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QUELLES SONT LES VALEURS QU’ILS DÉFENDENT POUR EUX ?

Dans le document Le pouvoir par le discours (Page 23-26)

Nous avons quatre rangs d’intérêts : les valeurs se rapportant à ‘‘soi’’, à la ‘‘gouvernance’’ (intriquées pour les salariés), à

‘‘l’environnement’’ et, enfin, celles se rapportant au ‘‘social’’.

Concernant les valeurs se rapportant à soi, nous observons en premier lieu qu’elles sont surtout citées par les salariés.

Samuel, de manière forte, demande à «se protéger», de même que ses trois collègues salariés (distinguons Gilles, par sa place de coordinateur) présentent le besoin d’un «vrai cadre».

Ce cadre, Gilles a toujours voulu s’en défaire, tandis que les administrateurs ne souhaitent pas l’assumer, c’est pourquoi il n’apparaît pas lorsqu’ils parlent de leurs valeurs tel que le dit Simon «Je dirai que c’est pas le cadre qui m’intéresse, c’est plutôt l’horizon, les objectifs quoi. À ce moment là, on doit aussi prendre soin de l’équipe salariée c’est-à-dire des conditions de travail, du bureau, du respect du temps de travail, d’un certain nombre de règles. Moi à ce moment là, je dirais, que ça m’intéresse moins, je trouve qu’on perd une partie de la richesse initiale, de l’aventure commune, spontanée, au profit d’un fonctionnement qui… qui moi qui me convient moins.»

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Néanmoins, il est partie prenante avec les salariés pour vouloir un travail passionnant (de fait, il est lui-même salarié-associatif), de même que Patrick fait un lien entre l’Association et le terme de «convivialité». «Tripper» pour certains «convivialité» pour d’autres, sauf Paul, tous cherchent donc une vie passionnante au travail, et dans l’Association pour Patrick. Le «jeu» (Gilles) est important pour ce plaisir du travail, mais pour certains, il ne suffit pas au sens de ce même travail. Celui-là, Marc ne l’a pas trouvé à l’Association, le travail en bureau et les financements publics sont trop importants par rapport aux projets de vie qu’ils défendent. Et cela participe aussi aux questionnements de Jeanne lorsqu’elle aborde la question de la souffrance au travail : «il y a des difficultés qui sont pas mal engendrées par ces questions financières et peut-être qu’on aurait quelque chose à gagner à faire plus de choses ensemble [avec d’autres associations] ! Pas vouloir tous tout faire, mieux répartir les actions, être plus cohérent. Du coup être plus fort aussi vis-à-vis des financeurs.». Ce sens Samuel et Gilles le trouvent dans l’«honnêteté» qu’ils recherchent vis-à-vis du monde qui les entoure, «l’avantage dans l’Association c’est qu’il y a très peu de petites phrases dans le dos».

De même, s’ils défendent le lien social pour tous, ils demandent tous pour eux un lien fort dans l’équipe, le sentiment de «faire avec» et non «côte à côte». C’est là que le bât blesse pour Marc «il n’y a pas vraiment la volonté de créer une vraie équipe en fait, (…) il n’y a pas cette volonté de protection des uns des autres». Ainsi, Gilles, Priscille, Marc, Paul et Simon défendent la démocratie pour l’équipe, c’est pour cela qu’ils sont dans le modèle associatif, ils veulent l’égalité, l’écoute, l’échange, la participation de tous à tout.

De même, les trois administrateurs demandent et défendent la notion d’ «expression des salariés et des bénévoles». Ils le souhaitent mais il est difficile de le mettre en place, c’est là du ressort de la gestion des ressources humaines selon Paul

«d’arriver à créer des conditions d’expressions qui soient du côté des salariés ! Mais qui soient aussi du côté des administrateurs.

Expression qui permet effectivement à chacun, administrateurs ou bénévoles, de pouvoir s’exprimer.

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De pouvoir s’exprimer et, je dis bien que ça soit entendu». Reste à se mettre d’accord sur qui est en charge de cette gestion.

«Mais bon sang, ça serait quand même vachement plus confortable si y’en a qui prenaient leurs responsabilités !»

lance fatigué le coordinateur à la fin d’un entretien. Par cette phrase, le coordinateur révèle que lui aussi a besoin de confort, Gilles veut après cinq ans de pouvoir, ne plus avoir à tenir le gouvernail, et pouvoir, comme les autres, faire ce qui l’intéresse et «il faut absolument continuer à répartir la coordination. C’est, c’est évident !». Après un combat interne difficile, il rejoint ainsi l’ensemble des salariés, il rend principale la valeur de sécurité personnelle et se décharge de la valeur responsabilité.

Ces entretiens révèlent donc une structure où chacun veut être à égalité, par la démocratie, où le cadre n’est pas, où l’«on n’aime pas beaucoup le terme de supérieur hiérarchique» (Patrick).

Où des salariés se protègent d’un côté, et des administrateurs veulent «alléger [leurs] responsabilités» d’employeurs, face à un coordinateur qui a comme tabou «la domination» et jongle entre «être moteur» et «laisser la place avec douceur et progression». Ce qui rend délicat la gestion de l’association.

Enfin, il faut souligner que les différentes personnes prennent clairement position quant à la notion de militantisme. Pour Patrick «il faut être confiant, même un salarié qui rentrerait à l’Association deviendrait vite militant [de même] qu’être administrateur est une façon d’être militant.». Ainsi, pour lui tout étant hiérarchisé, il est évident qu’un salarié votant au CA

«Bah ça voudrait dire qu’ils seraient également administrateurs, salariés et administrateur. (…) Et avec une charge d’administrateur en plus, pour lequel ils ne seraient pas payés», pour lui le fait d’être salarié-militant ne donne pas droit au vote en CA et sont deux choses bien distinctes. De plus, le militant scrupuleux a du mal à laisser des travaux de côté, et comme il y a surcharge de travail, il doit faire des choix, et solliciter sa hiérarchie pour les choix de coupes.

Paul, quant à lui considère «qu’il vaut mieux être militant, mais c’est à chacun de voir».

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Et pour Samuel, «C’est tout vu ! La fameuse notion de «salarié-militant» (…) on [y] est clairement, ici. Parce qu’on explose les horaires», «Marc il a envie de militer ailleurs ! Moi en fait j’ai pas ce besoin là, ça c’est important !», car il aime et se nourrit de son boulot, et de la vie de la Maison des Solidarités, ce lieu dans lequel ils travaillent avec plusieurs autres associations.

Au contraire Priscille affirme «Moi je me vois vraiment comme salariée de l’Association, pas militante accessoirement payée». C’est pourquoi, à la différence de Samuel, elle défend fermement, avec les autres salariés, le droit à la vie privée par cette volonté «d’avoir du temps pour soi». Gilles est le seul à ne pas aborder le sujet sous cet angle, sa vie donnerait à voir un fervent salarié militant, mais il défend aujourd’hui fermement le droit à la vie privée, nous ne nous permettrons pas de trancher à son sujet.

Dans le document Le pouvoir par le discours (Page 23-26)

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