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Vers une acception commune : le phénomène d’hybridation

B) L’APPROCHE HISTORIQUE

VI. APPORT DE L’ETUDE

1. CADRAGE QUALITATIF ET QUANTITATIF DU GENRE MAGAZINE TELEVISUEL DE CINEMA

1.1 Dimension générique du magazine télévisuel de cinéma .1 De la difficulté à définir un genre.1 De la difficulté à définir un genre

1.1.2 Vers une acception commune : le phénomène d’hybridation

Pour Patrick Charaudeau (1995 : 206), il existe trois formes télévisuelles de base : le journal télévisé (J.T.), le débat et le reportage. Le J.T est le genre qui intègre le plus grand nombre de formes télévisuelles de base : des annonces, des reportages, des résultats d’enquête, des interviews, des mini-débats parfois, des analyses d’experts. Le débat, qui n’est pas un genre en soi car il y a du débat dans les magazines, dans les talk show, est une forme télévisuelle qui met en présence plusieurs invités autour d’un animateur pour traiter d’un certain thème, et qui est complètement organisé et géré par l’instance médiatique. Le reportage, pas seulement les émissions dénommées ainsi par la profession (il existe des mini-reportages dans les magazines) porte sur l’état d’un phénomène social qu’il tente d’expliquer. Charaudeau distingue le reportage du documentaire. Le reportage ne dépend pas de soi, il

couvre un événement ; le documentaire commence là où finit le reportage, quand il n’y a plus d’événement. Les autres genres télévisuels sont hybrides, dans la mesure où ils incluent plusieurs de ces formes télévisées de base. Les magazines (ou du moins ce que la profession dénomme ainsi) sont tantôt à dominante entretien avec résumés des nouvelles de la semaine, tantôt à dominante débat avec insert de micro reportage, tantôt à dominante reportage avec quelques analyses en plateau ou interviews, tantôt ils équilibrent ces différentes formes. Reste que ces genres sont sujets à changement à travers le temps, parfois de façon notable (comme dans les débats) ou parfois de façon discrète (comme dans les face-à-face, ou les reportages). Ces changements se sont produits selon divers facteurs. Parfois, c’est l’évolution de la technique (par exemple l’allègement et la miniaturisation du matériel) qui amène à modifier les dispositifs ; parfois, ce sont les rationalisations du monde professionnel qui s’imposant comme des modes, finissent par influencer ces dispositifs. Par exemple, il n’y a pas de modification dans le dispositif des émissions de Cinéma en liberté, elles sont toutes faites sur le même modèle, alors que l’émission Cinéma Cinémas a subi des changements de formule entre les premières émissions et la version de Cinéma Cinémas deuxième.

Pour ce qui concerne ce dernier facteur, on peut observer actuellement cinq grandes tendances. Celles-ci ne sont pas nécessairement propres à un genre, même si tel ou tel de ceux-ci peut en avoir été l’élément déclencheur ; elles traversent plusieurs genres en laissant un impact plus ou moins visible :

- une tendance dans les mises en scènes actuelles à la multiplication et accumulation des indices de contact avec l’instance public : par la présence sur les plateaux d’un public qui est censé jouer un rôle de représentant–relais du téléspectateur ; par une gestion des émissions ( du débat au JT) de plus en plus orientée vers le téléspectateur, soit que l’animateur s’adresse directement à celui-ci, soit que divers moyens lui permettent d’intervenir ( appels téléphoniques en direct, sondages immédiats, etc..) . Cette tendance aboutit à créer l’illusion d’une télévision du « contact », de la convivialité, de la connivence, par opposition à la télévision d’autrefois qui marquait une certaine « distance » entre l’instance médiatique et le public. Par exemple, dans

Cinéma en liberté, le présentateur s’adresse directement au public absent du studio

mais présent devant son téléviseur. Il cite les noms et prénoms, propose d’intervenir, de faire d’autres propositions de thèmes pour l’émission par le biais du courrier et il annonce les thèmes proposés, comme la cigarette, le cinéma et l’enfant (ce dernier thème ayant été retenu). Cette tendance crée une télévision du « contact ». Mais il y a

peu de convivialité, de connivence d’ou le paradoxe. Cette émission s’oppose à la télévision d’autrefois qui marquait une certaine « distance » entre l’instance médiatique et le public. Là, elle veut être proche, mais ni le discours, ni le ton professoral ne le permettent.

- une tendance, comme on vient de le voir, au mélange des genres particulièrement dans

les talk shows et reality shows. Cette tendance construirait une télévision de l’ « hybride » par opposition à la télévision d’autrefois qui se caractérisait par la « séparation » des genres. Si nous reprenons notre émission Cinéma en liberté, nous n’observons pas de mélange des genres, l’émission est présentée comme une variété culturelle;

- corrélativement, une tendance à faire de cette télévision un flot continu d’émissions

qui se succèdent et se ressemblent, créant un univers uniformisé dans lequel tout téléspectateur pourrait se reconnaître et se sentir « en famille ». Cette télévision s’opposerait à celle du passé, plus nettement découpée en moments de rendez-vous différents pour publics différents. Ici donc s’opposerait une télévision du « continuum » à une télévision de « découpage» (encore que l’on observe un certain retour à cette dernière tendance). Dans le cas de Cinéma en liberté, il s’agit plus d’une télévision de découpage, marquée par des rendez- vous différents pour des publics différents. Or, le but était de plaire à tout public ;

- corrélativement encore, une tendance au raccourcissement des émissions, comme une compensation aux phénomènes d’hybridation et de continuum, tendance au montage de type « clip » (que l’on pourra également remarquer dans une certaine écriture de presse). Pour Cinéma en liberté, c’est une tendance au rallongement de l’émission (durée 1 heure) ;

- enfin, une tendance au mélange des thèmes, ceux qui appartiennent à l’espace public se fondant dans ceux qui relèvent de l’espace privé et inversement. C’est une des dominantes des reality et talk shows évoqués plus haut, qui s’oppose à la télévision d’hier caractérisée par le respect de la frontière entre ces deux univers. Dans Cinéma

en liberté, nous n’observons aucun mélange de thèmes entre l’espace public et