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Médicaments et ultraviolets : la photosensibilisation cutanée

La photosensibilisation cutanée correspond à une réaction anormalement exagérée de la peau à une exposition solaire à la suite d’une application locale ou à la prise orale d’une substance sensibilisante.

Bien souvent cette réaction est difficile à détecter en période ensoleillée car on peut la confondre avec un coup de soleil classique sauf que pour la photosensibilisation, l’intensité de la réaction est disproportionnée par rapport à l’exposition.

SYMPTOMES

On distingue deux types de réactions de photosensibilisation:

o La phototoxicité : réaction cutanée douloureuse de type « coup de soleil » anormalement intense (apparaissant au bout de quelques heures et disparaissant spontanément à l’arrêt de l’exposition ou de la substance incriminée ;

o La photoallergie : aspect des lésions de type « eczéma » ou « urticaire ». Cette réaction nécessite un contact préalable avec la substance et au moins sept jours d’exposition au soleil pour la sensibilisation initiale. Comme pour les allergies seules quelques personnes prédisposées sont concernées. La régression des symptômes est beaucoup plus lente et peut se manifester à nouveau à n’importe quel moment.

DIAGNOSTIC

ª Rechercher le contact avec un topique photosensibilisant Une photosensibilisation de contact peut être due à :

o Des végétaux contenants des psoralènes responsable de la

photosensibilisation de contact la plus typique dite « dermite des prés ». La circonstance la plus typique est le bain de soleil dans une prairie. L’éruption vésiculo-bulleuse, qui laissera des marques pigmentées, reproduit la forme des plantes ;

o Des parfums : les psoralènes végétaux contenus dans les parfums sont responsables de réactions de phototoxicité : dermite en coulée, dite en breloque, le long de l’application de produit parfumé, érythémateuse puis pigmentée ;

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o Des médicaments topiques, certains filtres solaires contenus dans des crèmes photoprotectrices…

MEDICAMENTS A RISQUE DE PHOTOSENSIBILISATION PAR VOIE LOCALE

Classe thérapeutique Molécules (liste non exhaustive) Risque A retenir Antiacnéique Peroxyde de benzoyle Isotrétinoïne Trétinoïne Adapalène Important

Application de préférence le soir. Le traitement peut être poursuivi si l’exposition solaire est minimale et la protection adéquate (chapeau, crème solaire).

Si l’ensoleillement est intense et ponctuel : suspendre l’application la veille et les 2 jours suivants Anesthésiques

locaux

Benzocaïne

Faible à modéré Eviter l’exposition jusqu’à 4 jours après Antihistaminiques Isothipendyl

Diphénhydramine Faible à modéré

Eviter l’exposition jusqu’à 4 jours après Antiseptiques Chlorhexidine Hexamidine Triclocarban Clioquinol Eosine Bleu de méthylène Fluorescéine Faible à modéré AINS Acide propionique Kétoprofène Piroxicam Important Photoallergie

Kétoprofène : éviter l’exposition jusqu’à 10 jours après

Phénothiazines

Prométhazine

Chlorpromazine Important

Photoallergie

Attention au risque de réaction croisée avec les phénothiazines par voie générale

Psoralènes

Méthoxalène

Furocoumarines Important

Pouvoir photosensibilisant utilisé en thérapeutique

Cas de photoallergie après traitement par PUVAthérapie

ª Rechercher une prise médicamenteuse photosensibilisante

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MEDICAMENTS A RISQUE DE PHOTOSENSIBILISATION PAR VOIE ORALE

Classe thérapeutique

Molécules

(liste non exhaustive) Risque A retenir

Antiarythmiques

Amiodarone

Important

Pigmentation bleue ardoise sur les zones découvertes

Persiste plusieurs mois après l’arrêt du traitement Antidépresseurs Clomipramine Dérivés imipraminiques Amitriptyline Faible à modéré

Amitriptyline : quelque soit le dosage, même les gouttes buvables Pigmentation bleu-gris

