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Il n'est pas inutile âe dire un mot de l'univers am@Sll.tu© pour manifester, par voie de contraste, la place exacte qu'occupe l'homme pariai les êtres Intellectuels. S'il est vrai Se dire qu'il appartient

s la sagesse â' ordonner les choses, "nam sapientis est alios ordinare" (33), ce sera è. travers l'ordre qui se trouve dans l'univers tout entier

qu'éclatera la véritable nature de l'intelligence humaine et sa capa­ cité d'atteindre les choses. Saint Shomas nous enseigne que la créa­ ture spirituelle qu*est l'ange a toutes les perfections qui lui con­

viennent dos le premier Instant de sa création. Elle possède tout Ce

qui concourt à former sa nature propre: même toutes ses idées grâce auxquelles l'ange connaît l'univers que le Créateur a décidé de créer, lui viennent directement de Dieu.

"Potentia vero intellectiva in substantiis spiritualibus

superioribus, id est, in angelis, naturaliter completa est per species intelllgiMles coxmaturales, in quan­ tum habent species intelllgiMles connaturales ad omnia, intelligenda quae naturaliter Cognoscere possunt...$1 hoc etiam ex ipso modo essgââl hujusmodi substantiarum appa­ ret, ..Substantiae vero superiores, id est, angeli, suat

a corporibus totaliter absolutae, Immaterialiter et in

esse Intelllgiblli subsistentes; et ideo sum perfectio­ nna consequuntur per intelligibilem effluxum, quo a Deo species rerum cognitarum acceperunt simul cum intellec­

tuali natura...." (34).

"Dicendum quod,.... ea quae in Verbo Dei ab aeterno praeex-

tlterunt, dupliciter ab eo fluxerant:

tm

modo, in intel­

lectum angelicum; alio modo, ut Wbsisterent in propriis

hoc.tjuod Beos menti angelicae ingressit rertm sisllitu» dines, quas in ##a@ naturali produxit. In Verbo antea Bel ab aeterno* ©xtifceru&i non solum, rationes rerum cor- poralium» sed etiam rationes omnium spiritualium crea­

turarum. Si e igitur unicuique spiritualium creaturarum a Verbo Dei impressae sunt omnes rationes rerum osmium

tam corporalium coma spiritualius. Ita tamen quod uni­ cuique angelo impressa est ratio suae speciei, secundum asse naturale et iatelligfbile simul, ita scilicet #od

in natura suae speciei subsisteret, et per eam se Intel-

ligeret; allant»» vero naturarum tam spiritualium quam

corporalium, rationes sunt ei impressae secundam esse intelllgibile tentum, ut vidilioet per hujusmodi species Impressas, tam creaturas corporales quam spirituales co­ gnosceret" (35).

H existe, come bien on pense, une différence profonde entre les espèces infuses de l'ange et les espèces acquises de l'homme. L'ange, selon son degré de perfection, possède des espèces do moins

m

moins nombreuses, mais dans un petit nombre d’espèces, connaît plus

de choses et les connaît mieux. Voici ce que saint %boma* enseigne à ce propos:

"sic igitur, quanto angelus fuerit superior, tanto per pauciores species universalitatem tatelliglMlium appre­ hendere poterit" (36).

"Similitude vero intellectus substantiae separatae, quum sit universalis virtutis, quasi quaedam una et Immate­ rialis existons, potest ducere in cognitionem princi­ piorum speciei et Individuaatium, ita quod per eam subs­

tantia separata non solum materiam generis et speciei, sed etiam individui cognoscere possit per suum intel­ lectum. Beo sequitur quod forma per quam cognoscit sit materialis, vel sint infinitae secundum numerum indivi­ duorum".

"Adhuc, quod potest inferior virtus potest et superior,

sed eminentius; unde virtus inferior operatur per multa, virtus superior per unum tantum operatur; virtus enim quanto est superior, tanto magis colligitur et unitur;

© contrario vero virtus inferior dividitur et multi­

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suae quinque sensus exbsriores percipiunt tma vis sessus éommais apprehendit. Anima, autem Imam est inferior or­ dia© naturae #am substantia separata. Ipsa autem cognos-

citiva est universalium et singulariim per to principia,

scilicet per semsum et intellectum. Substantia igitur se­ parata» suae est mitior, cognoscit utrumque alfcioti modo

per unum principium» scilicet intellectu# (37) •

Eous voyons d’epiès ces textes que la faculté de connaissance chez l’ange est plus unifiée» moine diffuse que chez l’homme. Oelui-ci aura besoin d’une multiplicité de facultés de conn&i essence pour atteindre les choses et chaque faculté %, son tour» aura besoin d’une multiplici­ té de moyens de connaître, si bien que pour (âmque chose il lui faudra une nouvelle espèce sensible ou intelligible selon le cas.

