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Les victimes et l’étendue réelle des pouvoirs du tribunal

La nature de la répression à Séville

II. Les victimes et l’étendue réelle des pouvoirs du tribunal

Tout système fondé sur la délation - l’Inquisition en est assuré- ment un des plus efficaces - tend à cristalliser la répression sur des groupes jouissant d’une moindre protection juridique et sur lesquels se concentrent les préjugés et la défiance du peuple. Le filtrage des dossiers par les inquisiteurs qui rejetaient les plaintes mal fondées à leurs yeux, ne serait qu’une plate excuse pour avancer la résistance de l’institution face à ce type de présomptions. Étant l’institution d’Ancien Régime qui récupère, développe, organise et orchestre la diffusion des préjugés en dressant - fût-ce implicitement - une typologie de l’hérétique, le Saint- Office, dans ses offensives, épousa les inquiétudes de ses contemporains et les canalisa.

La société du e et du e siècle était une société d’ordres -

noblesse, clergé et tiers état - et les trois reposaient sur un fondement commun : la condition d’homme libre. En dépit de traitements dif- férenciés en fonction de la condition et de la place qu’occupait l’indi- vidu dans la hiérarchie, ces trois ordres jouissaient d’un certain nombre de privilèges et de garanties dont l’importance s’amenuisait pour les classes roturières. À l’autre extrémité de ce continuum, se trouvait un monde hétérogène composé de mendiants, de vagabonds mais égale- ment d’esclaves, de Gitans et d’étrangers dont la condition juridique était imprécise sauf lorsqu’elle était prévue - dans le cas de ces derniers - par des accords spéciaux.

Mais surtout, l’appartenance à la communauté de l’Église détermi- nait, qui plus est devant le Saint-Office, le degré d’intégration de l’indi- vidu dans la société et les garanties juridiques qui en découlaient. À cet égard, les morisques, dont l’attachement à la foi catholique demeurait douteux, furent l’objet d’une discrimination et d’une marginalisation croissantes au cours du e siècle ; mais le groupe le plus honni tant

sur le plan juridique que dans la vie sociale était sans conteste celui des judéo-convers. À simple titre d’illustration, le cas de Cristobal de Palo- mares, esclave de vingt-trois ans et nouveau-chrétien en rend compte. Il avait été dénoncé par six personnes de s’être concerté avec d’autres pour fuir en Afrique du Nord puis d’avoir refusé d’embarquer au der-

 L’organisation de la répression

nier moment. Il avoua sous la torture son intention de renier sa nou-

velle foi et lorsqu’il reçut notification de sa sentence (« réconciliation » et cent coups de fouet), il demanda une audience au cours de laquelle il déclara ne pas être Maure mais Juif, et qu’en arrivant en Espagne il s’était donné une fausse identité parce qu’on lui avait dit combien les Juifs étaient maltraités dans ce pays.

Ce témoignage sur la réalité crue de l’époque moderne invite à consi- dérer quels étaient les groupes socioculturels qui pâtirent de l’action des inquisiteurs. Toutefois, afin de cerner au plus près l’influence réelle du tribunal sur la société, il convient de s’arrêter sur les différentes classes sociales poursuivies par le tribunal ainsi que sur le lieu de résidence des condamnés. Cette analyse permettra d’évaluer la stratégie suivie par le Saint-Office ainsi que la réalité de ses prétentions à régir la société dans son intégralité.

II.. Origine ethnique et nationale des condamnés

Le groupe à avoir été le plus touché par la répression inquisitoriale fut celui des vieux-chrétiens espagnols de  à , période qui fournit l’ensemble le plus homogène de relations de causes : il représente alors , % des causes sur l’ensemble de la période. À partir du concile de Trente, le tribunal contre des hérétiques entamait la conversion la plus décisive de son histoire.

En effet, près de la moitié des personnes qu’il poursuivit à compter du milieu du esiècle étaient celles qui étaient le moins susceptibles de

sortir du bercail, de défendre avec opiniâtreté et ténacité des doctrines hétérodoxes, autrement dit d’être des hérétiques au sens classique du terme. Entre  et , la population catholique de souche repré-

. A.H.N. Inq. leg.   exp  for-v ().

