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Cette partie de notre travail est une analyse de la position géographique, de la composition et du mode de fonctionnement du morceau territorial qui vit l’insécurité transfrontalière. Elle vise aussi à entamer un décryptage des conditions de vie des ménages de la région de Diffa. Notre analyse va se baser essentiellement sur les récentes transformations diverses liées à l’insécurité dans la région. Il est important de prendre en note les violences massives et socialement désastreuses dont la région de Diffa est le théâtre et qui ont porté préjudice au fonctionnement sociétal de la région. Cela a touché la quasi-totalité des acteurs composant cette société, de même que tous les secteurs permettant le bon déroulement des activités quotidiennes de cette même société. Ainsi l’opinion publique a fait l’objet d’un mouvement poussant obstinément les uns contre les autres, dans et par-delà la frontière qui semble les séparer. Nous allons d’abord survoler le Manga (Diffa) comme région géographique (A) avant de dresser un décrypter des origines géographiques de ces acteurs de cette insécurité (B)

218 Marc-Antoine Perouse de la MONCTCLOS, « Lac Tchad et terrorisme: déconstruction d'un mythe », Jeune

88 | P a g e A- Hier ignorée, aujourd’hui au centre d’attention : le Manga, au cœur de

l’insécurité

Communément appelés Mangari, les habitants de cette région vivent, avec évidence, depuis des années, dans un état de frustration liée à l’insuffisante présence de l’État nigérien dans leur quotidien, couplé à un manque cruel de développement qui caractérise leur misère. Cette situation va servir d’un terrain fertile et accessible pour les organisations criminelles, faisant passer, ainsi, la région d’une zone relativement stable à l’une des zones les plus dangereuses du pays, où l’insécurité constitue la première préoccupation des populations locales bien avant qu’elle ne soit celle de l’État. La situation est devenue suffisamment inquiétante pour que les autorités diplomatiques présentes dans le pays prennent leur précaution, à l’exemple de la France qui, en 2016, avertissait : « Il est vivement recommandé de respecter les consignes de

déplacement dans les zones classées en orange et de ne pas se rendre dans les zones classées en rouge, particulièrement dans la région de Diffa - lac Tchad »219. Quels sont alors les enjeux

sécuritaires du Manga (a) et ses conséquences humanitaires (b) ?

a- Situation géo-climatique et enjeux sécuritaires du Manga

Ici il est important de souligner tous les facteurs d’ordre géographique et social entre autres qui nous donne des prénotions, nous permettant de mesurer l’ampleur de la situation dont nous allons voir plus loin. Situé dans une zone aride à l'extrême Est du Niger, le département de Diffa devenue région (Manga), couvre une superficie de 156 906 km2 (12 % du territoire) ; elle est frontalière au Sud par le Nigeria (dont une partie est délimitée par la rivière Komadougou Yobé) et à l’Est par la République du Tchad. Avec la région d’Agadez, c’est l’une des deux régions les moins peuplés du Niger220 avec 593 821 habitants en 2012221. La désertification et ses effets

constituent l’un des problèmes majeurs de la région, fragilisant ainsi sa viabilité. La pluviométrie à la principale saison de production agricole y décroît progressivement du sud au nord de la région, lui offrant ainsi un caractère pastoral avec un important pâturage.

219 France DIPLOMATIE, « Niger Sécurité », France Diplomatie, en ligne : <https://www.diplomatie.gouv.fr>,

publié le 16 février 2016 (consulté le 20 mais 2017).

220 Jean-Pierre Guengant et Maxime BANOIN, Dynamique des populations, disponibilités en terres et adaptation

des régimes fonciers : le cas du Nige, Francis GENDREAU; Mumpasi LUTUTALA éd., Rome (ITA) ; Paris : FAO ; CICRED, 2003, p. 63.

221 Institut National de la Statistique ; son annuaire statistique de l’année 2010-2014 ; Tableau 07.01.a : Résultats

définitifs du Quatrième (4ème) Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGP/H) 2012, par région et par département.

