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Une perspective historique

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L’augmentation récente de la fréquence et de la gravité des crises, depuis la fin de Bretton Woods et depuis la déréglementation, traduit certainement le fait que notre capitalisme « occidental », ou « anglo-saxon », devient de plus en plus « liquide ».

Cette obsession de la « liquéfaction » se lit, par exemple, dans le comportement des banques qui ne veulent plus garder, dans leur bilan, les crédits qu’elles accordent. Autre exemple : les investisseurs institu-tionnels (comme les fonds de pension) veulent pouvoir recomposer à volonté leurs portefeuilles de placements ; ils préfèrent donc les entre-prises centrées sur un seul métier. Pour satisfaire cet objectif de liqui-dité, les firmes qui étaient diversifiées sont poussées par leur actionnariat à abandonner des pans entiers de leurs activités… ce qui les rend plus vulnérables en cas de retournement du secteur dans lequel elles se sont spécialisées. En outre, ce capitalisme n’est pas patient : il se préoccupe de rentabilité à court terme, qu’il souhaite la plus élevée possible, quitte à pousser, pour faire du levier, les entreprises à un endettement excessif.

En Occident, le capitalisme liquide semblait avoir triomphé jusqu’au déclenchement de la crise. En effet, le capitalisme financier anglo-saxon s’est imposé dans toute l’Europe et a relégué l’expression « capitalisme rhénan » à l’état de souvenir. Il a même accru son influence au Japon.

Et pourtant, certains observateurs se demandaient si le capitalisme

« liquide » ne se ferait pas détrôner par un capitalisme émergent, moins obsédé par la rentabilité financière à court terme, caractérisé par une plus grande présence de l’État et certainement préoccupé de logiques de puissance et de considérations stratégiques.

Comme le remarque Hubert Védrine dans l’ouvrage dirigé par Jean-Hervé Lorenzi, La guerre des capitalismes aura lieu, « Les émergents ont une vision historique. Ils n’ont pas notre vision abstraite de l’économie mondiale aujourd’hui. Pour ne citer que la Chine, il s’agit de corriger cent cinquante ans d’humiliation et chaque pays émergent a un programme de ce type. »

Les deux capitalismes étaient entrés dans une relation d’interdépen-dance. Les ménages américains étaient contraints de s’endetter

massi-Comprendre les crises financières

vement pour consommer et se loger. Les ménages chinois leur prêtaient, grâce aux excédents commerciaux qu’ils accumulaient sous l’effet de la désindustrialisation occidentale. Faire dépendre la crois-sance mondiale d’un tel mécanisme de financement n’est pas tenable.

Or, les crises font voler en éclats les mécanismes qui ne sont pas tena-bles mais dont on s’arrange (la tulipomania, la bulle immobilière du Japon, l’envolée des Dotcom...). Pour éviter une nouvelle mauvaise surprise, il faudra sans doute se pencher sur la relation entre le capita-lisme émergent et le capitacapita-lisme occidental. Ce qui suppose que notre capitalisme devienne moins « liquide ».

Paris, janvier 2009

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Index

A

Actifs pourris (ou créances pourries) 95, 120

Bretton Woods 39, 57, 58, 92, 139 Bulle 17, 28, 41, 48, 49, 67, 71, 75, 78,

Cash out (extraction hypothécaire) 49, 52, 69, 102

Conduit 50 Contracyclique 128 Convention 81, 82, 83

Création monétaire 19, 46, 67, 69, 95

Credit crunch 45, 97

Fuite vers la qualité (« flight to quality ») 45, 90, 91

H

Hedge funds 65

Comprendre les crises financières

I

Illiquidité 44, 98, 99, 110, 111, 112, 114 Indépendance 101

Indice boursier 34

Insolvabilité 44, 98, 99, 103, 110, 114 K

keiretsu 41, 42 L

Levier 68, 69, 74, 133, 146

Liquidité 18, 40, 44, 45, 46, 54, 55,

Normes comptables 57, 96, 97, 132 O

Obligation 25, 33, 45, 65, 70, 90, 91, 103, 106, 118, 129

P

Panique bancaire 17, 35, 36, 53, 99, 100, 102, 116, 121

PDR (ou prêteur en dernier ressort) 113, 114, 115

PIB (ou produit intérieur brut) 14, 43, 44, 45, 68, 92, 118, 121, 122, 123

Processus Lamfalussy 137

Prudentielle 50, 75, 116, 127, 128, 129, 130, 137

R

Ratio Cooke 128 S

Spread (ou écart de taux) 45, 91, 99 Structuration des crédits 41, 51 130, 132, 134, 136, 145, 147 T

Taux directeur 33, 93, 98, 111 Titrisation 51, 54, 56, 66, 75, 83, 95,

96, 110, 128, 130 V

Valeur fondamentale 78, 79, 80, 83 Vente à découvert 89, 93

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