. Le problème de la vente d’esclaves juifs inquiéta fortement les inquisiteurs à partir du premier quart du esiècle : ils demandèrent au conseil d’intervenir à ce propos,

jugeant très dangereux que des juifs, esclaves de condition, fussent en contact avec des chrétiens et communiquent avec eux : « por ser cossa nueva aber esclabos judíos de profession y muy peligrosso que estos estén en España entremetidos con cristianos y comunicando con ellos» : cf. A.H.N. Inq. leg.  exp. s/n, lettre T/C //. En général, on laissait un délai de deux mois aux propriétaires d’esclaves juifs pour que leurs esclaves se convertissent ou partent, au terme duquel les peines prévues par les lois d’expulsion de  et de  étaient appliquées.

II La nature de la répression à Séville 

Tableau 9. — Inquisition de Séville (1560-1670) : Origine socioculturelle et nationale des personnes jugées (chiffres réels et poids relatif, effigies comprises)

Vieux- chrétiens Judéo- convers Mor. Berbér. et Afri- cains Port. non judéo- convers Autres étran- gers

Gitans Inc. Total Base de calcul (cas connus) -            % , % , % , % , % , % , % , %  % -          % , % , % , % , % , % , % , %  % -          % , % , % , % , % , % , %  %  % -            % , % , % , % , % , % , % , %  % -            % , % , % , % , % , % , % , %  %

senta , % des condamnés comme le montre le tableau . Il y eut toutefois des différences sensibles en fonction des périodes : , % de vieux-chrétiens entre -, accroissement essentiellement dû à la répression des milieux dits protestants de Séville. Vingt ans plus tard, pendant les années ,  et , la proportion de catholiques espagnols chuta à un tiers des prévenus (, %). La décennie suivante vit leur part s’amenuiser davantage, au point de ne plus représenter que  % des cas jugés.

Au cours de la première moitié du esiècle, la proportion des vieux-

chrétiens était sujette à de moins notables variations : entre - ils constituèrent , % du total des causes et, durant les vingt années suivantes, cette part s’abaissa à un peu plus d’un tiers du total des cas jugés par l’Inquisition (, %). Il y eut donc en moyenne entre  et  , % des accusés qui étaient des catholiques de souche, comme on le voit à travers le tableau  et le graphique  page suivante. Ultérieu- rement les données sont trop fragmentaires pour se prononcer, mais il est clair que la persécution des hérésies mineures était passée au second plan.

Ces fortes variations au sein même du groupe a priori le moins sus- pect en termes d’hérésie étaient directement influencées par la situation confessionnelle qui prévalait en Europe suite à l’expansion du protes- tantisme. Au lendemain du concile de Trente, l’Inquisition fut mise

Fig. 5 . — Inq uisition de Sé ville ( 1 560 -1 6 70 ) : Or igine na tionale e t sociocul tur elle des a ccusés

II La nature de la répression à Séville 

au service de la contre-réforme, dont une des caractéristiques saillantes aura été d’implanter la discipline morale et religieuse au sein même de la population catholique.

Cela ne l’empêcha nullement d’être un puissant relais de la politique impériale au niveau national, tant l’imbrication du temporel et du spiri- tuel fut puissante dans l’Espagne de Philippe II. À la mort du monarque, qui avait tenté de défendre la primauté de l’Espagne par les armes, l’éventail des groupes réprimés se modifia sensiblement.

La mission pastorale du Saint-Office

À la date qui ouvre la présente étude, la question des judéo-convers espagnols était pratiquement réglée : sur les  procès intentés contre des judéo-convers entre  et , dont la quasi-totalité est jugée pour des causes de judaïsme, seuls quatre-vingts furent engagées contre des descendants de juifs dont la nationalité nous est inconnue.

La grande majorité est d’origine portugaise, fournissant les premiers contingents de ceux qui fuyaient la vigoureuse répression de l’Inquisi- tion du Portugal, mise en place en . C’est donc que les réseaux de crypto-judaïsants espagnols étaient, à cette date, pratiquement déman- telés : la virulente répression dont Séville avait été le théâtre au long de la fin du esiècle et au début du e siècle avait eu raison de ces

cercles judéo-convers.

