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2 - LA VIE MORALE DANS L’ESPECE HUMAINE

La morale pour Kant n’est pas qu’affaire individuelle; 1) tout homme appartient à l’espèce humaine, et l’espèce humaine est une 2) l’espèce est traversée par une visée continue, qui correspond à une « intention de la nature ».

Ces deux propositions dépassent ce que permet d’affirmer la théorie scientifique interrogeant l’expérience; elles dépassent évidemment la description de l’expérience morale telle qu’elle est réalisée et scrutée à la manière critique dans les Fondements de la

métaphysique des moeurs et la Critique de la Raison pratique. Elles relèvent d’une

méthodologie originale que développe la Critique du Jugement.

2.1- Considérations méthodologiques.

Juger, c’est « penser le particulier comme contenu sous l’universel. Si l’universel (la

règle, le principe, la loi, ) est donné, alors la faculté de juger, qui subsume le particulier sous l’universel, est déterminante; mais si seul le particulier est donné, pour lequel la faculté de juger doit trouver l’universel, alors la faculté de juger est simplement réfléchissante ».62 « La chaleur est cause de la dilatation des métaux » est un jugement déterminant, qui subsume « la

59 Ibid., p.100

60 Ibid., p.102

61 Ibid., p.103

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Kant,Critique de la faculté de juger,Introduction,IV, « De la faculté de juger en tant que faculté légiférante « a priori »,Editions Gallimard,1985,561p.,p.105

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chaleur » sous l’universel « cause »; pour le déterminer; « ce paysage est beau » est un jugement réfléchissant, qui consiste à attribuer un qualificatif universel: le beau, le sublime à un objet singulier donné, qu’on considère donc en réfléchissant sur lui. Les jugements esthétiques sont des jugements réfléchissants; et de même les jugements téléologiques; par exemple: « cet objet que voilà est un organisme », c’est-à-dire que chaque partie y existe en vue de l’existence du tout. Est jugement réfléchissant toute proposition exprimant la finalité d’un objet.

Le modèle de la finalité est l’activité technique de l’homme, où la cause de l’existence de l’objet est sa représentation dans l’esprit de l’auteur. Par analogie on parlera d’une « fin de la nature » quand on découvrira que, dans un objet naturel, les différentes parties sont adaptées les unes aux autres et se complètent mutuellement de telle sorte qu’il en résulte l’existence de cet objet; ici, « la chose est à la fois cause et effet d’elle-même »63 Par exemple, un arbre produit un autre arbre; mais il se produit aussi lui-même comme individu: « la croissance se

distingue de tout accroissement selon des lois mécaniques, et il faut la considérer , quoique sous un autre nom, semblable à une génération ».64 Certes, le fonctionnement des parties relève d’une causalité purement mécanique; mais leur assemblage et leur coordination imposent au jugement réfléchissant la considération de la finalité. Il s’agit là d’une finalité interne: l’organisme existe pour lui-même, il se produit lui-même. Il y a finalité externe lorsqu’un objet existe pour un autre; la finalité externe est souvent confondue avec la simple utilisation par l’homme de ses conditions d’existence; par exemple, dans les contrées de l’Allemagne du Nord, la mer en se retirant a laissé de vastes étendues de sable sur lesquelles ont poussé d’immenses forêts; mais dira-t-on que le retrait de la mer s’est fait en vue de ces forêts? Simplement, l’homme a utilisé à son avantage un état de choses résultant d’une causalité aveugle.

