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Ad tertium Dicendum quod cognitio singularium non pertinet ad perfectionem animae intellectivae secundum co­

H.- la connaissance humaine.

11 Ad tertium Dicendum quod cognitio singularium non pertinet ad perfectionem animae intellectivae secundum co­

gnitionem speculativam; pertinet tamen ad perfectio­ nem ejus secundam cognitionem practice®, quae non perficitur absque cognitione singularium, in quibus est operatio.,," (181).

11 eat donc manifeste que 1’Aquinate reconnaît a 1’intelligence humaine une connaissance distincte et propre du singulier matériel*

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me connaissance confuse expliquerait difficilement sa pensée telle qu’elle se dégagé fie ses écrits, alors qu’il traite de la connais- sauce refisse et Su jugement, surtout pratique, de la prudwee, où me cornai esauoe dé terminée du singulier matériel est nécessaire pour la vie morale concrete de chaque individu (182).

Botre intelligence, par conséquent, à l’encontre Su sms, a*at­ teint le singulier que par une connaissance indirecte. 11 ne faut pas inférer de cela, cependant, que notre connaissance intellectuelle du singulier matériel ne soit ai propre ni distincte. Saint Thomas

n’enseigne-t-il pas plutiSt que l’intelligence l’atteint d’une façon supérieure au sens? (183)• H n’est pas plu© question d’une connais** sans© imparfait®, en ce sens qu’elle serait obscure et confuse. De plus, nous ne connaissons pas le singulier directement comme le fait l’ange. Gela relève de l’imperfection même de notre intelligence, qui doit abstraire ses espèces des choses sensibles, l’ange, au con­ traire, connaît directement ce singulier matériel par les espèces qu’il tient de Dieu,

Ainsi l’ange participe à la science de vision en Dieu. Dans un cas, comme dans l’autre, le singulier matériel n’est pas connu ’’per adaequatIonem, seâ per universalitatem”, mode immatériel et nullement selon m mode matériel. Autrement dit, le mode de la chose en soi n’est pas le mode de la chose en tant qu’elle est dans notre intelli­ gence. C’est pour avoir confondu ces notions que Platon et ses disci­ ples sont tombés dans l’erreur. Ils considèrent le mode de la chose

Saint Shows, lui, nous enseigne qu’une connais canoë universelle a’ exclut pas une connaissance Su singulier matériel, car il écrit:

"Plus une puissance cognoscitive est élevée plus elle est universelle: ce qui ne veut point dire qu’elle connaisse seulement la nature universelle, car alors plus elle serait haute, plus elle serait imparfaite* puisque ne connaître qu’universellement* c’est con­ naître imparfaitement, et rester entre la puissance et l’acte. Si donc l’on dit que la connaissance plus hau­ te est plus universelle, c’est parce qu’elle s'étend à plus d’objets et pénètre chacun d’eux plus intime­ ment" (!£&•).

Ajoutons, en terminant nos considérations, qu’il existe une distinction réelle entre le concept réflexe et le concept direct, 1’Aquinate écrit à ce propos:

"Alius est actus* quo quls intelligât lapidea* alius quo iatelligit se intelligere" (185).

8.- oonomsiom.

l’analyse que nous avons dâ faire pour comprendre la doctrine de saint ïïhomas sur notre connaissance du singulier matériel, nous manifeste toute la richesse et toute la profondeur de sa pensée et

de sa philosophie. Quand 1’Aquinate enseigne que nous connaissons le singulier par une certaine réflexion ou quand il écrit que nous en avons une Certaine connaissance, mais indirecte, il suppose connus les points que nous avons soulignés et que nous avons essayé de mettre en lumière, Voilà pourquoi SI ne faudrait pas voir dans ses expressions une certaine hésitation dans sa pensée et meme une certaine indécision

dans l’orientation de sa doctrine. Certains auteurs, en effet, a*propos du problème que nous avons étudié, ont cru apercevoir dans les écrits

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du Docteur Angélique une certaine hésitation de pensée. Voici ce que l‘o» écrit a ce snjot:

