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B Moyens d’information des parents

I. Validité de l’étude A Forces

Nous avons étudié la fièvre de l’enfant, sujet très fréquent lors des consultations de médecine générale mais avons choisi de l’aborder d’un point de vue différent de la majorité des études réalisées à ce propos, en réalisant une étude qualitative.

Nous nous sommes intéressées aux parents, premiers acteurs lors d’un épisode fébrile dont le ressenti et les réflexes face à cet évènement déterminent de nombreux éléments ayant des conséquences variées sur la suite des soins. L’objectif était une compréhension de leurs habitudes et sentiments afin d’envisager une éducation plus adaptée.

Cette approche qualitative a permis aux parents de pouvoir exprimer leur ressenti propre sans chercher à se conformer à un questionnaire prédéterminé. D’autre part, ils ont pu s’exprimer librement sur leurs connaissances et leurs relations avec les médecins à ce sujet, ce qui a permis de recueillir leur vision de l’éducation actuellement réalisée.

La méthode qualitative était adaptée à l’objectif car il s’agissait d’exprimer ce qui n’est pas chiffrable, les sentiments, ressentis, comportements et cheminements de pensées.

Les lieux de recrutement étaient variés sur le plan géographique au sein du département, mais également sur le plan du type de structure de soin dans lequel la fiche de recrutement était proposée (Urgences, cabinets de médecine générale, PMI). De plus, le recrutement par « boule de neige » a été proposé à chaque participant et utilisé parallèlement pour permettre une plus grande variabilité de l’échantillon et de ne pas inclure uniquement via des structures de santé.

Toutes les situations familiales sont représentées : célibataire, concubinage, mariage, Pacs. Les âges et catégories socioprofessionnelles sont variées.

91 Le guide d’entretien permettait d’orienter les participants afin de répondre à l’objectif, tout en leur laissant une liberté de parole. Il a été modifié en fonction des premiers entretiens pour permettre d’approcher au mieux le sujet et a pris sa forme définitive après le troisième entretien.

Un double codage a été réalisé par les deux enquêtrices ce qui a permis de limiter le biais d’interprétation et renforcer la validité interne de l’étude.

La saturation des données a été obtenue au treizième entretienset trois entretiens de plus ont été réalisés.

B

Faiblesses

1) Biais de sélection

L’échantillon nécessaire pour une étude qualitative n’a pas pour but d’être représentatif de la population mais d’être le plus varié possible. Nous avons pu apporter une variabilité sur de nombreux critères mais certains points négatifs sont responsables d’un biais de sélection.

Premièrement, nous n’avons pas effectué de recrutement via des cabinets de pédiatrie même si nous avons pu interroger des parents dont l’enfant était suivi uniquement par un pédiatre.

D’autre part, malgré un nombre d’enfants varié chez les participants, les familles nombreuses de 4 enfants ou plus ne sont pas représentées. Selon l’INSEE, elles représentaient 3,8% des familles en France en 2017. (51)

Enfin, nous n’avons pu interroger que deux hommes, et malgré une certaine insistance de notre part pour inclure des pères, les volontaires ont été en grande majorité des mères. Cette difficulté peut s’expliquer par une différence du temps consacré aux enfants entre hommes et femmes en France. En effet, selon un article de l’INSEE paru en 2015 sur un sondage réalisé en 2010, le temps global pour « s’occuper des enfants du ménage » était en moyenne d’1h30 par jour pour les femmes contre 40 minutes pour les hommes. Ce temps augmente si les enfants du foyer sont en bas âge et cette augmentation est plus importante pour les femmes. Le temps consacré aux jeux et à l’instruction est pourtant peu différent entre les pères et

92 les mères. Par contre, les hommes consacrent, en moyenne, 21 minutes par jour aux soins aux enfants contre 56 minutes pour les femmes. Cet écart s’est réduit de 10 minutes par rapport à 1999. (52) Nous pouvons penser que, même si cet écart tend lentement à se réduire avec les années, cette disparité, ainsi que le mode de recrutement basé sur le volontariat au sein des structures de soin, sans cibler de profil particulier pour une variation maximale de l’échantillon, peuvent expliquer le faible nombre de pères interrogés.

2) Biais liés à la méthode des entretiens semi dirigés

La faible expérience des enquêtrices dans le domaine des entretiens semi dirigés est une première limite de cette étude. De plus, bien qu’elles soient neutres et aient posé des questions ouvertes, l’utilisation de questions de relance peut inconsciemment laisser entrevoir parfois leurs avis.

D’autre part, le statut de « soignant » peut orienter les réponses des personnes interrogées, avec parfois l’impression que les parents attendent l’approbation des enquêtrices, surtout lors de la description des habitudes et connaissances sur la fièvre.

Les entretiens ont été réalisés par des moyens différents : Quelques-uns ont été réalisés en présentiel, ce qui permet une analyse fine des réactions des participants et une relance plus adaptée aux réponses. Mais malheureusement, les entretiens téléphoniques, imposés par les conditions sanitaires de l’année 2020 en France, diminuent l’interaction avec les participants, empêchent l’analyse des expressions faciales et nécessitent un temps d’adaptation à l’entretien plus long pour que les participants se confient. Néanmoins, ils peuvent diminuer le biais lié à l’interrogateur ; les participants nous ont parfois avouer préférer se livrer « à distance », sans réellement voir leur interlocuteur. Les entretiens par visioconférence étaient intermédiaires entre les deux techniques.

3) Biais d’interprétation

Lors de l’analyse des données, un biais d’interprétation est possible lors du codage ouvert initialement, puis par la suite lors du codage axial et sélectif, permettant de

93 dégager les principaux thèmes des résultats. Ce biais a été limité par le double codage systématique de tous les entretiens mais persiste tout de même.