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313-DES MOYENS D’INFORMATIONS QUI PENETRENT DANS LA SOCIETE

31-L’EGLISE DE VENDEE

313-DES MOYENS D’INFORMATIONS QUI PENETRENT DANS LA SOCIETE

Pour faire connaitre au clergé et à la société vendéenne sa politique spirituelle et temporelle, l’Eglise s’est dotée de moyens de communications au niveau du diocèse et de la paroisse.

La censure a été instituée dès le début de la déclaration de guerre, il existe dans le bulletin paroissial des Herbiers de juin 1940135 un passage supprimé par la censure dans un article sur les réfugiés. Puis il y a la presse soumise à la censure allemande en août 1940136, cependant, il n’apparait pas de traces visibles dans la

Semaine catholique du diocèse de Luçon, ni dans les bulletins paroissiaux.

Tout au plus nous trouvons un document avec la mention « on nous prie d’insérer les lignes suivantes »137

. Le 14 septembre 1940, La Semaine catholique du

132

Bulletin paroissial des Herbiers, avril 1943.

133

Bulletin paroissial des Lucs-sur-Boulogne, 17 novembre 1940.

134

Ibid., 8 mars 1942.

135

Bulletin paroissial des Herbiers, juin 1940.

136

Gérard Nocquet, « La Vendée de l'Occupation... », op. cit., p.29.

137

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diocèse de Luçon relate l’intervention de cet officier allemand qui se démène et

sauve la vie d’un bébé aux Sables d’Olonne.

L’évêché a ainsi pu disposer pendant l’Occupation d’outils de communication pour faire connaitre sa position, non seulement sur des questions religieuses mais aussi dans tous les domaines de la société.

3131-DES OUTILS DE COMMUNICATION DIOCESAINS

Durant les années 1940, le nombre de radio dans le département est extrêmement faible et l’essentiel des informations est transmis par la presse. Il existe une multitude de journaux, chacun d’entre eux a une ligne politique bien définie. La presse catholique trouve en Vendée une terre d’élection. La Voix de la Vendée et la

Croix vendéenne réunies138 est un journal hebdomadaire d’union et d’action

catholique La direction de rédaction est sous la responsabilité de l’Abbé Plessis139 à La Roche-sur-Yon, il a été nommé directeur du journal par Garnier140. L’administration du journal est assurée par l’Abbé Grimaud141

à Luçon, membre du Conseil épiscopal142. La composition du comité directeur du journal est suffisamment explicite pour que sa tendance politique soit ainsi clairement identifiée. Ce journal est ainsi l’organe d’expression du diocèse. Il n’est pas surprenant dans ces conditions de trouver sur le rapport du préfet de septembre 1941 daté du 8 octobre 1941 que le journal de l’évêché La Voix de la Vendée est entièrement acquis à Pétain et à la cause de rénovation nationale143.

Il nous reste à apprécier la diffusion de ce journal au sein de la population. En effet, la question posée sur les procès verbaux des visites canoniques « Dire s’il y a une œuvre de presse catholique et quelles en sont les publications et pour chacune d’elle quel est le nombre d’exemplaires vendus? » nous permet cette approche. Prenons pour exemple l’archiprêtré des Sables d’Olonne en 1939144

: parmi les 49 paroisses visitées (sur les 74 que comptent l’archiprêtré des Sables d’Olonne), seuls trois procès verbaux ne mentionnent aucune diffusion du journal La Voix de la

138

Jean Gourhand, Jean Watelet op. cit., p.17.

139

La Voix de la Vendée, 1 septembre 1939.

140

Semaine catholique du diocèse de Luçon, 27 mai 1939.

141

La Voix de la Vendée, 1 septembre 1939.

142

Ordo. Annuaire ecclésiastique, Année 1941.

143

ADV, 1W41. Septembre 1941. Rapport du préfet du 8 octobre 1941.

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Vendée. (Détails en annexe C-3131). Le nombre total d’exemplaires s’élève à 1500

pour une population qui atteint 61000 habitants, en extrapolant, la population vendéenne est évaluée à 390 000 habitants, on arrive à une diffusion hebdomadaire d’environ 9500 exemplaires. Ce faible tirage est caractéristique de la diffusion de la presse en Vendée durant cette période145.

Quoiqu’il en soit, la presse catholique est diffusée dans pratiquement toutes les paroisses, elle est donc lue et commentée par les paroissiens. La Voix de la

Vendée est le journal hebdomadaire recommandé par les autorités religieuses

déclare le curé des Lucs-sur-Boulogne en février 1941146. Quant au curé de Chavagnes-en-Paillers, il vante les mérites de la presse catholique dont un bon chrétien ne saurait ignorer et en conseiller la lecture. Il est indispensable d’opérer « un renouveau d’attachement à la presse [La Voix de la Vendée] qui se fait un devoir de travailler au redressement de la mentalité catholique en France »147.

L’Eglise dispose de moyens internes pour assurer sa communication. La

Semaine catholique du diocèse de Luçon148, publication hebdomadaire qui parait sur 8 pages dès juin 1940 en conformité avec les décisions règlementant l’usage du papier149, est l’organe d’expression de l’évêque et de ses collaborateurs.

