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II. L’offre touristique

6. Un patrimoine singulier

Le territoire d’extension du pôle touristique comprend des richesses patrimoniales atypiques et diversifiées.

des bâtiments remarquables liés au canal : Plusieurs bâtiments illustrent l’histoire particulière du canal du l’Ourcq. Liés aux fonctions du canal, directement (alimentation en eau, transport de marchandises…) ou indirectement, tous témoignent de l’impact du canal sur les territoires traversés. Citons notamment :

sur Paris :

les bâtiments des magasins généraux, exemples types des nombreux entrepôts qui entouraient le Bassin de la Villette au siècle dernier27. A la suite d’un

incendie en 1990, le pavillon Nord a été détruit et, la Ville de Paris a initié un plan de reconversion des 2

bâtiments28 ;

le pont levant de Crimée, construit en

1886 pour remplacer l’ancien pont © CDT 93

tournant et faire face au trafic important enregistré sur le canal de l’Ourcq (2 millions de tonnes). Unique pont levant de Paris, le pont de Crimée constitue un élément remarquable du patrimoine lié au canal29 ;

la grande halle de la Villette, principal vestige des marchés et abattoirs de La Villette qui avaient été établis ici en remplacement des abattoirs de Paris, sur un site unique de 40 000 m² aménagé entre 1859 et 1867, entre le canal de l'Ourcq, la route d'Allemagne (aujourd'hui avenue de Flandre puis avenue Jean Jaurès) et l'enceinte fortifiée ;

• si la rotonde de Ledoux a été construite bien antérieurement au canal de l’Ourcq (1785)30, son rôle a été indéniable dans la réalisation du canal puisqu’elle a servi de référence pour l'axe de construction du bassin de la Villette.

27 Construits entre 1845 et 1853, le grain et la farine y étaient entreposés pour alimenter la capitale. Dans les années 70, ils ont été transformés en ateliers d’artistes et locaux d’accueil d’activités de service.

28 Les bâtiments accueillent aujourd’hui :

-berge sud : une résidence étudiante de 165 chambres , 37 ateliers d’artistes, un espace d’exposition et un restaurant,

-berge nord : une auberge de jeunesse de 278 lits et ses services, un hôtel de 144 chambres et un restaurant.

29 Ce pont hydraulique, autrefois manœuvré manuellement est maintenant actionné à distance depuis l’écluse du canal Saint Denis.

30 Cette rotonde est, avec celles des parcs Monceau, de Denfert-Rochereau et des colonnes du Trône, une des quatre barrières d’octroi, vestiges de l'enceinte des Fermiers Généraux qui ceinturait Paris suite à la décision de Louis XVI de lutter contre les fraudes grandissantes Elle a été utilisée comme caserne de gendarmerie de 1830 à 1860, puis d'entrepôt pour le sel. Elle a été restaurée dans les années 60 avant d’être remise en valeur dans le cadre de l’aménagement de la place de Stalingrad en 1990.

en Seine-Saint-Denis :

les grands Moulins de Pantin, construits en 1884, hauts de 8 étages, comprenant 24 meules. En 1915 cette minoterie se classe comme le 7ème moulin de Paris. Les Grands Moulins de Pantin sont actuellement en plein chantier. La société BNP–Paribas

Securities Services installera en 2009, son siège social dans les bâtiments réhabilités par les architectes Reichen et Robert ;

la grande blanchisserie Elis et sa cheminée emblématique qui jouxte les Grands moulins de Pantin, fondée en 1883 par Théophile Leducq31 et qui sera transférée à 1,5 km dans la ZAC du port

de Pantin avec ses 400 emplois ; Cheminée de la

blanchisserie Elis© CDT 93

les anciens entrepôts de la Chambre de Commerce et d’Industrie rive sud du bassin de Pantin, immenses bâtiments à l’architecture remarquable (ossature en béton armé, remplissages de briques et grandes baies vitrées, coursives

extérieures…) aujourd’hui en friche32 ;

• le bâtiment de « La colonie des Enfants de Paris » aux Pavillons-sous-Bois, au

bord du canal rive nord, construit en Anciens entrepôts de la CCI © CDT 93 1912 par la « Société d’Education Laïque du XIXème arrondissement de Paris »33 qui accueille, depuis 1993, l’association Contraste.

