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CHAPITRE 1. CONTEXTE HISTORIQUE ET

4.1 Le monde des morts et son évolution 1 Le recrutement des groupes socio-économiques

4.1.2.1 Typologie des tombes

Des inhumations individuelles et multiples

Quelle que soit la période et/ou le groupe socio-économique considéré, la pratique de l’inhumation est exclusive conformément aux rites chrétiens en vigueur depuis le haut Moyen-Âge en Gaule, pour lequel aucune crémation n’a été mise en évidence (Lorans 2000). Si l’inhumation individuelle est donc bien la règle avec 560 sépultures dénombrées contenant les 605 sujets étudiés, 8 sépultures multiples sont tout de même comptabilisées : 4 pour la première phase46, 3 pour la deuxième phase47 et 1 pour la dernière

période48 (fig. 56). Les normes liturgiques insistent sur la nécessité de constituer des fosses sépulcrales

pour les défunts49, sans caractère individuel obligatoire, aussi ces fosses peuvent être communes pour les

plus pauvres (Lorans 2000, 182). Par contre, là où Philippe Ariès décrit de grands charniers continuellement ouverts pour accueillir les défunts pauvres ou de condition modeste entre les XVe et XVIIIe siècles (Ariès

1977, 63), aucune structure de ce type n’a été rencontrée sur l’ensemble du site.

46 Soit 9 sujets : les sépultures 712, 720 et 723 comptabilisent chacune deux individus inhumés simultanément et la 713 en dénombre 3.

47 Soit 34 sujets : la tombe 305 compte 2 sujets, SP 322 en compte 4 et SP 337 au moins 28. 48 Soit 2 sujets regroupés dans la tombe 140.

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Figure 56 : Nombre de sépulture individuelle et multiple par phase et par groupe. Liens significatifs en rouge et probabilité.

45 individus y sont regroupés dont 32 appartiennent au groupe D, 11 au groupe B et 2 au groupe A (annexe

3.1). Les sujets du groupe D sont exclusivement inhumés en dépôts multiples simultanés, critère de

sélection de l’ensemble, aussi cette différence est logiquement statistiquement significative50 (fig. 56).

Mais, en excluant ce groupe du fait des biais liés à ses critères de sélection, le nombre de sujets inhumés dans des fosses multiples est toujours plus important dans le groupe B par rapport au groupe A, favorisé, et de façon significative51 (fig. 56). Les différences observées entre les groupes B/C52 et A/C53 ne sont par

contre pas significative, même si aucun sujet de la salle capitulaire ne provient d’un dépôt multiple.

Les ossuaires et réductions de corps : vers une dépersonnalisation des dépôts ?

Les 605 individus en position primaire ont été retrouvés dans 566 sépultures différentes (individuelles et multiples) et 5160 restes osseux supplémentaires proviennent de dépôts secondaires, soit retrouvés dans le comblement des fosses sépulcrales (supérieur ou au contact du corps en place), soit constitués en véritables ossuaires. Ils témoignent de manipulations de corps squelettisés et le déplacement d’ossements dont les objectifs peuvent être à la fois spirituels et/ou pragmatiques (Delattre 2014).

50 La différence est significative au seuil p < 2,2e-16 (khi² d’indépendance = 179,7) à 3 ddl. 51 La différence est significative au seuil p = 0,0016 (khi² d’indépendance = 9,935). 52 La différence est significative au seuil p = 0,051 (khi² d’indépendance = 3,806). 53 La différence est significative au seuil p = 0,4312 (khi² d’indépendance = 0,6197).

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Six ossuaires ont été fouillés : 3 dans le jardin du cloître (589 ossements), 1 dans la chapelle Saint-Joseph (15 ossements), 1 dans le chapitre (8 ossements) et 1 dans la cour ouest (15 ossements) pour un total de 627 restes humains individualisés (fig.57). Un dernier, très grand, est repéré dans le collatéral de l’église mais n’a pas été étudié. L’ossuaire issu de la cour ouest correspond très vraisemblablement au démontage d’au moins quatre sépultures médiévales d’adultes à une période plus récente (XVe-XVIe siècles ?)