C’est la tâche de l’entendement de pousser aussi loin que possible l’explication mécaniste du fonctionnement des organismes. Mais Kant est persuadé qu’elle ne sera jamais exhaustive de son objet : « Il est tout à fait certain que nous ne pouvons même pas connaître suffisamment

les êtres organisés et leur possibilité interne selon de simples principes mécaniques de la nature et encore moins nous les expliquer; et cela est si certain que l’on peut avoir l’impertinence de dire qu’il est absurde pour les hommes de s’attacher à un tel projet ou d’espérer que puisse naître un jour quelque Newton qui fasse comprendre la simple production d’un brin d’herbe selon des lois de la nature qu’aucune intention n’a ordonnées ».65 Pour être satisfait, l’esprit est inévitablement porté à l’explication finaliste. Mais il doit être bien entendu

63 Ibid.,deuxième partie, §64, p.333

64

Ibid., p.334

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que le principe de finalité est régulateur et non constitutif de l’expérience; sans lui, il y a une expérience totale, c’est-à-dire un ensemble objectif unifié où l’homme peut s’orienter et se reconnaître; on n’arrivera jamais pourtant à expliquer de façon exhaustive un organisme par la seule causalité mécanique, et l’on sera porté inévitablement à supposer une sorte d’intention organisatrice de la nature. Mais « c’est une chose tout à fait différente , si je dis: la production

de certaines choses ... n’est possible que par une cause qui se détermine intentionnellement à l’action , ou bien si je dis: je ne puis pas, à partir de la constitution propre de ma faculté de connaître, juger autrement la possibilité de ces choses et de leur production qu’en pensant pour celles-ci une cause qui agit selon des intentions, et donc en pensant un être producteur par analogie avec la causalité d’un entendement ».66 Le chercheur est d’ailleurs conforté dans cette pensée, car elle lui sert de règle pour chercher comment fonctionne un organe naturel: si l’on suppose qu’un oeil est fait pour voir (donc impliquant une finalité), on le considérera comme un appareil d’optique, et l’on cherchera dans l’oeil les organes correspondant aux organes d’un appareil d’optique. Mais on devra se garder d’attribuer un rôle constitutif à ce principe régulateur.

Le naturaliste devra donc combiner l’explication mécaniste et l’explication finaliste, mais en subordonnant celle-là à celle-ci: « le naturaliste doit...toujours placer au fondement une

organisation originaire, qui utilise ce mécanisme même, pour produire d’autres formes organisées ou pour développer la sienne en de nouvelles formes ».67 Il doit y avoir une structure fondamentale du vivant, qui se différencie en formes multiples: les formes vivantes « semblent avoir été produites à partir d’un modèle originaire commun »; toutes les espèces animales semblent ainsi issues d’une « mère commune » « depuis celle dans laquelle le

principe des fins semble le mieux établi, à savoir l’homme, jusqu’au polype, et de celui-ci jusqu’aux mousses et aux lichens mêmes, et enfin jusqu’au plus bas degré que nous connaissions de la nature, jusqu’à la matière brute ».68 C’est ainsi l’unité d’un vaste plan créateur qui serait dévoilée, mais l’idée de ce plan ne pourrait être que régulatrice; et, pour le savant, hypothétique; pour connaître la fin de la nature, il faudrait que la connaissance humaine soit capable de transcender l’intuition sensible et « une connaissance déterminée du substrat

intelligible de la nature, à partir duquel on pourrait désigner un fondement du mécanisme des phénomènes selon des lois particulières ».69 Mais, selon Kant, l’intuition intellectuelle est refusée à la connaissance humaine.

66 Ibid, §75, p.366

67 Ibid., Méthodologie du jugement téléologique, §80, p.390

68

Ibid., p.391

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La multiplication des formes vivantes se fait, selon Kant, par épigenèse; les germes et les dispositions originaires se développent avec une certaine liberté, et peuvent produire (et pas seulement développer, comme l’énonce la théorie du préformisme) les formes; quand on passe de l’ovule au germe, du germe à l’embryon, quelque chose de nouveau apparaît, qui n’était pas préformé dans la structure précédente. Sous quelle influence? Il y a là tout un champ offert à la recherche naturaliste.

