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3.2. L'APPRENTISSA GE

3.2.3. La théorie sociocognitive

3.2.3.2. Le concept d'auto-efficacité

La motivation de l'individu à reproduire un comportement est en partie fonction du sentiment d'auto-efficacité qui le caractérise.

Un concept central de la théorie sociocognitive est celui du sentiment d'auto-efficacité.

Bandura utilise la notion d'auto-efficacité pour faire référence « à la croyance de l'individu en sa capacité d'organiser et d'exécuter la ligne de conduite requise pour produire des résultats souhaités »; « à la croyance du sujet en son pouvoir de produire des niveaux donnés de réussite ». (Bandura, 2003 : p. 12, p. 568). Le sentiment d'auto-efficacité est une croyance d'ordre cognitif, liée à un contexte bien spécifique et concerne des résultats bien précis (Zimmerman et Cleary, 2006). Le sentiment d'auto-efficacité est également relié aux concepts motivationnels que sont la formation de buts personnels, les attentes de résultats et les attributions causales (Bandura cité par Lecomte, 2004). Il est nécessaire de comprendre que le sentiment d'auto-efficacité est une croyance de l'individu en ses propres aptitudes à gérer une situation et non pas une évaluation réelle de ses aptitudes (Bandura, 2003). Si l'individu sait qu'il est capable de réussir ce qu'il entreprend, s'il a confiance en ses capacités, il sera davantage déterminé à accomplir correctement un comportement donné; il mettra toutes ses énergies à tenter de le reproduire. À l'inverse, s'il ne se sent pas capable de réussir, il aura tendance à « baisser les bras » plus rapidement. Cela fait dire à Flavell (1970, cité dans Bandura, 2003), que de piètres performances ne résultent souvent pas de l'insuffisance de capacités cognitives mais plutôt de la sous-utilisation, voire de la non-utilisation, de ces mêmes capacités.

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Deux individus qui ont le même bagage cognitif peuvent arriver à des résultats forts différents simplement en raison du sentiment d'efficacité personnelle qui les caractérise.

Bandura (2003, p. 246) affirme que «les croyances des individus dans leur efficacité personnelle jouent un rôle essentiel dans la façon dont ils organisent, créent et gèrent l'environnement qui affecte leur développement ». Il y a interaction réciproque entre l'environnement et le sentiment d'auto-efficacité d'un individu. Non seulement le sentiment d'auto-efficacité individuel affecte-t-il l'environnement dans lequel l'individu évolue en le façonnant comme il le désire mais l'environnement influence également l'individu, son développement et son sentiment d'efficacité personnelle.

L'environnement, tel qu'avancé par Bandura, comprend des aspects physiques et sociostructurels. La famille, l'école, l'organisation professionnelle sont des éléments qui font partie de l'environnement sociostructurel.

Un solide sentiment d'auto-efficacité permet au nouvel employé par exemple, d'apprendre plus et de réussir mieux durant la période de formation qu'un employé ayant un faible sentiment d'efficacité personnelle (Bandura, 2003). De même, les pairs peuvent avoir une influence non négligeable sur le sentiment d'auto-efficacité d'un individu. La répétition de feed-back négatifs, par exemple, peut affaiblir quelque peu un sentiment d'efficacité personnelle. Bandura (2003) souligne que l'environnement n'est pas une entité en soi mais qu'il est défini par une succession variée d'événements.

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3.2.3.2.1. Les sources d'apprentissage

Bandura (2003) affirme par ailleurs que le sentiment d'efficacité personnelle se construit à partir de quatre sources d'apprentissage: l'expérience vécue, l'expérience vicariante, la persuasion verbale et l'état émotionnel ou physiologique.

La première source d'apprentissage, la plus importante, est l'expérience vécue par l'individu. Si celui-ci a déjà expérimenté une situation d'échec à la suite d'un comportement précis dans une situation précise, il est probable qu'il ait un faible sentiment d'efficacité lorsqu'une situation semblable se reproduira. Par contre, il semble que la relation entre cette source d'apprentissage et le sentiment d'auto-efficacité ne soit pas directe. D'autres influences telles que les convictions personnelles ou la quantité d'effort à fournir peuvent influencer cette relation.