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La région se caractérise par la diversité de ses zones de subsistance qui se constituent d’une ceinture agropastorale, la zone de pastoralisme transhumant et nomade, la zone de culture de décrue et de pêche dans le lac Tchad, la zone de culture irriguée du poivron et la zone de culture pluviale du mil et du sorgho222. Le contexte géographique et climatique pousse la population à faire recours à une sorte de mélange de sources de subsistance, procédant ainsi à un petit élevage fermier et cultivant de petites parcelles de terre223. Mais au-delà de cette situation plutôt dramatique, la région reste un acteur économique important pour le Niger, notamment pour le traditionnel cultivateur du poivron du pays, la région de Diffa. Selon la Chambre Régionale d’Agriculture de Diffa, « avant 2014, les surfaces en poivron étaient estimées à 8.000 ha pour

une production de poivron sec de 8.000 à 10.000 tonnes.224 Le poivron est la culture locomotive

de la vallée de la Koumadougou, elle fait travailler des milliers de ménages des deux sexes et tous les niveaux d’âge de la population. La production annuelle de la filière s’élève d’ordinaire à 15 milliards de francs CFA avant l’incursion de BH225. Mais également un producteur exportateur du poisson fumé, entre la production de Koumadougou Yobé et du lac Tchad, c’est autour de 20 milliards de francs CFA de revenus annuels que génère le domaine226. À l’échelle nationale, il faut savoir que la région de Diffa est réputée pour être la zone la moins avancée du pays, un cliché qualifiant les originaires de la région comme des « villageois ». Mais force est de constater que, selon des recherches poussées, c’est à tort qu’elle est citée comme « la région la plus pauvre dans le pays le plus pauvre » parce que la région de Diffa était au contraire avant la crise sécuritaire actuelle, une région dynamique et relativement stable du pays, comme l’ont révélé les travaux de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), qui conclut :

« Avant 2013, Diffa était l’une des régions du Niger avec l’indice de pauvreté le plus faible et le plus stable ».227

Depuis la fin des années 1970, la population du lac et de ses rives a triplé (669 307 habitants pour la région, selon INS 2016). C’est l’une des rares zones sahéliennes ou la migration est forte, et cela parce que la bande du lac Tchad facilite trois grands cadres de survie pour les populations, à savoir ; une zone vivrière capitale, un pôle économique de grande importance et

222 Corrie SISSONS et Clotilde LAPPARTIENT, Les systèmes de marché des revenus du poisson fumé et du

poivron rouge séché Région de Diffa, Niger oriental, Oxfam International, 2016, p. 5, en ligne : <http://docplayer.fr>.

223 Ibidem

224 Rédaction Chambre Régionale d’Agriculture de Diffa / Version 24 juin 2016

225 Radio France Internationale RFI, « Au Niger, l'économie régionale autour de Diffa victime de Boko Haram »,

RFI.fr, en ligne : <http://www.rfi.fr/afrique>, Publié le 13 mai 2016 (consulté le 26 avril 2017).

226 Ibidem

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un refuge en cas de sécheresse pour de nombreuses populations dans leurs diverses activités. Donc, conscientes de la situation pluviale de leur zone de survie, et de la fertilité des sols le long de la rivière Komadougou Yobé, les populations ont su s’appliquer ces dernières décennies et développer une importante stratégie d’adaptation à la fragilité du milieu que l’IRD décrit en trois « M », Mobilité - Multiactivité - Multifonctionnalité. Selon l’institution, la mobilité est celle des populations qui consiste à se déplacer selon les ressources disponibles au cours de l’année et s’adapte à leur variabilité interannuelle ; la pluriactivité quant à elle s’étend au sein des exploitations, où l’on pratique des activités telles que la pêche, l’agriculture et l’élevage, selon des dosages variables en fonction des groupes et des années ; et enfin la

multifonctionnalité, qui permet d’améliorer le même bout de terre par différentes activités

(pêche, agriculture, élevage) au cours de l’année228.

Ainsi, les traditionnels échanges avec le nord du Nigeria, notamment commerciaux, renforcent le dynamisme de la région et cela, bien qu’elle soit loin des centres commerciaux du Niger. Comme nous le disons plus haut, les atouts en commun avec le Nigeria tels que les langues communes et des attaches familiales, ont renforcé ce dynamisme et les liens pendant longtemps à tel point que le naira est la première monnaie utilisée dans la région de Diffa. Davantage pour la région, depuis 2011, elle devient un producteur exportateur du pétrole229.

