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Les utilisations à visée esthétique : les lits de bronzage

PARTIE 1 : HISTOLOGIE DE LA PEAU

5 Les sources d’ultraviolets artificiels

5.1 Les utilisations à visée esthétique : les lits de bronzage

5.1.1 Généralités

L’usage des lits de bronzage s’est considérablement développé ces dernières années dans les pays occidentaux par l’offre aux consommateurs de structures automatisées peu chères où le public peut s'exposer à sa guise aux bancs solaires. Les lits de bronzage utilisés dans les solariums sont des appareils de bronzage artificiel qui prétendent offrir une alternative efficace, rapide et sans danger à l’exposition à la lumière solaire naturelle. Cependant, on a de bonnes raisons de croire que le problème de santé publique posé par ces pratiques est sensiblement le même que celui des expositions au soleil.

5.1.2 Caractéristiques des lits de bronzage

Les cabines de bronzage proposent différents types de lits, dont certains émettent plus ou moins d’UVB que d’UVA. Par le passé, on a eu tendance à diminuer l’émission des UVB et à augmenter celle des UVA pensant que la surexposition aux UVB était le seul facteur de risque éventuel de développer un cancer de la peau. Cependant, une exposition excessive aux UVA a été

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dernièrement mise en cause dans le processus cancérigène. De nombreux fabricants de lits de bronzage retournent donc actuellement à des émissions d’UVB plus fortes afin d’imiter la composition du spectre solaire.

D’après le décret du 30 mai 1997, les appareils de bronzage sont répartis en 4 classes : · Les appareils de catégorie 1 sont réservés à un usage professionnel dans le domaine de

l'esthétique et leur vente est interdite au public. Leur effet biologique est principalement du à un rayonnement UVA, les longueurs d'onde fournies étant majoritairement supérieures à 320 nm;

· Les appareils de catégories 2 et 4 dispensent à la fois des UVA et des UVB. Ils sont réservés à un usage thérapeutique «sous la responsabilité d'un médecin » ;

· Les appareils de catégorie 3 sont librement en vente ou à la disposition du public. Ils ont un effet biologique induit par un rayonnement UVA et UVB.

Les appareils à UV mis à disposition en France dans les solariums sont très majoritairement de catégorie 3. Ils présentent un éclairement effectif total pouvant aller jusqu’à 0,3 W/m² équivalent à un rayonnement solaire d’indice UV 12 soit une intensité qualifiée d’extrême par l’OMS et correspondant à l’intensité du soleil dans les zones subtropicales.

5.1.3 Fonctionnement des lits de bronzage

Ils émettent principalement des UVA, qui activent la mélanine déjà présente dans les couches superficielles de la peau. Ce bronzage immédiat disparaît dans les quelques heures suivant l’arrêt de l’exposition, mais peut persister si les expositions sont suffisamment répétées. La faible quantité d’UVB émise par les lits de bronzage provoque la réaction de bronzage dite retardée, par laquelle de la nouvelle mélanine est produite et répartie dans les cellules de la couche superficielle de la peau.

Une fausse croyance très répandue veut qu’un bronzage obtenu à l’aide d’un lit de bronzage offre une bonne protection contre les coups de soleil lors de vacances dans un endroit ensoleillé. En réalité, un bronzage obtenu de cette façon n’offre qu’une protection limitée contre les coups de soleil car les UVA n’épaississent pas la peau. Or c’est surtout l’épaississement cutané, que l’on obtient par une exposition progressive et modérée au soleil, qui protège. Il est estimé qu’un bronzage obtenu à l’aide des UV artificiels a le même effet protecteur que le fait d’utiliser un écran solaire dont l’indice de protection ne serait que de 2 ou 3.

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5.1.4 Risques liés à l’utilisation des lits de bronzage

Les rayons UV provenant des lampes de bronzage ont les mêmes effets délétères que les UV solaires. De plus, certains appareils émettent des rayonnements jusqu’à 5 fois plus intenses que ceux émis par le soleil lorsqu’il est au zénith en été. Mais peu d’études ont été menées pour évaluer les dangers de l’utilisation des lits de bronzage et le bilan reste ambigu. Par ailleurs, ces appareils ne sont disponibles que depuis une vingtaine d’années, et au vu de la période de latence très longue des cancers cutanés et des lésions oculaires, il est difficile de mettre en évidence des effets à long terme sur la santé.

