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Une procédure rigoureuse

Les moyens d’action du tribunal

I. Une procédure rigoureuse

L’implantation du tribunal de l’Inquisition moderne en Castille avait suscité une vague de réactions dans la population. Or, plus que l’idée de veiller à la pureté de la foi, ce sont les principes de la procédure qui sem- blèrent heurter profondément les Espagnols. Selon Louis Sala-Molins,

par sa façon de mener l’enquête, de juger, d’absoudre ou de condamner, l’Inquisition avait « mis en place un régime pénitentiaire pas tout à fait comme les autres». La justice pénale de l’époque ne se caractérisait

pas par de larges prérogatives reconnues aux accusés, mais la suppres- sion par l’Inquisition des droits et garanties accordés à la partie défen- deresse conduisit à des vagues de protestations, notamment en Aragon. Celles-ci furent néanmoins vite étouffées par l’action répressive et on comprit très vite que critiquer l’Inquisition était synonyme de rébellion contre l’une des plus hautes autorités qui jouissait du soutien plein et entier des monarques.

. Bartolomé Bennassar (dir.), L’Inquisition espagnole, e e siècles, Paris, Hachette,  [], p. 

. Louis Sala Molins, Le manuel des inquisiteurs, Paris/La Haye, Mouton, introduc- tion à l’édition de , p. . Les ordonnances des grands inquisiteurs ont été éditées par Miguel Jiménez Monteserín, Introducción a la Inquisición española. Documentos básicos para el estudio del Santo Oficio, Madrid, Editora Nacional, . L’exposition la plus détaillée et la plus complète de la procédure inquisitoriale se trouve dans Henry C. Lea, Historia de la..., vol. .

. Sur l’épineux problème des résistances suscitées par l’implantation du Saint-Office, voir Juan Antonio Llorente, Historia crítica de la Inquisición española, Madrid, Hype- rion,  [-],  vol.

I Les moyens d’action du tribunal 

Les bases juridiques qui déterminaient la procédure étaient de divers ordres: d’une part le droit commun, dérivé du droit romain et de la

coutume et d’autre part le droit canonique proprement dit, émanant de la papauté, constituaient le fondement du droit inquisitorial. Ces sources déterminaient la juridiction du Saint-Office et les particulari- tés de la procédure au regard du droit commun. Celles-ci couvrant les aspects généraux, les instructions (instrucciones) édictées par le conseil de l’Inquisition venaient compléter et préciser certains points essentiels. Enfin, les cartas acordadas, circulaires émanant du conseil qui réglaient de façon ponctuelle et concrète certains points de la procédure, venaient compléter l’ensemble. La juridiction inquisitoriale recouvrant toute atteinte à la foi et s’étendant à un crime commis dans l’intimité de la conscience, les moyens mis en œuvre par le tribunal étaient destinés à provoquer une confession « entière et sincère » de la part des accusés, comprenant l’aveu de culpabilité et la dénonciation des coreligionnaires. Deux moments saillants se détachent du procès de par leur impact psy- chologique sur les prévenus ; d’une part l’incarcération et, d’autre part, la mise à la question afin de briser les résistances des inculpés.

I.. L’incarcération

À un niveau préalable à l’engagement de la procédure proprement dite, l’édit de foi lu pendant les visites de district et le sermon de foi, étaient, plus qu’une invitation, une sommation à confesser ses crimes d’hérésie ou à dénoncer ceux dont on aurait eu vent. Ils ouvraient une période de grâce pendant laquelle toute personne disposée à soulager sa conscience devant les inquisiteurs, serait écoutée et jugée avec clémence. Les aveux faits pendant la période de grâce allégeaient considérable- ment la procédure et les dénonciations permettaient aux inquisiteurs de recueillir des témoignages sur d’autres hérétiques. Car si le procès pou- vait être ouvert suite à une rumeur publique, c’est généralement sur la base de dénonciations qu’étaient lancées les poursuites au e siècle.

