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441-UN ENVIRONNEMENT MILITAIRE EN PROFONDE EVOLUTION

44-LA RUPTURE A LA FIN DE L’ANNEE

441-UN ENVIRONNEMENT MILITAIRE EN PROFONDE EVOLUTION

En déclenchant l’opération Barbarossa le 22 juin 1941, le régime nazi provoque l’ouverture d’un front qui va absorber l’essentiel des ressources militaires de l’Armée allemande. Après avoir cédé du terrain devant Moscou en novembre 1941, la Wehrmacht reprend l’offensive pour atteindre Stalingrad en septembre 1942. La bataille qui s’engage est marquée par des combats d’une intensité et d’une brutalité sans précédent et se termine par la capitulation de l’armée de Von Paulus le 2 février 1943. Cette capitulation qui met fin à l’invincibilité de l’Armée allemande marque profondément les populations en Europe. L’URSS, attaquée par l’Allemagne, se retrouve alors dans le camp des Alliés.

Le 7 novembre 1942, les Américains et les Anglais débarquent en Afrique du Nord, contraignant les Allemands à abandonner l’Afrique en mai 1943. C’est à partir du 30 mai 1943 que le Général de Gaulle s’installe à Alger.

Les Alliés disposent ainsi d’une plate forme pour un projet plus ambitieux en Europe méridionale. L’invasion de la Sicile en juillet 1943 marque le début de la guerre d’Italie qui se poursuit dans la péninsule italienne à partir du 3 septembre 1943.

En réponse au débarquement en Afrique du Nord, Hitler donne l’ordre d’occuper la zone sud le 11 novembre 1942, mettant fin au statut très particulier de la France occupée. Pour la France de Vichy, il s'agit d'une rupture. En perdant à la fois

97 sa souveraineté sur une partie de la France et sur l'Empire, la situation spécifique qui permettait de justifier la politique de neutralité et de collaboration s'effondre.

Sur le plan international, le gouvernement de Vichy est de plus en plus isolé. L’URSS rompt ses relations diplomatiques avec la France le 30 juin 1941. Les États- Unis qui avaient accordé leur reconnaissance diplomatique au régime de Vichy, y mettent un terme en novembre 1942.

Ces évolutions militaires ont passionné l’opinion. Dans son rapport mensuel du 22 novembre 1942 le chef de la sureté de La Roche-sur-Yon note que : « la population vendéenne attend anxieusement le déroulement des opérations militaires actuelles »448. Ces évènements ont jeté le trouble dans une population qui suivait de moins en moins l’évolution de la guerre et ne s’attendait pas à un pareil développement de la situation. Mais l’opinion publique est toujours en attente d’autres évènements avec l’occupation totale de l’Afrique du Nord en mai 1943. « L’occupation de la Tunisie est considérée comme le prélude à l’ouverture d’un nouveau front »449. Les évènements extérieurs éveillent la curiosité, les opérations militaires sur le front de l’Est suscitent également un intérêt. Le recul des forces allemandes face à la pression militaire russe est dans l’esprit de beaucoup, le signe d’un effondrement proche des forces de l’Axe. L’avantage russe très marqué et les abandons de territoire par les Allemands « donnent à penser que la victoire allemande n’a plus aucun crédit »450

. Les propos de Churchill lors de la conférence de Québec avec Roosevelt « des évènements nouveaux se dérouleront avant la chute des feuilles d’automne » alimentent les rumeurs d’un débarquement prochain dans le Sud de l’Italie451

. La sympathie pour les Alliés ne fait que croitre. Si l’évolution de la situation militaire a bien alimenté les pronostics sur l’issue de la guerre, elle a également aidé à convaincre les hésitants « devant ces ensembles de fait, certaines personnes ont évolué, elles sont sorties du doute où elles étaient sur l’issue de la guerre pour se ranger du côté de celles qui voient une victoire possible des Anglo-Saxons »452.

Les raids sur Berlin et sur les autres villes allemandes doivent porter un coup au moral des populations allemandes. Le bombardement de Rome est bien accueilli

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ADV, 1W43. Rapport des chefs de service de novembre-décembre 1942.

449

ADV, 1W44. Rapport des chefs de service de mai-juin 1943.

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Ibid., juillet-août 1943.

451

Ibid.

98 par la population vendéenne très catholique. Le clergé n’a pas eu de réaction très marquée après le bombardement car « il semble entièrement d’accord avec les Anglo-Saxons quant au fond »453. L’effet sur la population italienne doit conduire à une paix rapide. De plus, les rumeurs sont colportées par les ouvriers qui reviennent en congé ; du fait des bombardements sur les centres industriels, le potentiel militaire allemand a considérablement diminué. La guerre à outrance est vue plutôt comme une opportunité pour hâter la fin de la guerre454.

Les évènements militaires se suivent et se rassemblent sans créer de situations décisives, les hostilités se prolongent et la lassitude s’installe au sein de la population vendéenne455. Les Vendéens attendent un débarquement des Alliés sur le sol français en espérant qu’il se situe sur un autre département. Les rumeurs de débarquement engendrent des sentiments contradictoires : la peur et l’espoir. A la crainte qu’il ait lieu dans le département, s’ajoute les risques d’une guerre civile, mais il génère également l’espoir d’une paix rapide après ces quatre années d’occupation456

. « Après avoir beaucoup attendu et beaucoup espéré, on commence à redouter, non pas qu’il [le débarquement] ait lieu mais qu’il se déroule précisément en Vendée »457.

L’évolution de la situation miliaire occupe toujours les esprits. Il est de plus en plus certain que les allemands ne sont pas en mesure de faire face avec succès aux nombreuses offensives des forces alliées sur les différents fronts et que leur système de défense ne peut pas résister aux différents assauts des forces alliées. Les événements extérieurs et intérieurs se confondent avec le débarquement en Normandie le 6 juin 1944 lorsque les opérations militaires se déroulent sur le sol français. Il n’existe alors que des opérations militaires qui se déroulent sur toute l’Europe. 453 Ibid. 454 Ibid. 455

ADV, 1W45. Rapport des chefs de service de novembre-décembre 1943.

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ADV, 1W46. Rapport des chefs de services de janvier-février 1944.

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