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3. Le futur lointain

3.3 Un changement organisationnel

Le traitement de données doit maintenant être régi par des procédures informatiques complexes et couteuses pour les banques. Il s’agit de remodeler le système interne, informatique et la façon de gérer la clientèle. Comme nous avons vu au chapitre 2, il a notamment été demandé aux banques suisses de mettre rapidement en place des projets de restructuration de traitement des comptes afin de pouvoir transmettre les informations aux pays avec lesquelles des accords ont été signés. La mise en place d’une nouvelle organisation peut amener certains froissements de la part des employés, en effet, on pourrait se demander dans quelle mesure il est possible d’ajuster un business modèle à une nouvelle règlementation imposée par des pays étrangers dans son propre pays. Les

managers des banques vont devoir se plier eux-aussi à ces normes et ajuster leurs

la banque. On peut se demander dans quelle mesure certaines personnes vont être moins enclins à s’adapter à ces nouvelles règlementations est dans quelle mesure les coûts liés au personnel et à la formation du personnel vont être lourds ou pas. Le facteur humain est donc à prendre en compte pour les banques.

3.3.1 Un test pour la gestion de fortune en Suisse

Qu’on le veuille ou non, les acteurs du système bancaire suisse doivent s’adapter à ces nouvelles réglementations. En effet, comme le pensent certains opposants, la Suisse sans secret bancaire serait-elle un pays sans avenir dans la finance ? Cette masse d’actif serait essentiellement venue remplir les banques suisses grâce au secret bancaire et non pas à la compétence des banquiers.

On constate en effet qu’il était possible auparavant pour un apprenti ayant fini le collège de travailler dans une banque (CFC ou place d’apprentissage) et d’avoir des responsabilités de plus en plus élevées au fil du temps. Est-ce là une simple réponse à la demande qui n’a fait qu’augmenter dès 1930. Alors que d’autres places financières telles que New York ou Londres auraient-elles des employés ayant fait des études plus poussées, des certifications reconnues sur un plan international (CFA, KAYA, etc..). D’un autre côté, la Suisse au fil du temps a su acquérir un savoir faire et se démarque des autres pays, étant en contact constant avec des clients étrangers, les banquiers suisses connaissent les législations étrangères et savent également gérer des comptes dans des monnaies étrangères. Est-ce donc vraiment la fin de la place financière suisse, suite à la fin du secret bancaire ?

Ce point de vu pourrait être discuté, car il n’a pas suffi simplement à la Suisse d’édicter des lois pour attirer les capitaux il a également fallu que celle-ci prouve qu’elle était à la hauteur pour maintenir les avoirs des clients dans le pays. A noter également que la Suisse n’était pas le seul pays à avoir un secret bancaire ; la Grande Bretagne, le Delaware aux USA, Singapour, Hongkong, le Panama et Dubaï notamment ont également des politiques fiscales avantageuses et sont donc accessibles aux clients suisses. Alors que dans les années 50 il était difficile d’envisager de placer ses actifs de l’autre côté de la planète, on peut facilement imaginer que depuis la révolution informatique avec Internet dans les années 90, les clients mécontents des gestionnaires suisses auraient pu placer leurs argents dans d’autres pays cités comme « paradis fiscaux ». La Suisse a donc un réel savoir faire et saura garder sa place au sein des marchés financiers internationaux, de plus que les gouvernements cherchent à harmoniser la fiscalité.

Les banques doivent s’adapter à ces changements, tout en restant compétitives et rentables. Si l’ont revient sur les coûts internes liés à ces changement, on peut se demander dans quelle mesure les gestionnaires de fortune indépendants peuvent faire face à de tels changements. En effet, l’avenir de petits cabinets de gestion pourrait être remis en cause, car il est de plus en plus difficile de se démarquer face à la concurrence. Les banques de tailles moyennes à grandes auraient plus de ressources pour y faire face, dans un monde qui se globalise et dans lequel la finance devient une question internationale.

Selon une étude faite par l’université de St. Gall et KPMG au sujet de la performance des banques privées suisses ; « Clarity on Performance of Swiss Private Banks – The

Widening Gap », l’avenir des petites entités bancaires seraient incertain. Comme on peut

le constater avec la figure ci-dessous, la gestion des changements en matière de régulation et les coûts que ceux-ci impliquent ont un impacte relativement différent selon la taille de la banque.

Figure 7 : Clarity on performance Swiss Private Banks

La figure ci-dessous provenant des prévisions de la BNS nous indique ne nombre de banques privées en Suisse depuis 2004, rajoutant à cela les prévisions d’avenir selon KPMG ne sont pas très favorable qui prévoit qu’environ 30% des banquiers privés Suisses pourraient disparaitre d’ici 2018.

Figure 8 : Nombre de banques en Suisse

SwissBanking, ASB, baromètre bancaire 2015

Les banques suisses seront dont obligée de redéfinir leur modèle bancaire afin de rester compétitives en matière de compliance et de réussir à créer de la valeur afin de se démarquer de ses concurrents. Cette vision nous confirme qu’on assistera à une segmentation de marché entre les grandes banques et les petites/moyennes banques. Les grandes banques auront assez de recul et de fonds pour pouvoir maintenir leur place sur le marché et s’adapter aux règlementations, notamment en termes de système informatique et de traitement des données. Les plus petites banques seront probablement contraintes de choisir des marchés cibles afin de pouvoir rester compétitifs ; la spécialisation ou la fusion avec d’autres banques semble être la solution adoptée.

3.3.2 La gestion de fortune à l’étranger ? La solution Onshore

Les opérations impliquant un « élément étranger » ; opérations dites de crossborder font entièrement parti du business modèle des banques. Puisque la communication avec des clients étrangers est restreinte, il serait envisageable pour les banques d’ouvrir des succursales étrangères afin d’être en contact direct des clients étrangers.31

En raison de ces multiples limitations, certaines banques doivent ouvrir des succursales à l’étranger pour maintenir la relation avec les clients étrangers ; une solution onshore. Une tendance qui s’accentuerait face à l’évolution de l’environnement économique et international ainsi qu’en conséquence à l’affaiblissement du secret bancaire. À titre d’exemples, la banque Lombard Odier a notamment ouvert une succursale à Prague et Singapour ; Mirabaud & Cie travaille désormais également depuis Dubaï. Cette solution semble être une des principales réponses face à ces changements, à noter également qu’elle serait motivée par la stabilité nouvelle de certains pays devenus politiquement plus stables et freinant ainsi la fuite des capitaux vers des pays tels que la Suisse.

Malgré cela, on a assisté récemment à la fermeture de plusieurs succursales de banques dans divers pays. C’est notamment le cas du Crédit Suisse en Allemagne et de la banque Barkley au Brésil. Nous constatons donc qu’avec la rigidité des lois internationales et la surveillance qui accroit, certaines banques considèrent des marchés comme peu intéressants et préfèrent les revendre à d’autres banques. Ainsi on assiste à un réel chamboulement du monde de la gestion de fortune32.

On constate donc qu’il est de plus en plus difficile de gérer une fortune d’un client étranger depuis la Suisse avec les réglementations et la fiscalité qui en découle, mais il semble être peu rentable pour une banque d’ouvrir des succursales dans chaque pays afin de couvrir un marché global. Les banques doivent donc cibler les marchés et les clients afin de rester rentables et de maintenir leurs chiffres dans le vert.

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