Il nous serait important de revenir rapidement sur les grands moments d’investissements et non-investissement de l’État dans la région du Lac, car c’est une situation qui pourrait expliquer l’état de la région aujourd’hui d’un point de vue économique. En effet, au cours des décennies 1970 et 1980, la situation est marquée par des crises écologique et économique et leur généralisation dans tout le pays. Lui succède l’instabilité politique au cours des années 1990- 2000 (coups d’État et sanctions de la communauté internationale entres-autre) qui ont été fortement défavorables à la cause de la région du Lac (en dehors des flux réguliers d’aide alimentaire). Les dernières actions importantes de l’État dans le domaine des infrastructures datent des années 1975, avec la construction de la route Diffa-Nguigmi (qui n’avait jamais été réparée ou rénovée jusqu’à 2013), suivie de quelques forages. Il a fallu alors attendre l’État jusqu’aux années 2000 pour que la région retrouve son intérêt auprès de l’État. Une période marquée par une sorte d’amélioration du contexte national. Des facteurs politiques

228 C. RAIMOND, C. RANGÉ et H. GUÉRIN, « La multi-activité et la multifonctionnalité, principes d’un

développement durable pour le Lac ? », in Le développement du lac Tchad : situation actuelle et futurs possibles, sous la dir. de J. L. MAGRIN, Institut de Recherche pour le Developpement "IRD", Marseille, 2014, p. 423

229 Raliou HAMED-ASSALEH, « Niger: le boom du pétrole fait flamber les prix des loyers à Diffa », Radio

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conjoncturels ont été déterminants pour ce retour de l’État, car la région de Diffa était un des fiefs du président Tandja qui dirigea le pays de 1999 à 2010230.

Ce retour de l’État, accompagné par la manne pétrolière, a engendré la construction et/ou rénovation des infrastructures (aérodrome, réfection et entretien de pistes) ; d’énormes périmètres irrigués fut créé à Ngagam, entre N’guigmi et Bosso, utilisant des forages ; enfin, les centres urbains bénéficièrent aussi d’investissements (entre 2008-2009, la ville de Diffa a reçu divers aménagements urbains en voirie, éclairage, etc. ou la création d’un lycée technologique qui a été ouvert en 2012, de même qu’une école normale). Ainsi que les dynamiques sociales qu’il a déclenchées. Toutefois, cela n’a pas empêché des tensions, comme les émeutes des 27-28 avril 2013 à Diffa231. Une tension à travers laquelle les habitants protestent contre les conditions de recrutement sur le site pétrolier chinois situé dans la localité à Agadem232. En réponse à ces revendications, en mois de mai de la même année, les autorités et le partenaire chinois, conclus la modification du code pétrolier de 2007, permettant d’étendre aux collectivités territoriales départementales et régionales les 15 % des recettes pétrolières233.

Nous le disions tantôt : toute la zone du Lac est habitée par une diversité ethnique qui se vit dans la concurrence. Cette dernière d’ailleurs se confirme à travers des conflits, souvent liés à l’accès aux ressources entre différents acteurs ou différentes activités. Mais d’une manière globale ces conflits de nature agro-pastorale, malgré leur nombre important, sur toutes les rives du Lac, restent limités et très dépendants des conditions hydroclimatiques, et surtout leur résolution reste locale234. Ces conflits sont pour les populations une occasion de renégocier et

de renouvèlement des règles qui régissent d'accès à l'espace, une chose à valeur inestimable au vu de la nature de l’environnement, dans lequel, il faut le rappeler, aussi bien le nombre d'actifs agricoles que de troupeaux change fortement d'une année à l'autre. Selon les travaux de l’Institut de Recherche pour le Développement IRD, la souplesse de ces règles revient pleinement comme une charte foncière dans le cadre d'un plan de développement territorial, nécessitant une simple application. Après tout ce qui précède, c’est-à-dire les trois « M », nous constatons donc que les populations riveraines du Lac ont su faire de ce dernier un pôle productif, exportateur net

230 G. M. NGARESSEM et G. MAGRIN, « Investissements publics et accès aux services : un Lac sous-équipé ?

», in Le développement du lac Tchad. Situation actuelle et futurs possibles, sous la dir. de J. L. MAGRIN, IRD Editions,coll. Expertise collégiale, Marseille, 2014, p. 228

231 Ibidem, p. 229

232 Radio France Internationale RFI, « Niger: le Premier ministre à Diffa après des échauffourées entre jeunes et

forces de l'ordre », Radio France Internationale, en ligne : <http://www.rfi.fr/afrique>, Publié le 28 avril 2013 (consulté le 21 juin 2016).

