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La végétation

Dans le document Maniema. Espace et vies (pdf - 13 MB) (Page 18-22)

Les deux tiers nord de la province du Maniema sont essentiellement occupés par la forêt dense humide y compris une petite portion de forêt d’altitude humide.

Seuls les complexes agricoles en milieu forestier et des zones d’agriculture permanente viennent perturber cette grande forêt dense humide.

Le tiers sud de la province du Maniema est principalement occupé par la savane arbustive. Au sein de celle-ci, quelques savanes herbeuses sont présentes au sud-ouest de la province. Tandis que dans le sud-est de la province en bordure de la province du Sud-Kivu, on rencontre une mosaïque de végétation : la savane arbustive, quelques petites forêts claires, une savane boisée de petite superficie, quelques savanes arborées et des complexes agricoles de petite dimension en milieu de savane.

La forêt dense humide et la savane arbustive peuvent être délimitées par une ligne brisée qui part de Kimia jusqu’à Kibombo en longeant le Lualaba et puis qui se dirige jusqu’à Mwana-Ndeke pour rejoindre Mulala sur la Kama à la frontière entre la province du Maniema et la province du Sud-Kivu.

Il règne deux types de climat qui sont : le climat du type équatorial au Nord et le climat du type tropical humide au Sud. Les pluies sont abondantes : 1200 à 2000 mm par an.

C’est une province chaude. La température moyenne varie entre 23° et 25 °C.

Le nord et le sud de la province du Maniema connaissent deux climats distincts qui se manifestent par une végétation typique : la forêt dense et la savane.

30 Ce point a été produit par Claire Delvaux*, Benjamin Toirambe*, Astrid Verhegghen**, Pierre Defourny** et Hans Beeckman*.

* Laboratoire de Biologie du bois au Musée royal de l’Afrique centrale.

** Earth and Life Institute de l’Université catholique de Louvain.

Kindu

Lubutu

Punia

Kailo

Pangi

Kibombo

Kasongo

Kabambare Kasongo rive

Obokote

Bitule

Yumbi

Kasese Ferekeni

Kimia-Kimia Malela

Kinkungwa Lukungu

Katako-Kombe

Difuma II

Bukama Kampene

Kayuyu Enyamba

Mwema

Saramabila

Kitambwe Kabumbu

Lutshi Lusamba

Wamaza Mwana-Ndeke

Kapeya Lupaya

Mwehu Pene-Mayenge

Ongedi Samba Lusangi

Kibangula Lusangaye

29°0'0"E 28°0'0"E

27°0'0"E 26°0'0"E

25°0'0"E

1°0'0"S 1°0'0"S

2°0'0"S 2°0'0"S

3°0'0"S 3°0'0"S

4°0'0"S 4°0'0"S

5°0'0"S 5°0'0"S

Km

MRAC, Service de Cartographie, 2010 C

Forêt sur sol hydromorphe Forêt dense humide

Forêt claire Savane boisée Savane arborée Savane arbustive Forêt d'altitude humide

Chef lieu de province Chef lieu de territoire Chef lieu de colléctivité

Piste Chemin Sentier Route asphaltée Route non asphaltée

Fleuve et rivière Limite de territoire

ORIGINES DES INFORMATIONS

Référentiel Géographique Commun (RGC) - R.D. CONGO

CArTe 9 granite de Kalima (D’après des documents d’archives miniers, retravaillés par Stijn Dewaele, inédit).

Type de végétation

Table ID1 : Répartition des principaux types de végétation dans la Province et au niveau national

Province Province RDC

Maniema Maniema

De manière générale, la forêt dense humide est caractérisée par un peuplement continu d’arbres dont la hauteur varie entre 10 et 50 m et, par conséquent, les cimes s’étagent généralement en plusieurs strates. La densité de la canopée empêche le développement important d’une strate arbustive et herbacée et favorise davantage les épiphytes, plantes qui poussent en prenant appui

sur d’autres plantes (ex. : orchidées, fougères, etc.). On rencontre peu de graminées, mais plus souvent des sous-arbrisseaux (ou plantes suffrutescentes) et quelques rares plantes herbacées à grandes feuilles.