# Intellectus autem noster, quia infirmum gradum tenet in substantiis intellectualibus, adeo particulates si-

mllitudlnes requirit quod unicuique cognoscibili proprio

oportet respondere propriem similitudinem is ipso..."(38).

A mesure qpe nous descendons dans la Ménardbâe des intelligences, à mesure que noue noue éloignons de la perfection de la connaissance

divine, l’objet s’éloigne ai devient, pour ainsi dire* moins connu.

Cette conclusion ressort des textes que nous venons de citer. Hors avons vu, en effet» que plus une intelligence aagSlique est supérieure, moins elle a d’espèces, mais mieux elle connaît l’objet, plus die le pénè­

tre; inversement moins l’Intelligence angélique est parfaite, plus elle a d* espèces et moins elle pénètre les choses. Donc en descendant l’é­

chelle angélique les espèces se multiplient et l’objet s’éloigne de l’in­

telligence. Au terne de cette dégradation se trouve une Intelligence qui n’a aucune espèce infuse* une intelligence qui est obligée de recher­ cher ©lle-mêm© son propre objet; c’est le cas de l’homme (39).

33,

A c© propos notons de suite avec saint Sübomae que 1* homme comma- nie en quelque sorte à deux ordres le corporel et l’Incorporel*

rt®i Inde est quod anise, intellectualis dicitur ease qua­ si quidem horizon et. confinium corporeorum et Inoo*, poreorra» In quantum est substantia incorporea» carpo»

rie tamen ferma* (W).

Pour tout dire, selon 1* expression de la Somme Shéologlque: l’in»

telligence humaine "medio modo ®e beat" (4l) dans toute cette vaste

oeuvre qu’est la création, l’intellect humain, en effet, n’est pas l’ac­ te d’un organe et cependant 41 a’ est pas une entité séparée parce que

faculté d’une ta© appelée &, informer un corps. Bous pouvons donc souli­ gner immédiatement que l’intelligence humains, vu la position intermé­ diaire qu’elle occupe entre le monde angélique et le monde purement cor­ porel, ne pourra pas saisir d’abord et avant tout n’importe quel objet. Hile ne pourra pas saisir directement les choses purement spirituelles; elles la dépassent. Elle ne pourra non plus saisir directement les cho­ ses purement matérielles, parce que trop inférieures. Bs. résumé, l’in­ tellect humain aura un objet propre et proportionné tel que l’exige l’état particulier o& il existe.

2*~ 3^a condition particulière de l’intelligence humaine.

Si Dieu crée une intelligence Inférieure à celle des anges, il

faut que ce soit l’intelligence humaine, parmi toutes les intelligm@es

la dernière et la plus infime. Saint Thomas nous l’enseigne quand il écrit:

"Anima humana est ultima secundum naturae ordinem in gra­ dibus Intellectus" (1*2).

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"

Mais nous pouvons nous demander comment elle s1 exerce en tant qu* intelligence. Cornent pourra-t-olle connaître? La question a son importance quand nous songeons eue saint Shomaa enseigne qu’à X’en- contre de l’ange, tout n’est pas donné à l’Intelligence humaine dès le premier instant de sa créations Sa tant que faculté, elle est d'a­ bord table rase et ne contient rien qui puisse lui permettre de con­

naître. Kilo devra acquérir ses idées en partant de l’expérience, a’ay­

ant aucune espèce infuse. Gela lui sera nécessaire, non pas parce que l1 objet, son objet propre et proportionné, est un être morcelé et im­ parfait, mais avant tout et surtout & cause de sa propre faiblesse na­

tive. 1’intelligence humaine, a cause de sa pauvreté a besoin de 1* ex­

périence; c’ est à partir des Choses matérielles, des êtres les plus inférieurs, qu’ elle doit acquérir toutes ses espèces intelligibles

qui lui permettront de connaître. C’est donc dire qu’elle doit cher­ cher son objet su-dehors d’elle-même, 301e doit constater au dehors, dans les êtres très limités et imparfaits du monde de la matière, les

"fragmentations* de vérités que constituent cas êtres en eux-mêmes et dans leurs relations mutuelles. A partir de ses faibles reflets de l’DMque Vérité, l’homme pourra alors S’élever par ses jugements et ses raisonnements jusqu’à la Vérité Suprême elle-même. La fol viendra em­

piéter son trésor de vérité, lequel ne pourrait jamais être aussi ri­ che sans ce secours de l’ordre surnaturel, l’homme laissé à ses propres forces, ne pourrait jamais aspirer à si haut.

