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Nouveaux édifices en construction pour la relocalisation des habitants de la villa

Rodrigo Bueno.

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même endroit, je ne serais plus avec ces gens que je connais. Ici, j’ai mon logement et mon commerce, c’est ma manière de vivre. Eux là bas, ils me proposent un logement seulement, pas un commerce et moi je vis de ca. Je ne veux pas bouger parce que je vis comment après ? Mais eux, ils nous disent qu’il n’y a pas d’autres solutions et que à la fin on va tous

bouger là bas.”

Entretien avec une habitante de la villa 31.

Dans le cas de cette habitante, la relocalisation implique donc la perte de sa principale source de revenus. Il s’agit de spécifier que dans les projet de ces nouveaux logements, certains locaux commerciaux ont été prévus mais que, comme un fonctionnaire de la SECISyU a pu me l’expliquer, leur proportion dans les nouveaux bâtiments n’est pas suffisante par rapport à la quantité d’habitants disposant d’un commerce dans la villa. Par ailleurs, la régularisation entraîne que les habitants ne disposent pas du droit de louer leur logement. Il me semble que cet aspect est à prendre en considération lors de la réflexion sur la question abordée précédemment de la régularisation et de son impact sur les conditions socio-économiques des familles. En effet, d’un côté, la régularisation implique de nouveaux frais calculés sur la base des revenus des ménages avoir le logement autoconstruit. En

effet, comme j’ai pu l’aborder dans la première partie de ce mémoire, une des caractéristiques du logement dans la villa est sa flexibilité; celle ci offre à ses habitants une opportunité de dévelloppement économique avec par exemple un rez de chaussée utilisé comme local commercial ou des étages utilisés pour la location.

“Il y a une quantité importante de familles qui vivent de bénéfices engendrés dans l’espace de leur maison. Il est difficile de chiffrer réellement ce pourcentage par ce que par exemple les propriétaires qui louent un espace de leur maison, de manière informelle, refusent souvent le recensement par peur, parce que

c’est une location illégale.”

Entretien avec un fonctionnaire de l’IVC travaillant sur le projet de ré-urbanisation

de Rodrigo Bueno.

Dans ces conditions, le passage de cette structure de logement auto construit aux logements collectifs suppose une évolution de la logique d’usage de l’entité du logement:

“Moi je ne veux pas partir, ici (Bajo Autopista) je vis toute seule, je vis de mon commerce, je vends des boissons. Ici tout le monde me connaît, c’est le gens du quartier et de la rue qui m’achète. Si j’accepte la relocalisation, je ne serais plus au

114 C- IMP ACTS D E L ’INTER VENTI ON D E L ’ET AT SUR LES D YN AMI QUES URB AINES ET SOCIALES D E LA VILLA.

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115 03. AN AL YSE D U P ROCESSUS D’URB ANISA TI ON À TRA VERS L ’ÉTUD E D E CAS D E LA VILLA 31.

tandis que de l’autre la relocalisation peut entraîner, pour certains d’entre eux, une perte de ces revenus. Au cours d’une discussion avec un membre de la SECISyU à ce propos, celui m’a expliqué que l’institution est consciente de cette problématique et que bien qu’il y ait une réflexion menée sur le sujet aucune solution n’a pour le moment été trouvée. Dans le cadre de la conception de notre projet pour le secteur de Bajo Autopista abordé précédemment, nous avions par ailleurs, cherché, par le biais d’habitants de la villa, à réaliser des entretiens avec les ménages relocalisés pour comprendre l’impact à court terme de cette relocalisation. Toutefois, aucune famille n’a accepté de s’entretenir avec nous “par méfiance ou par peur”.

Enfin, certains témoignages expriment également que cette transition entre le logement dans la villa et les logements collectifs provoque d’une certaine façon une évolution de la façon dont les habitants se socialisent dans le cadre de leur milieu résidentiel :

“Ils disaient que ce qui les avaient marqué après le déménagement, c’est la transition des relations avec leurs voisins. C’était une transition entre être avec tes voisins, partager un maté, un asado dans la rue, à être chacun enfermé dans ton appartement. Il n’y

avait plus cette réalité de pouvoir partager des moments comme avant,

d’être unis dans tous les aspects.”

Entretien avec une habitante de la villa 31 ayant été visité les logements

construits par l’IVC dans la villa 21-24.

La relocalisation dans des logements collectifs semblent donc d’une certaine façon impliquer une évolution de la vie communautaire et des relations sociales entre les habitants. La vie dans un appartement impliquerait alors le développement d’un mode de vie plus individualisé. Il me semble donc que ces éléments soulevés par les habitants peuvent amener à un questionnement, en tant que futur architecte, de la flexibilité d’usage des logements collectifs. L'exécution actuelle du projet de ré-urbanisation de la villa 31, exprime la redéfinition profonde des rapports entre les politiques urbaines et ce quartier à la fois marginalisé et central. Après 80 ans de revendications pour l’urbanisation de la part des habitants, cette étape pose de nouvelles questions et génère toujours de grands défis à la fois concernant la participation communautaire, la régularisation ou encore l’impact de ce projet sur la vie des habitants du quartier.

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Villa 31, photo personelle.

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Conclusion.