Partie 1 Cadre théorique : La pratique théâtrale chez les enseignants : un outil au
1.4. Les pratiques théâtrales en classe de LVE
1.4.2. Un outil didactique : le drama
1.4.2.2. D'autres dénominations du drama
Christiane Page parle de jeu théâtral, qui se définit comme une pratique scolaire
offrant à l'élève la « possibilité de finaliser les apprentissages » et « favorisant le
développement de l'expression et de la créativité, permettant la découverte de
l'autre et aidant à la socialisation. »
45Prisca Schmidt ajoute que le jeu théâtral
possède un lien fort avec l'apprentissage d'une LVE étrangère. Or, Page soulève
une légère variante didactique en parlant de jeu dramatique. Il s'agit d'une forme
de jeu théâtral qui se pratique au sein d'une classe, en groupes d'élèves
restreints, mais guidée par l'enseignant. Il repose sur l'invention d'un projet
dramaturgique et la mise en scène de cette histoire en improvisant. Mais la
pratique ne s'arrête pas là. En effet, ce qui est intéressant est le moment
d'échanges sur la pratique vécue par le groupe et vue par la classe, qui amènera
vers un « re-jeu » (jouer à nouveau le projet dramaturgique). Ainsi, le jeu
dramatique est synonyme de jeu improvisé qui demande à l'élève de s'exprimer
devant ses pairs. Durant ses recherches, Prisca Schimdt se rend compte que le
jeu dramatique demande une expression corporelle accentuée et affirme que les
« signes métalingistiques » sont importants dans la communication (Schmidt,
2006).
Dans son article Le jeu dramatique : de la proposition au choix
46, Christiane Page
présente un dispositif possible à mener en classe. Pour commencer, chaque
groupe d'élèves imagine une fiction courte, échange ses idées et doit déterminer
une fin à l'histoire. Suit une expérimentation improvisée devant le groupe classe
de ce qu'ils ont imaginé, dans un espace bien délimité. Par la suite, des échanges
se créent entre les joueurs et les observateurs
47. Il s'agit là d'exprimer son ressenti
sur ce qui a été vécu, de conseiller, de proposer des variantes, de donner d'autres
pistes à envisager, etc. Pour terminer, l'enseignant synthétise tout ce qui a été dit
afin d'élaborer une proposition au groupe d'élèves qui jouera, de nouveau, une
fiction. Les élèves ne rejoueront pas obligatoirement la même histoire puisque le
but premier est de remobiliser les compétences et capacités de l'élève en tant que
joueur.
Cette définition du jeu dramatique rejoint celle de Jacques Frot, pour qui quatre
étapes composent la pratique du jeu théâtral : le lancement du thème par
l'enseignant, la négociation au sein d'un groupe élèves, l'essai de jeu devant la
classe et le « re-jeu », après un temps d'échange avec les autres élèves de la
classe. De plus, il n'y a pas de représentation devant un public extérieur.
Cependant, dans son article Education populaire et jeu dramatique, Jacques Frot
met l'accent sur l'importance de l'écoute lors du jeu dramatique. En effet, il fait
46 Page Christiane. Le jeu dramatique : de la proposition au choix. Mise au travail des idées de
Winnicott dans le champ des activités théâtrales à l'école. In: Revue française de pédagogie,
volume 130, 2000. L'administration de l'éducation. pp. 133-141.
47 Le terme « joueur » est volontairement choisi puisqu'il s'agit de jouer une histoire de manière
improvisée et non de mettre en scène un scénario pré-élaboré (qui correspondrait au terme
« acteur »). De la même façon, il est question d'observateur et non de spectateur (comme au
théâtre où il s'agit d'assister à une scène) car les élèves observent, examinent et relèvent
certains éléments pour pouvoir faire un retour à leurs pairs.
appel à une grande capacité d'écoute pour chaque joueur afin de pouvoir entrer
dans l'imaginaire d'autrui et s'adapter en imaginant à son tour une suite cohérente.
D'après Javier Suso López (1998), il existe une frontière entre la dramatisation et
le jeu : l'implication personnelle. En effet, cette dernière permet de construire un
univers fictif. De fait, la dramatisation devient « une simulation »
48.
Après avoir joué leur projet, il est important que les élèves fassent ensemble un
bilan de leur expérience afin de pouvoir s'améliorer. Plusieurs avantages à
l'utilisation du jeu dramatique s'offrent aux élèves : développement de
l'apprentissage, mise en œuvre d'un projet collectif, échanges socioculturels, sans
oublier le plaisir (Page, 2004).
Javier Suso López distingue le jeu de rôle, dans lequel il cherche à être quelqu'un
d'autre, et la simulation, dans laquelle l'apprenant cherche à être dans un autre
lieu. Le jeu de rôle se définit, selon la Fédération Française de jeux de Rôle,
comme « un jeu où chaque participant interprète un personnage et participe à la
création d’une fiction collective »
49. De fait, il est au service des apprentissages
tout en étant ludique et motivant pour les élèves. En ce qui concerne l'activité, elle
consiste pour l'élève à interpréter un personnage réel ou imaginaire dans un
environnement fictif. Il est possible de mobiliser du matériel pour créer un contexte
adapté. D'après Bailly, l'intérêt du jeu de rôle est de simuler une situation
d'interaction verbale. L'enjeu est de « tester la solidité du transfert accompli à
partir d'un apprentissage donné. » Par exemple, les saynètes envisagées peuvent
permettre de réinvestir ce qui a été appris.
Javier Suso Lopez fait également la différence entre jeu de rôle et jeu de métier.
En effet, dans le jeu de métier, l'élève possède un rôle professionnel. Par
exemple, un binôme d'élèves peut jouer la relation serveur-client dans un
restaurant, ou encore, vendeur-client dans une boutique. Ce type de jeu ne laisse
48 LOPEZ, Javier Suzo. Jeux communicatifs et enseignement, apprentissage des langues
pas de place à l'improvisation et encadre les joueurs dans un échange linguistique
préétabli (avec des formulations et un lexique professionnel récurrents). Verneuil
appelle ce type d'échanges, les « jeux de rôles professionnels » (Verneuil, 1986).
L'idée de jeu est accentuée dans les propos de Tremblay : « Dans le jeu de rôle,
les participants jouent, ils font semblant, [...] » (Tremblay, 1988, p.111). Or, il
dissocie le jeu de rôle et la simulation. En effet, dans le jeu de rôle, le « participant
devient un personnage précis, doté d'un passé et d'une personnalité, alors que,
dans une simulation, il occupe une fonction précise mais reste lui-même »
(Tremblay, 1988, p.112).
En définitive, l'apprentissage d'une LVE se traduit, notamment, par la
mémorisation des termes lexicaux et des structures grammaticales. Pour cela,
l'enseignant doit mettre en place des situations favorisant le mécanisme de
mémorisation. Cela peut être mis en corrélation avec les IO qui soulignent
l'utilisation de la perspective actionnelle. En effet, lorsqu'un individu communique
avec autrui, il est physiquement en mouvement (utilisation de gestes, par
exemple). Le drama est un exemple d'outil, s'inscrivant dans la perspective
actionnelle et mettant en avant les relations de communication entre pairs.
Partie 2 - Définition de la
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Les effets des pratiques théâtrales sur l'apprentissage d'une langue vivante étrangère : l'exemple de la mémorisation
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