233 Ibidem

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de produits (céréales, produits maraîchers, oléagineux, poissons, bovins). Un système aboutissant à des résultats assez visibles qui s’adapte à l’environnement tout en s’inscrivant dans la durabilité235 jusqu’à l’émergence de l’insurrection BH au nord du Nigeria et de son

incursion sur les frontières étatiques, la région de Diffa notamment.

Certes quelques éléments de l’insurrection étaient présents depuis 2003 sur le territoire nigérien, mais, d’après des études, cette présence était banale, mais surtout assez faible pour affronter l’État nigérien, qui, par la suite, a mis en place des manœuvres de surveillance et de contrôle de frontière. Mais 2015 va changer la donne quand le gouvernement décida de participer à l’offensive régionale contre BH : ce dernier va décider à son tour de mener des attaques périodiques et des attentats-suicides dans les villes et villages nigériens du sud-est236. Ces attaques provenaient apparemment pour la plupart du Nigéria et des îles non contrôlées du lac Tchad. C’est le début d’une guerre asymétrique qui va faire beaucoup parler d’elle.

b- Le lourd prix d’une incursion prévisible ?

C’est en 2010, dans l’État de Borno que les actions du mouvement de BH prennent clairement le type terroriste. Celui-ci commence ainsi ses incursions dans diverses localités isolées et rurales, mais aussi moins peuplées, telles que la forêt de Sambisa237, à proximité de la frontière camerounaise, mais aussi sur la frontière avec le Niger à partir de 2015. Néanmoins, cette extension territoriale de l’insurrection sur l’ensemble du bassin du Lac Tchad, notamment la partie nigérienne tire ses origines dans les complexités socioculturelles de cette vaste zone, telle que nous le disons plus haut. Nous constatons d’abord, que cette situation a provoqué, entre 2014 et 2015, le plus important mouvement humain transfrontalier jamais enregistré entre les deux pays, sur cette partie de la frontière commune, et comme le souligne le Rapport de situation de OCHA-Diffa :« Le nombre de personnes déplacées arrivées au Niger depuis

janvier 2014 est estimé à près de 110 000 dont près de 40 000 pour le seul mois d’octobre selon le rapport de la mission conjointe (autorités locales et acteurs humanitaires) conduite à Bosso le 14 novembre 2014 »238.

235 Ibidem, p. 465

236 International Crisis GROUP, Le Sahel - central au cœur de la tempete, Rapport Afrique n°227, Juin 2015, p. 14. 237 Principal fief de boko haram aujourd’hui, situé à environ 60 km au sud-est de Maiduguri, la capitale de l'État

de Borno, avec une superficie d'environ 60 000 km², c’est une zone est réputée pour sa biodiversité, même si elle se dégrade de plus en plus depuis des années. C’est désormais un maquis sahélien avec beaucoup d’arbustes épineux et quelques poches d’arbres. En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/05/19

238 OCHA –Diffa en collaboration avec les partenaires humanitaires et les autorités de la RÉGION, Niger: Région

de Diffa, Rapport de situation n°9, Bureau de la coordination des affaires humanitaire (OCHA) | Nations Unies, 2014.