Cela exigeait l’autorisation du conseil pour les religieux, les nobles et

. Voir Jean-Pierre Dedieu, « L’Inquisition et le droit. Analyse formelle de la procé- dure inquisitoriale en cause de foi », Mélanges de la Casa de Velázquez, vol.  (), p. -.

 L’organisation de la répression

les étrangers importants notamment, qui, une fois obtenue, déclenchait l’ouverture du procès.

Les indices d’hérésie confirmés, une fois reçu l’aval de la Suprema, les inquisiteurs procédaient généralement à l’incarcération du suspect. Il était toutefois possible de ne pas recourir à cet extrême à travers une simple citation à comparaître ce qui permettait soit d’alléger le proces- sus en cas de charges légères, soit de s’assurer de la réalité de celles-ci. Ainsi, six résidents de Jerez furent dénoncés par treize témoins d’avoir

hecho y ordenado una cofradía de la pesadumbre, en la que ninguna persona de la dicha cofradía había de jurar por vida de su madre que Dios y santos había en el cielo, que no habían de ayunar, y no habían de confesar en todo el año sino sólo una vez y ésto por cumplimiento, que no oyesen misa sino los domingos y fiestas y que a los que les daban les hacían túmulos de difuntos adornándoles con naipes y que iban a algunas casas donde jugaban y pedían barato y no se lo dando hacían

ruido y daban golpes hasta que se lo diesen...

Les six joyeux drilles furent convoqués et les inquisiteurs purent s’as- surer qu’il n’y avait là rien d’hérétique, mais que les jeunes hommes l’avaient fait uniquement « por burla y chanza». Autrement, en cas de

lourdes présomptions, les inquisiteurs procédaient à l’incarcération du prévenu : or, loin d’être uniquement préventif, l’emprisonnement dans les murs de l’Inquisition était une des étapes essentielles du processus devant conduire aux aveux du coupable et à la dénonciation de ses com- plices.

La vieille forteresse médiévale en bordure du Guadalquivir s’avéra mal adaptée aux exigences des inquisiteurs à en juger par les requêtes répétées de ces derniers en faveur d’un nouveau siège. Le castillo de Trianase trouvait être passablement exigu en dépit de ses dimensions (quatre-vingts mètres de long sur cinquante de large) puisqu’il concen- trait toutes les fonctions de l’Inquisition et servait à la fois de loge- ment pour une part importante du personnel. Cette ancienne forteresse, conçue pour défendre l’accès au pont de Séville ne répondait que moyen- nement aux exigences requises pour une cour inquisitoriale, en particu-

. A.H.N. Inq. leg.   exp. , for (). . A.H.N. Inq. leg.   exp. , for ().

I Les moyens d’action du tribunal 

lier en matière de « prisons secrètes », les cellules étant réputées peu fiables et en nombre très insuffisant. En , les inquisiteurs faisaient part de leurs inquiétudes du fait de « la precisa necesidad que hay en esta inquisición de cárceles secretas que por falta de ellas se dejan de ejecutar muchas prisiones que estan votadas... parece que hay sitio capaz para hacerse diecisiete cárceles cuya costa... montará a  ducados y aun- que no tenemos efectos de que poder sacarlos... nos ha parecido represen- tar a V. A. la importancia de esta nueva fábrica de cárceles». De celles-

ci, il n’en existait que  en , et selon María Victoria González de

Caldas,  d’entre elles étaient situées dans la partie supérieure de l’édi- fice, les quatorze restantes se trouvaient au rez-de-chaussée. C’était là

bien peu pour le tribunal qui connut le taux d’activité le plus élevé en matière de foi aux eet esiècles.

Fig. 2. — Vue de la forteresse de Triana et du pont de barques (gravure du xviiiesiècle)

En période de forte activité, les inquisiteurs tentèrent de pallier ce défaut en enfermant les individus dans les dépendances réservées au

. A.H.N. Inq. leg.   exp. s/n, l. T/C du // . A.H.N. Inq. leg.    exp. s/n, l. T/C du //

. María Victoria González de Caldas y Méndez, « El Santo Oficio en Sevilla », Mélanges de la Casa de Velazquez, Madrid, t. XVII () (), p. -, p. . Sur les prisons inquisitoriales, voir Bernard Vincent, Les problèmes de l’exclusion en Espagne (e-esiècles) : idéologies et discours, Paris, Publ. de la Sorbonne, , p. -.

