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Parmi les lésions multiples que la syphilis peut déterminer

sur l'amygdale, quelleest celle qui se rapproche le plus de l'af¬

fection que nous avons entrepris de décrire, et quels sont les

ressources de diagnostic dont nous disposons ?

Desnos, dans le Dictionnaire de médecine; Julien, dans son

traité; Mauriac, dans ses Leçons; Legendre et tout récemment

Fournier et Dieulafoy ne parlent du chancre amygclalien que pour insister sur les difficultés du diagnostic, en raison des multiplesapparences que cette lésionpeut revêtir; si bien que, poureux, Padénopathie etl'unilatéralité de la lésion seraientles seuls symptômes pathognomoniques. Le chancre amygdalien peut, en effet, simuler une angine phlegmoneuse, une angine diphtérique,une gomme del'amygdale,un épithélioma, etc.,etc.

Cependant, si nous voulons établir un parallèle entre l'ulcé¬

ration lacunaire aiguë et le chancre de l'amygdale, nous em¬

prunterons un type clinique dece dernierauxLeçons de Robin:

« C'est tantôt une érosion légère, n'ayantque la très-faible profondeur

d'une plaque muqueuse exulcérée, accompagnée d'un léger gonflement

de larégion sous-maxillaire; tantôtc'estuneulcérationprofonde etcomme anfractueuse, à fondgrisâtreoupultacé, bordépar une muqueusetuméfiée,

rouge, indurée, qui forme quelquefois autour de la cavité un bourrelet œdématié ».

Si nous ajoutons que le début est insidieux, que le mal de

gorge et les symptômes généraux peuvent être légers, que l'ulcération est recouverte d'une couche grisâtre peu adhérente,

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qu'il y a une induration sous-jacente et de l'adénopathie

sous-maxillaire,, nous aurons d'assez nombreux points de ressem¬

blance avecl'amygdalite ulcéreuse aigiie.

Récemment, M. le professeur Fournier (1) dans une leçon

sur le diagnostic différentiel du chancre amygdalien, disait :

« Enfin je signalerai, comme susceptible cle simuler le chancre de l'amygdale, une affection encore peu connue et non classique appelée

quant à présent, faute d'une appellation meilleure, amygdalite lacunaire, laquelle consiste enulcérations, d'origine indéterminée qui se produisent

surlesamygdales.Quandces ulcérations sontremarquablement profondes,

elles simulent les gommes; si elles sont moins profondes, elles peuvent

prendre absolument l'aspect du chancre ».

Plus récemment encore, M. Mendel (2) faisant, au mois de

maidernier, une communication à propos de l'ulcération qui

fait l'objet de cette étude, lui donne le nom d'amygdalite ulcé¬

reuse chancriforme.

Il est, dit-il, une lésion pouvant reproduire tous lescaractères

du chancre amygdalien :

« Mêmeulcérationplus oumoins creuse, même contour ovalaire oucir¬

culaire,mêmeinduration des bords, le plus souvent mêmeunilatéralité.

Mais, a-t-il soin d'ajouter, le diagnostic est cependant possible, grâce à deux signes. On sait que le chancre syphilitique s'accompagne toujours d'adénopathie volumineuse qui peut dépasser le volume d'un œuf de pigeon. Dansl'amygdalite chancriforme, l'adénopathie existe,mais à son minimum: on doit la rechercher; à lapalpation on constatel'existence de

deuxoutroisglandes peudéveloppées etroulant sous ledoigt.

Autres éléments dediagnostic important: l'évolution. Si le chancre met six semaines à évoluer, l'amygdalite chancriforme n'a qu'une durée mi¬

nime, une semaine en moyenne. Si donc le diagnostic était douteux au début, avec unecourtetemporisation, onpourrait décidersûrement ».

Ajoutons que l'examen local lui-même peut sufflr pour trancher le diagnostic : En effet, nous avons insisté dans le

(1) Bulletin médical, 3 février 1895.

(2) Mendel. —Amygdaliteulcéreuse chancriforme. Communication a IaSociété d'Otologie etde Laryngolcgie, (mai 1895).

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tableau clinique que nous avons tracé de l'amygdalite ulcé¬

reuse sur les caractères de l'induration, et nous avons fait

remarquer que cette induration atteignaitles bords seuls, mais

ne s'étendait pas au-dessous de l'ulcération, ce qui a toujours

lieu pour le chancre. De plus elle est dans ce dernier cas

plus dure, plus ligneuse que dans le premier et on peut

s'en rendre compte enpalpantl'angle de la mâchoire avec une main et portant sur la face interne de l'amygdale, l'index de

l'autre main. Enfin, disons avec M. Moure que :

(( Les signes d'infection locale sontici des plus nets, toutle tissu amvg-dalien estrouge et tuméfié, le voile du palais, le pilier antérieur, parti¬

cipent très souvent au processus infectieux. La voix est empâtée, les ganglions engorgés, avec toutesles apparences qui les caractérisent dans

ces cas... Il suffit d'avoir vu un chancre pour ne jamais songer à le

confondre avec aucune autre altération de cette région; sans parler de

l'évolution ultérieure des accidents syphilitiques ».

Nous n'insisterons pasici surlesplaques muqueuses,qpisont

facilement reconnaissables, vuleur superficialité, leur étendue,

leur teinte rouge etleuraspect opalin, la saillie qu'elles forment,

leur ténacité, et enfin vu la coexistence d'éruptions cutanés et

les antécédents du chancre de lasyphilis.

Signalons en passant l'observation unique de Thouros-chewsky (1) d'un cas de chancre mou de l'amygdale. Cette

lésion qui n'a pas été signalée depuis et dont l'existence est pour le moins problématique, ne doitpas nous arrêter.

Nous arrivons enfin aux gommes ulcérées quisont peut-être

de toutes les affections amygdaliennes, celles qui pourraient

avoir le plus de ressemblance avec la lésion qui nous occupe.

(( La gommeulcérée se présente, en effet, sous la forme d'unepertede

substance déchiquetée avecenduit jaunâtre bourbillonneux, laissant au-dessous de lui une surface sanieuse, rougeâtre et fongueuse; mais la

(i) Thouroschewsky. Wiern. méd. Presse,n' 34, 1884.

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caractéristique de l'ulcèregommeux est de ne pas se cantonner au centre du tissu amygdalien, mais bien au contraire de débuter engénéral surles bords, de telle sorte qu'il envahit très rapidement soit les piliers, le voile,

lepharynx ou la base de la langue, pour de s'étendre en largeur et

en profondeur. Lasyphilis tertiaire del'arrière-gorge abandonnée à elle-même, produit ainsi de vastes délabrements quilaissent, après eux, les synéchies cicatricielles qu'on connaît bien. Les bords de l'ulcère syphili¬

tique sonttoujours plus ou moins rouges, enflammés et infiltrés, ce qui

n'existejamais, dansles formesulcéreuses simples » (1).

Comme il est facile cle le comprendre, ces ulcères perforants

se produisent quand la gomme se ramollit. Non-seulement ils

s'étendent en surface, mais aussi en profondeur et leur action

destructivepeut atteindre rapidement les parties sous-jacentes.

Morell-Mackenzie relate un cas d'ulcération de l'artère verté¬

brale.

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