(fig.57/G). Il s’agit sans doute d’un geste pragmatique contraint par un temps d’intervention relativement

Figure 57 : A : Répartition des ossuaires sur le site ; B : Ossuaire 6 ; C : Ossuaire 1 ; D : Ossuaire 261 ; E : Ossuaire 11 ; F :

Ossuaire 8009 ; G : Ossuaire 2004.

court comme le montre la désorganisation totale des vestiges. Les os retrouvés en vrac le long de la paroi d’une fosse d’extraction résultent peut-être de gestes de travailleurs dans cette zone. Au contraire, l’ossuaire 11 regroupant plus de 90 individus et provenant du centre du jardin du cloître semble quant à lui bien structuré (fig.57/E). Les os, triés, ont été placés à plat dans une fosse circulaire. Si le besoin de déplacer les corps a commandé la création d’un ossuaire, la gestion des squelettes est confiée à l’Église qui en dispose à volonté mais les maintient tout de même dans les espaces sacrés. Il en va ainsi de l’ossuaire 6, constitué à la période médiévale comme le présuppose sa position stratigraphique, qui a été recoupé par le gros puisard lié à l’évacuation des eaux de toiture du couvent au milieu du cloître. Là encore, les os semblent bien agencés par les religieux. La date de création de l’ossuaire 1 est plus difficile à établir avec certitude. Si les os, triés, sont bien stockés dans une fosse rectangulaire aux bords droits, l’absence de chronologie relative nous empêche de relier le geste à la période et à ses exécutants. Les ossuaires 749, 261 et 8009 sont contemporains de la phase 2 et implantés dans les espaces funéraires distincts.

27 ensembles d’os erratiques correspondent aux remplissages supérieurs des tombes (fig. 58) 54 et un lot

supplémentaire provient du jardin du cloitre et des remaniements des restes humains pendant l’occupation militaire du couvent55. Ces lots comptabilisent 1735 ossements. Les nombres minima

54 Il s’agit des lots numérotés de 6000 à 6008 pour la chapelle Saint-Joseph, 6009 pour Notre-Dame, 7001 à 7011 pour la salle capitulaire et 8000 à 8008 pour l’église pour un total de 1656 ossements ou ensembles d’os.

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d’individus ont été calculés pour chaque zone située dans les bâtiments conventuels. Les zones les plus densément occupées sont celles situées dans la chapelle Notre-Dame où au minimum 125 sujets ont été décomptés (103 adultes et 22 sujets de moins de 20 ans) et la nef de l’église.

Figure 58 : Distribution des zones où les ossements en comblement supérieur des fosses ont été étudiés et nombre minimum

d’individus (NMI) par secteur.

Enfin, 337 sépultures contiennent à la fois des individus en position primaire et des os remaniés au contact

du squelette en place (n=2797 unités comptabilisées en remplissage) (fig. 59). L’importance de ces

ensembles traduit les nombreuses manipulations d’ossements par les frères dominicains sur l’ensemble du site et particulièrement dans les secteurs présentant une forte densité d’inhumations. 1474 restes osseux en dépôts secondaires sont ainsi comptabilisés dans la chapelle Notre-Dame (soit 52,6 % de l’effectif), 506 dans la salle capitulaire (18,1 %), 331 dans la chapelle Saint-Joseph (11,8 %), 238 dans la nef de l’église (8,5 %), et 210 dans le chœur de l’église (7,5 %), 32 dans la cour ouest (1,1 %) et 6 dans le jardin claustral (0,2 %). Le faible nombre de dépôts secondaires en nombre de restes dans le chœur de l’église implique un remplacement moins fréquent des individus et une gestion à plus long terme des concessions.

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Figure 59 : A : Chapelle Notre-Dame, vue zénithale orientée de sépultures montrant de nombreux ossements en position

secondaire au contact direct des corps ; B : Tombes de la salle capitulaire avec, au centre, le remplissage supérieur de la fosse 767 constituant un véritable ossuaire au-dessus du corps déposé ; C : Représentation contemporaine d'un fossoyeur creusant une tombe dans un lieux de culte et mettant au jour des ossements plus anciens (E. Witte, Interior of the Nieuwe Kerk, Amsterdam, 1657, huile sur toile 87,6 x 102,9 cm, détail).

Les recoupements entre fosses sépulcrales y sont également moindres, traduisant sans doute davantage la visibilité de ces tombes au sol (signalétique). En fait, la localisation des ossements en dépôt secondaire retrouvés dans ces tombes permet de visualiser les espaces qui ne ventilent pas. À l’intérieur d’espace contraint, ces zones peuvent être considérées comme particulièrement privilégiées avec le respect du marquage au sol par exemple.

La détermination du nombre minimum d’individu (NMI) en position secondaire par tombe permet de repérer topographiquement les zones les plus ventilées par les frères dominicains (fig. 60). Spatialement,

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ces concentrations de sujets en position secondaire ne sont pas aléatoires56. Si les regroupements

supérieurs à 1 reflètent sans doute les espaces d’inhumations contraints dans les bâtiments, les dépôts secondaires particulièrement importants dans le centre de la chapelle Notre-Dame, la chapelle Saint- Joseph et la salle capitulaire témoignent d’une dynamique importante des enterrements à ces endroits. Les dépôts secondaires au contact direct des corps dans l’église, que ce soit dans la nef ou le chœur, semblent au contraire anecdotiques (fig. 58). Le soin apporté à ces dépôts n’est sans doute pas le même en fonction des endroits du couvent.