En fonction des espèces ligneuses présentes se distinguent la forêt dense humide « sempervirente » dont la majorité des arbres reste feuillé toute l’année et la forêt dense humide « semi-décidue » dont une forte proportion d’arbres (jusqu’à 70 %) reste défeuillée une partie de l’année.

La forêt semi-décidue est floristiquement plus riche que la forêt sempervirente et la densité de sa canopée permet le développement d’un sous-étage arbustif continu.

Dans la province du Maniema, l’altitude moyenne est élevée, +/- 800 m avec quelques crêtes à 1200 m d’altitude.

L’altitude diminue d’est en ouest au fur et à mesure que l’on se rapproche du Lualaba.

Dans la zone bordant la province du Sud-Kivu, le Gilbertiodendron dewevrei (De Wild.) J. Léonard (syn.

Macrolobium dewevrei De Wild) est dominant, mais pas exclusif, ce qui fait penser que l’espèce se trouve dans la partie la plus méridionale de son aire de distribution.

En limite sud de la forêt (région de Lumuma-Kayuyu), Milicia excelsa (Welw.) C.C. Berg (syn. Chlorophora excelsa (Welw.) Benth.) est tout particulièrement abondant.

Ces espèces sont deux parmi les essences forestières exploitées pour leur bois dans la province (Terminalia superba, Autranella congolensis, Fagara macrophylla, Alstonia congensis). L’exploitation illégale menace ces espèces. Cette constatation est d’autant plus cruciale que cette exploitation illégale est également observée dans le Parc national de Maiko, localisé au nord-est de la province et s’étend dans la province du Nord-Kivu. On peut conclure que le bois est le principal produit du Maniema.

La composition floristique de cette forêt est des plus complexes, une liste des espèces forestières est donnée en annexe ID1 (voir Lebrun 1935).

Aux environs de Kasongo, la forêt est très entamée. Il est très probable que la forêt avait autrefois une extension plus considérable vers l’Ouest, au moins en se prolongeant par des galeries forestières importantes. Ce déboisement peut s’expliquer par la position géographique de la région, carrefour au Congo, où une population non autochtone, autrefois extrêmement dense, a exploité la forêt et son sol sans l’interposition de la jachère arborescente.

Le cas de Kasongo est comparable à celui de tous les centres d’occupation quelque peu importants, établis

originellement en forêt, et qui voient reculer de plus en plus la lisière forestière.

Ci-après, la composition floristique de la forêt dense humide du Maniema. Cette liste des espèces ligneuses rencontrées est non exhaustive.

Depuis 2008, les forêts denses humides offrent un avantage supplémentaire sur la scène nationale et internationale. En effet, la Conférence de Bali (2008) a introduit le concept de Réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD). Ce concept serait applicable pour la seconde période d’engagement de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), post 2012. Il est donc primordial d’estimer les émissions liées à la déforestation et à la dégradation (EDD). Pour cela il importe d’établir une typologie des forêts

présentes sur le territoire en lien avec les stocks de carbone dans chacune d’elle.

5.2. LES SAvANES

De manière générale, la savane boisée est une formation végétale entre la véritable savane et la forêt claire. Le recouvrement des ligneux est compris entre 25 et 60 %, semblable à la forêt claire, mais diffère de celle-ci par des arbres ayant une hauteur plus faible.

La savane arborée se caractérise par des arbres à faible densité (inférieur à 40 %) et dont la taille est supérieure à 7 m ; cette strate ligneuse surmonte une strate herbacée dynamique. La savane arbustive est composée d’un tapis dense de graminées sur lequel se développent des arbustes dont la hauteur ne dépasse pas 7 m et dont la densité est faible. La savane herbeuse quant à elle, est composée uniquement d’un tapis dense de grandes herbes graminéennes.

