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LES VILLES ET LES PROBLÈMES URBAINS

L’HISTOIRE URBAINE

J.-L. Vellut a coordonné un numéro des Cahiers Africains où la problématique de l’histoire urbaine en Afrique noire est étu-diée de façon pluridisciplinaire. On trou-vera ci-dessous le compte rendu de plu-sieurs des articles qui le composent (Vellut J.-C., 2007).

Les villes précoloniales

On peut considérer comme des orga-nismes urbains les capitales royales d’Afrique centrale, particulièrement celles des royaumes de la savane, kanyok, ruund (lunda) et luba dans le Kasai orien-tal et le Katanga. Leurs marques actuelles, visibles sur les photos puissances a été présentée plus haut

dans cette chronique (p.306). Une autre publication dirigée par Sabakinu Kivilu s’interroge sur le rôle que doit jouer l’uni-versité congolaise dans le rétablissement de la paix et la construction de la démo-cratie. On y trouve, une communication de cet auteur sur l’émergence «d’une nouvelle conscience politique et sociale au sein du corps professoral de l’Université de Kinshasa» (Sabakinu Kivilu I., 2000). Les mêmes préoccupations apparaissent dans un colloque organisé à Bujumbura en 1998 (Gahama J., 2001).

Dans la foulée des mêmes préoccupa-tions et plus précisément dans la recherche d’un projet de société, des séminaires ont été organisés sur la mora-lisation de la vie publique et sur les nou-velles institutions à mettre en place. Un Institut pour la Démocratie et le leader-ship politique (I.D.L.L.P.) créé par des professeurs des universités de Kinshasa et du Bas-Congo, dans le but de contri-buer, par le travail scientifique et la vulga-risation, à l’émergence d’institutions démocratiques au Congo, a ainsi mis sur pied en 1999 et 2000 cinq séminaires et publié quatre fascicules sur le rôle de la police dans la reconstruction nationale, sur la justice et la société, sur les finances et la démocratie, sur l’administration et le développement. Chaque fascicule se ter-mine par un rapport et parfois par des recommandations. Comme pour l’ouvra-ge de l’Association des professeurs de l’université de Kinshasa cité plus haut, ces séminaires et ces fascicules ont bénéficié du soutien financier de la Fondation Konrad Adenauer (Mabiala, 1999; Mutunda, 1999; Tshungu, 2000;

Makwala, 2000). De telles publications malheureusement aboutissent rarement dans des bibliothèques d’Europe. Il est fort probable qu’il y en ait eu ainsi bien d’autres dont nous n’avons pu avoir connaissance.

Après la répression des étudiants décidée par les autorités publiques en 1990 (qui avait entraîné la rupture de la coopération belge), des fondations canadiennes ont aidé l’Université de Lubum -bashi à survivre. Des associations afri-caines et amériafri-caines soutenues par les Fondations Ford et Rockefeller ont lancé un programme sur «Le rôle public des universités en Afrique». Dans le cadre de ce projet, un ouvrage a été publié sur l’histoire de l’Université de Lubumbashi de 1990 à 2002 (Jewsiewicki B. et Klauber V., 2003). L’historique même de l’Université y fait l’objet d’un rapport de Donatien Dibwa dia Mwembu, qui est le coordonnateur du projet à Lubumbashi.

On retiendra par exemple que le recteur était parvenu à empêcher l’expulsion des membres du corps enseignant originaires du Kasai. Il faut dire que cela aurait privé l’Université de la majorité de son person-nel scientifique. Le livre est publié dans une collection soutenue par le CELAT (Canada) et intitulée «Mémoires lieux du savoir. Archives congolaises» dirigée par B. Jewsiewicki. Cette collection, publiée par L’Harmattan, Paris, compte aujour-d’hui près d’une vingtaine de volumes.