Antiépileptiques Carbamazépine Faible à modéré Photoallergies ou allergies avec photoaggravation Antifongiques Voriconazole Griséofulvine Kétoconazole Faible à modéré Phototoxicité Antimitotiques Méthotrexate Fluorouracile Vinblastine Faible à modéré

Eviter les expositions jusqu’à 10 jours après AINS Piroxicam Kétoprofène Diclofénac Acide tiaprofénique Ibuprofène Acide méfénamique Acide niflumique Naproxène Important Faible à modéré

* Kétoprofène : réaction croisée avec benzophénone, fénofibrate

* Piroxicam : réaction croisée avec allergie au thiomersal

* Y compris les suppositoires pour l’acide niflumique

Antituberculeux Isoniazide Faible à modéré Réaction photoallergie de type lichénoïde Cyclines Doxycycline Lymécycline Minocycline Important Mécanisme phototoxique Risque plus important avec la doxycycline

Fibrates Fénofibrate Faible à modéré Possibilité de réaction croisée avec le kétoprofène

Inhibiteurs de l’enzyme de

conversion

Captopril

Enalapril Faible à modéré

Effets cutanés fréquents, photosensibilisation rare Phénothiazines Prométhazine

Chlorpromazine Important

Pigmentation bleutée en cas de prise chronique Psoralènes 5-méthoxy-psoralène 8-méthoxy-psoralène Triméthylpsoralène Faible à modéré

Pouvoir photosensibilisant utilisé à but thérapeutique

Quinolones

Fluméquine Acide pipémidique

Fluoroquinolones Important

Potentiel phototoxique avec gradation du risque : fluroxacine > loméfloxacine > péfloxacine > ciprofloxacine > énoxacine > norfloxacine et ofloxacine Statines Simvastatine Faible à modéré Possibilité de réaction allergique

eczémateuse Sulfamides

antibactériens

Sulfaméthizol

Sulfaméthoxazole Faible à modéré

Photoallergie

Urticaire modéré, vite réversible à l’arrêt

141 Sulfamides diurétiques Furosémide Bumétamide Thiazidique Faible à modéré Photoallergie essentiellement Phototoxicité à forte dose Sulfamides

hypoglycémiants

Gliclazide

Glibenclamide Faible à modéré

Photoallergie

Possibilité d’éruption eczématiforme

TRAITEMENTS

Le traitement est uniquement symptomatique : pour soulager la sensation de brûlure, une crème apaisante sera appliquée. En cas de prurit, une crème à base d’hydrocortisone, voire un antihistaminique par voie orale, pourront être conseillés.

En cas d’œdème associé à des phlyctènes ou de brûlure sévère, une consultation médicale s’impose.

Si la pigmentation persiste, les taches pourront être atténuées à l’aide de substances dépigmentantes telles que l’acide ascorbique, la procystéine ou des dépigmentants végétaux (busserole, mûrier, réglisse…).

Pour les traitements au long cours, responsables de pigmentation ou de réactions répétées, le médecin envisagera un changement éventuel de molécule.

PREVENTIONS

La première mesure à mettre en œuvre afin de prévenir les réactions de photosensibilisation est une restriction de la prise de médicaments photosensibilisants, en accord avec le médecin, pendant la période estivale, lors des départs dans des pays très ensoleillés, aux sports d’hiver ou pour les personnes régulièrement exposées au soleil.

Si la pathologie le permet, il est recommandé de stopper le traitement photosensibilisant une à deux semaines avant et pendant toute la durée de l’exposition.

Dans le cas où la prescription du médicament est indispensable avec un risque réel de photosensibilisation, différentes recommandations doivent être respectées :

o Utiliser des vêtements protecteurs (couleur sombre, tissage épais) o Rester à l’ombre

o Appliquer toutes les 2 heures un produit de protection solaire associant une protection contre les UVB et UVA, à fort indice de protection, formulé sans parfum. Privilégier l’emploi d’écrans minéraux en raison de leur inertie.

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FICHE 10 - Médicaments et chaleur