Sur l’origine des savanes (herbeuse, arbustive, arborée ou boisée), trois scénarios sont possibles, aucun n’est exclusif, ni exhaustif, mais ils peuvent servir de repère :

— origine naturelle : ces savanes (principalement graminéennes) se sont installées dans des milieux qui ne pouvaient pas accueillir une végétation forestière abondante en raison de la pauvreté du sol ou de conditions climatiques limitantes ;

— origine relictuelle : ces savanes seraient apparues durant une période plus sèche et se seraient maintenues grâce à l’action des feux. Le passage fréquent du feu empêche son évolution vers une savane arborée puis une savane boisée et à terme une forêt claire ;

— origine secondaire : ces savanes succèdent à des formations arborescentes. Cette secondarisation qui provient de la dégradation de la forêt est principalement anthropique (agriculture, feu, etc.).

Certaines de ces savanes secondaires sont très vieilles ce qui est confirmé par le fait que les animaux se sont adaptés à cet environnement, notamment les grands herbivores (girafe, antilope, etc.).

Dans la province du Maniema, la savane arbustive s’étend sur de grandes étendues. Le sol est principalement - Klainedoxa oblongifolia

couvert par des graminées dont les plus courantes sont Hyparrhenia spp, Sporobolus pyramidalis, Brachiaria platytaenia, etc. Une onzaine d’espèces d’arbuste est dispersée sur ce tapis d’herbacées (Albizia zygia, Annona senegalensis, Piliostigma reticulatum, Entada abyssinica, Hymenocardia acida, Strychnos congolana, Vitex doniana, etc.). Le long du Lualaba qui traverse cette zone, à peine un faible rideau forestier borde le fleuve.

L’espèce arborescente la plus fréquente est l’Irvingia barteri Hook. F. et est accompagnée par endroits d’Albizia laurentii, de Cynometra schlechteri et Trichillia retusa.

Derrière ce faible rideau, parfois même inexistant, s’étend la savane arbustive et localement la savane herbeuse, présentant l’aspect de savane-parc. C’est dans l’extrême Sud-Est que l’on rencontre la seule savane boisée de la province. Bordant la partie sud de la zone de végétation aquatique et marécageuse, se trouvent les quelques savanes arborées de la province. Cette mosaïque de savanes et végétation aquatique et marécageuse se situe dans le domaine de chasse de la Luama.

5.3. LE COMpLExE AGRICOLE EN zONE fOREStIèRE

De manière générale, le complexe agricole en zone forestière constitue un mélange de jachères forestières, de jardins de case, de cultures vivrières (manioc, maïs, arachides, bananes, etc.) et de plantations villageoises qui ont remplacé progressivement la forêt dense humide. Il correspond aux zones de forte activité anthropique.

Dans la province du Maniema, le complexe agricole en zone forestière est présent le long de la plupart des axes routiers (pistes, routes, etc.) (Figure ID1) sur une largeur pouvant atteindre 7,5 km remplaçant ainsi la forêt dense humide sempervirente/semi-décidue. Ce complexe est composé de parcelles agricoles, de jachère et de forêts secondaires jeunes. D’un point de vue agricole, le riz, l’arachide et l’huile de palme font l’objet d’un commerce en dehors de la province.

5.4. LES GALERIES fOREStIèRES

De manière générale, les galeries forestières sont situées le long du réseau hydrographique. Elles résultent de la présence de sols mal drainés et de fréquentes inondations.

Plusieurs types de forêt peuvent être distingués en fonction de la richesse du milieu ou de la durée des inondations.

Les forêts denses sur sols hydromorphes peuvent, dans les meilleures conditions, atteindre 45 m de hauteur. Leur strate supérieure, c’est-à-dire les arbres, est plus ouverte et plus régulière que celle des forêts sempervirentes de terre ferme. Ces formations possèdent une flore endémique diversifiée, quoiqu’assez pauvre : Uapaca spp., Guibourtia demeusei, Mytragyna spp., Raphia spp., etc.

Dans la province du Maniema, elles sont localisées le long des cours d’eau (Lowe, Lweki, Kasuku, Lokeri, Ganze) qui coulent perpendiculairement au Lualaba.

5.5. LES fORêtS CLAIRES

De manière générale, la forêt claire peut être définie comme une formation végétale mixte, avec une strate

herbacée peu dense sous un peuplement forestier de 15 à 20 m de haut. Les arbres y ont les cimes jointives, le plus souvent étalées en parasol, mais les feuillages sont légers, de sorte que l’ensemble est clair, voire lumineux.

