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C - L’HOMME FACE A SA CONDITION : LES INSTITUTIONS ET COMMENT Y VIVRE ?

1 - LA POLITIQUE

a - nécessité d’une constitution politique.

Kant ne pense pas que, pour les hommes, l’état de nature soit un état de paix ; c’est au contraire un état de guerre, « même si les hostilités n’éclatent pas, elles constituent pourtant un

danger permanent ».1 D’où la nécessité d’un état de droit, c’est-à-dire d’un Etat où la sécurité de chacun soit garantie par la soumission volontaire de tous à des lois communes. L’Etat de droit ne doit pas être confondu avec la moralité: la légalité y est considérée comme suffisante; la moralité exige que l’action soit accomplie avec comme motivation essentielle le respect du devoir parce que c’est le devoir. Au contraire, on est en règle avec le droit même quand on a obéi à la loi pour des motifs « pathologiques », « et, parmi eux ceux de la dernière sorte car,

la législation qui, étant coercitive, ne doit pas être d’un attrait engageant »2; autrement dit: la peur du gendarme suffit pour être en règle avec la loi juridique. La notion de personne est cependant commune au droit et à la morale; mais, pour le droit, la personne n’est « que ce sujet

dont les actions sont susceptibles d’une imputation ».3 C’est-à-dire que le droit régit les rapports entre des sujets considérés comme auteurs responsables de leurs actes, donc (mais seulement juridiquement) libres. Le principe universel du droit peut s’énoncer ainsi: « Est juste

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Kant, Qu’est-ce que Les Lumières ? In Op.Cit., p.497

1 Kant, Projet de paix perpétuelle, seconde section,, Présentation par Françoise Proust, Traduction par Jean-François Poirier et Françoise Proust, Flammarion, Paris, 2006,p83

2 Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, Introduction, III : De la division d’une métaphysique des mœurs, Pléiade, p.464

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(c’est-à-dire conforme au droit) toute action qui peut, ou dont la maxime peut laisser coexister la liberté de l’arbitre de chacun avec la liberté de tout le monde d’après une loi universelle »4. (La maxime de l’action donne son sens). Un état de droit n’est possible que si chacun, librement, accepte de respecter la liberté du voisin, à charge pour celui-ci de respecter la sienne, « ce qui ne saurait avoir lieu que dans un état de législation, sans quoi l’un est en droit

de traiter l’autre en ennemi après lui avoir inutilement demandé cette garantie ».5(Une garantie donnée d’individu à individu, sans qu’il y ait de loi). Kant s’oppose ici absolument à

Hobbes: comme le philosophe anglais, il estimait que l’état de nature est un état de guerre de tous contre tous; mais Hobbes pense que l’on ne sort de cet état que par la tyrannie, alors que c’est par la loi que Kant en libère l’humanité. La loi est l’expression de la volonté de personnes libres qui s’y soumettent dans l’intention de vivre ensemble; la constitution d’un pays « résulte

de l’idée du pacte social, sur lequel doit se fonder toute bonne législation d’un peuple ».6

Aussi, Kant ajoute-t-il explicitement que la seule constitution juridiquement valable est la constitution républicaine. Kant s’accorde parfaitement avec Rousseau, qui écrivait dans le

Contrat social : « J’appelle « république » tout état régi par des lois sous quelque forme d’administration que ce puisse être ».7 La loi est considérée comme le rempart contre l’arbitraire du despote, car la loi s’impose à tous également.