un patrimoine de mémoire plus ou moins mis en valeur

On recense sur le territoire d’extension du pôle, de nombreux éléments patrimoniaux, témoignages intéressants de l’histoire du territoire et plus généralement de notre histoire collective. Souvent peu entretenu, ce patrimoine de mémoire mérite d’être valorisé d’un point de vue touristique :

31 On y traitait jusqu’à 15000 tonnes de linge et vêtement par an des hôpitaux, restaurants, casernes de pompiers.

32 Destinés à l’origine au stockage du grain et de la farine, les bâtiments ont aussi servi d’entrepôts aux services des Douanes. Les 6 plateaux des 2 bâtiments de 55m sur 35m répartis sur 5 étages totalisent 41000 m2 de surface.

33 Association fondée en 1903 avec l’objectif de « préserver du désœuvrement et des mauvaises influences de la rue les adolescents des deux sexes (…) et ne pas les laisser aux mains des congrégations ». L’association occupait le terrain depuis 1906. Le site a accueilli le 12 juillet 1914 « La fête des cent élus socialistes » à laquelle 40.000 personnes étaient attendues. Après la première guerre mondiale, le bâtiment a été transformé en école de vannerie pour la rééducation professionnelle des mutilés de guerre, puis il a accueilli diverses petites industries et hébergea une école professionnelle pour techniciens du bâtiment et des travaux publics. Enfin, il fut transformé en 1961 en hôtel industriel.

Les lieux, témoignages douloureux de la déportation:

- l’ancienne gare de Bobigny d’où partirent 15 000 Juifs internés dans le camp de Drancy vers Auschwitz. Un projet destiné à faire de ce site un lieu de mémoire doit être engagé sur l’initiative de la ville de Bobigny.

- le quai aux bestiaux de Pantin d’où est parti, le 15 août 1944 (juste avant la Libération de Paris), le dernier grand convoi de la région parisienne pour les camps de Buchenwald et de Ravensbrück avec quelque 3000 otages provenant des prisons parisiennes ;

- le Fort de Romainville34, devenu prison puis camp d’internement où étaient

retenus des otages en vue d’être fusillés en représailles d’actions de la résistance.

Il devint un véritable lieu de transit, avec Compiègne et Drancy, vers les camps de concentration35. Le plus connu des convois partis de Romainville est le « convoi des 31 000 »36.

D’autres lieux de mémoire tels que :

- le carré musulman du cimetière intercommunal des villes de la Courneuve,

Drancy, Aubervilliers et Bobigny, seul cimetière de France entièrement consacré à des sépultures musulmanes porte témoignage de l’histoire des relations de la France avec les populations de ses colonies du Maghreb. Inauguré en 1937, pour l’inhumation des musulmans morts à l’hôpital franco-musulman de Bobigny (aujourd’hui Avicenne), il a accueilli à la fin de la seconde guerre mondiale, les combattants musulmans dont certains faisaient partie de la célèbre 2ème DB37. Son architecture est inspirée de l’architecture arabe que les Français pouvaient

découvrir lors de l’Exposition coloniale de 1931. Plusieurs éléments sont inscrits au titre des monuments historiques (porche d’entrée, pavillons attenants et salle de prière.)

- le patrimoine de la Poudrerie Impériale puis Nationale de Sevran-Livry, composé de divers bâtiments remarquables : le bâtiment central (transformé en musée des poudres), le forum composé de trois bâtiments disposés en U et qui accueille la société des amis du parc et le CORIF, la cartoucherie, la conciergerie, la presse.

un patrimoine contemporain exceptionnel

Sur le territoire d’extension du pôle, des éléments patrimoniaux ou architecturaux contemporains mériteraient d’être mis en valeur d’un point de vue touristique :

- la Géode, le bâtiment de la Cité des sciences et de l’industrie et les Folies dont l’architecture des années 80 sont emblématiques du nouveau type de parc urbain qu’a constitué le parc de la Villette ;

34 Ouvrage militaire, aujourd’hui désaffecté, construit pour la protection de Paris entre 1844 et 1848 et réquisitionné en 1940 par les Allemands.

