Partie 3 La méthodologie
3.1. Enquête sur les pratiques didactiques des enseignants en LVE
3.1.2. Exposition et analyse des résultats
3.1.2.3. Utilisation du drama en classe de langue : l'avis des enseignants
Pour approfondir ce sujet, nous ciblons la recherche sur la mobilisation des
pratiques théâtrales chez les enseignants. Les résultats à la question « Avez-vous
déjà pratiqué dans votre carrière l'utilisation de pratiques théâtrales en LVE ? »
sont les suivants :
Oui
Non
Total
Effectifs (cardinal)
359
221
579
Effectifs (pourcentage)
62%
38%
100%
Selon l'étude menée, une bonne majorité, à savoir 62%, mobilisent cet outil en
LVE contre 38% qui ne l'utilisent pas. Cette activité prend plusieurs formes selon
les enseignants :
Effectif
(cardinal)
Effectif
56(en %)
Le jeu de rôle (élèves en situation de communication, création
et coopération des élèves)
263
73
Les saynètes (situations de la vie quotidienne, improvisation
plus ou moins guidées)
215
60
Le théâtre (apprentissage d'une courte pièce de théâtre par
coeur, avec des rôles et un script imposé)
49
14
L'improvisation (seule la thématique est donnée aux élèves)
21
6
Les résultats mettent en évidence deux pratiques de classe davantage utilisées
par les enseignants : le jeu de rôle et les scénettes. Elles possèdent, toutes deux,
des points en commun puisqu'il s'agit d'interpréter un personnage. Le théâtre
semble beaucoup moins présent dans les pratiques professionnelles. Ce faible
pourcentage pourrait éventuellement s'expliquer par le manque de
personnalisation du script.
En ce qui concerne l'improvisation, seulement 6% des personnes interrogées sont
concernées. Il s'agit d'une activité complexe à la fois, pour les élèves
(généralement, de cycle 3), mais également pour les enseignants. En effet,
l'improvisation demande certaines bases préalables afin de comprendre son
locuteur et pouvoir entrer en communication. Cette situation peut déstabiliser
certains élèves qui préféreraient préparer, en amont, leur mise en scène.
L'enseignant peut également avoir des difficultés pour la gestion et l'organisation
de la classe, mais également dans la différenciation pour les élèves qui seraient
en incapacité de produire un discours improvisé.
Nous nous intéressons, premièrement, aux raisons pour lesquelles les deux tiers
des enseignants utilisent le drama dans leur pratique. Pour cela, nous avons
recueilli les réponses à la question ouverte suivante : « Que pensez-vous de
l'utilisation de pratiques théâtrales pour mémoriser une LVE ? ». La grande
majorité des enseignants affirme qu'il s'agit d'un outil favorisant la motivation,
permettant l'implication des élèves, aidant à la compréhension mais qui peut être
complexe à mettre en place. Une minorité d'entre eux souligne le fait que la
communication soit un but final, qui doit passer par ces situations d'échanges
entre pairs. De plus, ces mises en scène feraient sens pour les élèves, leur
permettant de comprendre qu'une LVE sert, avant tout, à communiquer. En effet,
les adjectifs qualificatifs ou groupes nominaux associés de manière récurrente au
drama sont les suivants : « intéressant » (68 fois), « difficile » (64 fois), « bonne
idée » (58 fois), « ludique » (41 fois), « motivant » (32 fois), « utile » (24 fois), «
efficace » (21 fois) et « indispensable » (16 fois).