'

Ba sus le monde matériel, à cause même des principes intrinsèques qui le composent doit être considéré corne essentiellement Imparfait.

La matière première ne saurait aucunement être principe âe perfection,

lotus pouvons donc immédiatement inférer que le monde matériel doit être inférieur au point de vue être, et par suite au point de vue vé­ rité, ai tant est que l’être et le vrai soient convertibles. La véri­ té, par conséquent» qui se trouve dans notre Cosmos est morcelée et ce morcellement atteint son maximum dans les principes mêmes de notre monde mobile, la matière et la forme, qui ne sont aucunement des êtres par soi. C’est donc dire que les êtres qui nous entourent sont si peu êtres et si peu vrais que l’intelligence humaine ne peut les attein­ dre qu’è l’aide des sens. Les sens, sous ce rapport, seront ordonnés aux choses en vue de l’intelligence,

3«** Dépendance de l’intelligence humaine de la matière.

Saint fhom&s enseigne, après Aristote, que l’âme humaine est une forme naturelle en ce sens que^^i- elle-même elle m peut être me espèce complète; elle doit informer m corps pour former avec lui une unité substantielle, Si l’âme, comme d’ailleurs toute forme natu­

relle, est supérieure à la matière et plus parfaite qu’elle, il reste vrai que le tout, composé de matière et de form, est plus parfait que ses principes constitutifs, puisqu’ il est plus complet. Sa effet, le Docteur Angélique écrit à ce propos:

"Quamvis anima sit dignior corpore» tamen unitur ei ut

pars totius hominis, quod quodammodo est dignius anima,

Inquautum est completius" (43).

Or, en maints endroits de son oeuvre, il nous appelle que l’âme humaine

concevoir Sans son état naturel, à la façon des substances séparées (44),

Mais puisque ce qui nous intéresse c'est moins l'âme elle-même que l’in­ telligence, sa propriété, c'est de cette dernière que sous allons sur­ tout parler. Gommnt vit-elle ile. comment connaît-elle et comment saisit- elle les différents objets qu'elle peut atteindre?

Après avoir montré qu'il est naturel a l'âme humaine d’etre unie au corps pour former avec lui un© unité substantielle, saint ïïhomas

enseigne, dans le Be Veritate, que la faculté intellective doit se ser­

vir du corps pour entrer en possession de son objet propre. Sa d'autres termes, la matière devient pour la connaissance humaine une nécessité non seulement parce que l'intelligence requiert le corps peur attein­ dre son objet, mais aussi parce que toute connaissance doit lui venir des choses matérielles. Saint Shomas écrit, en effet, à ce sujet:

"Et ideo, quando anima primo creata corpori infunditur,

non datur ei aliquid de intellectual! cognitione nisi per ordinem ad corporeas potentias; ut pote quod per intelligfbilia in actu* quae sunt potentia intelligi- bilia, et per intellectual possibilem recipere species Intelligibiles sic abstractas, at inde est, quod quem- diu habet esse conjunctum corpori ia statu hujus viae, non cognoscit illa quorum species in ipsa conservantur, nisi inspiciendo ad phantasmata. %t propter hoc nec re­ velationes ei aliquae divinitus fiunt sub speciebas phantasmatum, nec ipsas substantias separatas intelli-

gere potest, utpote quae sufficienter per sensibilium species cognosci non possunt" (45).

Bt ailleurs, il ajoute;

"Objectum antea proportienatum nostri intellectus pro hoc statu unionis ad corpus est qulddltas rei sensi­

bilis et quidquid per eomotationem ad illam cognos­

cibile est" (45).

35

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problème, non pas Se la connaissance comme telle, mais de la connais­ sance humaine lei-'bas. Houe allons nous arrêter & la pensé# de saint Thomas contenue dans oe que nous venons de citer, car nous jugeons que

la solution que nous allons apporter à notre problème, à savoir la con­

naissance que 1*homme peut avoir du slngoliw matériel, ae manifestera

mieux.

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