l'organisation majeure. Aussi s’il existe un consensus dans le monde politique américain sur le fait de conserver l'OTAN, son rôle fait débat.312 La politique des États-Unis vis-à-vis de l'OTAN suit deux axes. Une première consistant à renforcer et garder le contrôle du continent européen afin de conserver la zone d'influence des États-Unis. (§1) Une seconde plus offensive qui voit dans l'OTAN un outil de propagation de la puissance américaine à une échelle extra-européenne (§2)

312 A ce sujet voir l'étude faite par le professeur Kristina Klinkforth qui va étudier la vision de l'OTAN aux Etats-Unis au XXIème siècle à travers les thinks tank démocrates, conservateurs, néoconservateurs et libertariens. Il en ressort que les libertariens têtes de file de l’isolationnisme souhaitent une sortie de l'OTAN, les néoconservateurs la voit comme un outil politique de domination, les démocrates comme un outil de promotion des valeurs démocratiques et les conservateurs comme un outil de contrôle de l'Europe.

Klinkforth, Kristina, NATO in US Policymaking and Debate - an Analysis: ‘Drawing the Map’ of the US

§1 : L'OTAN en Europe : un moyen pour les États-Unis de conserver un contrôle régional :

A/Un intérêt américain en Europe motivé par des valeurs communes : la dimension culturelle de l'OTAN :

L'OTAN s'est initialement forgée dans un contexte politique historique dont certains éléments perdurent et subsistent après la fin de la guerre froide (1) ; cette situation politique reposant sur des valeurs occidentales a favorisé une conjoncture permettant aux États-Unis d'établir via l'OTAN une nouvelle doctrine Monroe en Europe. (2)

1 Un contexte favorisant le maintien d'alliance culturelle transatlantique

Ce qu'Henry Kissinger appelle le monde des démocraties313 consiste en régimes démocratiques ayant une économie ouverte reposant sur le libéralisme économique. Cette approche quelque peu « civilisationnelle », qui sera par ailleurs reprise par Samuel Huntington, n'est pas sans fondement. Si la lutte contre l'Union soviétique fut la raison pratique de la création de l'OTAN, certaines causes sont plus profondes.

Le préambule du traité Atlantique nord précise : « Déterminés à sauvegarder la liberté de leurs

peuples, leur héritage commun et leur civilisation, fondés sur les principes de la démocratie, les libertés individuelles et le règne du droit ». Cette conception de l'OTAN montre tout l'aspect

culturel et civilisationnel de l'alliance. La participation des États-Unis aux guerres mondiales a fait de ces derniers, une puissance s'inscrivant dans la géopolitique européenne. Le Royaume-Uni et la France furent, à l'époque de la gestation de l'OTAN, les instigateurs de la présence des États-Unis dans la formation de la future alliance.314 Le souhait d'un partenariat transatlantique était donc partagé des deux côtés de l'océan.

313 Kissinger, Henry, Does America Need a Foreign Policy? : Toward a Diplomacy for the 21st Century, 1st edition (New York: Simon & Schuster, 2002), p.32.

314 « Ce sont les diplomaties britannique et française, avec Ernest Bevin et Georges Bidault, qui insistent

plus particulièrement sur la nécessité d’un « système de sécurité atlantique », et la négociation entre les États ouest-européens du traité de Bruxelles (17 mars 1948) s’inscrit dans cet objectif. »

Mongrenier, Jean-Sylvestre, ‘L’OTAN comme phénomène géopolitique, NATO as a geopolitical phenomenon’, Hérodote, 2012, p.220.

Raymond Aron décrit cette tendance comme étant le résultat des événements de la première moitié du XXème siècle.315 Le développement du concept de sécurité collective et la protection contre l’agression en tant que fait politique316 furent au centre de la création de l'alliance. Avec ce partenariat transatlantique, les États occidentaux devaient s'unir afin d'éviter de nouvelles tensions internes menant à des guerres. Ce dessein sera aussi mis en avant lors de la création de l'Union européenne, ce qui ne sera pas sans conséquence sur l'OTAN quand la construction européenne se développera.

Ces raisons font du lien transatlantique un phénomène plus complexe que la simple lutte contre l'URSS. En cela, l'OTAN diffère des alliances classiques qui l'avaient précédée.

