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L ES STRUCTURES LES PLUS ANCIENNES : LA « TOUR MAÎTRESSE », UNE AULA ?

2. U NE PETITE ÉGLISE RURALE DANS SON CONTEXTE

Un édifice simple, une datation compliquée

La chapelle Sainte-Anne9 est installée sur un promontoire culminant, en altitude

absolue, à ca. 75 m, dominant ainsi la vallée de la Woluwe, à l’ouest (ca. 50 m). Elle présente une orientation imparfaite sud-ouest—nord-est (ouest-est dorénavant dans le texte10) et adopte un plan d’une extrême simplicité, de type église-salle11 : une

nef unique mesurant hors œuvre ca. 12,20 de long x 7,60 m de large, un chœur

7 Les archives du chanoine Lemaire constituent la section 10 des archives de son neveu,

Raymond Marie Lemaire : Veerle DE HOUWER, et al., Handleiding architectuurarchieven:

inventarisatie, Anvers, 2005, p. 63, KU Leuven, UA, inventaire online : http://www.

kuleuven.be/archief/RL/). Le dossier relatif à la restauration de la chapelle Sainte-Anne porte plus particulièrement le n° 643 et ne comporte que des relevés et des croquis.

8 Un exemple de cet écart entre théorie et pratique a été illustré par Thomas Coomans pour

la restauration de l’église Saint-Hilaire de Bierbeek par l’architecte de Pierre Langerock et le chanoine Lemaire (1897-1914) : T. COOMANS, « Van kapittelkerk tot priorijkerk:

de romaanse Sint-Hilariuskerk van Bierbeek in nieuw perspectief naar aanleiding van de dendrochronologische datering van de sporenkap (prov. Vlaams-Brabant) », dans Relicta.

Archeologie, Monumenten- en Landschapsonderzoek in Vlaanderen, 6, 2010, p. 72-75.

9 La chapelle Sainte-Anne dans sa totalité, de même que les alentours considérés comme le

noyau primitif du village d’Auderghem, a été classée respectivement comme monument et comme site archéologique par arrêté du Gouvernement de la Région de Bruxelles- Capitale du 22 novembre 2001. En 1914, l’édifice avait déjà été l’objet d’un classement (de fait et non légal) par la Commission royale des Monuments et des Sites dans une liste des biens à sauvegarder. La possibilité d’un classement légal ne surviendra qu’à partir de 1931 et le vote de la loi sur la préservation des monuments et des sites et sur le classement légal des édifices.

10 Nous redressons par facilité de langage l’orientation afin d’éviter l’usage fastidieux des

plus étroit et moins haut de ca. 5,50 de long x 5 m de large et une tour occidentale carrée (ca. 4,30 m de côté pour 13 m de haut sous corniche) dotée d’une entrée axiale (fig. 1 et 2). Une importante dénivellation intérieure est à noter entre le chœur et la nef, le premier étant 51 cm plus haut que la seconde.

Les maçonneries – épaisses de ca. 1 m pour la tour ; entre 0,90 et 0,75 m pour la nef et 0,60 m pour le chœur – utilisent en majorité des moellons de calcaire gréseux (pierres blanches), associés par endroit à du grès ferrugineux, ce dernier surtout mis en œuvre en assises parfois régulières et pour les chaînages d’angle de la nef et du chœur. La tour fait relativement moins appel au grès ferrugineux : ses chaînages d’angle mettent principalement en œuvre des pierres calcaires posées en délit. Seule la façade occidentale présente une concentration anormale de grès ferrugineux à hauteur du premier étage, ce qui pose question. Ces matériaux sont d’extraction locale, y compris le grès ferrugineux, dont un affleurement rocheux fut découvert lors de la campagne de Lemaire à une cinquantaine de mètres seule- ment de la chapelle12.

12 R. LEMAIRE, La chapelle Sainte-Anne au château de Val-Duchesse à Auderghem. Guide descriptif,

Fig. 1. Vue générale de la chapelle (cliché Armelle Weitz, 2013)

Fig. 2. Vue de la chapelle depuis l’est (cliché Paulo Charruadas, 2013)