On y trouve de nombreux récits de vie (d’étudiants, de professeurs) mais aussi par exemple, une étude sur les Banyamulenge (2001, 292 p.) et un aperçu historique «De l’Union Minière à la Gécamines» (2001, 256 p.).

aériennes accompagnant l’article qui les décrit, sont des îlots forestiers englobant les tombes des rois kanyok sur le lieu où se trouvait le sérail du roi. Ces espaces étaient entretenus par un esclave, gardien de la tombe, qui mettait le feu tout autour vers le mois d’avril pour empêcher les grands feux de brousse de la saison sèche de détruire l’îlot. Ces capitales poli-tiques étaient aménagées généralement sur une crête, selon un modèle compor-tant un plan orienté et une organisation en quartiers. Au centre, le bâtiment presti-gieux du roi; en aval, la cuisine pour le roi et ses invités, en amont une place semi-publique pour les audiences et, plus en amont encore, la résidence de la reine-mère où se trouvait l’entrée publique. Des quartiers homogènes (épouses fécondes, épouses stériles, notables, artisans, guer-riers) s’organisaient tout autour, reprodui-sant l’image du pays. C’est à côté de cette capitale que venaient camper les com-merçants étrangers, les hommes fuyant d’autres territoires et où se sont installés, par la suite, les représentants de l’autorité coloniale. Il est fâcheux que ce thème très intéressant soit traité de façon fort confu-se et que l’auteur, dans sa première ligne, situe le pays des Kanyok à des altitudes andines ou tibétaines (4 000 m! sans doute s’agit-il de pieds et non de mètres!) (Ceyssens R., 2007). On trouvera aussi des informations sur la naissance et l’or-ganisation des capitales luba dans les publications de P. Petit signalées plus haut (Petit P., 1996a, 1996b).

Les enclos royaux agro-pastoraux, qui constituaient les capitales de l’ancien Burundi, pouvaient-ils être considérés comme des villes? Il est difficile de le sou-tenir car la population n’y était pas stable, il n’y avait pas d’échanges commerciaux à longue distance, ni de métiers spécia-lisés contrairement à ce qui existait par exemple au Buganda (Chrétien J.-C., 2004).

L’urbanisme colonial et postcolonial Depuis 1960, peu d’études ont été publiées sur l’architecture de la ville colo-niale. Depuis que les lieux de mémoire retiennent une attention croissante et que

presque toutes les grandes villes congo-laises ont atteint ou dépassé leur centiè-me anniversaire, on s’y intéresse davanta-ge. L’architecte John Lagae a consacré à ce sujet une thèse de doctorat à l’Université de Gand, en 2002. Une autre thèse a été soutenue à la KUL en 1994 par Bruno De Meulder sur l’architecture et la planification urbaines à Lubumbashi. Ces thèses sont restées inédites mais plu-sieurs publications et des expositions en ont repris et parfois développé certaines parties. Voici d’abord un article sur la mai-son coloniale idéale au Congo de 1885 à 1960. Le débat a concerné longtemps l’adaptation de la maison européenne aux conditions climatiques tropicales, y com-pris aux menaces de l’environnement sur la santé. On a généralement privilégié un modèle repris des colonies anglaises ou hollandaises, le bungalow. Le plus sou-vent au milieu d’une grande parcelle, il était pourvu d’une galerie extérieure, la barza. Parfois des bâtiments annexes étaient prévus pour loger la domesticité, comme dans les villes katangaises. Du modèle du bungalow, on passa à celui de la villa. C’est seulement au milieu des années 1950 que l’on a construit, à Léopoldville, les premiers grands immeubles à appartements. La préoccu-pation psychologique n’était pas négligée. La maison devait donner une sensation de bien-être à l’Européen isolé, puis, lorsque celui-ci est venu d’Europe avec son épouse, l’objectif était qu’on puisse y vivre «comme chez soi», sous-entendu «comme en Europe». Mais dans la carrière coloniale, la maison est tou-jours restée un lieu de résidence tempo-raire. On s’est préoccupé aussi de la mai-son des travailleurs africains qui aurait dû également pouvoir faire face aux menaces de l’environnement tropical mais qui devait être de construction simple, rapide et bon marché et rester compatible avec les habitudes de populations récem-ment arrivées de la campagne (Lagae J., 2000).

L’Illustration congolaise, une revue publiée entre les deux guerres et qui a repris certains rôles du Mouvement Géographique, comme celui de familiari-ser les Belges à leur action coloniale et

susciter des vocations, consacre une grande part de son iconographie à des vues des villes du Congo. Il n’est pas étonnant qu’un tiers de celles-ci concer-nent Elisabethville et Jadotville (beau-coup plus que Léopoldville) qui montrent le mieux l’Afrique moderne et industrielle construite par les Belges (Morimont F., 2001). Voir aussi, sur un sujet proche, mais pour la période 1946-1952, l’analyse de la représentation de la ville coloniale et des valeurs urbaines, dans une collection de photographies d’un organisme public d’information (Hiraux F., 2007).