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Ce déplacement massif n’a pas cessé d’augmenter particulièrement à cause de l’instabilité au nord-est du Nigéria, de plus en plus pressante, mais aussi à cause des mesures drastiques prisent par les autorités nigériennes, telles que l’État d’urgence et ses restrictions, de même, début mai 2015, quand ils ordonnent à la radio l’évacuation des habitants des îles du lac Tchad, estimés à plus de 27 000 personnes. La majorité parmi elles s’est déplacée à Bosso et à Nguigmi notamment. Dans les deux cartes ci-dessous, on remarque le déplacement humain massif qui a été répertorié, aussi bien interne qu’externe. Par ailleurs, leur nombre reste difficile à chiffrer, et pour une bonne gestion humanitaire, cela a nécessité un recensement biométrique que les autorités du Niger avec l’appui du HCR ont mis en place en 2017, avec la mise en place d’un moyen d’octroi d’actes de naissance, des certificats de mariages et de décès, des cartes d'identité nationale, des cartes de réfugié et des titres de séjour. Selon le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui continue à prendre en charge les blessés de guerre et à soutenir les services de santé, jusqu’en juin 2017, dans la région de Diffa, des dizaines de milliers de déplacés internes, réfugiés et résidents continuent d’être affectés par les conséquences du conflit. Ils sont souvent dépourvus du minimum vital, ces populations dépendent totalement de l’aide humanitaire pour faire face à leurs besoins essentiels239.

Carte n°3 : Diffa : Mouvements de populations suite à la crise du nord-est du Nigéria

Source : Gouvernement du Niger, DREC, UNDSS. Date de création : 20 Mai 2015

239 Mouvement International de la Croix-Rouge et du Croissant ROUGE, « Niger : faits et chiffres d'avril à juin

2017 », Comité International de la Croix Rouge CICR, en ligne : <https://www.icrc.org>, publié en juillet 2017 (consulté le 26 janvier 2018).

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Ce déplacement a affecté la région dans son ensemble, qui a subi de plein fouet les conséquences de la crise sur divers plans, éducatif notamment quand 151 écoles devant accueillir 12 631 élèves avaient alors fermé leurs portes dans cette région selon un rapport de situation locale240. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de Niamey affirme dans un communiqué que ces « 151 écoles ont été fermées à cause de l’insécurité qui a

engendré l’absence des maîtres et la psychose au sein des populations »241. La crise a ainsi

réussi à plonger les populations dans un sentiment permanent d’insécurité et l’omniprésence de la menace directe et indirecte.

Toujours, dans le même sens, par exemple, d’après une communication de Human Rights Watch HRW de février 2018, en 2016, dans la région de Diffa, BH a perpétré trois attaques contre des écoles situées sur la frontière avec Nigeria, détruisant ainsi du matériel scolaire. De même, à Komadougou Yobe, une école a été abandonnée et utilisée par les forces militaires du Niger comme poste stratégique242.

« Pour l’année 2014-2015, certaines écoles n’étaient ouvertes plus de 6 mois et pour cette rentrée 2015, jusqu’à présent les écoles sont fermées, notamment celle située sur la Komadougou, c’est-à-dire du côté sud le route nationale n°1, nous souhaitons déplacer les élèves qui sont sur le côté sud vers le côté nord qui est à présent relativement stable. Dans ce sens, des ONG nous aide, tel PAM, avec des subventions qui vont avec, tout en aidant également les parents qui accueillent ses élèves qui viennent de ces zones conflictuelles »243.

La région est déstabilisée par les attaques perpétrées par l’insurrection BH. Mais qui sont ces djihadistes qui agissent dans la région ?

B- Des djihadistes locaux ou venus d’ailleurs ?

Radicalisation et extrémisme violent se sont affirmés comme deux phénomènes qui, bien qu’il soit difficile de les définir, restent un défi majeur aujourd’hui pour le Niger, en bousculant profondément l’Est et l’Ouest du pays. Irréfutablement, le phénomène se nourrit du discours

240 Bureau De la coordination des affaires humanitaire OCHA, Diffa/Niger: Rapport de Situation, Nations Unies,

en collaboration avec les partenaires humanitaires et les autorités de la région, 2015, p. 2, Rapport de situation N°16 (2 novembre 2015).

241 Ouest FRANCE, « Niger. Les attaques de Boko Haram font peur, 150 écoles fermées », Ouest France, en ligne :

<https://www.ouest-france.fr>, Publié le 06 novembre 2015 (consulté 12 janvier 2017).

242 HRW Human rights WATCH, « Communication de Human Rights Watch au Comité des droits économiques,

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