La tour repose sur un empâtement d’une cinquantaine de cm de haut observable sur ses murs nord et sud, tandis qu’elle est renforcée en façade ouest par deux contreforts massifs de 78 cm de large, placés de part et d’autre de l’entrée axiale. Elle comporte trois étages : un rez-de-chaussée voûté en berceau, qui donne direc- tement accès à la nef par une arcade en plein cintre ; un premier étage également voûté en berceau, éclairé par des jours étroits sur ses trois côtés libres, et muni d’une porte à l’est surplombant la nef, jadis y donnant accès via un jubé, aujourd’hui par une échelle ; un deuxième et dernier étage, accessible par un escalier et une trappe prévue dans la voûte du premier, muni de deux jours étroits sur chaque côté d’une fenêtre géminée inscrite dans un arc en plein cintre divisé en deux par une colon- nette monolithe à chapiteau cubique, en retrait du nu du parement tant intérieur qu’extérieur (fig. 3). Les toitures de la nef et du chœur présentent une pente à 45° et reposent légèrement en saillie sur une corniche en quart de rond. Les pignons sont quant à eux moulurés en cavet au contact des versants. Nous proposerons plus loin une description détaillée de l’édifice dans ses divers états avant restauration, y compris le système des baies et ouvertures, qui constitue la principale composante Fig. 3. Baie géminée de la tour, côté est, au-dessus de la nef (cliché Paulo Charruadas, 2013)

Chapelle simple et sans décoration13, les auteurs se sont accordés pour en situer

l’érection dans une fourchette chronologique large, couvrant les Xe, XIe et XIIe siècles14. Deux choses paraissent toutefois claires aujourd’hui. Premièrement, la

chapelle proprement dite – nef et chœur15 – précéda la tour. Une couture repérée

en 1915 lors du décapage à l’angle sud-ouest entre les deux volumes et une mise en œuvre différente des pierres de maçonnerie (appareil mieux « assisé » et plus régulier pour la tour que pour la nef, pierres taillées au ciseau pour la première et à peine dégrossies au marteau taillant pour la seconde) justifient, selon le chanoine Lemaire, cette chronologie relative16. En outre, ce phasage expliquerait, selon son

principal disciple, Constant Leurs, que la chapelle érigée en premier lieu, avec une entrée ménagée dans le mur ouest, dans l’axe de la nef, ait induit la création sur la tour d’une entrée axiale, exception notoire dans ce type d’église où la tradition plaçait en général l’accès sur l’un des murs gouttereaux de la nef ou des bas-côtés17.

L’argument est pour le moins spécieux, nous y reviendrons plus loin concernant le problème des accès. Quoi qu’il en soit, la différence d’épaisseur des murs entre la tour et la nef – tout à fait logique étant donné la différence de volume des masses et de hauteur des élévations – montre que la tour n’a pas été simplement accolée à la nef, mais qu’on l’y a littéralement insérée par reprise en sous-œuvre du mur ouest (fig. 4 et 5). Pour le chanoine, la nef de Sainte-Anne serait à rapprocher typologiquement des plus anciennes églises brabançonnes (Saint-Pierre à Bertem, Saint-Clément à Watermael et Saint-Lambert à Heverlee), toutes datables de la

13 À l’exception d’une tête sculptée en très mauvais état (visage totalement effacé) au-dessus

du linteau en forme de tympan surmontant la porte d’entrée de la tour.

14 Constant Leurs, Les origines du style gothique en Brabant. Première partie : L’architecture

romane. Tome II. L’architecture romane dans l’ancien duché de Brabant, Bruxelles-Paris, 1922,

p. 66, date prudemment l’édifice primitif des XIe-XIIe siècles. La plupart des auteurs

avancent cette datation prudente et donc large (voir supra, note 6).

15 On notera qu’un plan de la chapelle sans date ni signature (est-il de la main de Lemaire ?),

conservé dans les archives du chanoine, indique un phasage différent de celui qui sera publié par Lemaire dans la période d’après-restauration (KU Leuven, UA 354/1/6). Selon toute vraisemblance, il s’agit du résultat d’observations faites avant la campagne de fouilles (le mur du chevet droit n’y est par exemple pas relevé). Les particularités à noter sont l’absence de coutures entre la tour et ses contreforts et un phasage plus complexe de la tour, de la nef et du chœur. Si la nef reste datée du XIe siècle et la tour du XIIe siècle,

le chœur (murs gouttereaux), dans une couleur distincte, est daté lui aussi du XIIe siècle.

16 R. LEMAIRE, La chapelle Sainte-Anne…, op. cit., p. 58.

17 C. LEURS, Les origines du style gothique en Brabant…, op. cit., p. 70. Sur cette spécificité

de l’entrée, voir par exemple R. LEMAIRE, De romaanse bouwkunst…, op. cit., p. 91,

première moitié du XIe siècle18. La tour remonterait pour lui aux années 110019. Deuxièmement, les récentes avancées en matière de dendrodatation et les résul- tats obtenus sur certains édifices mis à l’épreuve incitent à les rajeunir. Les dates

18 R. LEMAIRE, La chapelle Sainte-Anne…, op. cit., p. 58. R. LEMAIRE, « La doyenne des

églises du Brabant : Berthem », dans Revue belge d’Archéologie et d’Histoire de l’Art, 5, 1935, p. 289-303.

