Partie 3 La méthodologie
3.2. La pratique théâtrale dans une classe de cycle 3
3.2.2. Observations et analyse des résultats
Dans un premier temps, nous analysons les résultats de l'évaluation orale, que
nous mettrons en lien, dans un second temps, avec l'évaluation écrite. Pour
rendre compte des résultats de l'expérience, nous décidons de considérer le
pourcentage
72de réussite des élèves.
3.2.2.1. Résultats de l'évaluation orale
En fonction de la classe A (avec mobilisation du drama) ou de la classe B (sans
mobilisation du drama), les résultats concernant la mémorisation des mots de
lexique et des formulations sont distincts. Ces derniers se présentent de la
manière suivante :
Classe A
Classe B
Écart
Évaluation orale
82%
68%
14 points
71 Pour les réponses correctes, dans la grande majorité des cas, les élèves ont donné une
réponse en moins 3 secondes.
Nous notons un écart de quatorze points entre la proportion de termes mémorisés
avec et sans l'utilisation du drama. De fait, pour ces deux classes, l'utilisation du
drama faciliterait la mémorisation par rapport à un apprentissage traditionnel
(répétition des termes en s'appuyant sur des flashcards et jeu de Kim). À la suite
de ce constat général, nous évaluons les différents types de termes proposés. Le
taux de réussite est le suivant :
Classe A Classe B
Classe A Classe B
Mots inconnus
90%
75%
an appointment
81%
92%
ill
85%
77%
a fever
100%
65%
aches
96%
65%
Mots partiellement
connus
82%
67%
water
81%
77%
tomorrow
85%
65%
morning
81%
58%
Mot transparent
96%
100%
the doctor
96%
100%
Formulations
inconnues
63%
42%
I would like
65%
31%
I'm not feeling very well
62%
54%
Moyenne
82%
68%
Même si nous notons un pourcentage total plus élevé pour la classe A (82%
contre 68% pour la classe B), ce n'est pas le cas pour deux termes de la liste ( an
appointment ; the doctor).
Il est étonnant de constater que pour les deux populations, les mots inconnus ont
mieux été mémorisés que les mots partiellement connus. Inconsciemment, ont-ils
été moins travaillés du fait que certains élèves les connaissaient ?
Nous observons, durant l'évaluation orale individuelle de la population A, que 23%
des mots ou formulations ont été accompagnés d'un geste. Cela représente un
total de 65% des élèves qui ont utilisé au moins une fois un geste –
Utilisation
d'un geste
Utilisation
d'un geste
Mots inconnus
34%
an appointment
35%
ill
12%
a fever
23%
aches
65%
Mots partiellement
connus
17%
water
15%
tomorrow
27%
morning
8%
Mot transparent
4%
the doctor
4%
Formulations
inconnues
15%
I would like
15%
I'm not feeling very well
15%
Moyenne
23%
Les mots inconnus ont davantage été accompagnés d'un geste de l'élève (34%).
Contrairement, au terme transparent « doctor » qui a été accompagné d'un geste
pour une seule élève (4%). La différence de mobilisation de gestes peut
s'expliquer par le sens du mot. En effet, il est facile d'associer un geste pour les
termes « a fever » ou « aches », mais plus compliqué pour les termes « morning »
et « ill ». En ce qui concerne les formulations, elles sont accompagnées de gestes
pour 15% des élèves. Pour les deux formulations, il s'agit des mêmes qui ont
utilisé un geste.
Nous nous intéressons désormais à certains facteurs qui peuvent entrer en jeu
dans cette expérience, comme le niveau de classe des élèves et le sexe. Le
tableau ci-contre exprime le taux des réussites des élèves en fonction de leur
niveau de classe :
Classe A
Classe B
Écart
Élèves de CM1
72%
58%
14 points
Élèves de CM2
88%
74%
14 points
Écart
16 points
16 points
Il en est de même pour l'écart entre les niveaux de classe, puisque 16 points
séparent les élèves de CM1 et les élèves de CM2, de la classe A et B. Ainsi,
l'utilisation du drama, pour ces classes-là, n'augmente ni ne réduit l'écart entre les
deux niveaux de classe, comparé à l'utilisation d'une didactique des langues plus
traditionnelle. Nous constatons que l'écart entre la classe A et la classe B est le
même pour les élèves de CM1 et les élèves de CM2 (14 points). Ce chiffre
accentue la fiabilité de l'effet du drama, puisque pour ces deux niveaux, l'écart est
identique pour la population A (avec et sans drama) et pour la population B (avec
et sans drama). De fait, dans cette expérience, l'importance de l'effet positif du
drama ne dépend pas du niveau des élèves – et donc, ni de l'âge –.
Le sexe des élèves peut également être un facteur à prendre en compte. Ci-joint,
le taux de réussite des élèves en fonction de leur sexe :
Classe A
Classe B
Écart
Filles
83%
74%
9 points
Garçons
81%
64%
17 points
Écart
2 points
10 points
D'après les statistiques, le drama serait davantage efficace pour les garçons de
cette population, puisque 17 points séparent le taux de réussite des classes A et
B. Cependant, nous ne notons pas d'importantes différences entre les filles et les
garçons de la classe A mobilisant le drama (2 points d'écart). Contrairement à ce
résultat, 10 points séparent le taux de réussite des filles et celui des garçons dans
la classe B.
3.2.2.2. Résultats de l'évaluation écrite
L'évaluation écrite consistait à traduire 10 mots de lexique et formulations, en
anglais. Nous décidons de considérer qu'une réponse est validée, si et seulement
si, l'orthographe est correcte. Les résultats de l'évaluation écrite (réalisée en aval
de l'évaluation orale) sont les suivants :
Classe A
Classe B
Il peut sembler surprenant d'obtenir exactement le même taux de réussite pour les
deux populations ! Cela correspond à une moyenne pondérée. Cependant, la
moyenne de la différence entre l'évaluation orale et l'évaluation écrite est
distincte : l'écart est plus important pour la classe A, mobilisant le drama (36 points
contre 22). Cette baisse est due à la contrainte orthographique. En effet, certains
mots écrits sont phonétiquement corrects, mais orthographiquement incorrect. Par
exemple, un élève de la classe A traduit « demain » par « tomorow* » (la lettre R
n'a pas été doublée)
73. La phonétique du terme est inchangée, mais la validité du
mot n'est pas admise. De même, une autre élève de la classe A comptabilise 60%
de réussite à l'oral, contre 0%, à l'écrit
74. Cette baisse est en lien avec la difficulté
d'orthographier correctement les termes. Ainsi, l'écrit peut être une barrière pour
une majorité des élèves, et plus davantage, pour les élèves ayant des difficultés
au niveau de l'écriture ou l'orthographe. Sachant que l'écrit n'est pas une fin en soi
– puisque la langue doit avant tout être entendue et produite oralement –, il
semble donc primordial de fixer l'oral avant d'entamer la phase écrite.
Dans le document
Les effets des pratiques théâtrales sur l'apprentissage d'une langue vivante étrangère : l'exemple de la mémorisation
(Page 57-61)