Selon que l’on considère les personnes qui jouissent du pouvoir politique souverain, on distingue trois sortes de gouvernements: le monarchique, l’aristocratique et le démocratique. Or « la démocratie est, au sens propre du mot, nécessairement un despotisme, parce qu’elle

fonde un pouvoir exécutif où tous décident au sujet d’un seul, et, si besoin est, également contre lui (qui par conséquent n’est pas d’accord), par suite une forme d’Etat où tous, qui ne sont pourtant pas tous, décident- ce qui met la volonté universelle en contradiction avec elle-même et avec la liberté ».8 Kant, dans ce texte, veut montrer que « république » ne signifie pas « démocratie »; dans une république, les lois sont l’expression de la volonté générale et s’appliquent de la même manière à tous; mais l’application des lois est l’oeuvre d’un pouvoir exécutif qui, dans chaque cas, doit agir selon la justice. Kant estime que le peuple ne peut exercer ce pouvoir exécutif; s’il s’agit en effet de juger quelqu’un qui a contrevenu à la loi, ce n’est pas le peuple unanime qui le jugera, puisque le contrevenant ne fera pas partie du tribunal; si la volonté générale est le pouvoir législatif légitime, elle ne peut, au contraire, exercer le pouvoir exécutif. Celui-ci doit être exercé par un organisme qui, certes, doit

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Kant, Fondements de la métaphysique de mœurs, Introduction, §C

5 Kant, Projet de paix perpétuelle, sixième section, Pléiade, III, p.340

6 Ibid., Pléiade, p.341

7 Rousseau, Contrat social, Liv.II, Chap. VI, présentation de Henri Guillemin, Union Général d’Editions, 10/18, 1973, p.99

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représenter la volonté générale, mais en être distinct. Certes, la monarchie et l’aristocratie peuvent aussi dégénérer en despotisme, si les gouvernants ne se comportent pas en représentants de la volonté générale; mais ils sont physiquement distincts de cette volonté, et donc extérieurs à la cause dans laquelle il s’agit de décider, alors que, dans la démocratie, c’est la volonté générale qui déciderait contre l’une de ses composantes.

La préférence de Kant va finalement à une monarchie où le roi, comme par exemple Frédéric II, qui au moins se disait qu’il était simplement le « serviteur » du peuple: « Plus le personnel du pouvoir de l’Etat (le nombre des dominants) est petit et plus est grande par contre sa représentation, plus la constitution de l’Etat s’accorde avec la possibilité du républicanisme et elle peut espérer s’y élever finalement par des réformes progressives ».9 Les réformes visant bien entendu à s’assurer davantage du caractère « représentatif » du monarque. Par « démocratie », Kant entend ici la démocratie directe, non représentative.

L’Etat républicain, le seul légitime pour la morale, est fondé sur trois principes: « 1) la liberté de chaque membre de la société en tant qu’homme; 2) l’égalité de celui-ci avec tout autre en tant que sujet; 3) l’indépendance de tout membre d’une communauté en tant que citoyen ».10 Chaque membre du corps social, en tant qu’homme, est libre et responsable de lui-même; personne ne doit décider à sa place de la conduite de sa vie; c’est au point que Kant condamne un gouvernement paternaliste: « un pouvoir qui serait institué sur le principe du bon vouloir à l’égard du peuple, comme celui d’un père avec ses enfants, c’est-à-dire un gouvernement paternel, dans lequel donc les sujets sont contraints, comme des enfants mineurs qui ne peuvent pas distinguer ce qui est pour eux est durablement utile ou pernicieux, de se comporter de façon simplement passive, pour attendre uniquement du jugement du chef de l’Etat la façon dont ils doivent être heureux, et uniquement de sa bonté que celui-ci aussi le veuille; un tel gouvernement constitue le plus grand despotisme concevable ».11 L’égalité, dans une République, consiste en ce que tous sont également sujets, c’est-à-dire soumis aux contraintes résultant de l’application de la loi; tous, sauf le chef de l’exécutif, « pour cette

raison qu’il n’est pas un membre de la communauté, mais celui qui l’a créée ou celui qui la maintient ».12 Cette égalité dans le rapport à la loi peut très bien coexister avec l’inégalité des propriétés; mais elle implique que « tout membre doit pouvoir atteindre tout niveau de

situation auquel son talent, son activité et sa chance peuvent le conduire ».13 Pas de privilèges de classe. L’indépendance du citoyen consiste dans le fait d’être son propre maître, ce qui

9

Ibid., pp.87-88

10 Kant, sur le lieu commun : « il se peut que ce soit juste en théorie, mais, en pratique, cela ne vaut point », II, Rapport de la théorie à la pratique dans le droit politique,

11 Ibid., p.271

12

Ibid., p.272

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exclut de la citoyenneté les femmes et les enfants; les citoyens sont les composantes de la volonté générale.