19 R. LEMAIRE, La chapelle Sainte-Anne…, op. cit., p. 58. R. LEMAIRE, De romaanse bouw-

Fig. 4. Plan ‘phasé’ de la chapelle avant restauration (fond de plan : R. Lemaire, La chapelle Sainte-

Anne…, op. cit., p. 17. DAO Paulo Charruadas, 2013) N

hautes (Xe, XIe, voire XIIe siècle) obtenues par l’analyse des formes sont aujourd’hui remises en question20. La prudence est donc de mise. Fondamentalement, les

repères chrono-typologiques à disposition n’ont guère changé depuis lors, faute de nouvelles études cherchant à replacer chaque édifice dans son contexte historique local et, surtout, en l’absence de datations dendrochronologiques, possibles seule- ment lorsque les charpentes originales, très rarement conservées, sont demeurées en place21. Si l’on suit Luc-Francis Genicot, la chapelle Sainte-Anne pourrait être

rangée dans la catégorie des édifices du XIe siècle, notamment avec son chœur rectangulaire, retrouvé en fouilles en 1915 (voir infra), dont la disposition est plus fréquente au XIe qu’au XIIe siècle22. Quant à la tour, la présence de baies géminées

20 Par exemple : T. COOMANS, « Van kapittelkerk tot priorijkerk… », op. cit.

21 T. COOMANS, « How tree-ring dating can provide historical contexts to buildings

« without history » », dans Pascale FRAITURE, éd., Tree Rings, Art et Archaeology. Actes du

colloque de l’IRPA (Bruxelles, 10-12 fév. 2010), Bruxelles, p. 185-198 (Scientia Artis, 7).

Parties anciennes Parties restaurées

0 1 2 3 5 m

N

Fig. 5. Plan de la chapelle après restauration, avec indi- cation des parties restituées (fond de plan : R. Lemaire,

La chapelle Sainte-Anne…, op. cit., p. 33. DAO Paulo

sur les quatre côtés n’est généralement pas observée avant le XIIe siècle23. Par contre, si l’on se réfère aux recherches de Patrick Hoffsummer sur les pentes de toiture en Belgique (en l’occurrence ici une pente originale à 45° reconstituée par Lemaire lors de la restauration sur la base d’une empreinte visible sur le mur est de la tour), la chapelle prendrait place entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle24.

On le voit, la datation de la chapelle Sainte-Anne est un dossier loin d’être clos et rien ne permet pour l’heure d’aller au-delà d’une période large, entre le XIe et la première moitié du XIIIe siècle.

L’église au milieu du village ?

La localité d’Auderghem est traditionnellement considérée comme un hameau né au sein du grand domaine de Watermael. L’histoire paroissiale est à l’origine de cette lecture, la chapelle Sainte-Anne ayant été durant tout l’Ancien Régime une dépendance de l’église Saint-Clément à Watermael25. Le domaine de Watermael,

parmi les premiers attestés dans les sources écrites de la région bruxelloise (914, 950)26, aurait connu un essor économique et démographique important entraînant

du XIe au XIIIe siècle la création de hameaux et d’écarts, selon un principe bien connu des historiens du village et de la paroisse. Auderghem aurait fait son apparition dès le XIe siècle, peut-être – la datation de la chapelle par le chanoine Lemaire occupe souvent dans l’argumentation un rôle de faire-valoir. Ensuite serait apparu l’autre hameau watermaelois, Boitsfort, signalé dans les textes à partir du XIIIe siècle27.

23 L.-F. GÉNICOT, Les églises mosanes…, op. cit., p. 269.

24 Patrick HOFFSUMMER, Les charpentes de toitures en Wallonie. Typologie et dendrochronologie

(XIe-XIXe siècle), Namur, 1995, p. 123. IDEM, éd., Les charpentes du XIe au XIXe siècle.

Typologie et évolution en France du Nord et en Belgique, Paris, Monum-É ditions du

Patrimoine, 2002, p. 151 et 264 (Études et documents. Monuments et Sites, 1).

25 Edmond REUSENS, « Pouillé de l’ancien diocèse de Cambrai », dans Analectes pour servir

à l’histoire ecclésiastique de Belgique, 2e série, 12, 1900, p. 137. IDEM, « Pouillé du diocèse

de Cambrai. Les doyennés de Grammont, de Hal, de Bruxelles, d’Alost, de Pamele- Audenarde et d’Anvers en 1567 », dans Analectes pour servir à l’histoire ecclésiastique de

Belgique, 2e série, 12, 1900, p. 293. AAMB, Historische Archieven, Br 2 (ca. 1575),

f° 59-60r ; Br 3 (1593-1614) et Br 8 (1682-1685).