Cette dimension politique et culturelle a permis à l'OTAN de perdurer après la guerre froide. Comme le soulignent l'ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger et l'ancien secrétaire au trésor des États-Unis Lawrence Summers, les États-Unis et les États d'Europe membres de l'OTAN partagent toujours les idéaux et les intérêts qui les ont poussés à rester unis après la guerre froide et au XXIème siècle,317 basés sur la démocratie et le libéralisme. Le Canada et les États-Unis sont après tout d'anciennes colonies européennes et le lien reste fort. À cela, ces auteurs ajoutent qu'ils se sont alliés plusieurs fois face au totalitarisme d'abord contre le fascisme puis contre le communisme de l'URSS et de ses alliés.318 Les liens économiques, reposant sur une économie de marché basée sur des règles globalement similaires, qui se sont développées et accentuées entre les deux continents sont un autre facteur de vision commune.

315 « Le pacte de l'Atlantique a été une réplique classique à une démarche classique. De même que la France

avait souhaité, après la Première Guerre, une garantie anglo-américaine parce que la participation des deux puissances anglo-saxonnes avait été nécessaire à la victoire, de même les Etats d'Europe occidentale souhaitèrent un engagement américain, dès le temps de paix, parce que les Etats-Unis avaient décisivement contribué à la libération du Vieux Continent. Le pacte de l'Atlantique Nord, il est vrai, envisageait l'agression non plus de l'ennemi mais de l'allié de la veille. Il n'en était pas moins l'expression d'une pensée conforme aux précédents. Désormais la République américaine appartenait intégralement au système européen. Elle avait un intérêt vital, manifesté par deux fois, à prévenir l'établissement sur l'ensemble de l'Europe d'une hégémonie ou d'un empire, que le César fût brun ou rouge. Entrant dans l'avenir à reculons, les hommes d'Etat étaient enclins à croire que le pacte de l'Atlantique Nord éviterait la prochaine guerre puisque, s'il eût existé, il aurait probablement évité la précédente. La constitution, après le déclenchement de la guerre »

Aron, Raymond, Paix et guerre entre nations Op. Cit., p.379.

316 Mongrenier, Jean-Sylvestre, ‘L’OTAN comme phénomène géopolitique, NATO as a geopolitical phenomenon’, Hérodote, Op. Cit.2012, p.220.

317 Kissinger, Henry, Charles Kupchan, and Council on Foreign Relations, Renewing the Atlantic

Partnership: Report of an Independent Task Force Sponsored by the Council on Foreign Relations (Council on

Foreign Relations Press, 2004).

318 « Europe and the United States must ensure that they remain embedded in a zone of democratic peace and that the nations ofthe Atlantic community are never again divided by balance-of-power competition. »

La défense reste aussi un intérêt commun d'actualité. Ce fut l'élément principal qui a justifié la création de l'OTAN : protéger l'occident face aux soviétiques. Toutefois, le concept de sécurité commune ne nécessite pas obligatoirement un adversaire défini car il repose sur la lutte contre le principe même d’agression. De ce fait, il découle des valeurs partagées car il s'agit d'assurer leur survie face à un ennemi. Mais les auteurs incluent aussi dans ce domaine, la défense face aux menaces politiques comme le protectionnisme économique et le nationalisme ;319 le premier ayant contribué à la dépression de 1930, le second à la montée du nazisme. Il en résulte que l'idée de défense commune de l'OTAN repose sur la protection d'un modèle de pensée à la fois contre un ennemi aussi bien extérieur qu'intérieur.

Enfin, la volonté de répandre les valeurs démocratiques et économiques basées sur le libre-échange dans le reste du monde est aussi une valeur commune.320 Ces éléments ont apporté la paix et la prospérité dans la zone atlantique et les diffuser dans le reste du monde aura le même effet. Cette conception liée à l'exceptionnalisme américain se retrouve d'ailleurs à des degrés divers dans certains États d'Europe : la France à travers sa culture nationale de « patrie des droits de l'homme » partage avec les États-Unis cette propension à propager sa culture et ses valeurs à l'étranger.

