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Variation du nombre des cas de morsures de chiens en fonction du sexe et de l’âge de l’âge

Etude épidémiologique rétrospective des cas cliniques de rages canine et humaine déclarées au Bénin : cas des villes

3.3.1. Rage canine

3.3.2.3. Variation du nombre des cas de morsures de chiens en fonction du sexe et de l’âge de l’âge

Les tableaux V à VIII présentent les nombres de cas de morsures de chien en fonction du sexe et de l’âge dans chacune des communes et dans la zone d’étude. De l’analyse de ces résultats, il ressort que les deux sexes ont été touchés par les morsures de chiens. On note, néanmoins, un nombre élevé d’hommes mordus (55,22%) par rapport à celui des femmes (44,7%). Cette constatation serait due au faite que les hommes prendraient plus de risque que les femmes face aux animaux et qu’Il pourrait s’agit d’une imprudence de leur part. Ces résultats sont en accord avec ceux obtenus par Aghahowa et Ogbevoen (2010) et Kehinde et al. (2013). Les individus de toutes les tranches d’âge ont été mordus par les animaux avec une prédominance des cas de morsures des enfants d’âge compris entre l à 14 ans (45,89%) suivis des jeunes de

Elisabeth HOUESSOU/UAC/EPAC/PSA 38 15 à 29 ans (22,70%). Les mêmes tendances ont été obtenues dans chaque commune prise individuellement. Par ailleurs, il faut noter que dans la circonscription de Cotonou, des cas de morsures d’enfants de moins d’un an ont été enregistrés (Tableau VI). Cette prédominance des cas de morsures constatée chez les enfants est conforme aux résultats obtenus par Abubakar et Bakari (2012) et Bourkortt (2018) et contraire à celui obtenu par Tiembré et al, (2009) en Côte d'Ivoire où l’âge moyen des victimes de morsure de chien était de 26,7 ans.

Tableau V : Nombre de cas de morsures en fonction du sexe et de l’âge dans les trois communes

Les chiffres suivies de lettres différentes sont significativement différents au seuil de 5% (p<0,05) Tableau VI: Nombre de cas de morsures ou griffures d’animaux par âge et sexe recensé à la circonscription médicale de Cotonou de 2012 à 2017

Tranches d'âge Hommes Femmes Total

≤ 1 3 0 3

1-14 350 237 587

15-29 155 143 298

30-44 104 112 216

≥ 45 96 76 172

Total 705 568 1273

Variables Modalités Nombre de cas Fréquences

Age 1 ans - 14ans 659 45,90a

15ans-29ans 326 22,70b

30ans-44ans 249 17,34c

≥45 ans 202 14,06d

sexe M 793 55,22a

F 643 44,78b

Elisabeth HOUESSOU/UAC/EPAC/PSA 39 Tableau VII : Nombre de cas de morsures ou griffures par âge et sexe à l’hôpital de zone de Ouidah de 2013 à 2017

Tableau VIII: Nombre de cas de morsures ou griffures par âge et sexe à l’hôpital de zone d’Abomey-Calavi de 2012 à 2017

Nombre de cas de morsures recensés dans la zone d’étude en fonction du temps

La figure 12 montre le nombre de cas de morsures recensés dans les registres de soins des centres de santé de Cotonou, Abomey-Calavi et Ouidah en fonction du temps. De l’analyse des données, il ressort que de 2012 à 2014, on observe une légère diminution du nombre de cas de morsure. Cependant, de 2014 à 2017, on note une croissance exponentielle du nombre de cas de morsures.