"She problem of how the intellect comes to knew the material particular seems to he one of these pro­ blems of thick. saint Shomas himself lid not disco­ ver a thorot^ily satisfactory solution. Ehat this may be the case seems to be indicated by a noteworthy mode of expression: when speaking of the intellect gaining knowledge of singulars throe#* what he calls "reflexion on or upon the phantasm" (reflexio in vel super phantasma) , St.tühomas never omits to qualify Ms tern by calling it

a

"kind of" (quaedam) reflexion, while he mentions other ideas closely related to this one without any such restriction? thus* he speaks of the "complete" return (redâtlo compléta) of the in­ tellect to itself. It seems as If Aquinas himself

was not quite satisfied with the solution he propo­ sed and by adding the qualification,

"a

kind of",

he meant to indicate the necessity of a further elucidation" (186).

houe avons touché ce problème dans les pages précédentes.

Hou® avons également signalé, à l’occasion, l’importance de la réflexion en psychologie thomiste, De ces notions dépendait notre compréhension de la solution traditionnelle du problème de notre con­ naissance Intellectuelle Su singulier matériel. Il fallait suivre la pensée de 1'Aquinate dans son analyse de l’âme intellective sous tous

ses aspects. De cette analyse, en effet, dépend toute la valeur de sa logique et de son Epistémologie et de sa Psychologie. Aristote avait procédé de la même façon, le Stagirite, il est vrai, n’a pas

composé un écrit spécial pour discuter "ex professe" notre problème, mais c’est à travers tons ses écrits que nous puisons les principes

qui nous aident a le résoudre. Saint Thomas reste fidèle a son ensei­ gnement. Or, quand le Docteur Angélique parle "d’une certaine réflexion"

qui est nécessaire pour la connaissance du singulier matériel» il parle formellement, car sous cette expression» apparemment imprécise#

ffquaedam reflexio9, se cache toute une doctrine riche en analyse et en conséquences.

h1 analyse que IsAquinate a déjà fait de l'objet propre et pro-» portionné de 1’ intelligence humaine mm manifeste Men qu’il parle formellement dans le cas présent. Il enseigne.» m effet» que l’objet propre du sens est le particulier» tandis que celui de 1intelligence est l’universel, la connaissance humaine est une connaissance propre­ ment abstractive. 311e résulte de l’actualisation de l’intellect pos­ sible par l’espèce tirée des chose® sensibles. C’est donc affirmer d’emblée la nécessité du sens et de !’intellect agent dans l’élabo­ ration de toute notre connaissance. 1* ”species” alors» comme le rap­ pelle à maintes reprises Jean de Saint Thomas l’instar du Maître) une connotation en phantasme d’oè elle a été tirée» oà. elle a trouvé son origine. Gela est évident puisque» d’une part, l’homme n’a pas d’idée innée et puisque» d’autre part» toute sa .connaissance intel­ lectuelle trouve mon fondement dans let s eut, Gy, toute connaissance comporte * specie**. Mais la connaissance humaine a ceci de particu­ lier: elle prend origine dans les sens, l’on doit donc sauvegarder» dans. la vole normale de la nature» la relation de la ”species” en% sens. Autrement nous nions la nature du mode de connaître qui nous est propre. L’Intelligence humaine peut donc connaître deas son origine la ’’species” en cause par une réflexion d’un g#re particulier. G’est par ce procédé indirect qu’elle connaît 1# singulier matériel

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sens toutefois sortis? des limites de Is intelligence. El le phantasme comme tel, ni l’intelligence corne telle, à cause de leur nature pro­ pre, ne peut empiéter sur leur terrain réciproque. C'est précisément

de retour "sui generis", dont parle saint Thome, qui permettra à l'intelligence de saisir l’individu.

la doctrine constante et commune de saint Thomas sur les rela­ tions qui existent entre l’intelligence et le phantasme nous rensei­ gne surtout sur la solution de notre problème de la connaissance hu­ maine du singulier, Dana toute connaissance l’homme a besoin du phan­

tasme; dans toute connaissance il existe une certaine relation au phantasme qui soutient, pour ainsi dire, le concept, la distinction

