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Le déclenchement de la crise et son aggravation

Dans le document Dans la même collection (Page 51-54)

Il est difficile de dater avec exactitude la crise des subprimes non seule-ment parce qu’elle a eu plusieurs phases, mais aussi parce que, à l’heure où cet ouvrage est rédigé, rien n’indique qu’elle soit achevée.

Les premiers signes avant-coureurs datent de début 2007, peut-être même de 2006. En effet, dans le secteur des crédits subprimes, le taux de défaut (c'est-à-dire la proportion des ménages qui ne peuvent plus faire face à leurs engagements) augmente alors sensiblement. En raison du nombre croissant d’impayés, de nombreuses maisons sont à vendre.

Les prix baissent. Le mécanisme du « cash out » (extraction hypothé-caire) décrit précédemment ne joue plus. Des ménages voient leur maison saisie. Les ABS qui s’échangent dans le marché financier, gagés sur les crédits qui ne valent plus grand-chose, commencent à affecter la situation des banques (ainsi, le 2 février 2007, la filiale américaine de la banque HSBC annonce des pertes liées aux subprimes) et, par consé-quent, à être regardés avec méfiance.

On date le « vrai » début de la crise à l’été 2007. En juin et juillet, les agences de notation déclassent de nombreux titres adossés à l’immobi-lier qui circulent sur les marchés. Fin juillet, début août, la banque alle-mande IKB menace de faire faillite. Le 6 août, American Home Mortgage, spécialisée dans le crédit immobilier, entame une procédure de faillite. Le 9 août, BNP-Paribas suspend la cotation de trois de ses fonds d’investissements. Un vent d’inquiétude traverse les principales places financières. La BCE (Banque centrale européenne) injecte ce jour-là 95 milliards d’euros dans le marché interbancaire. D’autres banques centrales font la même chose. C’est le début « officiel » de la crise.

2. Les crises contemporaines Il n’est pas possible ici de transcrire fidèlement tous les épisodes de la

crise depuis l’été 2007. En voici les principaux rebondissements.

Quelques moments forts de la crise des subprimes

•9 août 2007, fermeture par BNP-Paribas de trois de ses fonds d’investissement. Début des interventions massives des banques centrales.

•Septembre 2007, Northern Rock est au bord de la faillite, ce qui menace de provoquer une panique bancaire au Royaume-Uni (des files d’attentes se forment devant les guichets de cette banque).

•Janvier 2008, la Société Générale annonce qu’elle a perdu 6,9 milliards d’euros sur les marchés : 2 milliards sont liés aux subprimes ; 4,9 aux opérations d’un seul trader, Jérôme Kerviel, qui a pris des engagements à hauteur de 50 milliards d’euros (soit davantage que la valeur boursière de sa banque).

•Février 2008, la banque britannique Northern Rock est natio-nalisée.

•Mars 2008, la banque d’affaires américaine Bear Stearns est sauvée de la banqueroute par la Réserve fédérale qui la renfloue en urgence, puis elle est rachetée par JP Morgan à un prix bradé.

•7 septembre 2008, les deux institutions américaines de refi-nancement hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac sont mises sous tutelle par le Trésor.

•15 septembre 2008, la banque d’affaires américaine Lehman Brothers se déclare en faillite. Ni la Réserve fédérale ni le Trésor ne se portent à son secours. L’onde de choc est consi-dérable. À cette date, la crise entre dans une phase aiguë et menace même de dégénérer en panique bancaire. C’est à cette époque, par exemple, que les journaux en France donnent des détails sur les mécanismes de garantie des dépôts. Le danger est majeur.

•Le même jour, la banque d’affaires Merrill Lynch est rachetée par Bank of America.

Comprendre les crises financières

Si ce qui aurait pu rester cantonné à une crise immobilière dégénère en crise de système, c’est que les produits financiers nés de la titrisation, devenus des titres hautement « toxiques », se sont échangés massive-ment sur les marchés, et notammassive-ment entre banques. Or, non seulemassive-ment plus personne n’en veut, mais chaque banque se met à douter (avec quelque raison !) de la santé de ses consœurs. Du coup, les banques ne se font plus confiance et ne se prêtent plus entre elles. D’un problème (grave) de solvabilité des ménages les plus pauvres aux États-Unis, on est passé à une crise de liquidités. Celles-ci disparaissent totalement de certains marchés, comme le marché interbancaire. Ainsi, c’est parce qu’elle ne trouve plus de liquidités en septembre 2007 que la banque Northern Rock menace de faire faillite.

PO U R A L L E R P L U S L O I N

Le marché interbancaire : le marché de la monnaie banque centrale

Il a déjà été souligné que les banques qui tiennent des comptes ont le pouvoir de créer de la monnaie ex-nihilo à l’occasion d’un prêt, que chacune crée sa propre monnaie et que le système bancaire dans son ensemble a besoin de la monnaie « banque centrale ». À présent, il faut comprendre que les banques commerciales se prêtent constam-ment entre elles cet argent « banque centrale ». Revenons encore à l’époque de l’or. Une banque A émet en trop grande quantité ses propres billets. Un beau matin, elle sait que ses clients viendront plus nombreux que d’habitude convertir leurs billets en or. Si elle n’a pas assez d’or, elle doit en emprunter à la banque B ou à la banque C… ou au marché du prêt de l’or entre banques. De nos jours, la monnaie

« banque centrale » a pris la place de l’or. Les billets que nous

utili-•17 septembre 2008, l’assureur américain AIG se voit allouer 85 milliards de dollars par la Fed. De facto, il est nationalisé.

•29 septembre 2008, la Chambre des Représentants rejette, aux États-Unis, la première version du plan de sauvetage financier présenté par Henry Paulson. L’indice Dow Jones plonge.

•Octobre 2008, le gouvernement de l’Islande prend, d’abord partiellement puis totalement, le contrôle de son système bancaire.

2. Les crises contemporaines

sons font partie de cette monnaie banque centrale, puisque seule la banque centrale les imprime désormais. Si, par exemple, il prend aux seuls clients de la banque A la lubie de consommer massivement, en payant avec les billets, la banque A doit à coup sûr emprunter de l’argent banque centrale auprès de ses consœurs (ou, si elles n’en ont pas assez, auprès de la banque centrale). Le marché de l’argent banque centrale entre banques commerciales s’appelle le marché interbancaire. Il s’est tari pendant la crise des subprimes.

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