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Chapitre 1- Introduction générale

1.2. Une convergence internationale vers la restauration forestière

vue sous l’action conjuguée de la sévérité des sécheresses répétées et de la pression démesurée du parcours laissant la place aux différentes formes de l’érosion des sols.

Face à cette situation, le plan d’action national de lutte contre la désertification (PAN-LCD) du Maroc a évalué à 5 millions d’hectares les besoins réelles en matière de reboisement. Les contraintes physiques, techniques, socio-économiques et financières ont imposé cependant une révision à la baisse de cette surface, conduisant à une option stratégique de reboisement à l’horizon 2025 de 1500000 ha. Sur cette surface potentielle, 500000 ha ont été programmés dans le cadre du premier programme d’action décennal 2005-2014 (MADREF 2001). Cette accélération tangible dans le rythme de reboisement demeure cependant insuffisante pour inverser la tendance à la dégradation observée et encore moins pour répondre aux besoins du pays en produits ligneux (MADREF 2001).

1.2. Une convergence internationale vers la restauration

forestière

1.2.1. Comment rétablir les services écologiques des écosystèmes forestiers ?

Les relations entre la dégradation du couvert végétal, les changements climatiques et le processus de désertification sont solidement établies (Foley et al. 2003, Malagnoux et al. 2007, Calder et al. 2007, Gonzalez 2001, Dasgupta et al. 2013). En effet, la perte du couvert végétal serait à la base de la perturbation du fonctionnement des écosystèmes terrestres (Figure 1.4) et peut conduire à la destruction du potentiel biologique et physique des sols (D’Odorico et al. 2013). Ainsi la coupe de la végétation à ras du sol dans une expérience faite en Espagne sous climat semi-aride a conduit à la perte de 35 % du carbone

11 organique du sol, 31 % de ses agrégats stables et une augmentation de 8 % de sa densité en l’espace de quatre années et demi sans aucun signe apparent de recouvrement de la végétation (Albaladejo et al. 1998). Le seuil de l’irréversibilité est presque partout atteint en méditerranée du Sud (Lahmar et Ruellan 2007) et la restauration du couvert végétal reste l’unique option pour renverser cette tendance.

L’étude récente de Peng et al. (2014) suggère que le boisement des zones arides entraînerait probablement leur réchauffement, plutôt que leur refroidissement et ne serait donc pas nécessairement conseillé par rapport aux bénéfices climatiques. Cette suggestion repose sur le fait que le boisement cause une diminution de l’albédo et donc un emmagasinage supplémentaire de l’énergie qui serait probablement non compensée par l’évapotranspiration du couvert végétal insuffisamment alimenté en eau dans les régions arides. Cependant, la perte du couvert végétal s’accompagne d’une diminution de l’évapotranspiration qui, par voie de conséquence, réduit le recyclage d’une proportion importante des précipitations (Elfatih et al. 1996, Trenberth 1999, Dominguez et al. 2006) conduisant ainsi à l’accentuation du phénomène de la désertification (D’Odorico et al. 2013). Aussi, malgré que la suppression du couvert végétal tend à augmenter l’albédo et donc un refroidissement hypothétique de la surface terrestre (Charney 1975), les terres affectées par la dégradation tendent à présenter une augmentation, plutôt qu’une diminution de la température de leur surface (Ripley 1976, Balling et al. 1998).

La restauration forestière serait en effet à la base des solutions préconisées pour réduire de manière significative les émissions liées à la déforestation (UN-REDD, 2011) et remédier aux problèmes récurrents des pertes des potentialités de production, souvent irréversible, des écosystèmes (Freedman et al. 2009, Paquette et Messier 2010, Pawson et al. 2013). La réintroduction des espèces adaptées permet en effet de rétablir et protéger la diversité biologique (Pawson et al. 2013). Elle permet également d’améliorer la fertilité biologique des sols dégradés, d’augmenter leur capacité d’infiltration des eaux des pluies, de régulariser leur régime hydrique, de favoriser le stockage du carbone (Grainger et al. 2000, Lal 2002, 2003, 2004) et de lutter contre le tassement et l’érosion (Lal 2001). Aussi, la restauration forestière figure donc parmi les solutions à privilégier en Afrique (FAO 2003). Le choix des espèces arborées à planter doit cependant tenir compte de leur efficacité d’utilisation de l’eau et de leur résistance aux contraintes hydriques (Malagnoux

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et al. 2007, Anderegg et al. 2013). Ce choix doit se faire prioritairement parmi les espèces naturelles à usages multiples adaptées à l’aridité du milieu (Parrota et al. 1997, Floret et al. 1993). Ces espèces doivent par ailleurs être socialement acceptées et offrir des produits et services diversifiés pour soutenir un développement rural durable (Petit et al. 2003). La restauration forestière en zones arides doit en effet être multi-objectives et cibler prioritairement le rétablissement des services écosystémiques nécessaires à la vie humaine (Rey Benyas et al. 2009, Paquette et Messier 2010). Les plantations mixtes d’espèces naturelles sont les mieux indiquées pour atteindre ces objectifs incluant la protection de la biodiversité et le développement et la stabilisation des puits de carbone (Pawson et al. 2013, Hulvey et al. 2013).

1.2.2. La stratégie mondiale de la restauration forestière

La restauration des paysages forestiers dégradés des zones arides par la plantation a gagné de l’importance durant ces dernières décennies et nombreux travaux de recherche lui ont été consacrés (Ciccarese et al. 2012, Oliet et Jacobs 2012, Cortina et al. 2013). Cette orientation a été renforcée depuis la publication par l’ONU de l’étude sur l’évaluation des écosystèmes pour le millénaire (MEA 2005). Celle-ci a mis au premier plan les services écosystémiques rendus par les forêts, plus particulièrement en matière de conservation de la biodiversité, du stockage du carbone, de la régularisation des cycles de l’eau et de la protection des sols. Dès lors, réduire la déforestation et accroitre le reboisement tout en soutenant l’agriculture et les moyens de subsistance en milieu rural sont devenus une priorité internationale (UNEP 2011). Les zones arides, vulnérables à la désertification, sont également ciblées par cette initiative (FAO 2013b). Le programme de collaboration des Nations Unies sur la réduction des émissions résultant de la déforestation et de la dégradation des sols dans les pays en développement (UN-REDD, 2011) a mis en place des mécanismes de financements qui éventuellement pourraient soutenir les efforts de conservation et de reboisement dans le cadre d’un partenariat international. Aussi, lors de la réunion 2010 autour de la convention sur la diversité biologique à Nagoya, au Japon, un

13 autre pas a été franchi en adoptant l’objectif de restaurer 15% des écosystèmes dégradés dans le monde d'ici 2020 (Suding 2011, Laestadius et al. 2011, Secr. Conv. Bio. Divers. 2010). Cette convergence internationale pour la restauration forestière est consolidée par les programmes de lutte contre les gaz à effet de serre dans une stratégie visant à restaurer les puits de carbone des zones arides. L’effort à consentir est énorme s’agissant d’un territoire immense et contrasté qui couvre environ 41 % de la surface terrestre et abritent plus de 36 % de la population humaine (MEA 2005, Reynolds et al. 2007).

Figure 1.4. Évaluation de la perturbation biophysique du fonctionnement de l’écosystème suite

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