Certes, on trouve parmi les Sévillans accusés de protestantisme dans les années  plusieurs descendants de condamnés pour judaïsme. Le professeur J. Gil recense près d’une quinzaine de conversos parmi les « lutheranos » ce qui ne suffit nullement à conclure à une quelconque convergence entre les principes du judaïsme et du protestantisme ou à une réceptivité particulière aux doctrines réformées dans les groupes nouveaux-chrétiens et marginalisés.

. De ces  inconnues,  proviennent de relations de causes de  à  par- ticulièrement bâclées et silencieuses quant à la nationalité et au lieu de naissance des condamnés, tout comme celles de  et de  à .

. Cf. J. Gil, Los conversos..., vol. II, p. -. À aucun moment les inquisiteurs de Séville n’établirent de lien entre les accusés de protestantisme et les origines « impures » de certains prévenus, dans ce qu’il nous reste de la correspondance du tribunal. Il est vrai que Charles Quint et Philippe II dans leur correspondance emploient le terme

 L’organisation de la répression

L’extirpation du judaïsme espagnol ayant été menée à terme au cours des quatre-vingts premières années d’existence de l’institution, la répres- sion pouvait s’orienter vers d’autres groupes. Si l’on manque de don- nées antérieures à , il est clair qu’à cette date l’action inquisito- riale s’était déjà diversifiée, après que la raison d’être et l’utilité du tribunal eurent été temporairement mises en question dans la chancel- lerie, dans les années . La surreprésentation des vieux-chrétiens (, % de vieux-chrétiens en -) s’explique essentiellement par la double répression dont ils furent l’objet : d’une part en raison des délits mineurs pour lesquels ils furent impitoyablement poursuivis jus- qu’à la fin du siècle et d’autre part en raison de l’extirpation de l’hérésie protestante que l’Inquisition crut découvrir entre  et  au sein de l’élite urbaine sévillane. La marque imprimée à l’action inquisito- riale par le concile de Trente est particulièrement claire au début de notre période avec le contrôle serré de l’orthodoxie du peuple catho- lique espagnol.

La Réforme catholique avait été déclenchée en réaction aux doctrines de Luther. La psychose protestante s’empara de l’appareil inquisitorial à l’heure où Fernando de Valdés était à la tête du conseil de la Suprême. Séville à l’époque, tout comme le reste de l’Espagne, n’était pas encore tenue à l’écart des grands courants intellectuels et spirituels qui tra- versaient l’Europe. C’est à Séville, métropole du commerce des Indes, qu’Érasme avait été traduit pour la première fois, par un chanoine de la cathédrale qui plus est : l’humanisme chrétien avait jeté des racines pro- fondes. Protestants ou partisans d’un retour aux textes des évangiles,

suiveurs d’Érasme ou illuminés, l’Inquisition poursuivit les uns comme les autres sans distinction, sous l’acte d’accusation de « lutheranos ».

En effet, pour les inquisiteurs de telles nuances n’avaient à ce moment- là pas lieu d’être. Dès , la répression des milieux humanistes

de « confesso » en désignant certains membres des cercles protestants de Séville et de Valladolid, mais rien ne permet d’affirmer qu’un lien fût établi entre protestantisme et judaïsme au sein des cours inquisitoriales (cf. infra, la lettre de Charles Quint à sa fille p. ).

. Marcel Bataillon, Erasmo y España. Estudios sobre la historia espiritual del siglo XVI, trad. de l’éd. française de  revue et augmentée, Madrid, Fondo de cultura económica, , p. -.