La conception urbanistique de la capitale du Congo belge se réfère pour de nom-breux points à certains quartiers de Bruxelles. Dès les années 1920, des plans ont été dressés pour le quartier où devaient s’installer l’administration géné-rale de la colonie et les résidences des hauts fonctionnaires, c’est-à-dire le quar-tier de Kalina (actuellement Ngombe) en bordure du fleuve. Le premier modèle a été le quartier bruxellois du Parc où se côtoyaient pouvoir exécutif, direction des milieux d’affaires (y compris les affaires coloniales) et pouvoir législatif. Le Mont des Arts aussi a servi de référence. En tout cas les péripéties de la construction d’une résidence pour le gouverneur général, qui aurait été à la hauteur de sa fonction, sont très instructives. On imagi-na d’abord quelque chose qui ressem-blait au bâtiment du Musée de Tervuren et au Palais Royal de Bruxelles, puis un palais de style mauresque avec une tour minaret, qu’on considérait comme bien adapté à un milieu tropical mais dont l’as-pect était en contradiction avec les mythes fondateurs du Congo, tout parti-culièrement la campagne arabe. Le bâti-ment, qui fut enfin construit dans les années 1950, n’était pas achevé en 1960 et fut utilisé comme siège du parlement du nouvel Etat. En fait, les autorités belges de Bruxelles ont toujours été réti-centes à édifier une construction qui aurait pu faire croire que le gouverneur général disposait d’un pouvoir et d’une autonomie que l’on n’a jamais voulu lui accorder (Lagae J., 2007).

Autre phénomène de miroir mais en sens inverse cette fois: en 1960, des

archi-tectes qui avaient travaillé sur les projets de planification des quartiers africains, en y appliquant certains théories urbanis-tiques, sont revenus en Belgique, ont constitué un bureau d’études et ont transféré ces théories à plusieurs projets dont ils ont été chargés à Bruxelles, notamment dans le Pentagone (Lagae J., 2008a). Le numéro 38 des Cahiers de la Fonderie, consacré au thème «Bruxelles et le Congo» comporte plusieurs articles sur la présence (ou le souvenir) du Congo dans la ville actuelle.

Que faire du patrimoine bâti colonial? Il est commun de prétendre que la ville colonia-le congolaise compte rarement des bâti-ments de grande valeur architecturale ou de grande originalité. Les bâtiments étaient conçus par des ingénieurs ou des architectes des services techniques de l’administration. Il y avait très peu d’archi-tectes indépendants. La Grand-Poste de Kinshasa était à peu près le seul édifice public témoignant de quelque recherche.

Elisabethville comportait davantage de bâtiments conçus par des architectes.

Tout le centre de la ville européenne, près de la gare, affichait une incontestable homogénéité. Mais aujourd’hui, avec la reprise de l’activité économique, beau-coup de bâtiments sont détruits au profit de bâtiments plus «fonctionnels» ou plus

«modernes». Problème de toutes les villes coloniales: faut-il préserver le patrimoine construit par le colonisateur? L’ICOMOS (Inter national Council on Monuments and Sites) a banni l’expression d’héritage construit colonial pour la remplacer par celle d’«héritage construit partagé»

(Shared Built Heritage) étant donné notamment qu’un Etat ou un organisme public peut difficilement avoir aujourd’hui comme projet de restaurer une marque du passé colonial. Dans le «patrimoine par-tagé» de Lubumbashi, il y a incontesta-blement le théâtre conçu par C. Strebelle, construit au milieu des années 50 avec de grosses subventions de l’Union Minière et du B.C.K. Le théâtre est devenu le siège du parlement de l’Etat du Katanga en 1960, a figuré sur les billets de la Banque Nationale du Katanga et est aujourd’hui le siège de l’Assemblée provinciale. Le centre culturel qui y était annexé est

deve-nu le Musée national de Lubum bashi. La synagogue, construite en 1929 par l’archi-tecte R. Cloquet, qui fut l’archil’archi-tecte de l’exposition internationale d’Elisabethille de 1931, témoigne d’une présence juive naguère importante et pourrait être considéré comme un autre élément de ce patrimoine ou du moins d’un «lieu de mémoire», ainsi que le cimetière israélite (mais certains ont contesté l’idée que la notion de «lieu de mémoire» conçue par Pierre Nora soit transposable en Afrique ex-coloniale). Le «lieu de mémoire» princi-pal de Lubum bashi n’est-il pas la che-minée de l’Union Minière-Gécamines avec le crassier (aujourd’hui en voie de des-truction)? (Lagae J., 2008b).

