• Aucun résultat trouvé

Une perception des d´eterminants erron´ee

5.3 Analyse descriptive des donn´ees

5.3.1 Une perception des d´eterminants erron´ee

Le risque per¸cu est une variable int´eressante car il peut permettre de comprendre les repr´esentations que se font les femmes des facteurs de risque du cancer du sein, leur appr´eciation du risque et par quel processus elles pourraient ˆetre amen´ees `a s’impliquer dans des actions de pr´evention ou de gestion des risques. Cependant, les donn´ees sur le risque per¸cu de cancer du sein sont contradictoires. Certaines ´etudes trouvent une relation lin´eaire entre risque per¸cu de cancer du sein et la participation au d´epistage : plus le risque per¸cu est grand, plus les femmes font de la pr´evention (Lagerlund et al. (2000), Gross et al. (2006)).

Dans notre enquˆete, pour d´ecrire leurs positions face `a une serie de situations `a risques jug´ees sous diff´erents aspects, plusieurs approches ont ´et´e successivement propos´ees.

Risques per¸cus par les femmes

S’agissant des facteurs6 susceptibles de favoriser la survenue d’un cancer, l’exa-

men des r´esultats (fig.2)montre qu’une part importante de femmes interrog´ees pensent que ces facteurs :

– le tabagisme (71%), – le stress (67%), – l’ˆage (59%),

– les ant´ec´edents familiaux (58%), – l’alcoolisme (54%) et

– la pollution (52%).

peuvent entraˆıner le cancer du sein. Par ailleurs,elles sont dans la mˆeme proportion `a ne pas savoir que :

– les ant´ec´edents familiaux (41%), – l’ob´esit´e (44%),

– les traitements hormonaux de substitution (44%), – grossesse tardive (48%),

– m´enopause tardive (55%), – pubert´e pr´ecoce (51%), – densit´e mammaire (43%).

peuvent aussi favoriser le d´eveloppement du cancer du sein.

Les donn´ees de la litt´erature (Namier (2009), Morcel et al. (2008)) sur les facteurs de risques du cancer du sein montrent qu’il existe une ´evidence scientifique prouvant que ces facteurs pourraient entraˆıner un cancer du sein...

6. Un facteur de risque est d´efini comme un ´el´ement qui modifie (le plus souvent dans une direc- tion jug´ee d´efavorable) la probabilit´e d’apparition d’un ´ev´enement. Il s’agit donc d’une probabilit´e d’apparition d’un ´ev´enement A, sous condition c (le facteur de risque). Exemple : l’´ev´enement est le cancer du sein et le facteur de risque une mutation de BRCA1.

Figure 5.2 – Facteurs de risque susceptibles de favoriser le cancer du sein selon les enquˆet´ees

Impact de l’ˆage sur les opinions

Lorsqu’on regroupe les r´esultats selon les ˆages et que l’on compare les femmes de plus de 50 ans au groupe des plus jeunes, on observe des diff´erences dans la mani`ere d’exprimer certaines opinions :

le traitement hormonal de substitution(THS) : l’ˆage est li´e `a la fa¸con de r´epondre `a la question sur le THS comme facteur favorisant le cancer du sein. Parmi celles qui pensent que le THS est un facteur susceptible de favoriser le cancer du sein, elles se repartissent comme suit :

– 34% (contre 9%) des moins de 30 ans, – 46% (contre 9%) des 30-40 ans, – 58% (contre 8) des 40-50 ans, – 63% (contre 13%) des 50-60 ans et – 68% (contre 18%) des 60-75 ans

Le tabac : elles sont 71% des femmes enquˆet´ees `a penser que le tabac favorise l’apparition du cancer du sein. Dans le d´etail,Il apparaˆıt que parmi celles qui pensent

que le tabac peut entraˆıner le cancer du sein, elles sont : – 68% (vs 30%) des moins de 30 ans,

– 74% (vs 36%) des 30-40 ans, – 75% (vs 20%) des 40-50ans, – 68,5% (vs 8%) des 50-60 ans et – 73% (6%) des 60-75 ans.

En revanche, les opinions sur les autres facteurs tels que le tabagisme, l’ob´esit´e, les ant´ec´edents familiaux, les contraceptifs oraux, la grossesse tardive, la m´enopause tardive, la pubert´e pr´ecoce, la densit´e mammaire, l’alcool, la mauvaise qualit´e et le d´es´equilibre de l’alimentation, l’inactivit´e physique, la pollution, le stress,et le fait de ne pas avoir allait´e sont donn´ees ind´ependament de l’ˆage des enquˆet´ees.

Repr´esentations du cancer du sein

Interrog´ees sur les opinions qu’elles pourraient se faire sur le cancer du sein,la quasi-totalit´e des enquˆet´ees estime que le cancer est :

– une maladie grave (94%),

– dangereux que le cancer du poumon(66%), – non contagieux ( 96%),

– une maladie dont on peut gu´erir (97%),

– h´er´editaire,(75% de plutˆot ou tout `a fait d’accord) – une maladie qu’on peut avoir plusieurs fois (84%).

Seules 42% (contre 16%) des enquˆet´ees d´eclarent qu’il s’agit d’un cancer moins agressif que les autres cancers, que les hommes peuvent ´egalement l’avoir (47%) ainsi que les adolescents (61%). Par ailleurs, la quasi-totalit´e (92%) des enquˆet´es rejette (pas du tout ou plutˆot pas d’accord)l’opinion selon laquelle l’ablation du sein est syst´ematique et que l’on peut avoir un enfant quand on a un cancer du sein (88%). Juger que le cancer du sein est une maladie grave non contagieuse mais h´er´editaire ne d´epend pas de l’ˆage.

En revanche, penser que l’ablation du sein n’est pas syst´ematique se rapporte `a l’ˆage (p-value = 0.01126). Plus les enquˆet´ees sont ˆag´ees, plus ce jugement devient fr´equent (55% des moins de 30 ans, 73% des 30-40 ans, 65% des 40-50 ans, 72% des 50-60 ans et 91% des plus de 60 ans).

Figure 5.3 – Histogramme repr´esentant les opinions sur le cancer du sein

Ces opinions r´esum´ees par l’histogramme ci-dessus r´ev`elent une certaine persis- tance (quoique minoritaire) de repr´esentations erron´ees et des connaissances ap- proximatives li´ees au cancer du sein ainsi que la croyance en de multiples fac- teurs canc´erig`enes. Ce dont t´emoignent des r´eponses mitig´ees entre le ≪pour≫et

Ces quelques exemples issus de l’enquˆete nous rappellent que les messages de pr´evention doivent s’int´egrer dans des ensembles subtils de repr´esentations et de croyances qui agissent comme des ´el´ements perturbateurs ou facilitateurs dans l’assi- milation de ces nouvelles connaissances (Barom`etre cancer 2005). Comme le plaident Beck et al. (2006), la pr´egnance de croyances qui nient ou relativisent le risque canc´erig`ene associ´e `a certains comportements invite `a prolonger les efforts d’infor- mation sur les cancers afin d’orienter le public vers les pratiques de pr´evention et de limiter l’isolement et la stigmatisation dont souffrent parfois les personnes atteintes. Le d´eni du risque ne refl`ete pas forc´ement un manque d’information, il s’apparente souvent `a une construction cognitive qui donne de la coh´erence aux comportements et aux croyances.

Les efforts de communication d’informations sur les risques doivent permettre de corriger ces erreurs de perception pour pouvoir influer sur les attitudes et compor- tements face au risque de cancer du sein.