La seconde source d'apprentissage est l'expérience vicariante. Celle-ci fait référence au modelage des comportements d'autrui, à la comparaison sociale. L'influence de l'expérience vicariante sur le sentiment d'auto-efficacité dépend aussi bien du modèle que de l'observateur. L'influence de l'expérience vicariante prend toute son importance dans des contextes où la compétence est basée en grande partie sur celle des autres. C'est le cas notamment du sportif, un coureur par exemple, dont la performance est fonction de celle des autres. Le sentiment d'auto-efficacité de ce coureur peut-être grand s'il considère qu'il coure comme il se l'est fixé mais peut aussi être plus faible s'il se compare à celui qui gagne habituellement la course. Un individu qui est surpassé par

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d'autres voit alors son sentiment d'efficacité personnelle abaissé alors que le contraire se produit lorsqu'il surpasse ses « concurrents»

La persuasion verbale et l'état physique et émotionnel semblent avoir une moindre influence sur le sentiment d'auto-efficacité. La persuasion verbale fait référence à la rétroaction évaluative donnée à l'individu. Pour sa part, l'état physique et émotionnel, comme la sueur, donne un indice à l'individu quant à ses capacités.

3.2.3.2.2. Un facteur de succès d'une expatriation

Un sentiment d'efficacité personnelle important peut constituer un facteur de succès d'une expatriation. La confrontation de l'expatrié à de nouvelles situations, à de nouvelles expériences, l'oblige à observer et à adopter de nouveaux comportements. Il doit donc être en mesure de tenter plusieurs fois les mêmes comportements et ne pas avoir peur de faire des erreurs. Il doit avoir suffisamment confiance en lui pour réessayer plusieurs fois. Comme le souligne Bandura (2003), il est nécessaire de posséder un fort sentiment d'efficacité personnelle dans un contexte où diverses cultures se rencontrent et où diverses valeurs entrent en conflit. Dans un contexte de ce type, l'individu peut faire face à des menaces de rejet de la part de l'une ou l'autre des cultures; c'est le cas par exemple d'un immigrant ou même d'un expatrié.

Le concept de sentiment d'efficacité personnelle est utile pour l'analyse de plusieurs des variables du processus d'expatriation. Il est prudent de penser, par exemple, que le sentiment d'auto-efficacité doit pouvoir être évalué lors de l'étape de la sélection. Cette

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évaluation permet de choisir des candidats au volontariat qui font preuve d'un solide sentiment d'auto-efficacité dans des situations interculturelles précises. Des mises en situation constituent un outil intéressant pour cette évaluation. Ces mises en situation peuvent également faire partie de la formation interculturelle pré-départ dans le but d'augmenter le sentiment d'auto-efficacité des participants. Ces derniers participent aux mises en situation de nombreuses fois afin d'expérimenter des comportements de plus en plus efficaces, selon l'approche d'essais et erreurs. Plus le volontaire a des attentes réalistes en ce qui a trait à ce qui l'attend dans le pays hôte (ajustement anticipé), plus son sentiment d'auto-efficacité devrait être solide.

Dans le cadre de ce mémoire, nous pouvons donc supposer que la formation interculturelle pré-départ, si elle est spécifique, peut renforcer le sentiment d'auto-efficacité des volontaires sur le terrain et favoriser l'établissement d'une relation de partenariat entre eux et les partenaires locaux. S'il existe un réel partenariat entre les deux parties et si les volontaires sentent qu'ils ont leur mot à dire, leur sentiment d'efficacité personnelle devrait être plus solide. Nous pouvons aussi supposer que l'organisation d'envoi a, sur le terrain, un rôle important à jouer dans le renforcement du sentiment d'efficacité personnelle de ses volontaires. Un suivi et un feed-back rigoureux permettent aux volontaires de savoir où ils vont et ainsi de consolider leur sentiment d'auto-efficacité. Le conjoint et la famille qui accompagnent les volontaires doivent également faire preuve d'un solide sentiment d'auto-efficacité afin d'avoir une influence positive sur les volontaires. Enfin, l'organisation d'envoi peut influencer le sentiment

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efficacité de ses volontaires à leur retour au pays en les préparant et en les aidant à se réinsérer.

Le sentiment d'efficacité personnelle peut donc avoir une grande influence sur l'apprentissage des habiletés utiles à l'expatriation et sur l'expérience même de volontariat.