Les intérêts communs entre les Européens et les Américains les ont poussés à se rapprocher et à faire perdurer ce lien qui se résume à l'occidentalisme : l'Europe de l'Ouest et l’Amérique du Nord reposent sur une conception occidentale du monde. Si le concept d'occident n'est pas absolu et connaît des différences entre l'Amérique et l'Europe, les bases citées par le préambule du traité de l'OTAN sont les mêmes.321 En ce sens, l'occidentalisme devient une forme de « civilisationnisme ».322

319 « NATO’s founders were fully aware of two potential dangers that had produced great wars in the past

and might yet do so in the future. One of these was aggressive nationalism, an old problem in Europe that had culminated disastrously in the rise of Nazi Germany. The other was economic protectionism: the erection of barriers to international trade, investment, and the stabilization of currencies, which had deepened the Depression of the 1930s, thereby weakening the democracies just as they needed strength. »

Ibid.

320 « help other parts of the world, including the Arab and Islamic world, share in the benefits of democratic

institutions and market economies. »

Ibid.

321 Mongrenier, Jean-Sylvestre, ‘L’OTAN comme phénomène géopolitique, NATO as a geopolitical phenomenon’, Hérodote, Op. Cit., p.223.

322 L'occidentalisme est ainsi à la fois un universalisme dans le sens où il cherche à transmettre ses valeurs dans le monde entier (par l'exemple, la coopération ou la force) mais aussi un civilisationnisme quand cette philosophie politique devient un moyen pour créer une cohésion régionale.

La dimension politique de l’OTAN s'est perpétuée après la guerre froide et a pris de l'ampleur du fait de l'absence d'un ennemi militaire défini. L’Alliance occupe dès lors un rôle de maintien du lien entre les États-Unis et l'Europe. De par l'importance du poids politique et économique des États-Unis, ces derniers sont en position dominante dans l’OTAN. Elle devient ainsi un outil d'influence privilégié pour Washington, et de ce fait le continent européen un espace où se déploie une nouvelle « doctrine Monroe ».

2 : La tentation d'une « doctrine Monroe » américaine en Europe :

Avec la dimension politique et culturelle de l'OTAN, les États-Unis déploient leur puissance en Europe d'une manière qui présente un certain nombre de points communs avec les politiques qu'ils ont jadis mises en place sur le continent américain. Certes, les États européens sont d'une autre nature géopolitique que les États d’Amérique centrale et latine : s'ils sont moins puissants que les États-Unis certains d'entre eux comme la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne restent encore des puissances majeures économiquement et militairement. Néanmoins, le statut d'hyperpuissance des États-Unis les met dans une situation d'infériorité vis-à-vis de ces derniers. L'OTAN permet aux États-Unis d'assurer ce que Bruno Colson appelle une « hégémonie par invitation »323 du fait que cette hégémonie a été consentie à la création de l'OTAN par les Européens.

De par leurs valeurs et intérêts communs, l'Europe et l’Amérique du Nord forment un bloc culturel et politique sur un certain nombre d'aspects. En reprenant l'analyse de Samuel Huntington, dans chaque région « civilisationnelle » du monde, un État phare domine celle-ci et tend à attirer les autres États partageant les mêmes valeurs.324 Les États-Unis occupent cette place au sein de l'occident. L’État phare occupe une fonction de direction et de coordination sur la région culturelle.325 En ce sens la politique américaine que les États-Unis appliquent grâce à l'OTAN en Europe présente des similitudes avec la doctrine Monroe : une région du monde qui

323 Mongrenier, Jean-Sylvestre, ‘L’OTAN comme phénomène géopolitique, NATO as a geopolitical phenomenon’, Hérodote, Op. Cit., p.219.

324 « Les pays tendent à se raccrocher à ceux qui ont une culture semblable et à faire pendant aux pays avec

lesquels ils n’ont pas d’affinités culturelles. C’est particulièrement vrai des États phares. Leur puissance attire ceux qui sont culturellement semblables et repousse ceux qui sont culturellement différents. »

Huntington, Samuel, Le choc des civilisations Op. Cit.