Il arrive que la forêt claire remplace la forêt dense sèche climacique lorsque le feu la détruit et en entrave le rétablissement. Il s’ensuit une parfaite adaptation des espèces à l’action du feu (épaisseur des écorces et coriacité des bourgeons, aptitude au rejet de souche comme pour les géophytes ou les chaméphytes).

La forêt claire soumise à des pressions anthropiques est rapidement transformée en forêt claire ouverte en formation herbeuse boisée, et ceci d’autant plus que les périodes de dégradations humaines sont rapprochées.

Dans la province du Maniema, la seule forêt claire est de petite dimension et située à l’extrême est de la province à la frontière avec la province du Sud-Kivu.

5.6. AGRICULtURE pERMANENtE

De manière générale, l’agriculture permanente est un ensemble de zones agricoles cultivées en permanence telles que les plantations industrielles de palmiers, de caféiers, d’hévéa, etc.

Dans la province du Maniema, les zones d’agriculture permanente sont de superficies relativement grandes autour de Kindu, Kailo et Lubutu. Des superficies plus petites d’agriculture permanente sont présentes sur l’axe Kingu-Kinkwungwa et Kindu-Kayuyu.

5.7. LES RISqUES ENvIRONNEMENtAUx

De manière générale, les risques environnementaux sont de trois types :

1° appauvrissement des sols

Les avantages commerciaux liés à la présence du chemin de fer, d’un aéroport ou des routes/pistes prennent le pas sur les techniques agricoles traditionnelles et poussent les agriculteurs à cultiver le sol jusqu’à son complet épuisement. La forte croissance démographique a pesé sur les terres arables en réduisant les périodes de jachère dans le système de culture itinérante, diminuant ainsi la fertilité du sol et abaissant le rendement des cultures par hectare. Cette diminution des jachères réduit les pâturages

disponibles et entraîne un surpâturage, parfois un ravage des cultures par des bêtes en divagation. Notons aussi que la pauvreté du sol est aggravée par la pratique répétée des feux de brousse qui détruisent l’humus conduisant à la perte de la fertilité des sols.

2° destruction définitive de la forêt

L’extension des zones cultivées force le recul de la forêt.

Les défrichements agricoles détruisent à tout jamais la forêt si la culture s’y développe pendant plusieurs années et si les feux de brousse passent régulièrement dans les jachères empêchant la régénération de la végétation forestière.

Dans les zones sèches particulièrement, la maîtrise du feu est difficile et des incendies incontrôlés peuvent anéantir en quelques jours les réserves ligneuses et herbacées sur des milliers d’hectares. C’est surtout la végétation ligneuse et les herbacées annuelles qui en souffrent avec comme conséquence un appauvrissement de la flore par la destruction des graines.

3° exploitation forestière

La plupart des exploitations forestières se sont tout naturellement installées à proximité du chemin de fer et des routes, ce qui est particulièrement préjudiciable à la conservation des forêts. L’exploitation du bois par les scieurs de long est très importante. Cette activité réalisée de manière artisanale a tendance à s’intensifier sur presque toute l’étendue du pays pour plusieurs raisons dont quelques principales sont les suivantes :

— les entreprises forestières, qui jadis exploitaient le bois dans la zone forestière, ont arrêté leurs activités à cause de la mauvaise conjoncture (difficultés pour l’entreprise de disposer des crédits et devises nécessaires pour l’achat des pièces de rechange et pour le renouvellement des équipements ; la non-électrification de la province et des usines de transformation) ;

— l’absence des sociétés forestières dans les zones de savane ou dans celles dont le potentiel forestier est négligeable amène la population à la recherche de moyens de survie à exploiter les quelques essences de valeur que l’on peut y trouver.

Dans la province du Maniema, les risques environnementaux sont notamment dus à l’agriculture permanente ou non au sein de la forêt dense humide, le long des axes routiers.

Figure 10 Tracé schématique des pistes et routes du nord au sud de la province, le long desquelles le complexe agricole en zone forestière se développe.

Dans le document Maniema. Espace et vies (pdf - 13 MB) (Page 18-22)

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