 L’organisation de la répression

logement des officiers de l’Inquisition, comme ce fut le cas lors de la répression des cercles évangélistes de Séville : le conseil suggéra alors « por la necesidad de unas cárceles para las capturas que se han de hazer antes del auto... se pudiera suplir con que algunos de los que bibís en el cas- tillo os estrechades y se salieren fuera los que más fuere». En d’autres

occasions, la salle de torture servait de cellule lorsqu’elle était inutili- sée et on avait sinon recours aux geôles de la prison royale pour les petits délits lorsque la promiscuité atteignait des seuils intolérables. La solution la plus fréquente était néanmoins l’enfermement de plusieurs prisonniers dans les mêmes cellules, ce qui allait à l’encontre des recom- mandations faites dans les manuels d’inquisiteurs. On prenait toutefois soin de ne pas regrouper des complices d’un même délit et de contrer toute tentative de communication, qu’elle fût orale, écrite ou par mes- sages codés. À cette fin, les prisonniers accusés de délits différents étaient intercalés dans la rangée de cellules de l’étage inférieur. Cer- taines d’entre elles ayant été construites sur l’emplacement d’un ancien patio, elles étaient dépourvues de toiture, et un simple mur de briques de près de quatre mètres de hauteur les séparait. On y enfermait de pré- férence femmes, vieillards et malades, afin de réduire les risques d’éva- sion.

De faibles dimensions, en raison de l’espace disponible au sein de la forteresse, les cellules durent se révéler particulièrement insalubres, bien davantage que celles des condamnés qui purgeaient leur peine dans la « prison de la pénitence » qui se situait également à Triana mais hors de l’enceinte de la forteresse. Les crues répétées du Guadalquivir vinrent

encore aggraver l’état des choses, les quatorze cellules de l’étage infé- rieur étant les premières à être inondées. Il fallait dès lors déplacer les prisonniers dans d’autres dépendances de la forteresse, lorsqu’il n’était tout simplement pas question de les transférer dans un autre lieu. En , la crue dut être particulièrement forte puisque toute l’activité du tribunal fut paralyséeet en  l’inondation atteignit son niveau

. A.H.N. Inq. Lib. , fo r-v, l. C/T s/f, année .

. Antonio Domínguez Ortiz, Autos de la Inquisición..., p. -. Elle fut installée à Triana pour en faciliter le contrôle, après qu’une visite administrative en  eut mis en lumière un certain nombre de dysfonctionnements : A.H.N. Inq. Lib. , fo

. . A.H.N. Inq. leg.   exp. .

I Les moyens d’action du tribunal 

maximal, envahissant même la salle d’audience :

sábado por la mañana  del presente vino una creciente del río sin pen- sar la mayor que se a visto en esta ciudad y fue tal que traya choças enteras con gallinas gatos y perros, llevóse el puente de catorce barcos, hizo otros muchos daños ansí en la ciudad como en Triana... todo era oír voces de gentes que perecían en las caídas de casas y otros infortu- nios e necesidades sin poderlos socorrer nadie... en este castillo entró la creciente donde nunca se pensó ni imaginó que fue en la sala del tribu- nal y en la del secreto una vara de alto que hasta agora no ha dado lugar para ver el daño que hizo en los papeles y asimismo entro en todas las carceles secretas que están en bajo... que si no fuera por la gran diligen- cia del alcalde y de su ayudante se huvieron de ahogar [los prisioneros] y [los pusieron] en las cárceles altas de las torres compartiéndolos lo

mejor que pudo.

En , « l’année du déluge », l’Inquisition dut abandonner les lieux et s’installer dans le palais des Tello Talavera à Séville. Elle y siégerait treize années durant, avant de regagner le château, au prix d’un inves- tissement de   ducats pour rendre l’édifice à nouveau fonctionnel.