325 « Un État phare peut exercer sa fonction ordonnatrice parce que les États membres le considèrent comme

culturellement proche. Une cilivisation est une famille étendue, et, comme les aînés dans une famille, les États phares apportent à leurs proches soutien et discipline. »

est sous influence des Américains et qui sert les objectifs sécuritaires des États-Unis.326 Certes, dans le cas de l'Europe et de l'OTAN, les États-Unis ne prévoient pas d'utiliser des méthodes similaires à celles de la politique du « big stick » du président Théodore Roosevelt, mais cela n'est pas nécessaire car le lien culturel entre l'Europe et les États-Unis est plus fort qu'entre ces derniers et l’Amérique latine et cette nouvelle doctrine Monroe est institutionnalisée avec l'OTAN. Le professeur John Ikenberry précise que la puissance américaine à l'étranger ne peut être acceptée que si elle est légitimée par des institutions.327 L'Alliance devient ainsi un outil pour pérenniser la puissance américaine en Europe. C’est avec celle-ci que les États-Unis se sont implantés durablement sur le « vieux continent » après la fin de la seconde guerre mondiale.

La multipolarité croissante de la scène internationale, loin de diminuer l'importance du rôle de l'organisation, rend cette dernière indispensable en tant qu'outil d'influence américaine.

Le facteur sécuritaire était l'une des raisons de la doctrine Monroe. L'OTAN revêt un aspect similaire pour les États-Unis. Ces derniers, de par leur position géographique, voient leur territoire métropolitain éloigné de la plupart des zones conflictuelles du XXIème siècle. Si l'on reprend l'organisation du monde de Mackinder, les États-Unis se trouvent en dehors de « l'ile-monde » composée des continents européen, asiatique et africain. 328 Mais avec la modernisation des méthodes de combat, des armements et avec l'interconnexion économique, la distance géographique ne suffit plus à assurer la sécurité des États-Unis. Dès lors, l'OTAN permet à Washington de conserver une base avancée près des zones à tensions.329 L'engagement de l'alliance en Afghanistan, suite aux attentats du 11 septembre 2001, a eu pour but de satisfaire cet objectif. Paradoxalement, il s'agira de l'opération la plus massive de l'OTAN depuis sa création. L'ennemi soviétique et le pacte de Varsovie ne déclenchèrent pas d'opérations d'une

326 .Kervégan, Jean-François, ‘Carl Schmitt et « l’unité du monde »’, Les Études philosophiques, 2004, p.12. 327 « L’Amérique a ainsi tissé un réseau d’institutions connectant les autres États à un ordre économique et

de sécurité dominé par elle ; mais, réciproquement, ces institutions ont aussi lié les États-Unis aux autres États et réduit, du moins dans une certaine mesure, la possibilité pour Washington de se lancer dans un exercice arbitraire et aveugle de sa puissance. Le prix payé par les États-Unis a été la limitation de leur autonomie politique (…). En contrepartie, ils ont pu évoluer dans un monde où la puissance américaine était plus contenue et plus fiable. »

Trépant, Inès, ‘L’évolution récente des relations transatlantiques’, Courrier hebdomadaire du CRISP, 2004, p. 28.

328 Mackinder, Halford John, Democratic Ideals and Reality: A Study in the Politics of Reconstruction, Op. Cit..

329 Trépant, Inès, ‘L’évolution récente des relations transatlantiques’, Courrier hebdomadaire du CRISP, Op. Cit., p.32.

telle envergure. L'instabilité croissante de la scène internationale redonne un objectif stratégique à l'OTAN.

Le déploiement progressif du bouclier anti-missile américain, National Missile Defense (NDM)330, en Europe s'inscrit lui aussi dans cet objectif. Ce projet qui a commencé à prendre forme sous la présidence de George W. Bush en 2001 est officiellement orienté contre les « États voyous » (« Rogue States ») notamment l'Iran. Mais un tel système, compte tenu de l'emplacement des bases où est installé l'équipement du bouclier, peut aussi être utilisé contre la Russie. Le doute sur les cibles est d'autant plus permis quand on observe le discours de certains conseillers néoconservateurs proches du président Bush Jr qui voient dans le système de bouclier antimissile, non pas un instrument de défense mais un outil de domination mondiale.331 Washington choisit d'accomplir ce projet dans le cadre de l'OTAN dans le but évident de lui assurer une légitimité et de présenter celui-ci comme étant une action collective. L'organisation reste également intimement liée au commandement militaire américain : le SHAPE, Supreme Headquarters Allied Powers Europe, qui gouverne les opérations de l'OTAN est depuis sa création en 1950 dirigé par des généraux américains qui ont une double casquette.

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