• Aucun résultat trouvé

Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Map of the city of Montreal / by Chas. E. Goad, civil engineer ; prepared expressly for Lovell’s Montreal Directory for 1903-04. Réalisation : Amélie Roy-Bergeron.

Rapidement, un rapport interne autorise l’adoption d’une loi à cet effet, et cette dernière est approuvée par le Conseil législatif le 27 décembre de la même année. Le 12 janvier 1895, la Loi érigeant en municipalité séparée une partie de la municipalité du village

de la Côte Visitation sous le nom de : « Village de la Petite Côte » obtient la sanction

royale et est par le fait même mise en application.

Le préambule de la loi est assez explicite sur les raisons ayant motivé la scission :

ATTENDU que la grande majorité de cette partie du village de la Côte Visitation ci-après décrite, a demandé l’érection du dit territoire en municipalité distincte et séparée, pour les motifs que les propriétés comprises dans ce territoire sont occupées pour des fins agricoles, et que

48 par suite les habitants de cette partie de ladite municipalité ont des besoins et des intérêts différents de ceux de l’autre partie 23

Par ailleurs, la création du village De Lorimier est confirmée simplement, au détour d’une phrase du deuxième article de la même loi :

Les habitants et contribuables de cette municipalité formeront une corporation sous le nom de : « Corporation du village de la Petite Côte », avec tous les pouvoirs et obligations d’une corporation de village sous l’autorité du code municipal et le résidu de l’ancienne municipalité portera

le nom de : « Village De Lorimier ».

C’est ainsi que le village de Côte-Visitation, né en 1870, disparait. Il laisse place à deux nouvelles entités, Petite-Côte, qui deviendra Rosemont en 1905, puis sera annexée à Montréal en 1910, et De Lorimier, qui est au cœur de cette étude.

23 Statuts de la Province de Québec, 58 Victoria (1895), chapitre 59, «Loi érigeant en municipalité

séparée une partie de la municipalité du village de la Côte-Visitation sous le nom de Village de la Petite-Côte».

CHAPITRE II

DE LORIMIER EN TROIS TEMPS : POPULATION, PROFILS SOCIOPROFESSIONNELS ET OCCUPATION DE L’ESPACE

En 1895, au moment de la constitution de De Lorimier, le territoire du village se distingue déjà significativement des autres secteurs de l’ancien village Côte-Visitation, duquel il faisait partie. Du même souffle, la population est, elle aussi, en changement ; déjà différente de celle des autres secteurs de l’ancien village. Les transformations démographiques, la croissance du nombre de résidents ainsi que la diversification socioprofessionnelle de la population sont en effet autant d’indices d’un espace en phase d’urbanisation, cela en adéquation avec les transformations physiques sur le territoire. Dans le chapitre précédent, nous avons constaté l’amorce des changements démographiques et spatiaux qui ont concouru à la division du village Côte-Visitation en deux entités distinctes, Petite-Côte et De Lorimier. Dans le présent chapitre, nous analysons spécifiquement pour le village De Lorimier les informations relatives à la population, cela en lien au territoire qu’elle occupe et aux « marques » qu’elle y inscrit, afin de voir comment se constitue une population qui vit au rythme urbain.

La progression de la population de De Lorimier se déroule en deux temps. Plutôt lente dans les premières années de sa fondation, la croissance démographique s’accélère dix ans plus tard, à partir de 1903-1905. Le cap des 10 000 habitants est franchi en 1911, alors que le village est annexé à Montréal depuis deux ans maintenant. Aussi, nous constatons tout de suite que l’accélération démographique est bel et bien enclenchée

50 avant que De Lorimier ne soit annexé à Montréal, ce qui nous empêche de faire un lien direct entre l’annexion à Montréal et les données démographiques de 1911.

Graphique 2.1 Évolution de la population de De Lorimier, 1895-19111

Source : Bibliothèque et Archives Canada, Recensements 1901 et 1911, et Archives de Montréal, Fonds Village de Lorimier (P4), Rôles d’évaluation, P4-C-1.

Pour dresser un portrait le plus fidèle possible de l’occupation de l’espace, c’est-à-dire de la localisation des activités et des résidences sur le territoire, nous avons travaillé à la réalisation d’une cartographie historique. Celle-ci nous permet à la fois d’illustrer et de suivre l’évolution du territoire occupé, plus spécifiquement le développement de la

1 Le graphique intègre les données des recensements canadiens (1901 et 1911) et des rôles d’évaluation

(1903-1908). Bien que nous manquions de données pour certaines années spécifiques (1896 à 1900 et 1909 et 1910), la croissance est sans équivoque.

0 2 000 4 000 6 000 8 000 10 000 12 000 1895 1897 1899 1901 1903 1905 1907 1909 1911

51 trame des rues dans le village De Lorimier2. La carte suivante montre l’ouverture des rues pour quatre années témoins, entre 1895, l’année de la création de De Lorimier, et 1908, tout juste avant l’annexion à Montréal. Cette carte du développement du territoire de De Lorimier est en quelque sorte notre outil de base, que nous combinerons par la suite aux données relatives à la population : notre objectif étant de mettre en relation nos données spatiales et nos données démographiques.

2 Sur le plan méthodologique, nous avons tiré nos données essentiellement des procès-verbaux du

Conseil municipal de De Lorimier, mais aussi de divers cartes et plans montrant l’état du village à certaines dates (1895, 1901, 1904 et 1908). Nous avons colligé ces informations au sein du logiciel QGIS, qui permet l’intégration de données historiques à une carte géographique, formant un SIG-h (système d’information géographique historique).

52