Sur les traces du passé à Lubumbashi, voir aussi le numéro des Cahiers africains, édité par Danièle de Lame et Donatien Dibwe Dia Mwembu (2005) et une commu-nication, par ce dernier auteur, sur une opération de sensibilisation de la popula-tion de Lubumbashi à la mémoire de sa ville et notamment de son passé industriel, à travers plusieurs expositions organisées par le département d’histoire de l’univer-sité au musée national. Sur la question des musées en Afrique, où, trop associés à l’é-poque coloniale, ils seraient boudés par les autochtones, voir le livre édité par Bouttiaux A-M. (2007).

Les minorités urbaines dans la ville européenne. La ville coloniale comportait, dans sa population non-africaine, des communautés ayant conservé leur origina-lité. On trouvera des informations sur la communauté juive, qui était particulière-ment présente dans les villes du Katanga (Juifs sépharades surtout, venus de l’île de Rhodes) dans plusieurs ouvrages (Bourla Errera M., 2000; Rahmani M., 2002;

Benatar J. et Pimienta-Benatar M., 2000), ainsi que dans un livre sur la communauté juive le long du rail du Cap au Katanga (Macmillan H. et Shapiro F., 1999). La loca-lisation des autres minorités (portugaise, grecque, italienne) n’était pas non plus sans signification.

Les églises occupent une place importan-te dans l’archiimportan-tecture urbaine coloniale, tant dans les quartiers européens que dans les quartiers africains. Là aussi, on a

voulu parfois «tropicaliser», mais le plus souvent cela consistait à laisser l’air entrer et circuler. On a voulu aussi, mais plus rarement – et plus tardivement – «africani-ser» (on disait «indigéni«africani-ser») mais cela n’a souvent concerné que des détails de la décoration intérieure. Il faudra attendre la période postcoloniale pour que de nou-velles recherches stylistiques apparaissent avec des architectes africains. On le voit bien dans le cas des églises catholiques de Kinshasa. Signe des temps: alors que l’église se dressait au milieu d’un espace public ouvert, elle est désormais dans un enclos ceint de hauts murs avec une grille métallique d’entrée (Mabiala Mantumba Ngoma, 2007).

LA CROISSANCE URBAINE ET LES RÉSEAUX URBAINS

L. de Saint Moulin continue à suivre la croissance des villes du Congo et les structures de son réseau urbain. Une de ses dernières publications sur ce sujet comporte des tableaux donnant la popu-lation des villes et cités en 1958, 1970, 1975, 1984 et 2004 et commente la situa-tion de 2004. A cette date, la populasitua-tion urbaine fait 34,5 % de la population totale et compte 25 villes de plus de 100 000 habitants, 19 villes de 50 000 à 100 000 et 35 centres de moins de 50 000 habitants (de Saint Moulin, L., 2007).

J.C. Bruneau avait constaté, dix ans plus tôt, que la crise avait ralenti l’accroisse-ment urbain (5,6% par an de 1970 à 1984 contre 8,7% de 1958 à 1970), avec une tendance à la stagnation pour Kananga, Matadi, Mbanza Gungu, Boma, Kikwit, Bandundu, Bukavu et même à la régres-sion pour Kasongo et Kisangani. Il affir-mait aussi avoir constaté des phé-nomènes d’exurbanisation, c’est-à-dire de retours d’habitants des grandes villes dans les campagnes où la baisse du niveau de vie aurait été moins forte. Le poids des villes moyennes et des petites villes avait augmenté. Mbuji Mayi, Kolwezi, Tshikapa, Uvira et Butembo, pour des raisons quelque peu différentes d’une ville à l’autre, avaient cependant maintenu leur croissance. Malgré une

certaine décélération, Kinshasa avait ren-forcé sa primauté (Bruneau J.-Cl., 1995).