Figure 60 : Carte de répartition des dépôts secondaires retrouvés dans les sépultures primaires, toutes phases confondues. A : Nombre minimum d’individus (NMI) en secondaire supérieur ou égal à 1 ; B : NMI supérieur ou égal à 2 ; C : NMI supérieur

ou égal à 3.

56 Pour un NMI =1 : p = 0 (I de Moran) et p = 3,148e-07 (I de Moran avec des distances de 1 mètre) ; pour un NMI =2 : p = 5,0517e-08 (I de Moran) et p = 0,00773 (I de Moran avec des distances de 1 mètre) et pour un NMI = 3 : p = 4,572e-

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4.1.2.2 Les fosses sépulcrales

La forme des fosses

Si les tombes sont largement individuelles, la forme des fosses pour les 381 d’entre elles qui ont pu être déterminées est variable : 293 sont rectangulaires (76,9 % des formes déterminées), 62 oblongues (6,3 %) et 26 trapézoïdales (6,8 %) (annexe 3.2). L’iconographie représente davantage des tombes ovales au XIVe

siècle alors qu’elles semblent systématiquement rectangulaires à partir du XVe siècle (Alexandre-Bidon

1996, 85). Les observations réalisées au couvent, sans être statistiquement significatives, semblent plutôt confirmer cette homogénéisation des structures où 79,5 % de fosses déterminées sont rectangulaires à la phase 3 alors qu’elles ne sont que 70 et 69,9 % aux phases précédentes57. Les fosses de la dernière période

et du groupe A sont moins bien restituées (61 % pour la phase 3 et 56,7 % pour le groupe A), sans doute à causes des recoupements plus nombreux entre sépultures. Si les fosses du groupe A sont significativement moins rectangulaires que celle du groupe B58 (fig. 61), c’est sans doute à cause des formes trapézoïdales

qui peuvent être considérées comme une variante de ces mêmes formes.

Figure 61 : Distribution en nombre des formes de fosse selon leur phase et leur groupe et lien significatif en rouge.

57 La différence entre les phases 2 et 3 est seulement significative au seuil p = 0,4865 (khi² d’indépendance = 0,4842). 58 Différence entre les groupes A (139/319) et B (114/188) est significative au seuil p = 0,0346 (khi² d’indépendance = 4,4865).

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La profondeur des fosses

Les niveaux de sols ont pu être exclusivement restitués pour les zones funéraires situées à l’intérieur des bâtiments conventuels grâce à la conservation des élévations. Ils permettent d’appréhender la profondeur des fosses dans le but de voir si les gabarits sont conformes aux standards mentionnés dans les textes, plutôt « très longue et très profonde » (Chiffoleau 2011). L’évêque de Saint-Malo puis d’Angers, Guillaume Ruzé (†1587) recommande au synode de 1586 une profondeur de 4 pieds (1,30 m) et, deux siècles plus tard, le Parlement en impose 6 (soit 1,95 m) (cité dans Prigent, Hunot 1996, 79). Ces objectifs ne semblent pourtant que rarement atteints dans la réalité : la profondeur moyenne des fosses calculées (474 données) est de moins de 3,5 pieds (1,08 m) sur l’ensemble du couvent des Jacobins (annexe 3.3)59. Les fosses les

moins profondes ont été retrouvées dans la chapelle Saint-Joseph, puis par ordre ascendant de profondeur : le chœur de l’église, la salle du chapitre, la chapelle Notre-Dame et la nef de l’église60 (fig. 62).

La très grande majorité des fosses est creusée entre 2 et 4 pieds (0,65 m à 1,30 m) (fig. 63). Certains secteurs présentent un profil de fosses plus standardisé que dans d’autres. Ainsi dans la chapelle Notre- Dame, 62 % des fosses mesurent entre 0,90 et 1,10 m de profondeur, plus 58 % des fosses de la chapelle Saint-Joseph font entre 0,80 et 0,99 m. Dans la nef de l’église, où elles sont le plus profondes, 37 % d’entre elles mesurent entre 1,20 et 1,39 m. C’est dans la salle capitulaire que les creusements sont les plus homogènes où près de 80 % des fosses sont comprises entre 0,80 et 1,19 m. Le chœur de l’église présente

Figure 62 : Boites de dispersion des profondeurs de fosses et liens statistiques significatifs selon les sexes, les groupes, les

phases et les secteurs de fouille (en rouge). En grisé, médiane générale (pointillés) et variance à plus ou moins 1 quartile près (50 %).

