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LA VIE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE DES CAMPAGNES

LES GROUPES ETHNIQUES TRADITION-NELS, LEURS TECHNIQUES D’EXPLOI-TATION DE LA NATURE ET LEURS TECH-NIQUES D’ENCADREMENT

Généralités

On trouvera des rubriques généralement bien au point sur différents groupes eth-niques congolais dans le tome consacré à l’Afrique et au Moyen Orient d’une grande encyclopédie sur les cultures mondiales (Middleton J. & Rassam A., 1995). Quel -que peu curieux est, dans une autre col-lection américaine, l’ouvrage qu’un pro-fesseur africain de l’Université d’Atlanta (Géorgie) consacre aux cultures et aux coutumes du Congo. Ce qui est dit, par exemple sur l’art traditionnel ou sur la

mai-son villageoise, est d’une brièveté décon-certante. Il faut dire que les rubriques sont nombreuses: religion, littérature, art, archi-tecture, cuisine, habillement, coutumes sociales et style de vie, mariage, famille,

«gender roles», musique et danse (Tshile -malema Mukenge, 2002).

Les ethnies et l’ethnicité

Les affrontements entre groupes ont donné un sens tragique à la notion d’ethnie.

Plusieurs colloques internationaux ont été consacrés à cette question. Dans le but de contribuer à une meilleure connaissance du pays par ses habitants et dans l’espoir ainsi de leur permettre de développer une culture de la paix, L. de Saint Moulin a dressé des cartes ethniques régionales du à dépouiller le Congo de ses ressources,

ne serait qu’une vue très tronquée de la réalité. Des organisations politiques nou-velles ont joué, au moins temporairement, un rôle non négligeable, comme le Rassem blement Congolais pour la Démocratie, RCD-Goma. L’évolution de l’Etat correspond-elle à une privatisation ou à une banalisation de sa souveraineté (Vlassenroot K. et Raeymaekers T., 2008)?

En octobre 2006, la nouvelle République démocratique du Congo a procédé à ses premières élections avec l’aide de la com-munauté internationale. Pour les préparer, la population de plus de 18 ans a dû se faire enrôler en 2005 pour obtenir une carte d’électeur. Le taux d’enrôlement (pourcen-tage des enrôlés par rapport à la popula-tion attendue calculée à partir des données du recensement de 1984) a été de l’ordre de 90 %. Les deux tiers des enrôlés ont participé au référendum sur la nouvelle Constitution en décembre 2005 qui a été approuvée par 84 % des votes valables.

Les cartes et un tableau donnent ces valeurs par territoire, y compris la popula-tion totale attendue qui était de 59 millions pour l’ensemble du Congo, étrangers non compris (de Saint Moulin L., 2006 a). Cet article figure dans un numéro de Congo-Afrique consacré au compte rendu des

Journées sociales du Centre d’études pour l’action sociale (Kinshasa) sur le thème

«Elections et bonne gouvernance pour la IIIe République en RDC: avec quels diri-geants et quel projet de société?»

L. de Saint Moulin a dressé ensuite les cartes des élections présidentielles. Au premier tour au scrutin du 30 juillet 2006, Joseph Kabila domine dans la partie orien-tale du pays, Jean-Pierre Bemba, dans le nord-ouest et une partie du Kasai, Antoine Gizenga dans la province de Bandundu (de Saint Moulin L., 2006b). Au second tour, le candidat Bemba étend son emprise sur le Bas-Congo, le nord du Bandundu et une grande partie des deux Kasaï. Le vain-queur, Kabila, a renforcé sa position dans la partie orientale du pays et notamment au Katanga, avec des majorités beaucoup plus élevées que celles obtenues par son concurrent dans les circonscriptions où ce dernier l’emporte. Les deux articles com-portent un tableau des résultats par territoi-re ou ville (de Saint Moulin L., 2007). On trouvera aussi les cartes du deuxième tour, leur commentaire ainsi qu’un aperçu du processus électoral dans BELGEO, qui sur son site (www.srbg.be) a présenté ces cartes en couleurs, avec les tableaux des données (de Saint Moulin L. et Wolff E., 2006).

