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Partie II. Que se joue-t-il dans la quête de

4. Vétrotex : un écoquartier en centre-nord

4.2 Un projet localisé sur une friche industrielle

Le secteur Centre Nord, situé à la confluence de l’Hyère et de la Leysse, s’industrialise dès la deuxième moitié du XIXème siècle en accueillant des

manufactures liées à l’eau. Le bâti industriel résultant s’organise sur des emprises importantes dessinant progressivement un quartier aujourd’hui caractérisé par des implantations «flottantes» accompagnées de grandes nappes de stationnement. A l’origine situé au milieu des champs, ce site se situe dorénavant à la limite Nord du centre-ville, suite au plan d’extension et d’embellissement de la ville engagé depuis 1930.

Le 1er janvier 1950, la Société du Verre Textile (dite usine A), fabriquant du fil de verre, s’installe le long de la Leysse. Elle prend son essor après 1955, date à laquelle elle sait fabriquer et mettre en œuvre une gamme de produits de renforcement de matières plastiques dont les applications sont multiples : industrie du bâtiment, de l’automobile, de la décoration, des loisirs... Plus tard une autre usine de production de billes (usine B, dite la verrerie) est construite dans la zone du Grand Verger.

A partir de 1974, le premier choc pétrolier entraîne une crise économique générale à laquelle cette entreprise jusqu’alors prospère, investissant et embauchant beaucoup localement, se retrouve confrontée.

L’ancienne usine A du Verre Textile, qui fut longtemps la plus importante du bassin chambérien, ferme en 2005. Celle-ci a profondément marqué la vie chambérienne et les nombreux salariés qui y ont travaillé. Plusieurs témoignages vont d’ailleurs dans ce sens : «40 années passées dans ce grand ensemble industriel où tant de femmes et d’hommes ont donné de leur temps, soit en journée, soit en 3/8 ou même la nuit. Toutes ces personnes avec l’Amour du Verre Textile qui les animait, ces marques de sympathie et de camaraderie qui ont jalonnées toute leur vie professionnelle espèrent retrouver cette âme de vie dans le futur écoquartier.»50.

Finalement, la Ville acquiert fin 2011, par le biais de l’Établissement Public Foncier Local, le site de l’ancienne usine A de Vétrotex. Un bâtiment de 2 000 m² sur 2 étages et une structure en shed de type Eiffel vont être conservés en raison de leur intérêt patrimonial, mais aussi en mémoire de cette usine et des très nombreux Chambériens qui y ont travaillé. Les démolitions des autres bâtiments sont en cours.

Les contraintes

Le site de Vétrotex, étant au cœur d’un projet de grande ampleur, se trouve confronté à des contraintes qui lui sont en premier lieu externes. En effet, 50 Propos recueillis lors de l’exposition des projets de Vétrotex tenue le 19 juin 2015 par la ville de Chambéry auprès de Mr A. P.

le manque de composition générale à l’échelle du secteur Nord engendre des dysfonctionnements de plusieurs natures (cf Fig.29 ci-contre).

Tout d’abord, il est relevé des coupures urbaines fortes créées par des éléments physiques naturels et construits (les rivières de la Leysse et de l’Hyères, les voies de chemin de fer, la voie rapide urbaine...).

La deuxième contrainte forte est de créer un projet dans un espace où le réseau viaire est déficient en raison d’une construction du secteur au coup par coup sans conception globale, suivi du comblement des interstices, ayant généré des espaces de délaissé.

De nombreux équipements de grande taille sont également présents ainsi que des industries ayant une vaste emprise parcellaire de l’ordre parfois du macro-îlot. Leur caractère industriel en a par ailleurs fait des espaces imperméables engendrant une discontinuité des espaces publics dont la qualité renvoie une image déplaisante de l’entrée de ville.

De plus, d’autres points contraignent le projet comme la proximité de la rotonde de la gare inscrite au patrimoine (projet soumis à la validation de l’Architecte des Bâtiments de France), les bandes inconstructibles, la monofonctionnalité du secteur (tertiaire), une forte dépendance à la voiture sur le secteur (qui contraint à la création de nappes de parking, le stationnement en sous-sol ne pouvant être réalisable en raison du site

inondable) et enfin les pollutions (visuelle, chimique et sonore). Fig29. Les contraintes du siteSource : Groupement Chavannes

Entrée de ville

Espaces imperméables Voie Rapide Urbaine

Digue Voie principale Surfaces enrobées Coupure urbaine Bande inconstructible Patrimoine Rotonde de la gare S 16 S 15 Hyères Leysse Leclerc Vétrotex Grand Verger Cimetière

Les atouts et opportunités

Pour autant, le site de Vétrotex présente plusieurs atouts et opportunités dont le projet doit se saisir.

Tout d’abord, la proximité de la gare ainsi que deux sorties de voie rapide permettent une ouverture du quartier et des échanges aisés avec le reste de l’agglomération. De plus, il est prévu une extension des lignes de bus permettant une bonne desserte du quartier. La présence de pistes cyclables est également un atout pour ce futur écoquartier (cf Fig.30).

La forte présence de la nature, par les rivières de la Leysse (cf Fig.31) et de l’Hyères, est un atout majeur, également source d’enjeu de préservation et de verdissement de la ville grâce à son intégration dans le projet du futur écoquartier de Vétrotex.

Enfin, l’usine Vétrotex est un point de repère pour beaucoup de Chambériens, un témoin de l’histoire du site, dont certaines structures présentent un intérêt patrimonial (comme les sheds, cf Fig.32 ci-contre).

Les multiples atouts, potentiels et enjeux de la Ville de Chambéry sont autant d’arguments en faveur d’un nouveau quartier s’inscrivant dans une démarche d’urbanisme durable.

Fig31. La Leysse - Source : Agence ARTER

Fig30. Des pistes cyclables reliées au centre - Source : Agence ARTER

Fig32. Les sheds : un patrimoine à préserver - Photographie de l’auteur AB

3.3 Genèse du projet : un projet d’écoquartier ?