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PARTIE 3 – LES EFFETS BIOLOGIQUES DES RAYONS SOLAIRES SUR LA PEAU

8 Les effets délétères du soleil

8.4 Photosensibilisation et photodermatoses

8.4.4 Lucites idiopathiques

Couramment appelées « allergies au soleil », les lucites idiopathiques regroupent un ensemble de maladies cutanées dues à une sensibilité anormale à la lumière et dont l’agent photosenbilisant est encore inconnu.

8.4.4.1 Lucites propres à l’enfance

§ L’hydroa vacciniforme

L’hydroa vacciniforme extrêmement rare, se traduit par le développement, dans les heures suivant une exposition importante l’été, d’une éruption vésiculeuse sur les zones exposées : pommettes, dos du nez, pavillon de l’oreille, dos des mains et avant-bras. Très rapidement ces vésicules vont s’ombiliquer puis être recouvertes d’une croûte brunâtre dont la chute laisse une cicatrice résiduelle. La maladie débute en général avant l’âge de 10 ans puis récidive chaque année en fonction de l’ensoleillement. Classiquement, après la puberté, les poussées deviennent plus rares et finissent par disparaitre entre 20 et 30 ans au prix de cicatrices définitives parfois sévères. Le meilleur traitement pour éviter la formation de cicatrices indélébiles est la photothérapie UVB.

79 § La photodermatose printanière juvénile

La photodermatose printanière juvénile atteint les enfants et adolescents entre 5 et 12 ans. Ayant les cheveux courts, les garçons sont plus fréquemment touchés. Elle apparait après une exposition ensoleillée par grand froid au début du printemps. L’éruption, confinée au bord libre de l’hélix de l’oreille, est faite de papules vésiculo-croûteuses, qui vont disparaitre spontanément en une quinzaine de jours sans laisser de cicatrices. Après deux à trois poussées, l’affection s’atténue mais elle peut récidiver les années suivantes.

Le traitement se résume par le port d’une protection vestimentaire des oreilles pour prévenir les récidives associée à une corticothérapie locale qui diminue la durée de la poussée.

[(51) (52)]

8.4.4.2 Lucites débutant à l’âge adulte mais pouvant être rencontrées chez l’enfant

§ La lucite estivale bénigne (LEB)

La lucite estivale bénigne est la plus fréquente des lucites. Elle débute en général entre 20 et 30 ans, avec une nette prédominance féminine (85% des cas). La LEB apparait quelques heures ou quelques jours après les premières expositions solaires intenses de l’été. Le plus souvent, elle apparait sous la forme de petits boutons très prurigineux, au point qu’ils peuvent gêner le sommeil. Les lésions touchent principalement le décolleté, les épaules, les avant-bras et le dos des mains. Le symptôme le plus caractéristique est l’absence d’atteinte du visage.

Au fur et à mesure des expositions, l’éruption diminue en intensité, puis s’efface en une quinzaine de jours sans cicatrice. Cependant la LEB récidive chaque année souvent en s’aggravant : apparition de plus en plus tôt dans la saison, survenue pour des expositions modérées, extension de la surface corporelle atteinte…

Bien que très commune, la LEB peut être évitée en utilisant des produits de protection solaire.

80 § La lucite hivernale bénigne (LHB)

Cette photodermatose se présente sous la forme d’une éruption affectant le visage et faite de plaques rouges souvent œdémateuses et ressemblant à de l’urticaire. Elle apparait chez les enfants et les adolescents soumis à une exposition lumineuse importante et brutale par un soleil réfléchi par la neige. Cette manifestation semble être l’expression de la LEB dans des conditions climatologiques un peu particulières car elle survient principalement chez des sujets atteints de LEB.

§ La lucite polymorphe (LP)

La lucite polymorphe est une photodermatose qui affecte aussi bien l’homme que la femme. Elle peut débuter à n’importe quel âge avec un pic en période prépubertaire. L’éruption démarre en général au printemps quelques heures ou quelques jours après une exposition solaire de courte durée. Elle augmente pendant l’été et ne s’améliore qu’à l’arrivée de l’automne.

L’éruption, faite de papules érythémato-prurigineuses, affecte toutes les zones exposées (décolleté, bras) mais contrairement à la LEB, la lucite polymorphe peut toucher aussi le visage principalement le nez, les joues et le menton.

Si le prurit disparait en quelques jours, l’éruption persiste 2 à 3 semaines en l’absence d’exposition. A l’inverse de la lucite estivale, toute nouvelle exposition entraîne une récidive même une fois que la peau est bronzée, ceci pendant toute la période ensoleillée.

L’évolution de la LP est chronique, récidivante pendant une dizaine d’années avec une tendance à l’aggravation, et invalidante car elle empêche les activités extérieures.