Il semble que l’on soit ici tout près des idées révolutionnaires, telles qu’elles furent formulées dans la Déclaration des droits de l’homme; mais Kant n’était pas un révolutionnaire. La preuve: il refuse au peuple le droit d’insurrection contre le gouvernant injuste. Il justifie cette position par le « principe de publicité »: dans une république, toute action visant une personne doit pouvoir être rendue publique, puisqu’elle doit être légale (on n’a pas à se cacher, du moment qu’on est en règle avec la loi); d’où le principe: « Toute action qui a trait au droit

des autres hommes, ou dont la maxime n’est pas compatible avec la publicité, n’est pas de droit ».14 Pour que le droit de rébellion soit juste, il faut qu’il soit inscrit dans la constitution. Mais si, en fondant la constitution, le peuple s’arrogeait un pouvoir légitime sur celui qu’il fait gouvernant, celui-ci ne serait plus un gouvernant, c’est-à-dire un chef; le chef, ce serait le peuple, qui, justement, dans l’acte constitutionnel, veut se donner un chef; il y aurait contradiction. Il faudrait donc tenir secrète la clause justifiant la rébellion. Au contraire, le chef de l’Etat peut très bien publier « qu’il châtiera toute rébellion par la mort des meneurs, même

si ceux-ci croient que c’est lui qui a le premier transgressé la loi fondamentale ».15 « Il n’y a pas de droit de sédition, encore moins de rébellion, et moins que tout le droit d’attenter, visant le monarque, à sa personne, voire à sa vie, sous prétexte d’abus de pouvoir ».16 Ceci a été écrit en 1796, trois ans après l’exécution de Louis XVI. Le gouvernant a, chez Kant, un statut privilégié: « dans un Etat, le souverain a envers les sujets exclusivement des droits et n’est

soumis à aucun devoir de contrainte ».17 Certes, « le chef suprême ne peut avoir de domaines, c’est-à-dire de terres pour son usage privé », car « puisqu’il serait de son intérêt personnel de les étendre autant que possible, l’Etat courrait le risque de voir toute propriété du sol tomber entre les mains du gouvernement »; mais, si, de ce fait, « du prince d’un pays, on peut dire: « il ne possède rien », on peut dire aussi: « il possède tout, puisqu’il a droit de commandement sur

le peuple (doit de répartir à chacun le sien)»18 , ce droit étant en fait celui de lever des impôts. Le prince ne doit pas renoncer à ce rôle, sous peine de littéralement abdiquer; ce fut là la grande faute de Louis XVI: en convoquant les Etats généraux pour résoudre les graves problèmes financiers résultant de la grosse dette publique, il renonçait à son rôle de gouvernant, pour le confier au peuple, c’est-à-dire au pouvoir législatif, confondant ainsi ce qui doit être distingué. 19

14

Kant, Vers la paix perpétuelle, Appendice II, Op.,Cit.,pp.124-125

15 Ibid., p.126

16 Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, §49A, Pléiade, 1, 3, p.587