Congo. Il reconnaît d’abord que la notion d’ethnie est très floue. Si l’ethnie est considérée généralement comme une unité supérieure à la tribu, les deux termes sont utilisés souvent l’un pour l’autre. Les dénominations sont de provenance variable et souvent ont été données par des voisins. Ainsi, pour L. de Saint Moulin, l’ethnie est une construction établie sur des bases diverses mais non systéma-tiques. «Les identités ethniques..., écrit-il, sont des stratégies sociales. Mais elles ne sont pas une simple traduction du présent.

Elles sont des constructions historiques».

Ses cartes veulent renouveler celles qui accompagnaient l’Introduction à l’ethno-graphie du Congo, de Jan Vansina (1966).

Celui-ci cherchait à représenter la situation avant l’occupation européenne mais il reconnut par la suite que cet objectif était fallacieux. La situation représentée était en fait celle de la fin de la période coloniale.

Les cartes de L. de Saint Moulin sont réparties en huit grands ensembles au 1/5 000 000. Deux annexes fort utiles don-nent la liste des ethnies et tribus par terri-toire, soit 281 au total et celle des collecti-vités (759), subdivisions administratives des territoires (de Saint Moulin L., 1998).

L’auteur revient sur le sujet en 2002, en rappelant comment la notion d’ethnie s’est modifiée pendant la période coloniale.

Dans la trame administrative coloniale, comment s’est faite la prise en considéra-tion des ethnies, comment celles-ci ont-elles été identifiées et se sont-ont-elles affirmées, de quelle façon leur rôle s’est-il maintenu depuis l’indépendance? P.

Salmon traite ces questions dans le cas de l’ethnie zande, unité culturelle composite (Salmon P., 1998).

Voici une pièce à verser au débat sur l’ori-gine et la signification des ethnies actuelles et sur celles de leur nom. Les Topoke du territoire d’Isangi, en aval de Kisangani, dans la Province Orientale (Haut-Zaïre), sur l’Equateur, sont connus sous huit noms plus ou moins différents. Le mot Topoke lui-même signifierait simple-ment «nous ne comprenons pas», premiè-re réponse sans doute aux questions des agents coloniaux. Leur vraie dénomination est-elle encore inconnue? (Bilusa Baila Boingaoli, 1993).

Sur la difficulté à définir une ethnie et en tout cas à accepter un ethnonyme, L. de Heusch rappelle le cas des Tetela. Cet ethnonyme est un produit de l’histoire colo-niale. Il s’agit en fait de Nkutshu. Le terme tetela est apparu au moment où les troupes de Ngongo Lutete ont enrôlé (de force) les hommes des villages nkutshu qu’ils conquéraient (de Heusch L., 1995).

Le politologue américain Thomas Turner a étudié longuement les Tetela. Il décrit, dans un livre écrit directement en français, tous les éléments historiques, généalo-giques réels ou imaginaires et les interven-tions extérieures qui ont construit cette eth-nie. On ne peut comprendre la trajectoire de Patrice Lumumba si l’on ne tient pas compte de ce qu’il appartenait à l’ethnie tetela mais que cette appartenance n’a pas empêché (et au contraire a peut-être favorisé) sa vision transethnique de la poli-tique congolaise (Turner T., 2000).

Comment être un Luba au XXesiècle? Le livre qui pose cette question traite en fait uniquement des Luba du Kasai, ce grou-pe qui a connu une forte expansion grou- pen-dant la période coloniale, qui a fourni aux centres miniers du Katanga une grande partie de leur main-d’oeuvre et, qui, avec un certain soutien des autorités publiques et de l’Eglise catholique, a occupé beau-coup de postes subalternes dans l’admi-nistration. Ces Luba du Kasai ont été expulsés par la suite en 1960 des terres lulua, près de Luluabourg, et surtout du Katanga minier (une nouvelle fois en 1992). Ainsi cette identité Luba du Kasai

«relève moins d’un univers de traditions ancestrales que d’une recomposition sociale et culturelle de l’époque colonia-le». Ils ont joué du christianisme comme d’un nouveau cadre identitaire (Kalulami Pongo M., 1997). Très curieusement ce livre ne parle pas des Luba du Katanga ni de leurs liens avec les Luba du Kasai ni des grandes constructions politiques luba précoloniales. Il ignore en outre totale-ment les recherches menées par P. Petit, sur l’ethnie luba.

