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6.1. L'ANALYSE DES PROPOSITIONS DE RECHERCHE

6.1.1. La première proposition de recherche

6.1.1.2. L'influence positive de la formation pré-départ

6.1.1.2.2. Sur le volet interaction

En ce qui a trait au volet interaction de l'ajustement culturel, il semble également que la formation pré-départ, telle qu'elle est offerte, a une influence positive minime sur le volet interaction de l'ajustement culturel.

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La théorie de l'apprentissage social fait référence à une «carte cognitive culturelle» - développée à la suite des apprentissages - qui permettrait à l'expatrié de se repérer dans la nouvelle culture et de savoir quels comportements adopter dans des circonstances précises. C'est par l'entremise de cette carte que la matière abordée lors de la formation pré-départ ou lors d'expériences antérieures, reviendraient à l'esprit de l'expatrié. De plus, Bandura (1977) soutient que l'individu acquiert des habiletés pour gérer des situations lors d'expériences précédentes soit par l'observation, le mimétisme ou le renforcement. Les volontaires avec expérience partiraient donc avec une « carte cognitive culturelle » plus grande mais tout dépendrait de la distance culturelle entre le pays de leur mission précédente et celui de la mission actuelle ainsi que du temps écoulé entre ces missions (Stroh, Black, Mendenhall et Gregersen, 2005). Une formation pré-départ aurait comme conséquence, pour l'ensemble des volontaires, de créer une « carte cognitive culturelle » afin de faciliter l'ajustement culturel.

Pour sa part, la théorie de l'apprentissage expérientiel suggère qu'une introduction aux modes de communication permet de faciliter l'étape de l'observation réflexive en facilitant l'analyse que fait l'expatrié de son expérience; analyse effectuée par l'entremise de comparaisons avec ses connaissances ou ses expériences antérieures par exemple.

Ces deux théories de l'apprentissage concluent donc que des habiletés à la communication interculturelle doivent être abordées lors de la formation pré-départ afin de faciliter les interactions entre les hôtes et les expatriés.

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Notons que nombreux sont les volontaires sans expérience qui trouvent difficile la communication, dans son ensemble, avec les gens du pays d'accueil. Les volontaires avec expérience, pour leur part, considèrent plutôt le peu de connaissance de la langue locale comme étant la plus grande difficulté et constituant un frein aux contacts avec les gens du pays d'accueil. À titre exploratoire, cette différence entre les deux types de volontaires peut s'expliquer par le fait que les volontaires avec expérience ont déjà expérimenté la communication dans une autre culture. Loin de supposer que la communication soit la même partout, il est tout de même probable que les habiletés à la communication puissent être transférables d'un pays à l'autre. En fait, cela ne signifie pas tant qu'un individu qui possède des habiletés à la communication interculturelle puisse entrer en contact et comprendre les gens de toutes les cultures mais plutôt qu'il possède cette sensibilité qui lui permet de ne pas être trop impressionné par des modes de communication différents.

La théorie de l'apprentissage expérientiel explique plutôt cette différence entre les deux types de volontaires par le fait que les volontaires avec expérience ont eu la possibilité, au travers des diverses formations pré-départ mais aussi au travers des différentes missions sur le terrain, de revenir sur leurs apprentissages et ainsi effectuer la boucle de rétroaction de l'apprentissage expérientiel. Ils seraient alors à un niveau où leurs habiletés de communication sont efficaces et la connaissance de la langue locale améliorerait de façon importante leur capacité à communiquer.

Aucun des volontaires rencontrés dit avoir bénéficié d'une formation linguistique avant de partir sur le terrain. En revanche, une minorité de volontaires (4/13) relève avoir

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bénéficié d'une formation portant sur l'acquisition d'habiletés en communication ou même de connaissances quant aux modes de communication de la culture du pays hôte.

Pour ces volontaires, il apparaît qu'une introduction aux modes de communication leur permette d'agir plus efficacement dans leurs interactions avec les gens du pays hôte puisque la matière leur revient à l'esprit sur le terrain et ils Sont alors plus sensibles à ce qui se produit.

Puisque les hôtes sont impliqués dans les interactions avec les expatriés, la question se pose de savoir si les hôtes devraient aussi avoir la possibilité d'acquérir des habiletés à la communication interculturelle. D'ailleurs, quelques volontaires ont proposé, de façon spontanée, que les hôtes bénéficient également d'une formation interculturelle, spécialement en ce qui a trait à la communication interculturelle. Cette proposition concorde avec la suggestion de Brislin et Yoshida (1994) de donner une formation aux expatriés et aux hôtes afin de faciliter les interactions.

Comme le font ressortir les résultats de la recherche de Champagne (1994) sur les sessions de formation pré-départ pour conseillers techniques canadiens, ces formations ne contiennent que très peu d'activités de développement d'habiletés en communication interculturelle. C'est effectivement le cas pour les formations répertoriées dans ce travail de recherche. D'après les auteurs (Brislin, 1979 cité par Waxin et Panaccio, 2005), une méthode de formation de type comportemental devrait amener les participants à augmenter leur capacité à adapter leur style de communication ainsi qu'à établir des relations positives avec les gens du pays d'accueil. Comme le font remarquer de

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nombreux auteurs (Hannigan, 1990; Ashamalla et Crocitto, 1997), une facilité à entrer en contact et à communiquer avec les hôtes constitue un important facteur de succès pour un ajustement complet et rapide sans trop d'erreurs.

Comme le relève un volontaire, l'apprentissage d'une langue est plus facile dans un contexte d'immersion; il n'est donc pas surprenant que la langue locale ne soit pas enseignée avant de partir. Ce volet de la communication devait donc être abordé lors de l'arrivée dans le pays d'accueil puisque, comme le disent les auteurs Ashamalla et Crocitto (1997), le succès d'une mission est en partie basé sur l'apprentissage de la langue du pays.

En ce qui a trait aux modes de communication, la formation pré-départ devrait offrir à ses participants la possibilité d'acquérir des habiletés de communication. Comme le relèvent Brislin et Yoshida (1994), de bonnes relations revêtent une importance encore plus grande dans un contexte étranger. Les volontaires doivent être en mesure de communiquer avec les gens du pays hôte tout en les respectant et en faisant preuve d'une compréhension et d'une ouverture à leurs modes de communication. Les rencontres avec les volontaires n'ont pas permis d'observer que ceux-ci étaient beaucoup sensibilisés à cela et encore moins formés à des habiletés à la communication. Comme des méthodes de formation de type comportemental ont été très peu utilisées, il semble logique d'observer ces résultats.

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