2.2 - Principe régulateur à la foi.

a - la réflexion téléologique permet de penser (mais non dogmatiquement ) qu’une fin essentielle de la nature est son adaptation à l’entendement humain; la nature, en effet, se présente à nous comme un ensemble ordonné de genres et d’espèces, alors qu’on pourrait fort bien l’imaginer comme une totalité de liaisons nécessaires, mais non organisées en un système:

« il y a dans la nature une subordination concevable pour nous des genres et des espèces; ces genres se rapprochent à leur tour les uns des autres selon un principe commun, afin que par là soit possible un passage de l’un à l’autre, et par là à un genre supérieur; que dès lors... il semble d’abord inévitable de devoir admettre pour notre entendement un petit nombre de principes auxquels ces différences doivent être subordonnées,…L’accord de la nature avec notre faculté de connaître est présupposé a priori par la faculté de juger… ; or, l’entendement reconnaît en même temps cet accord comme objectivement contingent, et c’est simplement la faculté de juger qui l’attribue à la nature comme finalité transcendantale ».70 Kant, ici, prend acte des classifications de Linné.

L’ordre requis par l’entendement, c’est l’unité dans la diversité. L’espèce humaine est une, car « de la diversité de la souche originelle, il ne peut y avoir aucun autre indice certain que

l’impossibilité d’obtenir par croisement de deux classes humaines héréditairement distinctes une postérité féconde »71, or des individus des différentes races peuvent se croiser pour donner des métis, eux-mêmes féconds; il y a donc une même « souche » à l’origine de l’humanité. Mais l’espèce est différenciée en races, les races correspondant à des dispositions de la souche commune qui se réalisent en caractères héréditaires; Kant distingue quatre races humaines: les Noirs, les Blancs, les Indous, les Américains.72 Les variétés correspondent à des caractères communs à des individus, mais qui ne sont pas transmis nécessairement de façon héréditaire, poussant sauter des générations (il faudra Mendel pour rendre compte de ces phénomènes); enfin on a l’infinie différenciation des individus, chacun étant rigoureusement unique, comme

70 Ibid., Introduction V, p.112

71

Ibid

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« destiné à des fins particulières qu’il n’a pas en commun avec d’autres ».73 Cette diversité dans l’unité indique pour Kant une intention de la nature; à partir d’elle s’instaure cette « insociable sociabilité »74 dans laquelle il voit la source du progrès. Ce qui apparaît dans les autres espèces comme simple foisonnement de la causalité mécanique devient chez l’homme moyen pour des fins plus hautes.

b - L’homme s’apparaît ainsi comme la fin de la nature. Comment en pourrait-il être autrement, puisqu’il est le seul être terrestre qui se pose le problème des fins? « L’homme …est

ici la fin dernière de la création sur la terre, parce qu’il est sur terre le seul être qui peut se faire un concept des fins, et qui peut, à partir d’un agrégat de choses formées de façon finale, se faire par sa raison un système des fins ».75 Dans l’esprit humain, la série moyen-fin, fin-moyen devient consciente de soi, se referme sur soi, parce qu’elle s’interroge sur elle-même; la série devient concept.

Mais l’homme se propose lui-même des fins; si l’homme est la fin de la nature, ce sont donc les fins de l’homme que la nature s’est fixées. Les fins poursuivies par l’homme sont de deux sortes:

- Ou bien c’est un état agréable, dans lequel il n’aurait plus rien à désirer: le bonheur; - Ou bien c’est « l’aptitude et l’habileté pour toutes sortes de fins, pour lesquelles la

nature pourrait être utilisée par l’homme. La première fin de la nature serait le bonheur, la seconde la culture de l’homme».76 Dans le premier cas, la nature se serait proposé comme fin l’homme tel qu’il est; dans le second, l’homme tel qu’il cherche à être. Le spectacle que donne l’humanité oblige à rejeter la première possibilité; la nature ne ménage pas plus l’homme que les autres êtres vivants, en l’affligeant de multiples fléaux: « la peste, la faim, le péril de l’eau, le froid, les attaques des autres animaux, grands et petits »; bien plus, il est tel qu’il s’inflige à lui-même les pires maux: « l’oppression de la tyrannie, la barbarie des guerres ». C’est donc la seconde possibilité qu’il faut reconnaître; l’homme est la fin de la nature parce qu’il est l’être qui peut se proposer des fins. Quelles fins?