II La nature de la répression à Séville 

s’organisa, et la personne de Valdés n’y fut pas étrangère. De 

à , l’activité du tribunal fut monopolisée quasi exclusivement par les causes de « luthéranisme » : les trois quarts des procès de protes- tantisme (, %) furent intentés contre des vieux-chrétiens espagnols durant ces quatre années (le reste se partageant une majorité d’Anglais, de Flamands et de Français). Le Saint-Office châtia indistinctement protestants et érasmistes avec une violence d’autant plus forte qu’il s’en prenait à des membres de l’élite urbaine. Les chiffres témoignent de l’envergure de l’action inquisitoriale :  exécutions en personne,  en effigie,  « réconciliés » et  abjurations de vehementi pour les  pro- cès de protestantisme intentés contre des nationaux de la péninsule ibé- rique entre  et . L’action policière fut rude et brève : dès ,

le nombre de causes intentées à des protestants espagnols chuta bruta- lement : par la suite les causes de protestantisme auraient pour seuls acteurs des étrangers.

Mais la relève fut prise par la répression des déviances éthiques et morales des catholiques espagnols dès  ; ces causes représentèrent la majorité des cas jugés et bien qu’on manque de données à ce pro- pos entre  et , tout porte à croire que les délits mineurs conti- nuèrent à représenter les deux tiers des procès jusqu’au début des années , où d’autres priorités prirent le dessus.

Les nouvelles priorités dictées par la politique impériale

Vingt ans après la répression en force des protestants sévillans et des délits mineurs, la proportion de causes intentées contre les vieux- chrétiens avait singulièrement décru, ne constituant plus qu’un tiers des procès. À cette époque, l’essentiel de la répression inquisitoriale s’ouvrit vers les hérésies majeures : répression du judaïsme, du mahométisme et du protestantisme. Une triple croisade intérieure, qui se rajoutait à la répression des délits éthiques et moraux, reflet de la situation politique prévalant dans l’empire espagnol : union des couronnes de Castille et du Portugal en  ; front méditerranéen avec le péril musulman ; front

. Álvaro Huerga, Historia de los alumbrados, tome IV : los alumbrados de Sevilla, p. -, Madrid, Fundación universitaria española, , p. -.

 L’organisation de la répression

protestant lié à la situation explosive dans les Flandres et à la dégrada- tion des relations avec la couronne britannique.

Lorsque les relations avec les Flandres et l’Angleterre s’envenimèrent, la proportion d’étrangers augmenta à nouveau, comme cela ressort clai- rement du graphique  p. . Alors que dans les années - la proportion d’étrangers dans les causes de protestantisme ne représen- tait que près d’un quart des procès, avec une nette pression sur les Fla- mands, les Hollandais et les Français, dans les années  à , à l’heure où l’Espagne se mobilisait contre la puissance britannique, ce furent tout naturellement les nationaux de Grande Bretagne qui furent les plus touchés par l’action inquisitoriale (, % du total des causes de protestantisme) ; les Français et les Flamands venaient en seconde position derrière les Anglais durant les deux décennies. Le volume

du commerce avec l’Angleterre et les Flandres explique en partie la pré- sence massive de ces ressortissants à Séville, mais leur présence dans les geôles tient au fait qu’à peine la guerre déclarée, l’Inquisition eut toute liberté pour juger les sujets des puissances ennemies présents en Espagne, sans s’encombrer des privilèges et immunités consulaires des uns et des autres. Il s’agit donc d’une répression qui évolue parallèle- ment à l’activité de la diplomatie espagnole et reflète les préoccupations du moment de cette dernière. De  à , , % des condamnés étaient des étrangers - Portugais et Maures exclus - et la quasi-totalité d’entre eux fut jugée pour des causes de protestantisme : le moindre écart de parole ou acte irrévérencieux envers l’Église catholique les ren- dait suspects de luthéranisme, et l’attitude pendant la séance de torture venait décider de l’intention qui présidait aux paroles proférées ou aux actes.