17 Ibid.

18

Ibid., Pléiade, pp., 591-592

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Que peut donc le peuple à l’encontre du monarque? « La réponse ne peut être que: il n’a

rien d’autre à faire que d’obéir ».20 Mais obéir en résistant, en donnant les raisons de son mécontentement et en le faisant savoir; « il faut qu’il y ait dans toute communauté une

obéissance au mécanisme de la constitution politique d’après des lois de contrainte, mais en même temps un esprit de liberté étant donné que chacun exige, en ce qui touche au devoir universel des hommes, d’être convaincu par la raison que cette contrainte est conforme au droit ».21 Dira-t-on que ce pouvoir de protester tout en obéissant ne gênera guère le tyran, et classera-t-on Kant parmi les réactionnaires honteux? Il n’est pas si sûr que cela qu’une résistance purement spirituelle soit totalement inefficace; de plus, une révolution n’a pas à être justifiée ou condamnée; elle se produit, et les révolutionnaires n’ont jamais demandé de permission aux juristes. La preuve en est que, pour Kant, une révolution réussie instaure une nouvelle légalité, « une fois qu’une révolution a réussi et qu’une nouvelle constitution est

fondée, l’illégalité de ses débuts et de son établissement ne saurait dispenser les sujets de l’obligation: de se plier, en bons citoyens, au nouvel ordre des choses, et ils ne peuvent se refuser à obéir loyalement à l’autorité qui est maintenant au pouvoir ».22 Il faut s’y résigner: révolutionnaire en philosophie, Kant ne l’était pas en politique; il se disait d’ailleurs explicitement réformateur: « il peut bien se faire qu’un changement de constitution politique

soit nécessaire; il ne saurait alors être accompli que par le souverain lui-même, grâce à une réforme, mais non par le peuple ».23

Kant pensait cependant que des réformes profondes étaient nécessaires, en un temps où survenaient d’aussi profonds bouleversements. Quelles réformes suggère-t-il?

b - Politique, morale, religion.

b.1 - Observation préliminaire: toute action politique doit être conforme à la morale.

La nature se sert des bouleversements et des drames pour mener l’humanité vers une société morale; c’est là la conviction de Kant; à travers les guerres, elle vise la fédération pacifique des Etats du monde, ébauche concrète sur la Terre de la cité des fins; à travers les puérilités des religions qui se disent « révélées », elle vise la vraie religion, le christianisme authentique, qui est la volonté de perfection morale.24 Les réformes politiques devront se faire

20

Kant, Sur le lieu commun : il se peut que ce soit juste en théorie, mais en pratique, cela ne vaut point, II, du rapport de la théorie à la pratique, corollaire, p.280

21 Ibid., Pléiade, p.289

22 Kant, Métaphysique des mœurs, Doctrine du droit, §49

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Ibid., Pléiade, p.588

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dans ces deux directions, et de manière rigoureusement morale. En effet, il n’y a aucune dispense de la morale à l’usage des hommes politiques. La politique est action sur les hommes, et ne saurait consister en une simple technique comparable aux techniques tirées des sciences de la nature, et qui ont comme seule loi l’efficacité. Kant condamne ce machiavélisme « fondé sur des principes déduits de la nature humaine, qui ne rougit pas d’emprunter ses maximes de l’usage du monde », et qui se flatte de pouvoir « seule espérer trouver un fondement assuré

pour son édifice de prudence politique ».25 Le politique kantien, au contraire, « se donnera le

principe suivant : si jamais, dans la constitution de l’Etat ou bien dans les rapports entre Etats, se présente un vice qu’on n’a pas pu prévenir, que ce soit un devoir, et particulièrement pour les chefs suprêmes de l’Etat, d’être attentifs à la manière de le corriger le plus tôt possible suivant le droit naturel, comme l’idée de la raison nous en présente le modèle sous les yeux, leur égoïsme dût-il être sacrifié »26. Dans l’Appendice au Projet de paix perpétuelle, Kant se livre à une analyse et à une virulente dénonciation du machiavélisme en politique; contre ceux qui estiment qu’il n’est possible de se défendre du méchant qu’en étant soi-même méchant envers lui, Kant maintient fermement : «comme l’un transgresse son devoir à l’égard