Il en est une qui ne se propose pas, mais qui s’impose à la liberté humaine: c’est

l’impératif catégorique du devoir. « S’il est un principe fondamental, auquel la raison humaine la plus commune doit immédiatement donner son assentiment : c’est que, s’il doit y avoir un

73 Ibid.

74 Kant, Idée d’une Histoire universelle au point de vue cosmopolitique, Quatrième proposition, trad. De Luc Ferry, Gallimard, 1985, p.482

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Critique de la faculté de juger. Méthodologie du jugement téléologique, §82,Op.Cit.,p.401

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but final que la raison doit invoquer a priori, il ne peut être autre que l’homme (tout être raisonnable du monde) sous des lois morales. »77

Dès lors, la téléologie n’est plus simplement relative à notre faculté de connaître; parce qu’il y a une fin qui s’impose absolument, celle-ci suscite chez l’agent moral des croyances ayant portée absolue; ainsi sont maintenant réunies connaissance théorique et conduite morale, nature et liberté. La croyance au Dieu moral, capable d’unifier comme cela doit être les fins de l’agent moral: bonheur et moralité, vient combler le vide qu’avait produit la Dialectique

transcendantale en condamnant la métaphysique théorique. Et l’on peut esquisser une vision

lucide de l’Histoire.

3 - La vision kantienne de l’Histoire

En retraçant, mais comme par jeu («j’ose entreprendre ici un simple voyage

d’agrément ».78 ) dans les Conjectures sur le commencement de l’histoire humaine, l’avènement de l’homme historique, Kant ne pouvait pas ne pas penser au Discours sur

l’origine de l’inégalité de Rousseau; mais alors que celui-ci décrit à sa manière ce qu’on

pourrait appeler l’ « hominisation » de l’homme à partir de l’état de nature, c’est-à-dire de l’animalité, puis l’avènement contingent de l’Histoire, Kant centre sa problématique sur la question: « A quelles conditions y-a-t-il eu histoire pour l’homme? »

L’homme d’avant l’histoire est, chez Kant, un adulte vivant en couple, mais ce couple est seul; il habite un lieu où la vie est facile:le climat est doux et uniforme, la cueillette suffit à fournir la nourriture; bref; on vit à l’unisson de la nature, sans conflits; l’homme d’avant l’histoire peut se tenir debout et marcher, il possède le langage et peut même discourir. Kant se réfère explicitement à Genèse, 2, 7-25. Mais, alors que la chute d’Adam est présentée comme la désobéissance à un commandement divin, Kant l’interprète comme une rupture de la Raison avec l’instinct naturel; elle est cependant, comme dans la Genèse, un acte délibéré de la liberté. Chez Rousseau, la rupture s’établit (et pas au même degré pour tous les hommes, puisque les sauvages vivent presque en communion avec la nature) par une suite de circonstances fortuites (comme, par exemple, la découverte du feu), utilisées, certes, grâce à un caractère essentiel de l’homme, qui est la perfectibilité, caractère qui n’entraînait pas forcément la rupture radicale avec la nature. Chez Kant, l’homme, parce qu’il est raisonnable et libre, ne peut pas être innocent.

77

Ibid., §87, p.427

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L’homme d’avant l’Histoire est raisonnable, et la Raison est rupture avec l’innocence; si l’innocence est (comme elle est représentée dans la Bible,) non pas tant l’absence de culpabilité que l’absence de la possibilité de culpabilité, comme ignorance du Bien et du Mal (Genèse,