Enfin, alors que dans la seconde moitié du esiècle l’Inquisition ne

s’intéressait que modérément aux judéo-convers, pendant les vingt der- nières années de ce même siècle on la voit s’efforcer de dessiner une nou- velle frontière intérieure : le mahométisme. Aussi trouve-t-on une large proportion d’accusés morisques et de Barbaresques durant ces années- là, , % du total des groupes ethniques à être passés devant le tribunal lors des deux dernières décennies du esiècle. Les années -

II La nature de la répression à Séville 

marquèrent un tournant décisif dans l’attitude des pouvoirs à l’égard des morisques. Dans les premiers temps qui suivirent leur déportation en Castille, l’Inquisition se tint en retrait. Fait exceptionnel, le conseil avait autorisé les confesseurs à absoudre les morisques pour leurs crimes d’hérésie passée en , sans avoir à se rendre devant le tribunal. Une

approche conciliante se faisait jour afin de faciliter l’assimilation, atti- tude qui semble s’être prolongée jusqu’à la fin des années . Mais à partir d’alors, toute idée d’intégration de cette minorité par la conver- sion sincère fut abandonnée et on s’orienta vers des stratégies ouver- tement répressives. L’idée de les expulser, un moment envisagée, fut écartée et ce fut la politique de répression à outrance qui prévalut.

Depuis la fin des années  une crispation à l’égard de la question morisque se faisait perceptible en Andalousie et en Castille. En , des troubles étaient signalés à Séville et dans d’autres villes, ainsi que des meurtres commis dans plusieurs villes de Castille et d’Andalousie attribués à des bandits morisques. En , les relations de causes

se firent l’écho de la tentative de soulèvement de la minorité installée à Séville, à travers la relation de la cause de Hernando Muñoz, berbé- risque « preso por la justicia real cuando se tuvo relación de que trataba de rebelarse junto con moriscos».

Fondée ou infondée, cette rumeur de rébellion avortée qui aurait dû avoir lieu en , suffit à faire prendre conscience aux autorités du danger potentiel que pouvait représenter la concentration excessive de morisques, alors estimés à   dans la capitale des Indes. Et cette crainte de voir les descendants de Maures prendre leur revanche ou passer à l’ennemi ne fit que s’accroître jusqu’à la date de leur expul-

. A.H.N. Inq. Lib. , fov-r, l. C/T du // : « ha parescido que devéis escrevir a los prelados de v[uest]ro distrito que avisen las personas que por ellos estuvieren inpuestos por confesores que viniéndose confesar con ellos los dhos moriscos del dho reino de Granada o algún dellos, sacralmente os podrán absolver en el fuero de la conciencia tan solamente de cualquier crimen de heregía que ayan dho, hecho, tenido o creído de la secta de Mahoma». Le proviseur de Séville demanda à l’Inquisition de confirmer que les morisques pouvaient bien être absous pour leurs crimes sans avoir à dénoncer leurs coreligionnaires devant le Saint-Office, ce qui retarda de plusieurs mois l’application de l’édit de grâce. Sur ce point voir A. Luis Cortes Peña, « Una consecuencia del exilio... », p. .

. Antonio Domínguez Ortiz - Bernard Vincent, Historia de..., p.  et . . A.H.N. Inq. leg.   exp. a, for-v ().

 L’organisation de la répression

sion. Ainsi, lors du sac de Cadix par les Anglais en , les morisques étaient assignés à domicile. En , selon le témoignage du Sévillan Francisco de Ariño, une nouvelle rumeur de rébellion se répandit : « se alborotó la ciudad con las voces de que se levantaban los moriscos con los de Córdoba. El asistente mandó que ninguna persona fuese a decir mal ni hacer mal a los moriscos».

Quel que soit le fondement de ces scénarios, ils n’en révèlent pas moins le trouble et l’inquiétude de la population chrétienne et des auto- rités. En  avaient été renouvelées l’interdiction de port d’armes pour les morisques, la prohibition de s’approcher du littoral ainsi que les mesures destinées à réduire leurs déplacements. L’irruption du Saint- Office dans les milieux morisques s’inscrivait dans un climat de suspi- cion généralisée et de mise en doute de la fidélité et de l’authenticité de la foi catholique des membres de la communauté. Certains Barbaresques, Turcs, Noirs et mulâtres furent poursuivis pour de simples blasphèmes, mais leur grande majorité le fut pour perpétuation des rites islamiques et surtout pour les tentatives de franchir le détroit de Gibraltar. À l’ins- tar des morisques, ils tentaient d’échapper à leur sort et à une situation

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