de l’autre qui, justement, est animé envers le premier du même sentiment contraire au droit, c’est dans l’ordre des choses s’ils en viennent à s’entre-tuer de telle sorte cependant qu’il reste toujours assez de cette race pour que ce jeu ne cesse pas avant très longtemps et pour qu’une postérité tardive trouve un jour en eux un exemple de ce qu’il ne faut pas faire».27 Ceci étant, il faut pourtant se dire que ce n’est pas en faisant appel au sens moral des hommes qu’on arrivera, à partir de la situation actuelle, à constituer une société plus juste: le mal radical est là. Kant se heurte au même cercle vicieux que Platon dans la République: pour faire des hommes vertueux, il faut une société juste, et pour faire une société juste, il faut des hommes vertueux; Platon s’en tire avec le heureux hasard qui amène le philosophe roi ou le roi philosophe, Kant avec le politique avisé qui utilise « le mécanisme de la nature pour diriger tellement la

contrariété des intérêts personnels que tous les individus qui composent le peuple se contraignent eux-mêmes les uns les autres à se ranger sous le pouvoir coercitif d’une législation, et amènent ainsi un état pacifique de législation... Ce n’est pas à la morale à amener une bonne législation, mais à celle-ci à produire la réforme morale des hommes ».28 Le politique habile saura convaincre les membres du groupe qu’une législation républicaine est plus sécurisante, plus convenable à leurs intérêts que l’anarchie ou le despotisme.

25 Vers la paix perpétuelle, Op., Cit., Appendice I, p.112

26 Ibid., p.113

27

Ibid., p.122

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b.2 - Première étape de la réforme: l’Etat républicain généralisé.

La première condition pour l’établissement de la société humaine morale, c’est la constitution universelle d’Etats républicains, c’est-à-dire d’Etats où tous les citoyens sont également soumis aux lois. De tels Etats se livrent en effet peu volontiers à la guerre :

« Déclarer la guerre, n’est-ce pas, pour les citoyens, décréter contre eux-mêmes, toutes les

calamités de la guerre... Au lieu que dans une constitution où les sujets ne sont pas citoyens de l’Etat, une déclaration de guerre est la chose du monde la plus aisée à décider, puisqu’elle ne coûte pas au chef, propriétaire et non pas membre de l’Etat, le moindre sacrifice de ses plaisirs. Il peut donc résoudre une guerre pour les raisons les plus frivoles ».29 La guerre ne peut être déclarée; si l’Etat est vraiment républicain, qu’avec l’assentiment explicite du peuple, c’est-à-dire de ses représentants.

b.3 - La deuxième étape est l’établissement de rapports juridiques entre les Etats, pour

aboutir à une fédération d’Etats libres.

La nature s’est servie de la guerre pour amener une occupation totale de la Terre par les hommes. En effet, elle a fait en sorte que l’existence humaine soit possible même dans les contrées les plus déshéritées: la mousse croît sous la neige pour nourrir le renne dans les régions arctiques, et l’homme va domestiquer le renne; « les sables et le sel du désert sont

rendus praticables par le moyen du chameau, qui semble créé spécialement pour qu’on puisse les traverser ».30 Pour peupler ces régions, il y eut la guerre: les vaincus s’y sont réfugiés. Maintenant, la Terre est à peu près tout entière occupée et, comme elle est ronde, les hommes sont condamnés à y vivre ensemble, et l’état de guerre, complètement contraire à la morale, doit cesser d’être considéré comme l’état normal entre les nations; la guerre semble « entrée dans les moeurs, au point qu’elle passe « pour un acte de noblesse, auquel doit pousser

l’amour seul de la gloire, sans aucun ressort d’intérêt »; il faut au contraire penser que « la guerre est un mal, en ce qu’elle fait plus de méchants qu’elle n’en emporte ».31 Kant évoque les sauvages, qui préfèrent « dans leur anarchie les combats perpétuels d’une liberté déréglée à