A court terme, les utilisateurs ont rapporté toute une série de symptômes comme des démangeaisons, une sécheresse et une rougeur de la peau, des taches de rousseur et des réactions de photosensibilité. A long terme, surtout chez les personnes à la peau claire, ces séances provoquent souvent des cloques.

L’OMS et l’Académie Nationale de Médecine ont établi le lien entre l'utilisation croissante des appareils de bronzage et l'augmentation des cancers cutanés. Les UV reçus de lampes se cumulent en effet aux UV reçus du soleil, augmentant ainsi le risque de cancer, de vieillissement prématuré de la peau (rides, affaissement cutané…), une baisse des défenses immunitaires et l’apparition de lésions oculaires. En effet, des lunettes de protection doivent être utilisées afin d’éviter des lésions des yeux. Cependant, comme les clients veulent avoir un bronzage intégral, ils décident souvent de ne protéger aucune partie de leur corps. Or, la fermeture des paupières n’est pas une mesure efficace de protection contre les UVA qui les traversent.

En juillet 2009, le Centre International de recherche sur le cancer (CIRC) a décidé de classer les appareils de bronzage comme cancérigène pour l'homme au même titre que le soleil. Selon le CIRC, l'exposition aux UV artificiels avant l'âge de 30 ans augmente de 75% le risque de mélanome cutané.

5.1.5 Réglementation des appareils de bronzage

Aussi longtemps que des lits de bronzage seront mis à la disposition du public, une législation est nécessaire pour réduire les risques associés à leur utilisation. L’OMS encourage les gouvernements à formuler et à mettre en application des lois régissant l’utilisation de ces lits. Or, à l’exception de quelques normes de la commission électrotechnique internationale (CEI) qui restent limitées, il n’y a aucune normalisation des réglementations concernant l’utilisation des lits de bronzage en Europe.

C’est en France que la législation semble la plus complète. La réglementation exige que tous les appareils émettant un rayonnement UV soient déclarés aux autorités de santé et soient

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soumis à un contrôle technique tous les deux ans par un organisme agréé. De plus, elle interdit l’utilisation des lits de bronzage aux mineurs et exige un personnel qualifié pour superviser tous les établissements commerciaux.

Par ailleurs, les utilisateurs de cabines de bronzage doivent être tenu informés sur les risques liés à une exposition aux rayonnements ultraviolets. Toute publicité indiquant que les lits de bronzage sont bons pour la santé est interdite. Des lunettes de protection spécifiques portant un marquage CE doivent être obligatoirement utilisées pendant les séances de bronzage. La durée d’exposition recommandée (dépend du type d’appareil) ainsi qu’un délai d’au moins 48 heures entre deux séances doivent être respectés.

Enfin, un formulaire de consentement doit être lu et signé par le client avant de commencer une série de séances de bronzage. L'original du formulaire signé et daté doit être classé dans les dossiers de l'établissement pendant au moins deux ans tandis qu'une copie est donnée au client.

5.1.6 Recommandations relatives à l’utilisation des lits de bronzage

En règle générale, l’OMS déconseille l’utilisation des appareils émettant des UV à des fins esthétiques. Cependant, les personnes suivantes qui présentent un risque particulièrement élevé d’effets indésirables dus aux UV ne devraient jamais utiliser des appareils de bronzage :

• les personnes prenant constamment des coups de soleil sans jamais bronzer ou très sensibles aux coups de soleil et bronzant que légèrement ;

• les enfants et les adolescents (tous les moins de 18 ans) ;

• les personnes ayant un grand nombre de grains de beauté ou de taches de rousseur ; • les sujets qui ont des antécédents de coups de soleil fréquents au cours de l’enfance ; • les personnes qui présentent des lésions cutanées précancéreuses ou cancéreuses ou ayant des antécédents familiaux de cancer de la peau ;

• les gens dont la peau est endommagée par le soleil ;

• les personnes qui se maquillent. Les produits cosmétiques peuvent renforcer leur sensibilité à l’exposition aux UV ;

• les personnes qui prennent des médicaments susceptibles de provoquer des réactions de photosensibilisation.

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