26 Voir à ce sujet Georges DESPY, « Le domaine de Watermael au début du Xe siècle », dans

Cahiers Bruxellois, 4, 1959, p. 1-8 et Paulo CHARRUADAS, « De la campagne à la ville.

Peuplement, structures foncières et croissance économique dans la région de Bruxelles avant l’an mil », dans Medieval and Modern Matters, 2, 2011, p. 11.

27 P. CHARRUADAS, Croissance rurale et essor urbain à Bruxelles. Les dynamiques d’une société

Remise dans son contexte historique, une datation de la chapelle autour des années 1100 est plausible. Si la première mention connue du village d’Auderghem ne survient qu’au milieu du XIIe siècle dans une charte du duc de Brabant Godefroid III (1142-1190), le document en question révèle toutefois un événement anté- rieur de plusieurs décennies. Vers 1148-1152, le duc, transférant un alleu sis à Auderghem au prieuré de Forest, précise en effet que ledit alleu, avec toutes ses dépendances (allodium apud Oldrengem cum omnibus appendiciis suis), avait été donné jadis librement par son grand-père, le duc Godefroid Ier (1095-1139), au châtelain

de Bruxelles, Francon Ier (1096-1125). Ce dernier l’avait alors possédé durant plus

de trente ans (triginta annis et amplius). Cet acte situe donc chronologiquement l’existence d’un important alleu seigneurial structuré ou en cours de structuration à Auderghem peu après la nomination de Francon Ier à l’extrême fin du XIe siècle28.

Dans une région marquée alors par un essor agricole important et la fixation des noyaux d’habitat villageois dans la première moitié du XIIe siècle, rien n’empêche de situer la construction de la chapelle dans une période comprise entre 1050 et 1150. Dans le même temps, il convient de rester prudent. Si cette mention s’ac- corde avec une église bâtie à cette époque, donnant ainsi théoriquement raison à la datation proposée par Lemaire, elle ne la confirme pas pour autant. Il est tout aussi acceptable de supposer des paroissiens d’Auderghem se rendant à l’église Saint-Clément de Watermael durant les premières décennies du développement de leur hameau avant qu’une chapelle Sainte-Anne y soit érigée, plus tardivement, dans le courant du XIIe siècle, voire au début du XIIIe siècle. En effet, la première mention certaine de l’existence d’un oratoire à Auderghem n’est pas antérieure à 1251 : à cette date, une charte localise un bien inter ecclesiam de Oudrengem et paludem, in loco dicto Bodem29. À ce jeu-là, malheureusement, le recoupement des

données archéologiques et historiques concorde insuffisamment et la confrontation ne fournit pas d’indices précis et décisifs.

Les fouilles menées par le chanoine durant le mois de juillet 1915 ne semblent pas avoir révélé de traces de structures antérieures. Il est évidemment délicat d’argu- menter sur ce point tant la fouille, menée il y a un siècle, pose des questions de méthode : la surface fouillée dans la chapelle, plutôt restreinte (le sous-sol du chœur et une partie du sous-sol de la nef, surtout le long des murs), fut-elle suffisante ?

28 Paul BONENFANT, Anne-Marie BONENFANT-FEYTMANS, Alain DIERKENS et David

GUILARDIAN, éds., Actes des comtes de Louvain, puis ducs de Brabant (XIe-XIIe siècles), Bruxelles,

Commission royale d’Histoire, à paraître, cité dans P. CHARRUADAS, Croissance rurale…,

op. cit., p. 285.

29 Alphonse WAUTERS, Histoire des environs de Bruxelles, Bruxelles, 1855, rééd. 1973, vol.

En outre, Lemaire fut-il attentif à d’éventuelles colorations de sol – des trous de poteau – sous le pavement où il fit exécuter des sondages, permettant alors de détecter des structures antérieures en charpente ? S’il peut avoir été peu préoccupé par ces traces archéologiques, souvent ténues et qui requièrent d’ailleurs un œil averti, il est en revanche peu probable qu’il ait fait l’impasse sur des tombes, qui sont régulièrement découvertes en association avec ces traces, notamment dans les espaces de chœur30. En l’état de ce qu’il affirme, on peut accepter pour probable,

mais sans certitude absolue, que l’église d’Auderghem fut bel et bien la première occupation ecclésiale sur le site, directement construite en dur31. Les dimensions

primitives de la chapelle (sans la tour), telles qu’elles ont pu être révélées par la fouille et reconstituées en 1915-1917 (12 x 7 et 5 x 5 m), correspondent d’ailleurs assez bien aux standards des églises ‘préromanes’ découvertes dans l’espace belge et globalement datées des IXe-XIe siècles32. Compte tenu de ce que nous avons évoqué plus haut sur la datation possible de la chapelle (XIe, XIIe, voire XIIIe siècle), force est de considérer que certains modèles architecturaux, souvent les plus simples il est vrai, pourraient avoir eu la vie longue !