réelle entre le concept direct et le concept réflexe vient de la façon dont l’intelligence se sert du phantasme. Dans le cas de !’universel le terne ultime de la cornais sauce est le signifié de l’universel lui- mSsae; le phantasme, lui, n’ est là que pour soutenir* pour ainsi dire, la pensée. Par contre, dans la connaissance réflexe l’intelligence délaisse l’universel pour saisir le particulier contenu dans le phan­ tasme, "Sa d’autres termes, cette double connaissance cher l'homme, directe et refisse, se caractérise d’un double mowement: dam un cas, nous délaissons le phantasme, sans l’abandonner, pour saisir le signifié du signe formel; dans l'autre cas, noua délaissons 1*univer­ sel pour nous tourner vers le phantasme. Dans aucun cas, et ceci est à souligner, nous ne sortons des limites propres de l’intelligence comme telle. Disons, enfin, que la nécessité du phantasme, dans toute

connaissance humaine* se manifeste à la fois à la considération de l'objet et & la considération de notre intellect. Pour atteindre la vérité complete et entière, nous devons percevoir que la nature hu­ maine, arec l'intelligence humaine et toutes les autres natures que

renferme notre Cosmos, se trouve concrétisée dans la matière signée de quantité. l'unité substantielle des êtres naturels explique alors les relations et les influences réciproques que peuvent avoir entre elles la matière et la forme. Le jeu entre le phantasme et l'intelli­ gence trouve là son dernier fondement.

l'intelligence humaine peut donc, grâce à une certaine ré­ flexion,avoir une certaine connaissance du singulier matériel, une connaissance propre et distincte dans la mesure oà elle se continue avec le sens. Aussi, pour propre et distincte qu'elle soit, cette cer­ taine connaissance as sera jamais quldditatlve. B4*u àeul connaît les êtres dans leur totalité. Les expériences multiples auxquelles l’hom­ me a recours pour connaître les êtres du Cosmos témoignent de la fai­ blesse de l'Intelligence humaine dans ce domaine.

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X.« Hong nous sommes posé cette question, car nous savons que l’on croit ou que l’on est porté à croire Sans certains milieux que saint tEhomas est resté Indécis dans la solution qu'il devait apporter au problème de no­ tre connaissance intellectuelle du singulier matériel, Eous voulons mon­ trer dans ce travail que la doctrine de 1 'Aquinate sur ce point êsfc bien précise. Pour voir comment on a déjà interprété la doctrine de 1'Aquina­ te sur cette question, on n'a qu’à consulter le "Bhomist*» January, 19%1, PP»95 et suivantes.

2,- "Prudentia enim non solum considerat unlvers&lla in quibus non est actio? sed oportet quod cognoscit singularia, eo quod est activa, Idest princi­ pium agendi. Actio autem est circa singularia. It inde est, quod quidem non habentes scientiam universalium sunt magis activi circa aliqua par­

ticularia, quam illi qui habeat universalm scientiam, eo quod suat in aliis particularibus experti. Puta si aliquis medicus sciat quod carnes leves sunt bene digestibiles et sanae, iggoret autem quales carnes sint leves? non poterit facere sanitatem. Sed ille qui scit quod carnes vola­ tilium sunt leves et sanae, magis poterit sanare. Quia igitur prudenti» est ratio activa oportet quod prudens habeat utramque notitiam, scilicet et universalium et particularium: vel si alteram contingat ipsum habere, magis debet habere hanc, scilicet notitiam particularium, quae suat pro­ pinquiora operationi" {VI, 35thi©,» lect.6, a. 119%: Ibid. .Iect.7.n.l212:

Aristote, VI, Uhiblh. "

3*~ Bans Etudes Philosophiques. Bibliothèque Marxiste, n.ig,p,22.

%.- Eddington écrit à ce propos: "It will not be necessary for us to formu­ late a general definition of knowledge*. (She Philosophy of Physical Science. Cambridge, 1939, p.l).

5»- Vocabulaire technique et critique de la philosophie, la Société Française de Philosophie. Paris, Arcan, 1932, au mot "connaître^.

6,- De Veritate, q.2, a.2. 7»- Ibidem.

H.- Jean de Saint ihoms, Cursus Philosophi crus, f.ïîl» pp.XOJbl et suivantes. 9.- De Anima, nn.%3» 377*

10- I, q.55» a.3, Commentaire de Oajétan au n.12. 11. - Ibidem, n.13»

12, - 1, q.X($, a.l.

13«- Simonin, Connaissance et Similitude, dans Revue des Sciences Philosouhioues et ïühéologiques. mal, 193%* p.29S.