Mais les troubles de la fin du siècle ont provoqué une reprise de l’exode vers les grandes villes, postérieure à la publica-tion de cet article. Nous n’avons pas de données précises sur l’ampleur de cette reprise ni sur son évolution.

Nous avions quelque peu actualisé, au même moment, un article antérieur sur les réseaux urbains en Afrique tropicale (Nicolaï H., 1995) et utilisé, dans une comparaison de la ville en Afrique et de la ville en Europe, quelques cas concernant le Congo en nous interrogeant notamment sur les nouveaux types de villes que pro-duit l’Afrique et sur les nouveaux types de citadins (Nicolaï H., 1994 b).

Un petit atlas fort utile (20 planches en for-mat A4) donne des inforfor-mations sur la localisation et la hiérarchie démogra-phique et administrative des villes, l’évolu-tion récente de leur populal’évolu-tion (les données de base sont le plus souvent de 1994 mais les commentaires, y compris pour les autres planches, fournissent quelques données plus récentes), leur structure par rang, la relation avec la den-sité rurale environnante, leur structure démographique comparée, leur niveau d’équipements, leur consommation en eau et électricité, la part du secteur secondaire et celle du secteur tertiaire, leur place dans les régions écologiques et dans le systè-me des voies de communication, leur dépendance alimentaire, leurs infrastruc-tures de santé et de scolarisation, l’origine de leur population. On y trouvera aussi des schémas de l’organisation urbaine de Kinshasa, Lubumbashi, Mbuji Mayi et Kisangani. Le commentaire de chacune des vingt planches est suivi de recomman-dations sur les interventions éventuelles à envisager (Wolff E. et al., 2001).

Depuis 1960, la ségrégation coloniale qui existait dans les villes congolaises s’est transformée en ségrégation sociale. Dans les années 80, il y a eu tendance au déve-loppement spontané d’un habitat mixte où pauvres et riches vivent côte à côte, par suite de l’envahissement par les premiers des espaces verts des quartiers riches. La gestion foncière est devenue «spon-tanée». On estime qu’un quart seulement

des parcelles foncières a fait l’objet d’un enregistrement réglementaire (Lelo Nzuzi, 1992).

Un document à verser au dossier des ségrégations ethniques des groupes mino-ritaires. Les Tetela, à Kananga, se regrou-pent dans quelques quartiers, utilisent le même pôle commercial péricentral et se distinguent par la pratique de la riziculture (Kabamba K. et Lukenga C.E., 2002).

L’APPROVISIONNEMENT VIVRIER Sur le thème de l’approvisionnement vivrier, qui avait été développé assez for-tement avant 1990, de nouvelles publica-tions prolongent généralement des études antérieures comme par exemple la grande enquête sur la commercialisa-tion des produits vivriers à Kinshasa dirigée par Eric Tollens dont il a été large-ment rendu compte dans notre chronique précédente (Nicolaï H., 1993) et qui avait été menée de mars 1987 à juin 1990. Elle est synthétisée dans un gros livre qui ana-lyse la structure et la performance du système de commercialisation ainsi que les comportements des acteurs, les conditions physiques et institutionnelles, la production agricole dans le bassin d’approvisionnement (Bas-Congo, Bandundu et autres régions du Congo), les revenus paysans, la collecte et le transport, la fluctuation saisonnière des prix, la distribution à Kinshasa et la consommation. On y trouve une estima-tion de la performance de la chaîne de commercialisation. Les auteurs croient qu’une amélioration de celle-ci aurait des effets positifs sur la production et la consommation et font quelques recom-mandations en ce sens (Goossens F., Minten B., Tollens E., 1994). Mais E.

Tollens s’interroge sur la possibilité pour ce système d’entraîner un véritable déve-loppement économique, notamment dans le cas des commerçants «par colis», c’est-à-dire qui louent une place sur un camion pour eux-mêmes et la marchandi-se qu’ils sont allés acheter dans la région rurale. Le système est peu efficace à cause de la durée des transports, des

Tollens s’interroge sur la possibilité pour ce système d’entraîner un véritable déve-loppement économique, notamment dans le cas des commerçants «par colis», c’est-à-dire qui louent une place sur un camion pour eux-mêmes et la marchandi-se qu’ils sont allés acheter dans la région rurale. Le système est peu efficace à cause de la durée des transports, des

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