Or Pierre Petit, qui défendra, en 2003, à l’ULB, une thèse sur les rites familiaux et royaux des Luba, avait écrit, en 1996, un article très riche sur l’ethnicité luba.

L’ethnonyme est attesté avant

l’occupa-tion coloniale d’abord sous sa forme swa-hilisée, Warua. L’ethnie luba «doit... se concevoir non pas comme un ensemble discret mais comme un ensemble pola-risé, auquel un individu peut s’identifier ou non, selon les contextes». A son exten-sion maximum (vers 1800), le royaume luba était composé de cercles concen-triques avec décroissance progressive du pouvoir royal depuis la capitale. Le terme luba a parfois été utilisé pour désigner uniquement le roi (par l’explorateur Cameron, par exemple), parfois aussi les dignitaires de la cour royale et tout ce qui se trouve au centre du royaume. Chaque souverain construisait sa capitale, d’abord un campement de chasseurs, le musumba, puis le dipata, ensemble constitué par le palais entouré des mai-sons des dignitaires. La construction du dipata était accompagnée de sacrifices humains (généralement d’un «pygmée»

autochtone), les victimes devenant ainsi les premiers occupants de la terre et les protecteurs des hommes vivant sur ces lieux. A la mort du roi, la capitale était pro-gressivement abandonnée mais son site conservait ses caractères sacrés. Le pays est ainsi constellé de sites histo-riques (Petit P., 1996 a). Sur ces capitales disparues mais dont les sites sont encore visibles, parmi les royaumes voisins, notamment le royaume kanyok, voir l’ar-ticle de R.Ceyssens, commenté dans le paragraphe sur les villes précoloniales.

(Ceyssens R., 2007). Le roi luba est le prolongement vivant de ses prédéces-seurs comme le matérialisent trois institu-tions: le culte des ancêtres royaux, l’é-preuve d’intronisation qui marque l’ac-cord des esprits au candidat-roi, l’emploi de reliques pour transmettre un principe spirituel (Petit P., 1996 b).

C’est pour le Rwanda, avant et après la tragédie de 1994, que la notion d’ethnie a suscité le plus de commentaires. Danielle de Lame, avant 1994, avait rappelé que l’hypothèse hamite (avec les Ethiopiens, les Tutsi auraient été apparentés à des Caucasiens comme les Berbères) avait gardé ses partisans jusqu’en 1960.

D’autre part, toutes les informations recueillies par les missionnaires mais aussi par les anthropologues l’avaient été

auprès d’informateurs Tutsi (de Lame D., 1993).

Pendant l’année qui a vu la fin du pouvoir tutsi et le triomphe électoral des Hutu, comment les trois groupes (Tutsi, Hutu et Twa) se percevaient-ils? Une enquête faite sur 252 Rwandais, à l’époque, avait montré que les réponses des personnes interrogées reflétaient les préjugés de chaque caste vis-à-vis des deux autres tout en concédant que les relations poli-tiques entre les castes avaient changé (Codere H., 1993).

Tout Rwandais était intégré à l’un des 18 clans qui mêlaient Tutsi, Hutu et Twa. A partir d’un échantillon de plusieurs dizaines de milliers d’individus, en 1960, d’Hertefelt a fait l’hypothèse que certains clans ont été à l’origine de groupements territoriaux, autour d’un bloc central plus densément peuplé (Vidal Cl., 1993).

On trouvera d’autres commentaires sur les aspects ethniques des événements du Rwanda, dans les ouvrages et articles que nous avons cités dans la partie histo-rique de cette chronique. Voir notamment de Saint Moulin L., 2002; Chrétien J.-P., 1997; Chrétien J.-P. et Mururi M., 2002;

Chrétien J.-P. et Prunier G., 2003;

Reyntjens F., 1993; Vansina J., 1993 et 2001; Williame J.-C., 1997.

Au Burundi, on a vu récemment un grou-pe revendiquer une identité ethnique. Il s’agit des Bangwana, c’est-à-dire des princes tutsi de sang royal qui formaient un groupe politique dans l’ancien royau-me du Burundi et se prétendaient une catégorie sociale distincte des Hutu, des Tutsi et des Twa. Favorisés parfois par l’administration coloniale pour les postes de chefs coutumiers, ils ont perdu toute importance après l’avènement de la République. Depuis les réformes consti-tutionnelles de 1992, ils cherchent à retrouver un rôle politique et veulent être reconnus comme une ethnie à part entiè-re. Leur résurgence a été une des mani-festations de la crise de la citoyenneté burundaise et est une expression supplé-mentaire du clivage ethnique (Mworoha E. et Chrétien J.-P., 2003).