3.4.- I, q.55, a.3« Commentaire de Cajétan au a. 13« Salat Thomas a parlé déjà â’une façon, sellable 'dans wn Commentaire de Pierre Lombard, H,Seat., dist.in, %.3, a.2.

1$.- I, q.lU, a.l, Commentaire de1Cajétan au a,4; at 1, q.79» a.2, «a a. 19.

16.- Sa feritate. *.2, a.2.

IJ.- M.Charles de Koaiadk, cours 4e Méthodologie Scientifique, 1941-1942,p.16. 18— I, q.l4, a.l, Commentaire de Cajétan au n.4; et I, q.%9, a.2, au n.19.

19.- demi de Saint Thomas, Cursus Theologi bus, I, q.l4, a.l, Paris 1886, p.N-27» Saint Thomas enseigne cette doctrine en maintes endroits de son oeuvre:

1 Contra Gentes, cap.44; II Commentaire de Be Anima, an.283-284,593; I,q.l4, a. 1% "iq."s4"a.2.

20—De Yeritate, q.2, a.2. a— III. De Anima, a.787.

22— Sur cette question du constitutif formel de la nature divine, nous ren­ voyons au Cursus Theologicae de Jean de Saint Thomas, T.II, disp.16,a.2.

23— Il De Anima, n.283*

24— Jean de Saint Thomas, Cursas ‘Theologicus, dlsp.l6, a.l, en. commentant I, q»l4, a.l.

25.*-' Thèse de Doctorat sur flatter and Enoyledge”. Laval, 1944, p.91.

26I Physicorum, lect.13, 11.9.

27— Revue Laval Théologique et Philosonhique.1945. vol,l»n.l,p.lig,

28— De Trinitate» q.5» a»3î et tout son premier livre où il commente les Physiques d’Aristote.

29— Revue Laval Théologiens et Philosophique. 1945, vol.l, n.l, p.ll6, 30— The luture of the Physics! World. Be* York. 1930, p.303.

31 — Pourquoi définissons-nous la corm&iseance par le “fieri’1 au lieu de “esse”? Bous pourrions peut-être dire que saint Thomas, par cette expression, veut

définir la connaissance humaine seulement, qui implique un certain “fieri” (I, q.79» a.2; cf ,0a je tan Ibidem, n,4 et n.21; Jean de Saint Thomas, Cursus Philosophicus, T.%, p.?13aîT71feiS disons plutôt que cette définition peut T%q.llqüer"a la connaissance en général et alors on peut dire de cette

expression “au lieu de signifier le passage & la connaissance, elle indique­ rait plutôt, soit la connaissance comme action, soit corne égression vitale, ou, plus proprement, comme une union opérative et état de tendance actuelle et achevée vers l’objet possédé”. M. Charles de Koainck» %th,Scient.1941-42.p.17b.

126-

32e* I. tj.84, a.2.

33»~ Prooemium de saint %omas ms livres de WtaWwsioue. 34.- I. q.53* 8^2.

33»” ï* g,*5S« 8.2. 36^. I, q.53, 8j.

37*- 11. Centra 6wtes, CeXûOî ©f.tSgaleme&t e*$S et I, %.57, 8.2. 38.- 11 Oontra fientes, c*9S.

39'- II Sent». dist.III* q.,3, 8.3.

40. ~ II Qontra Gentes, 0,6g.

41. - I, q.65, 8.1.

42. - III Beat.. dist.31, «1.2, 8.4; I, %.76, &.$, 43. - Ill Seat., diat.5. q.3, 8.2, ad 5.

44. -. Il Contra gentes, ce.58*64,65,68,6$,70; IX De Anima, lect.l; I, %.75* 8.1.

45. * D* Veritate, q,X3» a.l* 46. — ï, <j*s4, 8.7.

4%.- U De Anima, leot.l; Jean, de Saint Hiemas* Pursue Philosophicus. 3?.in,pp,12b4o et suivantes.

4g.* I, g,.#, 8.6; g.85* a.l; De feritate, g.10, a.6.

4g.- Offlisoulun De Unitate Intellectus. 50. “ IX De Anima, a.377»

51. ” % OoRtra Qentep, ©.47* 52. - De Veritate, %.18, a.2,

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