Dans ces conditions, les cas fréquents de fuite n’ont rien de surpre- nant, pas plus que la communication entre les détenus ou avec l’ex- térieur. Celle-ci était parfois facilitée par les diligences rétribuées des alcaldes ou de leurs proches, ou le fruit de l’astuce des prisonniers. Ainsi, du cas de Joan Hurtado, qui perça dans les murs un trou suffisamment grand pour rejoindre la prisonnière de la cellule contiguë :

Joan Hurtado, vezino de Sevilla, de edad de  años tuvo once testigos de que porfiando con cierta mujer del mundo con quien estaba amance- bado que se fuere con él y no lo queriendo ella hacer, había dicho « Por

vida de Dios, reniego de Dios catorce veces que habéis de ir conmigo» y que había dicho otras veces que la quería más que a Dios. Y estando preso en las cárceles de este Santo Oficio le sobrevinieron otros diez tes- tigos de que una noche había hecho en su cárcel un agujero grande y por el pasado a una cárcel de mujeres y con una de ellas tenido parte carnal y que se había comunicado con otros presos de otra cárcel junto a la suya, para lo cual asimismo había hecho otro agujero, el cual tenía de día tapado de manera que no se pudiere echar de ver. En las audien-

 L’organisation de la répression

cias que con él se tuvieron negó todo lo que los testigos deponieron contra él. Sólo confiesa haber hecho los dichos agujeros, y que no lo había hecho para otro efecto más de para parlar y entretener con ellos. Fue penitenciado a que saliese al auto con vela y soga y mordaza y  azotes, los cientos por Sevilla, y los cientos por las cárceles, y diez años

al remo sin sueldo.

L’idée, comme le révèle la violence de la condamnation au fouet et aux galères, n’était pas du goût des inquisiteurs, d’autant plus que sa compagne de prison était incarcérée pour un délit dit sexuel : il s’agissait d’Antona García, âgée de trente ans et incarcérée pour s’être mariée une deuxième fois du vivant de son premier mari : elle recevrait autant de coups de fouet selon la même modalité et serait interdite de séjour à perpétuité sur toute l’étendue du district.

Compte tenu de l’état de désespoir et de tension des accusés, les rixes étaient fréquentes, conduisant parfois à la mort d’un prisonnier, comme dans le cas de Hernán Ruiz Cabeza de Vaca, résidant à Jerez, noble et âgé de  ans. Enfermé avec le clerc Diego Guillén, une dispute était née entre eux après que ce dernier eut, entre autres, affirmé que les accusa- tions de protestantisme étaient inventées de toutes pièces par les inqui- siteurs : « y el dicho Diego Guillén le abía respondido que mentía y se abía levantado de la cama donde estava sentado y se abía venido hacia él y dado una puñada en la cara y hechádole la mano de las barbas y que el dicho Hernán Ruiz se había abrazado con él y rempuxado (sic) sobre el canto de la cama y como el dicho Diego Guillén tenía grillos había caydo debaxo y porque no se lebantase y le matase como era moço y recio y él viejo, abía allado allí un casco de tinajón y le abía dado con él tres golpes en la caveça para que le soltase y no con ánimo de quererle matar sino para deffenderse del».

Hernán Ruiz Cabeza de Vaca abjura de vehementi lors de l’autodafé de  comme luthérien et fut remis au capitaine général de la place d’Oran pour servir le roi après avoir réglé une amende de  ducats. Dix ans plus tard, lorsque le conseil examina la demande de remise

. A.H.N. Inq. leg.   exp. , for (). . A.H.N. Inq. leg.   exp.  fo v.

. A.H.N. Inq. leg.  exp.  : Relación de los méritos de Hernán Ruiz Cabeza de Vaca()

I Les moyens d’action du tribunal 

de peine, les Sévillans s’étonnèrent de l’éventualité d’une mesure de clé- mence rappelant que devant une autre juridiction la sentence aurait été la mort : « que no parescería bien, haviendo cometido tan grave delicto por el qual si cayera en manos de juez seglar oviera seido condemnado a muerte, que parezca acá ni en parte ninguna donde dello se tenga noticia, mayormente tan presto». Au-delà de l’anecdote, ces deux cas révèlent

le peu de fiabilité des prisons inquisitoriales à Séville et la difficulté à appliquer à la lettre les instructions de Torquemada : nette séparation entre les prisons des hommes et celles des femmes, et, de plus, interdic- tion de communication entre les détenus, l’isolement ayant été une des caractéristiques des geôles de l’Inquisition au regard du système carcé- ral d’alors.