35 Les historiens estiment à 7000 les résistants internés au Fort de Romainville avant leur déportation, dont la moitié était des femmes.

36 Dans le convoi des 31 000, se trouvaient notamment Marie-Claude Vaillant-Couturier, Simone Sampaix, Danielle Casanova, May Politzer…

37 60 artilleurs nord africains, zouaves, spahis marocains, tirailleurs sénégalais... Les dernières dépouilles qui y seront inhumées seront celles de tirailleurs marocains, morts en Indochine en 1954.

- les bâtiments transformés des Grands Moulins de Pantin ;

- les locaux de stockage de la Chambre de Commerce et d’Industrie ;

- le centre national de la danse installé depuis 1998 dans le bâtiment de la cité administrative de Pantin conçue en 1965 par l’architecte Jacques Kalisz (témoignage de l’architecture dite « brutaliste ») et rénové par les architectes Antoinette Robain et Claire Guieysse qui ont obtenu le prix « Equerres d’Argent » en 2004 pour cette réalisation ;

- le site de l’Illustration, inauguré le 30 juin 1933 à Bobigny, usine modèle, équipée des derniers perfectionnements, avec une organisation technique concentrant dans un même lieu, toutes les étapes de la production d’un hebdomadaire qui tire à 200 000 exemplaires. Le site, réhabilité en 1998 par Paul Chemetov et Borja Huidobro, accueille aujourd’hui l’IUT de l’Université Paris XIII ;

- L’église Notre-Dame du Raincy consacrée en 1923, est une icône de l'architecture moderne, classée monument historique. Pour la première fois des architectes, les frères Perret, conçoivent une église entièrement en béton armé et l'affichent délibérément, en laissant le matériau à l'état brut ;

- Les bâtiments de l’empire pharmaceutique Roussel Uclaf à Romainville : site UCLAF des années 30 où le docteur Roussel effectua ses recherches en prélevant le sang de chevaux logés dans une vingtaine d’écuries et où le chimiste André Girard développa ses expériences. Bâtiments auxquels il convient d’ajouter les sites de production d’antibiotiques du 111 route de Noisy, d’une modernité rationnelle, construits de 1947 à 1972 ;

- les Cités Jardins: Cité des Foyers (1910-1912) à Pantin, cité du Pré-saint-Gervais (1930-1952), cité-jardin semi provisoire Joseph-Dépinay aux Lilas (1921–1923, pavillonnaire détruit à la fin des années 60), cité La poudrerie –1933- et cité rue des Charmilles –1931- à Livry-Gargan),

- la maison du Parc de la Bergère, sur la rive droite du canal, et ses

éoliennes, bâtiment dessiné par l’architecte Laurent Salomon qui accueille depuis 2003, un hall d’expositions sur des thèmes liés à l’écologie urbaine ;

©CDT 93

- la salle des mariages de l’hôtel de ville de Bobigny, constitue, avec son petit musée haut en couleurs, sa Marianne africaine et ses murs décorés par des graffs d’artistes balbyniens, un témoignage exceptionnel de l’art modeste d’Hervé di Rosa38 ;

© CDT 93 - le « mur de graffs » de Bobigny, sur

les berges du canal est un lieu renommé où s’expriment de nombreux artistes ;

- - l’architecture des années 30 illustrée notamment par plusieurs cités de logement social (cité HBM Albert Thomas à Bondy, cité des pommiers et cité des auteurs à

Pantin et aux Lilas…) ainsi que la © CDT 93

piscine de Pantin, en briques rouges et avec ses galeries et balcons qui desservent les cabines sur deux étages.

Plus largement, l’ensemble des constructions architecturales intéressantes qui

témoignent de l’histoire de ce territoire mériteraient d’être mis en valeur comme la Cité du Merlan à Noisy-le-Sec inscrite à l’inventaire des monuments historiques (chantier d’expérimentation39 de 56 maisons préfabriquées, toutes uniques, construites après guerre dont certaines de Prouvé) ou encore les œuvres d’architectes célèbres (Oscar Niemeyer, Emile Aillaud…).

B. Une activité affaires de différente nature et concentrée vers