Les tensions qualifiées d’ethniques au Sud-Kivu, particulièrement dans le territoire d’Uvira, entre Barundi et Banyamu

-lenge d’une part, Bafuliiru et Bavira, de l’autre, sont surtout des conflits fonciers, résultats d’une dynamique territoriale d’appropriation de la terre par des immi-grés récents (Bosco Muchukiwa, 2006).

Un ouvrage traite des mêmes pro-blèmes au Maniema (N’Sanda Buleli L., 2005).

Les institutions traditionnelles et leur transcription dans la société moderne Chez les Mbo, groupe de cultivateurs et de pêcheurs, sur les rives de l’Epulu, dans l’Ituri, l’institution du Nkumi, rite de circon-cision, est un puissant facteur d’intégration des groupes en présence, face aux pygmées mbuti. Cette institution forme la base d’une confédération politique qui transcende les différences linguistiques et tribales et a même été acceptée par des groupes musulmans (Towles J.A., 1993).

Les Luntu, qui habitent la province du Kasai oriental, près de Dimbelenge, ont une association du léopard, comme les Mongo, qui remplit d’importantes fonctions politiques et religieuses (Petridis C., 2000).

Chez les Songye (Kasai oriental), le titulai-re d’une charge politique cède sa place, après quelques années, à un membre d’un autre groupe de parenté de sorte que chaque groupe accède, à son tour, au pouvoir (Anthoine C., 1996).

Il paraît indéniable que Chokwe et Lunda (aLuund) sont deux groupes distincts, par-fois antagonistes dès avant la période coloniale. Pourtant, dans le sud du Kwango, les Lunda n’hésitent pas à recou-rir aux Chokwe pour des interventions thé-rapeutiques, en faisant appel à leurs devins, guérisseurs et autres spécialistes rituels (De Boeck F., 1993).

Il faut citer, dans ce domaine des rites thé-rapeutiques, l’article du regretté Stefan Bekaert sur les Sakata (rive droite du Kasai, province de Bandundu) (Bekaert S., 1996).

Dans la même province, au sud du Kasai, un article décrit les structures de parenté des Yansi du territoire de Bagata. Il montre comment les stratégies matrimoniales assurent la circulation des femmes et des titres fonciers. L’appropriation de la terre concerne l’affectation à un usage et

dispa-raît avec cet usage, par exemple lorsque la jachère n’est plus cultivée; défricher un champ garantit ainsi des titres fonciers à sa descendance. La législation de l’Etat moderne ne tient pas compte du système traditionnel et est donc une source de conflits (Mfukula Moke Key W.-R., 1994).

Revenant en pays lele, une trentaine d’années après les recherches qu’elle y avait menées, Mary Douglas constate qu’un mouvement anti-sorciers, dirigé par deux prêtres catholiques à partir de la fin des années septante, a eu pour résultat de faire ranger tout ce qui était du domaine des rites traditionnels dans le domaine des démons et du diable, ce qui donne ainsi, au sein du christianisme, une place aux croyances locales dans la sorcellerie (Douglas M., 1999).

Pendant l’époque coloniale, à l’exception de L. de Heusch et de J. Maquet, on a très peu comparé les institutions du Rwanda avec celles des autres civilisations interla-custres. Les spécialistes du Rwanda par exemple se seraient même peu préoc-cupés de comparer les institutions du Rwanda avec celles du Burundi (Trouwborst A., 1993).

Une institution cherche à refaire surface au Burundi, celle des bushingantahe qui étaient chargés autrefois d’arbitrer les conflits sur les collines avec aussi une mis-sion de conseil auprès de la population.

Depuis les réformes de 1992, ils cherchent à intervenir dans les élections commu-nales. Un conseil de 40 bushingantahe a été créé pour émettre des avis sur les par-lementaires nommés pour représenter la société civile. Mais l’avenir de cette institu-tion ne paraît pas assuré (Deslaurier C., 2003).

