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Ce vitrail représentant Le Chanoine prémontré Jacobus Scheuen avec saint Lambert, est l'œuvre de l'artiste Gerhard Remisch, réalisée en 1542 en Allemagne, dans les territoires rhénans et provenant de Steinfeld102. Conservé au Victoria & Albert Museum, ce panneau montre saint

Lambert évêque debout à gauche du chanoine agenouillé et les mains jointes, devant une crucifixion placée dans un village vallonné, et dans un intérieur richement décoré de colonnes, de marbres et d'un somptueux carrelage [Fig. 106]. Saint Lambert tient sa crosse dans sa main gauche : celle-ci se termine en volute de feuille d'acanthe, comme dans notre panneau. Le saint évêque porte une mitre incrustée de pierres précieuses entourée d'un nimbe où sont inscrits son nom et sa fonction, le rational crénelé serti et une chasuble d'or décorée d'un crucifix sur son habit blanc. La figure du prélat se détache sur fond rouge bordeaux. Il baisse la tête vers le chanoine et pointe la gauche du

98 Voir Trésor de Liège, Buste-reliquaire, 04/17 99 Voir Trésor de Liège, Buste-reliquaire, 04/17 100 BRUYÈRE, 2012, p. 345

101 BRUYÈRE, 2012, p. 348

panneau de sa main droite. L'habillement de notre saint Lambert est plus sobre mais les éléments essentiels sont présents [Fig. 107 et 108]. Le panneau du Musée de Cluny a été réalisé plus tôt, mais on trouve également l'inscription du nom du saint dans le nimbe et les colonnes qui l'entourent, bien que le plan soit essentiellement resserré sur saint Lambert. Le symbole à quatre bras sur la chasuble de saint Lambert fait enfin penser au crucifix figuré sur la chasuble du saint Lambert du Victoria & Albert Museum.

Ainsi, le vitrail de Saint Lambert se rattache entre autres à des modèles plutôt nordiques, la figure du saint étant d'abord vénérée en Belgique. Il se peut donc que cette œuvre, à l'instar des deux autres saints, soit issue du Rhin inférieur, ou qu'elle témoigne d'échanges entre ateliers du Nord.

VIII. LA FIGURE DU DONATEUR ANONYME

Le donateur n'ayant aucun signe distinctif particulier, on pourra le comparer aux donatrices réalisées au XIXème siècle pour l'accompagner.

Deux vitraux ont été réalisées pour faire pendant au Donateur, jeune homme agenouillé : une Donatrice et une Jeune femme assise lisant [Fig. 109, 110 et 111]. Ces deux panneaux sont datés entre 1850 et 1861, c'est-à-dire l'époque où les vitraux faisaient partie de la collection Debruge- Duménil103, et ce, probablement pour venir enrichir une collection où les vitraux avaient toute leur

place. Ces panneaux, extrêmement proches de la facture du Donateur, jeune homme agenouillé, sont un bon exemple d'un intérêt accru pour le style médiéval au XIXème siècle. De même que le donateur, les deux femmes se trouvent dans une pièce encadrée par deux colonnes, devant une tenture damassée, et ont au-dessus de leur tête deux arcades ornées de feuilles d'acanthe, séparées par un cul-de-lampe et laissant voir à l'arrière-plan six fenêtres à la partie supérieure trilobée. La Donatrice est dans la même position que le donateur, agenouillée, les mains jointes en prière, revêtue d'un grand manteau, d'une étole mais aussi d'une coiffe jaune et bleue. Elle est cependant de profil devant un fond rouge à poils dorés tandis que le donateur est représenté de trois quarts devant un fond bleu à poils blancs. Ses yeux sont mi-clos, elle baisse la tête en une attitude recueillie. Sa carnation est différente de celle du donateur : elle n'est pas grise mais brun-doré, tout comme son manteau. Les traits du visage sont proches : l'artiste a restitué les zones d'ombres par de fines

hachures à hauteur des paupières, des joues, des narines, des lèvres, du menton et du cou et les zones de lumière par des touches blanches en enlevant le lavis, au-dessus des sourcils, sur le nez et les pommettes, le long des mèches de cheveux. Les deux personnages ont un visage plein et bien fait et les lèvres charnues. De la même façon, les plis de leur manche gauche et leur geste sont identiques. Les mains sont jointes et des hachures similaires sont situées sur le dessus des doigts, au niveau des tendons fléchisseurs. L'artiste a su copier et rendre l'épaisseur et la souplesse du vêtement plié au niveau du coude en plis anguleux et cassés, tout comme la longueur de la manche. Il utilise à nouveau ce procédé des fines hachures noires pour restituer les ombres et le mouvement des tissus mais il favorise d'épais traits noirs pour marquer les plis principaux alors que ceux du donateur sont fixés par des traces blanches à l'enlevé.

La Jeune femme assise lisant est quant à elle assise de face, la tête tournée vers la droite et tient un livre ouvert posé sur ses genoux, dans ses deux mains. Elle est habillée d'une longue robe munie de deux bretelles foncées, tout comme ses manches – fourrées comme celles du donateur –, et serrée par une large ceinture sur laquelle est inscrit un S. Le tissu tombe sur le sol en épais plis cassés. Elle porte également une grande coiffe serrée des deux côtés de la tête et recouverte à l'avant et à l'arrière d'un élégant tissu damassé et, sur le devant de la coiffe, de neuf ornements circulaires autour d'un plus gros cercle. Son visage est représenté presque de trois quarts à l'instar du donateur. Sa figure est lumineuse au niveau du front, du nez et des joues et assombrie sur les contours par un lavis plus foncé et des hachures noires. Son visage semble jeune, il est également bien fait : le front est large, les sourcils sont fins, le nez est longiligne, la bouche est pleine, son air général est songeur. La pose de ses mains aux doigts gracieusement repliés est élégante. L'artiste prend ici plus de distance avec le modèle du Donateur, jeune homme agenouillé mais rend toutefois le style général de ce dernier.

IX. SAINT ANTOINE ERMITE

A. LE MODÈLE DE SCHONGAUER ET DE SES SUIVEURS

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