Nous nous préoccupons désormais des raisons pour lesquelles les enseignants
n'utilisent pas le drama dans leur pratique. Premièrement, la complexité de la mise
en œuvre serait due au niveau des élèves. Certains enseignants de cycles 1 et 2
jugent qu'il leur serait impossible d'organiser des mises en scène, à cause d'un
manque de lexique des élèves : « Fastidieux en cp », « Très intéressant mais peu
utilisable en maternelle », « Pour faire des pratiques théâtrales, il faut
énormément de travail au préalable (acquisition de vocabulaire de base...), mais
cela peut constituer un beau projet ! »
57). L'effectif des classes, trop important, est
également souligné : « Sans doute très bien avec une classe à effectif réduit »,
« Difficile à mettre en place dans une classe de 25 élèves et plus mais parfait pour
travailler l’oral ». De fait, il serait préférable pour certains de mettre en place des
pratiques théâtrales avec un effectif réduit d'élèves. Également, la dimension
affective apparaît dans certaines réponses : les élèves doivent échanger entre
eux, partager leur production à la classe et cela peut paraître complexe pour les
plus réservés : « C'est une bonne chose, pour les classes élémentaires en
revanche. Mais cela peut déstabiliser les élèves qui sont en manque de confiance
en eux. ».
Pour terminer, des enseignants définissent le drama comme étant une activité
chronophage : « Méthode intéressante si on dispose du temps pour l'appliquer »,
« trop long pour faire participer tous les élèves »
58. Il serait sûrement préférable
d'étayer les enseignants réticents face à cette activité afin de leur donner tous les
outils pour expérimenter le drama dans leur classe. Nous illustrons cette idée par
les réponses de quelques enseignants qui affirment un manque de formation aux
pratiques théâtrales, en LVE :
« Pourquoi pas ? Mais je ne vois pas comment faire », « Je me sens peu prête »,
« Pourquoi pas mais il faudrait une formation préalable ! ce serait probablement très
bénéfique pour les élèves », « Pourquoi pas mais comment le mettre en œuvre ? »,
« Cela peut être intéressant, je ne sais juste pas trop comment le mettre en place! »,
« C est une bonne idée mais je ne m'en sens.pas capable. »
Les réponses précédentes montrent l'incapacité de certains professionnels à
expérimenter une nouvelle pratique disciplinaire. Nous pouvons faire l'hypothèse
que cela est dû à leur ancienneté, ou encore, à un manque d'accompagnement ?
En ce qui concerne la formation des enseignants interrogés, une partie d'entre eux
ne pense pas avoir un niveau assez élevé pour organiser et mettre en oeuvre des
séances utilisant le drama :
« Ce doit être intéressant mais difficile pour moi de mettre en place car je manque de
compétences et d aisance en LVE», « Je ne maîtrise pas assez l'anglais pour
utiliser », « Je trouve cela intéressant mais j'aurais peur de me lancer (mise en
œuvre) »
59.
58 Ibidem.
59 Ibidem.
L e drama étant une pratique mobilisant le corps et les gestes de l'élève, nous
décidons d'interroger la population ciblée afin de connaître et analyser leur avis
concernant les effets de la gestuelle sur la mémorisation d'une LVE. Les réponses
à la question : « Que pensez-vous de l'utilisation des gestes pour mémoriser une
LVE ? » démontre qu'une grande majorité de la population pense que les gestes
jouent un rôle important dans le processus de mémorisation. Les gestes sont
qualifiés d': « utiles » (42 fois), « importants » (35 fois), « indispensables » (28
fois), « intéressants » (23 fois), et « essentiels » (23 fois). À quelques réponses
près
60, la mobilisation de gestes en LVE fait l'unanimité de la population
interrogée. Des enseignants approuvent l'efficacité des gestes, tout en rappelant
qu'il ne s'agit pas d'un besoin pour tous les élèves. Pour terminer, certains
enseignants affirment préférer l'utilisation des gestes plutôt que d'avoir recours à
la traduction française. Dans un autre contexte, le passage par la gestuelle peut
être utile pour la lecture, en classe de CP, en langue maternelle (associer, par
exemple, certains phonèmes à un signe de la main).
Nous proposons d'analyser l'utilisation du drama par les professeurs des écoles,
en fonction de quatre facteurs : le cycle d'apprentissage, la langue enseignée, le
nombre d'années d'ancienneté et la région académique.
Dans le document
Les effets des pratiques théâtrales sur l'apprentissage d'une langue vivante étrangère : l'exemple de la mémorisation
(Page 45-48)