81 § L’urticaire solaire

C’est une forme d’urticaire déclenchée par les rayons UV dans la majorité des cas, mais aussi par le visible. C’est une affection rare, sans facteur génétique mais souvent un terrain atopique personnel ou familial est retrouvé. Elle atteint beaucoup plus souvent la femme que l’homme, en général entre 20 et 40 ans.

L’urticaire solaire se manifeste de façon quasi immédiate (moins de 15 minutes) après une exposition solaire, par une éruption érythématopapuleuse très prurigineuse, précédée d’une paresthésie et de sensation de brûlures. Elle siège sur les zones normalement couvertes, le plus souvent le V du décolleté et les avant-bras, alors que le visage et le dos des mains, découverts en permanence, sont le plus souvent épargnés. L’importance de l’éruption est proportionnelle à la durée et à l’intensité de l’exposition : lorsque l’exposition est longue, les lésions sont profuses et des manifestations générales à type de vertige, céphalée voire de malaise, ne sont pas rares.

L’éruption régresse et disparait en moins de 24 heures, sans traitement lorsque le sujet se met à l’ombre. Mais au long terme, l’urticaire solaire est une affection très invalidante, qui réapparait chaque été pendant des années lorsque les rayons UV sont en cause, ou toute l’année lorsque le visible est responsable.

Figure 27 - Urticaire solaire

§ Le prurigo actinique

Le prurigo actinique regroupe deux affections présentant des similitudes cliniques l’une décrite chez les Amérindiens et l’autre chez les Caucasiens britanniques. Ce sont des photodermatoses touchant le plus souvent les filles et débutant avant l’âge de 10 ans. L’éruption est faite de prurigo c'est-à-dire de lésions érythématopapuleuses très prurigineuses, apparaissant l’été sur les parties découvertes mais pouvant atteindre les parties couvertes et persister l’hiver. A chaque exposition solaire, la pathologie se reproduit et peut récidiver pendant plusieurs années. [(51) (52)]

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8.4.4.3 Lucites débutant chez l’adulte d’âge moyen

§ La dermatite actinique chronique

C’est une photodermatose peu fréquente à prédominance masculine et débutant le plus souvent après 65 ans. Elle atteint en majorité les travailleurs extérieurs et surtout les jardiniers. Les sujets présentent quelques fois des antécédents personnels d’allergies et de photoallergies de contact.

L’affection se traduit, au début, par l’apparition de lésions eczématiformes sur le visage avec une limite nette par rapport aux vêtements. Puis au fil du temps, la photosensibilité s’accentue, l’eczéma déborde sur les zones couvertes et persiste l’hiver bien que l’aggravation des lésions l’été soit toujours présente. Les lésions forment alors des placards infiltrés, avec de grosses papules, très prurigineuses, avec présence de zones d’hyper- et d’hypopigmentation, des lésions purpuriques et la perte des sourcils et des cheveux.

L’évolution est le plus souvent chronique mais peut être favorable après plusieurs années.[(51)]

TABLEAU 3 - LES LUCITES IDIOPATHIQUES OU "ALLERGIES AU SOLEIL"

Lucite estivale bénigne Lucite hivernale bénigne Lucite

polymorphe Urticaire solaire Photodermatose printanière juvénile Dermatite actinique chronique Hydroa vacciniforme (rare) Prurigo actinique (rare) Sexe Féminin Féminin Masculin et

féminin

Féminin Masculin Masculin Masculin Féminin

Age 20 – 30 ans Enfants ou

adolescents

Variable 20 – 40 ans 5 – 12 ans 65 ans Avant 10 ans Avant 10

ans

Saison Eté Hiver Printemps et été

Eté Printemps Toute

l’année

Eté Eté

Condition d’exposition

Intense Intense Faible Faible Intense Faible Intense Moyenne

Délai d’apparition 12 heures 5 heures 24 – 48 heures Quelques minutes 24 – 48 heures 24 – 48 heures 24 heures 24 – 48 heures

Topographie Décolleté Visage Visage Zones habituellement

couvertes et découvertes en

été

Oreille (bord

libre de l’hélix) Visage, cou, mains puis extension aux zones couvertes

Visage Visage puis

extension aux zones couvertes Aspect des lésions Papules prurigineuses Plaques érythémato- oedémateux Papules érythémato- prurigineuses

Urticaire Papules vésiculo- croûteuses Eczéma Vésicules ombiliquées Prurigo Evolution : - En cours de saison - A long terme Régression Récidivante Régression Récidivante Persistante Récidivante Amélioration Récidivante Régression Récidive possible Persistante Permanente Régression Récidivante jusqu’à la puberté Persistante Récidivante

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