En effet, la première page montre les armoiries de l’évêque en titre. Ce sont celles de Gustave-Lazare Garnier150 «Custodire legem» jusqu’au 30 janvier 1940 date de son décès qui figure en première page (annexe D-3131). Puis durant la vacance du siège épiscopale et l’intérim du vicaire capitulaire Monseigneur Massé elles sont remplacées par celle du chapitre le Luçon151 « Capitulum eccl. cath. B.M

lucionensis » (annexe D-3131). Enfin avec l’arrivée de Monseigneur Cazaux152, ses armes s’affichent alors en première page.

Il n’y a ainsi aucune ambiguïté possible pour les destinataires et les lecteurs du bulletin. Il est publié avec l’approbation de l’évêque et traduit ainsi l’état d’esprit et les réactions aux évènements de la plus haute autorité ecclésiastique du diocèse.

145

Jean Gourhand, Jean Watelet, op. cit., p.7.

146

Bulletin paroissial des Lucs-sur-Boulogne, 15 février 1941.

147

Bulletin paroissial de Chavagnes-en-Paillers, mai 1941.

148

Titre depuis sa parution en 1876 selon Emile Poulat, Les semaines religieuses. Approche

sociohistorique et bibliographique des bulletins diocésains français, Lyon, Centre d'histoire du

catholicisme, 1973, p. 67.

149

Semaine catholique du diocèse de Luçon, 8 juin 1940.

150

Ibid., 30 décembre 1939.

151

Ibid., 6 avril 1940.

152

39 3132-DES OUTILS DE COMMUNICATION PAROISSIAUX

Une communication externe en direction de la population vendéenne se développe dans chaque paroisse, avec le bulletin paroissial. Nous saisissons le discours tenu aux fidèles et les préoccupations de l’Eglise dans le domaine temporel et spirituel. Mais le bulletin est aussi un moyen de communication dans cette période d’occupation, le Bulletin de Saint-Hilaire-du-Bois rappelle les consignes de la mairie à plusieurs reprises en 1942 : camouflage des lumières la nuit, réquisitions prévues, vagabondage des chiens153. Ces éléments sont sans aucun doute de nature à faciliter la lecture des bulletins paroissiaux.

Les Archives départementales de la Vendée154 présentent 152 collections de bulletins paroissiaux qui permettent d’apprécier l’histoire locale en particulier pour la première moitié du XXe siècle dans un département qui compte 303 paroisses. Ces éléments nous permettent d’affiner notre recherche au sein de ce corpus sur la période 1939-1945. Cependant en 1939, on ne dénombre que 51 paroisses soit 137000 habitants qui diffusent un bulletin paroissial et en 1945, il n’y en a plus que 34 soit 73 000 habitants, (annexe E-3132)

Lors des visites canoniques de 1945, la question posée « Dire s’il y a un bulletin paroissial et quel en est le tirage » nous permet de préciser cette diffusion. Cette question n’est pas posée en 1939. Prenons celles de l’archiprêtré des Sables d’Olonne en 1945. Les visites portent sur 68 paroisses soit 112 700 habitants, seul onze communes mentionnent un bulletin paroissial représentant 31000 habitants pour un tirage global de 4128 unités155 (annexe E-3132bis). Une paroisse sur sept mentionne un bulletin paroissial, représentant un quart des habitants.

La fin de la guerre marque une baisse significative de la publication des bulletins paroissiaux. Nous pouvons envisager plusieurs hypothèses. A partir de septembre 1939, les bulletins paroissiaux sont soumis à la censure militaire156, ceux qui ne publient que les annonces de messes et les avis paroissiaux ne sont plus astreints à cette obligation de censure157 à partir de juin 1941. A la même date, la

153

Bulletin paroissial de Saint-Hilaire-du-Bois, 22 mars 1942, 26 juillet 1942.

154

ADV : Bulletins paroissiaux, http://www.archinoe.net/cg85v6/bulletin.php du 17 mars 2010

155 AD, 3F4/14. Procès verbaux des visites canoniques : archiprêtré des Sables d’Olonne, 1945. 156

Semaine catholique du diocèse de Luçon, 30 septembre 1939.

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40 pénurie de papier158 s’installe durablement, les bulletins hebdomadaires sont limités à deux pages, les bulletins mensuels à huit pages. Ces difficultés ont eu un impact sur la diffusion des bulletins paroissiaux. D’ailleurs, dans les années 1950, nous assistons à une remontée du nombre de communes qui disposent d’un bulletin paroissial : 108 communes représentant 205 000 habitants.

Tous ces éléments ne doivent pas nous faire oublier qu’il y a sans doute des écarts importants dans les différentes paroisses. Le curé des Lucs-sur-Boulogne, paroisse de 2217 habitants en 1936, écrit le 15 février 1945 « presque toutes les familles sont abonnées au Semeur »159, titre du bulletin paroissial. A toutes ces publications écrites du diocèse et de la paroisse, il faut ajouter les messages oraux de l’évêque et des curés lors des prônes dominicaux. Nous n’avons, hélas, pas de comptes rendus de ces interventions et leur perception au sein de la communauté est très délicate à apprécier. Toutefois, nous pouvons être assurés que lorsque l’évêque demande que tel message soit lu en chaire le dimanche à la messe, ces instructions sont respectées.