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Chapitre I : Politique d’immigration, fécondité et croissance démographique, la

1.4. Variation de la composition ethnique des immigrants

À la suite de la mise en place d’une politique d'immigration comme politique de population, le Canada observe des changements majeurs dans la composition des immigrants selon leur origine nationale définie par le pays de naissance, à partir des années 1970. Le graphique 2 nous ramène à l'histoire de l'immigration canadienne en chiffres depuis plus de 150 ans. Entre 1852 et les années 1970, le pays a un régime de vagues d'immigration et il a reçu plus de 400,000 individus en 1913. Cependant, il faut mentionner que les frontières géographiques du Canada ont changé au cours du temps. Les données présentées dans le graphique 2 représentent la composition territoriale du pays appelé « Canada » au moment des recensements utilisés pour construire la figure. Ainsi, les taux d'immigration les plus élevés observés dans les années 1900 et 1910 peuvent être dus à l'exclusion de territoires à différents moments de l’histoire des recensements du pays. Par exemple, la Colombie-Britannique, l'Île-du-Prince- Édouard, le Manitoba, la Saskatchewan et l’Alberta ont été inclues à partir du recensement du Canada de 1881 et Terre-Neuve seulement à partir du recensement de 1951 (Bibliothèque et Archives Canada, 2019; Statistique Canada, 2017a).De 1851 à 1901, un recensement avait lieu tous les dix ans au Canada, ce qui a été confirmé par l’Acte de l’Amérique du Nord britannique, également connu sous le nom de Loi Constitutionnelle de 1867. Le but initial du recensement était d’aider à déterminer la représentation parlementaire en fonction de la population. Ainsi, le premier recensement du Dominion du Canada a eu lieu en 1871. Auparavant, les diverses régions étaient énumérées à des moments différents. À mesure que les provinces se sont jointes à la fédération canadienne, elles ont été incluses dans les recensements fédéraux ultérieurs, comme l’Île-du-Prince-Édouard en 1881.

Selon les dispositions de la Loi du recensement et des statistiques de 1905, un recensement général du Canada devait avoir lieu en 1911, puis tous les dix ans, et un recensement de la population et de l’agriculture devait être effectué au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta en 1906, et tous les dix ans par la suite (Bibliothèque et Archives Canada, 2019, paragr. 3-5).

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Graphique 2. Effectif et taux d’immigrants reçus annuellement au Canada, 1852 à 2012

Sources : De 1852 à 1979 – Emploi et Immigration Canada, 1982. Pour 1980 – Statistiques de l’immigration, Service de la Statistique, catalogue no MP22-1/1980. De 1980 à 2014 – Immigration Réfugiés Citoyenneté Canada. Graphique originalement publié par Statistique Canada (2014a).

De plus, soulignons que le premier dénombrement de la population autochtone s’effectue seulement dans le recensement de 1871 (Statistique Canada, 2019). À partir de ce recensement, les autochtones sont inclus dans la population totale canadienne (le dénominateur du taux d’immigration). Mais c’est seulement à partir du recensement de 1991 qu’une question permet de les identifier comme groupe ethnique (Statistique Canada, 2016).

Ainsi, nous pouvons dire que le taux d’immigration, représenté par la ligne noire du graphique 2, atteint son plus haut niveau pour le pays, tel que nous le connaissons aujourd'hui, dans les années 1950. Le taux de migration internationale est le rapport entre le solde migratoire (différence entre les entrées et les sorties du pays) et la population totale du pays pour l’année calculée. Dans le graphique 2, il est présenté par chaque millier d’habitants.

À partir des années 1990, la politique d'immigration qui priorise la catégorie économique, est mise en place. Depuis cette décennie, les effectifs d’immigrants présentent des flux plus stables avec l'arrivée contrôlée d'environ 250,000 immigrants par année. En 2016, les

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immigrants représentent 21,9% de la population canadienne (Statistics Canada, 2017). Notons que ce pourcentage est presque égal à celui enregistré lors du recensement de 1921 où les immigrants représentaient une part de 22,3 % de la population, le niveau le plus élevé depuis le début de la Confédération canadienne en 1867. Rappelons toutefois que des agrandissements du territoire ont eu lieu avant 1950. Le recensement de 2016 a dénombré 7,540,830 personnes nées à l’étranger.

Précisons le changement dans la composition des pays de provenance des immigrants. Jusqu'aux années 1970, la plupart d'entre eux étaient d'origine européenne. Maintenant, comme indiqué dans le graphique 3, nous observons une diminution du pourcentage d'immigrants européens et une augmentation des Asiatiques, des Latino-Américains et des Africains (Biles et al., 2008a). Ainsi, la plupart des immigrants qui arrivent annuellement au pays n’ont pas soit l’anglais ou le français comme langue maternelle comparée aux vagues migratoires précédentes. Ce qui représente un défi supplémentaire pour les nouveaux arrivants et pour les sociétés d’accueil, lors de l'intégration sur le marché du travail (Boyd et Cao, 2009). Maîtriser au moins une des langues officielles du Canada est non seulement un critère de sélection, mais aussi un facteur d’intégration et d’augmentation de revenus. En utilisant le ficher de microdonnées du recensement 2001 au Canada, Boyd et Cao (2009) confirment l’association positive entre la maîtrise de la ou des langues officielles du Canada et les gains des immigrants. Les immigrants qui ont un niveau de compétence inférieur dans les langues du pays ont normalement des revenus moins élevés.

Qu’en est-il du nombre moyen d’enfants par femme immigrante vivant au Canada ? « L’apport de l’immigration à la croissance de la population canadienne ne se limite pas à ses seuls effets directs sur la comptabilité démographique de l’année. Les nouveaux arrivants sont souvent jeunes et une fois établis au Canada, bon nombre d’entre eux fondent une famille et ont des enfants nés au Canada » (Bélanger et Gilbert, 2003, p. 136). La prochaine section vise à exposer brièvement le contexte de la relation entre fécondité et croissance démographique.

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Graphique 3. Répartition (en %) de la population immigrante selon la période d’immigration et la région de provenance des immigrants au Canada

Source : données de recensements, originalement publié par Statistique Canada (2011).