Tranches d'âge Hommes Femmes Total

1-14 27 24 51

15-29 9 9 18

30-44 10 12 22

≥ 45 16 9 25

Total 62 54 116

Tranches d'âge Hommes Femmes Total

1-14 14 7 21

15-29 4 6 10

30-44 4 7 11

≥ 45 4 1 5

Total 26 21 47

Elisabeth HOUESSOU/UAC/EPAC/PSA 40 Figure 12 : Nombre de cas de morsures en fonction du temps

Evolution des cas de rage humaine déclarée dans la zone d’étude

La figure 13 montre l’évolution des cas de rage humaine déclarée dans la zone d’étude. En 2012, aucun cas n’a été signalé dans les trois communes. Aussi, avions-nous observé 0 cas de rage humaine déclarée en 2014 à Abomey-Calavi. Ceci serait dû au fait que les données n’ont pas été enregistrées pendant ces périodes. Dans les années 2013, 2015 et 2017, une augmentation considérable du nombre de cas de rage humaine déclarée a été notée, particulièrement en 2017 dans la commune d’Abomey-Calavi où 123 cas ont été enregistrés.

Cette élévation du nombre de cas de rage déclarée dans la commune d’Abomey-Calavi s’expliquerait par la non observance du protocole vaccinal complet par les victimes, la non mise en observation ou l’abattage de l’animal mordeur, l’ignorance des populations, les facteurs financiers et le recours aux traitements traditionnels non efficaces. Par ailleurs, à Cotonou, le nombre de cas a évolué de façon décroissante de 2013 à 2017 avec un record en 2013. La baisse de l’incidence observée dans la commune de Cotonou traduit un impact positif des programmes de lutte. Quant à la commune de Ouidah, les nombres de cas de rage humaine déclarée sont restés relativement constants avec une légère croissance en 2014 et une baisse en 2013.

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Incidence de la rage humaine déclarée dans la zone d’étude en fonction du temps

La figure 14 montre l’évolution de l’incidence dans la zone d’étude en fonction du temps. Les plus faibles incidences sont enregistrées en 2012, 2014 et 2016. De façon croissante, on note une augmentation considérable de l’incidence en 2013, 2015 et 2017. La plus faible incidence a été observée en 2012 et la plus forte en 2017. La figure 15 quant à elle montre l’évolution de l’incidence par commune en fonction du temps. De l’analyse de cette figure, il ressort que les incidences de la rage ont diminué progressivement de 2013 à 2017 et de 2014 à 2017 respectivement dans les communes de Cotonou et de Ouidah. Par contre, à Abomey-Calavi, en dehors des années 2012, 2014 et 2016 où les incidences sont très faibles et due au faite que les données n’ont pas été enregistrées, nous observons une augmentation croissante de l’incidence de 2013 à 2017. Une intensification des programmes de lutte s’avère nécessaire dans cette Commune.

Figure 13 : Nombre de cas de rage humaine déclarée dans les centres médicaux de Cotonou, Abomey-Calavi et Ouidah au cours de la période de 2012 à 2017.

Elisabeth HOUESSOU/UAC/EPAC/PSA 42 Figure 14 : Incidence de la rage humaine déclarée dans la zone d’étude en fonction du temps

Figure 15 :Evolution de l'incidence de la rage humaine dans les trois communes en fonction du temps

2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Incidence

Année

Evolution de l'incidence de la rage humaine dans les trois communes en fonction du temps

Cotonou Abomey-Calavi Ouidah

Elisabeth HOUESSOU/UAC/EPAC/PSA 43 3.3.2.4. Connaissances de quelques propriétaires de chien sur la rage

