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Le dernier choix que nous avons pu rencontrer est la végétalisation, parmi les répondants, près de la moitié ont végétalisé, tout ou partie, leur cimetière (23% de cimetières végétaux et 30% de cimetières mixtes). En accompagnant la végétation spontanée, ou en implantant une végétation, les espaces à désherber se trouvent réduits, tout en masquant la végétation spontanée dans un décor verdoyant voulus et aménagé.

Plusieurs niveaux de végétalisation sont possibles, cela va du simple enherbement à la création d’un cimetière parc. Chaque commune ayant adapté ses choix selon ses moyens et ses envies. Cette pratique comporte de nombreux avantages, outre celui, déjà notifié, de réduire l’impact visuel de la flore spontanée, car elle se retrouve noyée dans un cadre végétal, également celui d’occuper l’espace en privant les adventices de ressources nécessaires à leur croissance. La végétalisation des cimetières, comme celle des autres espaces publics, comporte des avantages sociaux : sur la santé humaine, les interactions sociales, le bien-être, et également environnementaux : qualité de l’air, régulation des températures, absorption du carbone, protection des sols ou encore lieu de vie pour la biodiversité.

.9.2.1. Un changement dans la façon de travailler

Au niveau du temps de travail, les entretiens ont révélé que cela ne serait pas forcément un gain de temps, mais les expériences étant récentes il faudrait réaliser des bilans avec plus de recul. Mais à travers une réorganisation du travail et une cohérence globale sur l’ensemble de la commune, les gestionnaires interrogés s’y retrouvent et ne souhaitent pas revenir en arrière. CORNILLEAU Arnaud, agent espaces verts de la commune de Laigné-en-Belin : “Voilà, en termes de temps de travail, peut- être que c’est identique peut-être un peu plus, mais il ne faut pas que ce soit un frein pour certaines collectivités quand on leur dit. Parce que du coup, comme le travail est mieux réparti tout le monde y gagne.”. Il nous a confié que l’entretien du cimetière prenait maintenant une demi-heure tous les 15 jours. Lorsqu’il était non végétalisé et désherbé systématiquement, cela prenait une semaine et demie, mais de façon moins régulière.

toute la journée ou d’être à la binette.” Le travail des agents s’en trouve changé, moins pénible selon certaines personnes interrogées, cela correspond surtout davantage à leur travail de jardiniers.

.9.2.2. L’entre-tombe, un espace posant question

Comme nous avons pu le voir quelques difficultés demeurent pour les gestionnaires. Certains espaces du cimetière tels que les entre-tombes sont trop étroits pour le passage d’une tondeuse et les débroussailleuses risquent d'abîmer les monuments funéraires. Face à ce questionnement des communes ont réalisé des tests et ont trouvés les solutions qui leur convenaient. La commune de Laigné-en-Belin, par exemple, a mis en place plusieurs variétés de plantes allélopathiques21, qui

inhibent la pousse d’adventices dans cet espace. Les sédums sont souvent utilisés également, comme à La Flèche, les avis sont partagés sur leur efficacité, mais le principe est le même : occuper l’espace. Ils ont l’avantage d’être assez ras du sol ce qui suscite moins de réactions qu’une tige plus haute que le monument. D’autres ont choisi de coller les dalles béton des concessions afin de laisser le moins de places possible pour l’implantation « d’herbes folles », si cela limite en effet l’espace à gérer, il reste toujours un petit écart qui devra alors être désherbé à la main.

.9.2.3. La réflexion préalable

Le cheminement des communes ayant fait le choix de la végétalisation est souvent assez similaire. Le premier pas vers la décision de stopper l’usage des produits phytosanitaires se fait par souci écologique, de santé humaine ou inspiré par la loi Labbé. Une première période débute alors, où les services espaces verts tentent de conserver le cimetière dans son aspect actuel. Ceci en désherbant selon les méthodes à sa disposition, c’est souvent la binette et l’arrachage manuel qui sont mis en place. La première année peut être facile, du fait de la rémanence des produits dans le sol, mais une fois ce phénomène terminé, les adventices apparaissent plus vite et plus nombreuses. A ce stade, les agents se rendent vite compte que la tâche risque d’être ardue, et que le rendu ne sera pas le même qu’avec les produits phytosanitaires. C’est souvent à l’occasion d’une formation et/ou d’une visite d’un autre cimetière, qui a déjà fait le choix de la végétalisation, que l’équipe prend connaissance de cette possibilité. Voir un exemple qui fonctionne leurs permet de projeter cette option sur leur propre cimetière. Si les élus comme les techniciens sont en accord sur ce projet, l'expérimentation peut commencer. Chaque cimetière étant différent, des tests sont effectués pour voir ce qui fonctionne ou non. Les agents rencontrés nous ont expliqué que leurs cimetières étaient toujours en évolution, même au bout de quelques années. De nouvelles expériences sont menées pour offrir le meilleur cadre possible aux visiteurs. “On est toujours en période de test, on est toujours à essayer plein de choses. On essaye toujours de faire des formations avec les agents.” Julien GERVAIS, responsable espaces verts et cimetière, commune de La Flèche.

Parmi les exemples rencontrés dans nos recherches, celui de Pornichet (44) correspond tout à fait à cette démarche. En 2005 la décision a été prise d’arrêter l’utilisation des produits phytosanitaires pour passer au désherbage manuel. La main d'œuvre nécessaire étant trop importante, un engazonnement des allées secondaires a été réalisé. Après une période d’observation, la végétalisation c’est poursuivie sur le second cimetière22.

D’autres ont fait le choix de végétaliser progressivement par division, c’est le cas à Ivry (94), ainsi la végétation a pu être adaptée aux caractéristiques de chaque secteur23.

À Grenoble (38), c’est la combinaison de pratiques (thermique, couvre sol, vivaces, gazon fleuri), en les testant peu à peu et en les adaptant à la période, à la météo, aux secteurs plus ou moins fréquentés du cimetière, qui a permis de trouver les techniques les plus adaptées au site24.

22 De la pierre à l’herbe, des cimetières en mutation, CAUE 44

“Les extensions constituent des possibilités de faire évoluer les pratiques et de changer le regard des habitants.” : Patrick BERGER directeur du paysage et de la biodiversité de la ville de Montpellier (34)25.

En effet les extensions de cimetières sont l’occasion de mener un projet qui inclut la future gestion dès la conception, facilitant leur entretien. C’est également la porte d’entrée pour la réalisation d’un projet de végétalisation sur la partie plus ancienne du cimetière. Comme à Auvers-le Hamon, qui, après avoir créé son extension de cimetière, a choisi d’enherber l’ancien cimetière pour donner une cohérence d’ensemble. Les procédures de reprise de concessions sont également un moment de réflexion sur l’avenir du cimetière, qui permettent de tracer les grandes lignes de son évolution future.

Pour aller encore plus loin, certaines communes, comme Teloché (72) ont décidé de passer à l’usage de matériel électrique pour éviter l'utilisation de carburant, mais également pour respecter la quiétude des lieux.

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Une des difficultés les plus souvent citées dans notre enquête reste l’acceptation des changements par la population. 17 communes indiquent rencontrer des difficultés d’acceptation du choix de gestion de leur cimetière. Quel que soit la volonté de la commune, pour que le projet du cimetière puisse être un succès, l’acceptation par la population reste nécessaire.

10. L’acceptation de la flore spontanée, un travail de