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Les premiers échanges (1897-1905)

4.3. L’annexion à Montréal (1908-1909)

4.3.1 Les premiers échanges (1897-1905)

En 1896, la Commission de l’annexion de Montréal relance ses travaux, 10 ans après la première ronde d’annexion, qui s’est soldée par les annexions de Saint-Jean-Baptiste, en 1886, et de Côte-Saint-Louis, en 189382. Le secrétaire de la Commission a pour mandat de contacter les maires des différentes municipalités indépendantes afin de colliger des informations relatives à leur population et à leur finance, dans le but de préparer d’éventuelles discussions relatives à leur annexion83. De Lorimier, encore à ses débuts et dont les conseillers sont mobilisés par la gestion des abattoirs, ne répond pas à la sollicitation de Montréal. La Commission de l’annexion envoie des invitations

81 Dany Fougères et Valérie Shaffer, « Une île sans partage; la domination de Montréal à l’ère d’une

nouvelle dynamique insulaire », Dany Fougères, dir., Histoire de Montréal et de sa région, Québec, Presses de l’Université Laval, 2012.

82 Côte-Saint-Louis a presque été annexé en 1886, dans la foulée de ces discussions. Les annexionnistes

ont perdu le vote au Conseil de la municipalité. «Côte-Saint-Louis (village)» dans Justin Bur et al., op. cit., 2017, p. 106.

83 Archives de Montréal, Fonds Conseil de ville de Montréal (VM1), Commission de l’annexion, 24

161 similaires en 189784, avec des résultats équivalents : aucune municipalité n’entre en contact avec la métropole.

En juin 1900, la Commission de l’annexion contacte de nouveau les villes et villages de banlieue85, avec des résultats différents cette fois. À ce moment, elle reçoit des municipalités d’Outremont, de Saint-Henri et de Sainte-Cunégonde les informations demandées, et entreprend des discussions — qui seront sans débouchés sérieux — avec les deux dernières. Les conseillers de De Lorimier, qui reçoivent aussi l’invitation, optent pour la création d’un comité spécial, composé du maire Messier, des conseillers Latour, Labrecque et Bayard et du secrétaire-trésorier Forest, qui est chargé de discuter d’annexion avec Montréal. La bonne foi de la municipalité étonne : on se souviendra qu’à peine quelques jours auparavant, Montréal avait coupé l’approvisionnement en eau à De Lorimier, rompant le dialogue entre les deux entités. Dans les faits, il n’en était rien, car aucune rencontre n’a eu lieu avec la Commission de l’annexion à ce moment, les discussions étant visiblement restées au niveau local.

Quelques mois plus tard, en janvier 1901, une cinquantaine de résidents signent une pétition demandant au Conseil d’entrer en négociation avec la ville86. La requête ne sera prise en compte qu’à l’été, six mois plus tard :

Il est résolu qu’une commission spéciale, composée de messieurs C. Messier, Théodore Bédard et Auguste Birtz, soit nommée par ce conseil

84 Archives de Montréal, Fonds Conseil de ville de Montréal (VM1), Commission de l’annexion, 8 juillet

1897, VM1-S17-D88.

85 Archives de Montréal, Fonds Conseil de ville de Montréal (VM1), Commission de l’annexion, 11 juin

1900, VM1-S17-D88.

162 pour rencontrer la commission spéciale pour l’annexion nommée par le

conseil de la Cité de Montréal, afin de connaître à quelles conditions la Cité désire l’annexion de cette municipalité. Ladite commission de ce conseil devant en faire rapport aussitôt que possible.87

Malgré la mise sur pied de ce comité, aucun rapport ne fut déposé au Conseil municipal pour témoigner des discussions qui s’y seraient déroulées. De plus, en regard des archives de la Commission de l’annexion, aucune rencontre entre les municipalités n’eut lieu. En fait, la Commission ne s’est pas réunie au courant de l’année 1901, rendant les discussions impossibles.

En février 1902, les élections montréalaises amènent un nouveau maire au pouvoir, James Cochrane, et de nouveaux conseillers municipaux ; sept d’entre eux étant nommées à la Commission de l’annexion88. À sa première réunion, cette nouvelle équipe, manifestement promoteur de l’expansion des frontières municipales, annonce son désir d’entrer en communication avec les municipalités de Saint-Louis et De Lorimier89. Bien que les conseillers de De Lorimier reçoivent la lettre d’invitation de Montréal, ils n’y répondent pas. Qu’à cela ne tienne, d’autres sujets intéressent les élus de Montréal, et c’est dans ce contexte qu’ils convoquent, le 30 mai 1902, des intervenants urbains et suburbains de Montréal. On y retrouve une délégation de De Lorimier (Christophe Messier, Louis D. Latour, C. E. Forest), les maires et conseillers

87 Archives de Montréal, Fonds Village de Lorimier (P4), Procès-verbaux, 13 juin 1901, P4-A-1-D2.

88 Archives de Montréal, Fonds Conseil de ville de Montréal (VM1), Procès-verbaux volume 159, 10

février 1902, VM1-10-168.

89 Archives de Montréal, Fonds Conseil de ville de Montréal (VM1), Commission de l’annexion, 21

163 de Saint-Louis et Outremont, des envoyés de la Chambre de commerce du district de Montréal et la Commission de l’annexion. Telle est énoncée la raison de leur réunion :

Il s’agit d’étudier un plan qui permette de tracer des lignes uniformes pour l’ouverture des rues dans les municipalités de la banlieue jusqu’aux confins de l’île de Montréal, lesquelles devront concorder autant que possible avec celles de la cité de Montréal, et ce, en prévision de l’annexion de ces municipalités. À l’heure qu’il est, les propriétaires et surtout les spéculateurs sur immeubles construisent des maisons et ouvrent des rues où bon leur semble et il en résulte une asymétrie qui dépasse et dépassera l’aspect topographique de toute l’île de Montréal dans un avenir qui n’est pas très éloigné, et crée n état des choses des plus déplorables pour Montréal. Afin de remédier à cela pour l’avenir, il est à propos de s’entendre avec les municipalités suburbaines afin de faire faire un plan de toute l’Île de Montréal sur lequel seront indiquées toutes les rues à ouvrir […]90

La délégation de De Lorimier se positionne en faveur de la proposition et reconnaissant le bien-fondé d’un tel projet. Cette entente s’accorde avec les orientations prises à De Lorimier. Le plan montrant les rues ouvertes et à ouvrir, dessiné par l’ingénieur municipal en 1899, intègre déjà cette volonté : les rues ouvertes l’ont été en continuité avec celles de Montréal, et celles à ouvrir ont été tracées en ce sens.

4.3.2 Entre annexion et statu quo : le Conseil municipal, les résidents et Montréal