3,5) ; la Raison est connaissance d’une situation, qu’elle situe donc ainsi dans l’objectivité,

dont elle se retire d’une certaine manière, qu’elle conceptualise, irréalise; l’être raisonnable se crée ainsi un autre monde, doublant le monde réel, et qui se nourrit de celui-ci et l’utilise à son profit. « C’est une particularité de la raison qu’elle peut, avec l’aide de l’imagination, créer

artificiellement des désirs, non seulement sans qu’il y ait un instinct naturel qui s’y rapporte, mais même à l’encontre de celui-ci ».79 Alors que l’être instinctif ne réagit qu’à la situation présente, l’imagination apporte au sujet des situations irréelles sur lesquelles se fixent les désirs, et à partir desquelles on modifie la situation effective. C’est alors le règne de l’ambiguïté; par exemple, pourquoi Adam et Eve ont-ils caché leur sexe avec des feuilles de figuier? Par pudeur, ou « pour rendre une inclination plus intense et plus durable du fait que

l’on soustrait son objet au sens? »80. Pourquoi pas les deux, vice et vertu étant inextricablement mêlés? C’en est vraiment fini de l’innocence. La raison, et donc la culture, est ainsi possibilité permanente de faute, et l’homme, par essence, n’est pas innocent; certes, toute faute est un acte libre, et la liberté n’est pas en elle-même coupable; mais il ne peut y avoir liberté que par la possibilité du mal. On ne peut retrouver l’innocence primitive; l’équivalent, dans un avenir que l’homme a à construire sous sa seule responsabilité, c’est la perfection dans la vertu, et c’est à cela que l’agent moral doit tendre, c’est là le sens de son existence, et, puisque l’homme est la fin de la nature, la vie morale est le sens de l’univers, et le moteur de l’histoire.

A partir de considérations, posées en principe, sur le mode d’action de la nature, Kant, dans un opuscule légèrement antérieur aux Conjectures81 avait énoncé des propositions analogues. Puisque la nature poursuit un but, « toutes les dispositions naturelles d’une créature

sont destinées à se déployer un jour de façon exhaustive et finale »82 : si la nature poursuit des fins, elle ne saurait en effet rien laisser d’inutile. Mais « chez l’homme (en tant que seule

créature raisonnable sur terre), les dispositions naturelles qui visent à l’usage de sa raison ne devaient être développées complètement que dans l’espèce, mais non dans l’individu ».83

Par la Raison, l’homme est arraché à sa situation concrète, et peut penser bien au-delà; mais la pensée est tâtonnante, lente et difficile; une vie humaine est bien trop courte pour y suffire ; d’où la nécessité de la succession des générations, et, donc, de l’Histoire. De

79 Ibid., Pléiade, p.506

80 Ibid., p.508

81 L’Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique est de 1784, les Conjectures de 1786

82

Kant, L’Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, première proposition, Op., Cit.,p.479

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plus(troisième proposition) « la nature a voulu que l’homme tire entièrement de lui-même tout ce qui dépasse l’ordonnance mécanique de son existence animale, et qu’il ne prenne part à aucune autre félicité ou perfection que celles qu’il s’est lui-même créées, indépendamment de l’instinct, par sa propre raison ».84 En réduisant en effet chez lui au minimum le rôle de l’instinct, la nature a clairement signifié qu’elle attendait de lui qu’il soit guidé essentiellement par sa Raison, sans attendre de miracles ou de secours extérieurs « La Nature …ne s’est

nullement attachée à ce qu’il vive agréablement, mais au contraire à ce qu’il travaille à s’élever jusqu’au point où, par sa conduite, il devient digne de la vie et du bien-être ».85 L’homme est le seul auteur de son histoire, c’est en elle qu’il peut s’accomplir ou se manquer. Après avoir ainsi posé les conditions de l’histoire humaine, l’opuscule examine l’Histoire telle qu’elle s’est déjà déroulée et élabore des conjectures relatives à son avenir.

Mais si le cours de l’Histoire dépend de la liberté humaine; comment est-il possible d’y observer des constantes, d’en tirer des prévisions, d’y trouver un sens? Pour Kant, la liberté qui se situe dans le choix du caractère intelligible, n’empêche pas qu’il y ait déterminisme historique: « Quel que soit le concept que, du point de vue métaphysique, on puisse se faire de