Sur les relations entre le pouvoir «moder-ne» et les chefs détenteurs du pouvoir traditionnel, et notamment sur les malen-tendus ou les ambiguïtés du rôle que s’at-tribuent les deux parties, on lira le cas des relations du chef lunda de Kahemba avec le pouvoir mobutiste dans un article de F. De Boeck (1998 a). Les chefs tradi-tionnels interprètent les actes du pouvoir, qui cherche à se les attacher, comme une reconnaissance de leur suzeraineté. Le poids du chef luunda du sud du Kwango par rapport à celui du Katanga s’est

ren-forcé depuis l’exploitation artisanale du diamant et le trafic du diamant angolais.

Les techniques traditionnelles d’exploita-tion de la nature

Une analyse originale des fronts pion-niers, qui attaquent la grande forêt de l’Ituri depuis un siècle, s’inspire de concepts écologico-culturels et de critères utilisés pour des études du même type en Amazonie. Elle envisage la concurrence entre les groupes, leur per-ception de l’espace comme ressource et la façon dont se structurent les relations de pouvoir. L’Etat colonial ou postcolonial n’est pas intervenu institutionnellement dans cette colonisation des terres (Rösler M., 2004).

Voici une description des techniques et de leur évolution pour des riverains de la Ngiri et de l’Ubangi, en forêt équatoriale:

aménagement de l’habitat (hameaux sur des tertres artificiels, villages-îlots), tech-niques de navigation, de pêche, d’agri-culture, techniques artisanales (vannerie, tissage, métallurgie, poterie –apanage des femmes-, extraction de l’huile, du vin de palme, du sel végétal) (Mumbanza mwa Bawele, 1995).

Pour d’autres peuples de la grande forêt, étudiés tout particulièrement près de Mbandaka, dans le bassin de la Ruki, voici un article sur les Elinga, c’est-à-dire des gens d’eau disséminés dans l’aire mongo (Kanimba Misago, 1995).

Les pêcheurs Ntomba, autour du lac Tumba, dans la forêt inondée, exercent leur activité dans un contexte magico-reli-gieux. Ils dépendent du bon vouloir des génies bilima qui dispensent les poissons pour les femmes, le gibier pour les hommes. Les campements de pêche et la pêche collective sont régis par des maîtres de pêche, descendants du pre-mier occupant qui avait conclu un pacte avec le génie, chef du lieu (Pagezy H., 2006). Sur les problèmes alimentaires des Ntomba, voir plus loin.

Sur l’avenir des peuples des forêts tropi-cales, une vaste étude a été menée dans le cadre d’un programme financé par la Commission Européenne. Elle a fait l’objet de gros rapports et d’un CD-rom de

pho-tos en couleurs, où les relations entre ces peuples et leur milieu sont étudiées de façon approfondie (Bahuchet S. et de Maret P., 2001). Le premier des quatre rapports est une présentation générale de la question que l’on retrouve succinc-tement dans un article qui rappelle, dans son titre (Forêts des tropiques, forêts anthropiques), que la grande forêt équa-toriale est un milieu profondément trans-formé par l’homme (de Maret P. et al., 2002). Le volume III concerne l’Afrique centrale. Son chapitre 5 traite de la RDC.

Le gel de la coopération européenne n’a pas permis d’y mener des recherches aussi approfondies que dans d’autres pays. Les gouvernements Kabila ne sont pas apparus non plus très soucieux de la protection de l’environnement et ont envi-sagé pour soutenir leurs actions, notam-ment leurs actions militaires, d’intensifier l’exploitation forestière. L’étude couvre quatre sites de recherches principaux:

Kinshasa, Kikwit, le Kivu, le parc national de la Garamba. A Kinshasa, ont été spé-cialement abordées la déforestation liée aux besoins alimentaires, la ruralisation de certains quartiers de la ville, la pénurie du bois de chauffe et du charbon de bois, la nécessité d’un plan stratégique global impliquant les acteurs locaux de tous niveaux et la communauté internationale.

A Kikwit, c’est aussi le thème de la défo-restation de l’hinterland de la ville qui a été traité. Le Parc National de la Garamba, menacé par le déclin de sa population de grands mammifères, a été pris comme exemple d’un transfert de responsabilité aux institutions locales qui auraient à réglementer elles-mêmes les captures permises aux chasseurs locaux.

Malgré une situation particulièrement troublée et violente, des enquêtes ont pu être menées parmi les populations

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