En effet, selon les manuels d’inquisiteurs, l’incarcération devait s’ef- fectuer sous un régime strict, le détenu ne rencontrant pour seule per- sonne extérieure à l’institution que les religieux nommés par les inqui- siteurs pour « réconforter leur personne et décharger leur conscience » (consolar sus personas y aliviar sus conciencias). Cette stricte coupure du monde environnant fut une des nouveautés introduites par l’Inqui- sition moderne, le droit commun ne prévoyant pas de conditions aussi drastiques. Il s’agissait d’une innovation nullement fortuite puisque l’en- fermement constituait un des rouages essentiels de la procédure devant conduire à une confession du coupable et à son repentir. Isolé, nul- lement informé ni des charges pesant contre lui jusqu’à l’accusation du procureur, ni de la situation de ses proches, incessamment pressé par les inquisiteurs, les religieux, ainsi que parfois par ses compagnons de cellule - qui jouaient à l’occasion le rôle d’informateur et de déla- teur auprès de l’inquisiteur - à faire amende honorable et confesser tout ce qu’il était susceptible d’avoir à se reprocher, le condamné voyait ses capacités de résistance diminuées.

Un procédé qui agissait en deux temps : d’abord la déstructuration de la personnalité par la solitude, la peur, les constantes admonesta- tions, puis dans un second temps la reconstruction de celle-ci autour du seul modèle qui s’offrait comme voie possible de salut : le retour au sein de l’Église. La stratégie des juges consistait à « convaincre la victime

 L’organisation de la répression

Tableau 3. — Inquisition de Séville (1574-1670) : Détention des inculpés

- - - - - Nombre total d’incarcérés (prison inquisitoriale)       Incarcérés hors de la prison inquisitoriale      Total incarcérés       Prévenus « spontanés » non détenus      Prévenus « spontanés » détenus      Total « spontanés »      Effigies (uniquement cas n’ayant pas comparu)      Total des condamnés        Base de calcul (cas susceptibles d’être incarcérés)*        Proportion d’incarcérés (%) , % , % , % , % , % Proportion de prévenus « spontanés » (%) , % , % , % , % , % * Soit la soustraction, au nombre total de condamnés, des effigies de ceux n’ayant pas comparu et des « spontanés » non emprisonnés. Les données sont tirées des relations de causes suffisamment détaillées, soient celles de  à , hormis celles

des années , , ,  et  qui sont trop succintes.

que sa situation était désespérée : on en savait assez pour le condamner à mort, elle [l’institution] n’y pouvait rien, les juges eux-mêmes n’y pou- vaient rien ; pour faire cesser ce cauchemar une seule voie : une confession entière et sincère». Le déroulement du procès était entièrement centré

sur l’aveu et sur les moyens adéquats à mettre en œuvre afin de briser la résistance de l’individu tout au long des jours, semaines, mois, années parfois de procédure.

Si l’on prend l’ensemble des relations de causes suffisamment détail- lées pour étudier les cas dans lesquels les condamnés ont été enfermés, on relève que la part des incarcérations est très élevée, ce qui dément l’idée d’un enfermement à simple titre préventif. En effet, , % des

personnes jugées furent placées en détention durant la période -

. Jean-Pierre Dedieu, L’administration de la foi..., p. .

. Tous les accusés n’étaient pas mis sous écrou. Toutefois, pour évaluer le pour- centage d’incarcérations encore faut-il prendre en compte uniquement le nombre de personnes susceptibles d’être mises en prison. Les prévenus qui se présentaient de leur propre initiative devant le juge n’étaient que rarement écroués : seul un dixième de ces prévenus appelés « spontanés » (espontáneos), furent incarcérés comme le montre le

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