Selon l’enquête d’opinion menée auprès de quelques propriétaires de chiens dans les villes cibles sur la conduite à tenir en cas de suspicion de rage de leur animal (Figure 16), la grande majorité des enquêtés de Cotonou et d’Abomey-Calavi ont affirmé qu’ils feront recours au vétérinaire, tandis que ceux de Ouidah ont affirmé qu’ils feront abattre l’animal. Les signes de la rage animale les plus connus par les enquêtés étaient l’agressivité subite (81,16%), le changement de comportement (79,71%) et les mouvements d’hallucination (8,70%). Les autres signes tels que la photophobie, le signe de bâton, la fugue, l’errance inhabituelle, l’hypersalivation restent inconnus de notre population cible. Le principal vecteur de la rage est le chien, le chat comme vecteur reste inconnu et la voie de transmission la plus connue est la morsure (88,40%), la griffure (40,60%), le léchage (5,80%). Le principal moyen de prévention de la rage selon certains enquêtés (79,71%) est la vaccination des chiens, et faiblement la vaccination des chats (20,28%), et pour très peu d’enquêtés, l’abattage des chiens errants (1,44%) ; la vaccination pré ou post exposition de l’homme reste inconnue. Ces résultats sont similaires à ceux obtenus par Mindekem et al. (2017) et Mauti et al. (2017) et indiquent une nécessité de sensibiliser sur la vaccination des chats contre la rage. De même l’abattage des chiens en cas de morsure ou de suspicion de rage est de règle dans la commune de Ouidah. Ceci pourrait s’expliquer par l’ignorance des manifestations cliniques de la maladie. Le même constat a été fait par Mauti et al en 2017 à Bamako au Mali ou la mise à mort était la réponse de 70% des enquêtés face à un chien enragé.

0

Figure 16 : Opinions de quelques propriétaires de chiens sur la conduite à tenir en cas de suspicion de rage chez leur animal

Elisabeth HOUESSOU/UAC/EPAC/PSA 44 Conclusion et Suggestions

L’étude a montré que la rage canine et humaine est bien présente au Bénin et en particulier dans les trois communes cibles de notre étude. Cette zoonose a entrainé plusieurs mortalités au cours de ces dernières années. Les enfants de moins de 15 ans sont les plus exposés aux morsures de chien. L’insuffisance d’informations de la population participe à la pérennité de la maladie. Au vu de ces résultats, la mise en œuvre d’un plan stratégique de lutte efficace est nécessaire en vue de son éradication au Bénin. Pour une lutte efficace nous suggérons :

A l’endroit des autorités politico-administratives

o la réalisation de campagnes complètes de vaccination canine à grande échelle ; o l’élaboration et la mise en œuvre, au moyen d’une collaboration intersectorielle, un

plan national de lutte basé sur l’approche «Un monde, une santé» ;

o l’intensification du contrôle de la rage chez le chien et l’accent sur la sensibilisation des populations et des propriétaires de carnivores domestiques en dehors de la journée mondiale de lutte contre la rage ;

o la notification et la transmission de données des communautés au niveau national, à l’OIE et à l’OMS afin d’avoir des informations en retour sur l’efficacité des programmes et de prendre des mesures pour remédier aux insuffisances ;

o une disponibilité accrue et gratuite des vaccins antirabiques ;

o la prise en charge systématique des victimes de morsures par l’Etat ; o un abattage systématique des chiens errants ;

o une communication nécessaire entre les autorités locales ou communales et les tradipraticiens afin que ces derniers orientent les victimes de morsure de chien qui leur parviennent vers les centres de santé.

A l’endroit des services sanitaires

o D’améliorer l’accès des victimes de morsures à la prophylaxie post-exposition o Sensibiliser sur les soins à dispenser immédiatement après une morsure.

A l’endroit des services vétérinaires

o Informer adultes et enfants sur le comportement des chiens et la manière de prévenir les morsures ;

o Sensibiliser la population sur l’importance de la mise en observation du chien mordeur et la vaccination des chats contre la rage.

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A l’endroit de la population

o faire le suivi sanitaire de leur chien ;

o inculquer aux enfants une bonne hygiène vis-à-vis des animaux de compagnie

o l’éducation des enfants sur les comportements à risque à éviter en présence des chiens dans la rue.

o en cas de morsure, éviter l’abattage systématique du chien.

A l’issue de la présente étude, nous suggérons d’étendre les études au plan national afin d’évaluer la prévalence de la maladie au Bénin.

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