Un événement important pour la localité fut la fondation en 1262 par la duchesse Aleyde de Brabant d’un couvent de Dominicaines et son installation un peu en contrebas de la chapelle, vers le vallon de la Woluwe (raison pour laquelle l’insti- tution prit le nom de Val-Duchesse ou Hertoginnedal)33. Après avoir reçu le patronat

de Saint-Clément en 1271, Val-Duchesse reçut également celui de Sainte-Anne

30 De nombreuses églises « romanes » de l’espace belge, y compris en région bruxelloise,

ont révélé des trous de poteaux et d’anciennes sépultures attestant d’une église en bois préalable aux premières constructions en pierre : Claus AHRENS, Die frühen Holzkirchen

Europas, Stuttgart, 2001 et, pour la région bruxelloise, Stephan VAN BELLINGEN,

« Réexamen des fouilles archéologiques de J. Mertens sur le site de l’ancienne église Saint- Pierre à Neder-Heembeek » dans Marc MEGANCK et Alain GUILLAUME, Atlas du sous-sol

archéologique de la Région de Bruxelles, vol. 23 : Neder-Over-Heembeek, Bruxelles, 2011,

p. 76-90. P. CHARRUADAS, « Des origines à la naissance de Bruxelles... Le peuplement

ancien dans la région bruxelloise », dans Bruxelles Patrimoines, Hors-série : Le patrimoine

écrit notre histoire, 2013, p. 9-17.

31 Contrairement à ce qu’affirment parfois certaines publications, par exemple : Le vieil

Auderghem. Images d’un hameau forestier, catalogue d’exposition, Bruxelles, 1984, p. 23.

32 Les plans reconstitués sur base des trous de poteaux sur plusieurs sites d’église attestent des

dimensions allant de 7 à 9 m de long pour 3,50 à 6 m de large. Les chœurs, plus petits, varient entre 3 et 5,5 m de large pour 5 m de long : S. VAN BELLINGEN, « Réexamen

des fouilles archéologiques… », op. cit., p. 79-82. Tine RASSALLE, De pre-Romaanse kerk in

Vlaanderen: een archeologische inventarisatie, Mémoire de licence en archéologie, Universiteit

Gent, 2007, p. 209-211, 215.

33 Ambrosius M. BOGAERTS, Het klooster Hertoginnedal der zusters dominikanessen te Oudergem,

quelques décennies plus tard, le 25 juin 1307. On apprend à cette occasion que le desservant de l’église, presbiter in ecclesia de Oudergem, portait le titre de Magister et se nommait Egidius34. Un cimetière existait probablement, mais à partir d’une date

que l’on ignore précisément35. La carte de Ferraris le représente en tout cas pour

la fin du XVIIIe siècle36. À partir de 1307, l’oratoire semble avoir été entièrement soumis à la direction des Dominicaines – l’aumônier du couvent y assura bientôt le service paroissial et, à partir du XVIe siècle, les sœurs y firent célébrer la Sainte- Anne tous les 29 juin37 – au point peut-être que les autorités de cette institution

n’aient pas (ou peu) jugé nécessaire la production d’écrits relatifs à sa gestion. Les archives de Val-Duchesse, pourtant objet d’un inventaire analytique, ne comportent aucune mention de Sainte-Anne38. Seules les archives de l’Archevêché à Malines

conservent, dans des séries toutefois très incomplètes, les registres de l’époque moderne contenant le compte rendu des visites décanales39. Toutefois, ces visites ne

semblent avoir été effectuées par le doyen qu’à l’église mère Saint-Clément. Il en ressort pour notre propos que ces comptes rendus, outre les informations fiscales habituelles relatives aux revenus paroissiaux, n’apportent des éléments matériels que sur le centre paroissial (église Saint-Clément, maison pastorale et cimetière attenant)40. Les renseignements sur les oratoires dépendants sont le plus souvent

34 A. M. BOGAERTS, Het klooster Hertoginnedal…, op. cit., p. 242-243, n° 39. L’acte en