59 La distribution des profondeurs de fosse suit une Loi normale (Test de Shapiro : W = 0,9327, p = 8,795e-14). 60 Différences significatives entre les cinq secteurs de fouilles au seuil p < 2e-16 (ANOVA).

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par contre une très grande variété de creusements. In fine, seuls 15 % des fosses offrent une profondeur supérieure à 4 pieds (1,30 m). Les sépultures les plus profondes (supérieures à 2 m) proviennent d’un caveau de la chapelle Notre-Dame (sépulture 288). Cela correspond aux observations réalisées sur la collégiale de Saint-Martin d’Angers (Maine-et-Loire) où peu de sépultures se caractérisent par une profondeur réelle de 4 pieds et celles de l’abbatiale de Fontevraud (Maine-et-Loire) sont un peu plus profondes avec une moyenne autour de 4 pieds sous le niveau de sol moderne avec peu de sépultures d’enfants recensées (Prigent, Hunot 1996, 79).

Les sépultures de moindre profondeur61, inférieures à 50 cm, ne sont pas nécessairement liées à un âge au

décès plus jeune de leurs occupants puisqu’une seule de ces tombes (sépulture 233) correspond à un bébé décédé avant un an. Les trois autres inhumations proviennent cependant soit d’enfeu (sépultures 182 et 1326) ou de leur proximité immédiate (sépulture 1002). Les critères architecturaux environnants ne sont pas à négliger dans la construction de la tombe par les fossoyeurs. La profondeur des fosses sépulcrales des six bébés de moins d’un an, recensées sur l’intégralité de la fouille, est comprise entre 0,48 m et 1,09 m avec une moyenne autour de 0,73 m. Les profondeurs des fosses des sujets de moins de 20 ans (moyenne = 1,01 m) sont quand même significativement inférieures à la moyenne générale (1,08 m) observée sur le site62. Les femmes sont significativement inhumées moins profondément que leurs homologues

masculins63. Les sujets du groupe B (ici exclusivement B’) présentent au contraire les fosses les plus

profondes64 (fig. 62).

Figure 63 : Distribution en nombre des sujets selon la profondeur de leurs fosses sépulcrales et selon le secteur d’inhumation.

61 Il s’agit des sépultures 182 (19 cm de profondeur), 1002 (40 cm), 1326 (46 cm) et 233 (48 cm) par ordre croissant des profondeurs.

62 Différences significatives entre les sépultures de moins de 20 ans et les autres au seuil p = 0,0136 (ANOVA). 63 Différences significatives entre les hommes et les femmes au seuil p = 0,0115 (test de Tukey HSD).

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Selon Danièle Alexandre-Bidon, les représentations iconographiques de fosses sépulcrales ne reflètent généralement pas la réalité et figurent souvent des tombes superficielles, pour des raisons graphiques et esthétiques qui permettent à la fois d'observer le corps mort et les vivants participants ou assistants à la scène de l'enterrement (Alexandre-Bidon, 1996 ; 85). Il existe pourtant bien des images où ces mises en scène suggèrent une variété des pratiques, que l'archéologie confirme, avec des creusements de tombes qui ne semblent pas spécialement standardisés ni répondre aux impératifs administratifs ou religieux. Ainsi certaines tombes sont représentées peu profondes (entre 2 et 3 pieds) (fig. 64/A) contrairement à d’autres où seules les épaules du fossoyeur apparaissent, déterminant une estimation de la profondeur autour de 4,5 à 5 pieds (fig. 64/B). Ces variations sont conformes aux observations effectuées sur les tombes du couvent des Jacobins.

Figure 64 : Représentation du creusement de fosses sépulcrales (A) et d'une mise en terre (B) ; A : E. Witte, Interior of the Nieuwe Kerk, Amsterdam, 1677, huile sur toile 116,9 x 127,6 cm, détail, Museum of the fine arts, Boston. B : Heures, XVe s.,

Lyon BM, MS 5145 F°119, détail publié dans Alexandre-Bidon 1996, p. 86.

L’orientation

Les sépultures dans leur quasi totalité sont orientées ouest/est (n=578/605 soit 95,5 %65). Cette

standardisation de l’orientation des tombes s’accentue au cours du temps, de 75 % des effectifs à la phase 1 à plus de 97 % à la dernière période (tab. 12). Cette orientation préférentielle concerne tous les groupes

65 L’orientation des sépultures est bien évidemment significative par rapport à une répartition aléatoire et résulte bien d’un choix des opérants, p < 2,2e-16 (khi² de conformité = 3262,7).

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dans des proportions identiques : 96,5 % des effectifs du groupe A, 94 % du groupe B, 95 % pour les C et 93 % pour les D. Les positions déviantes concernent majoritairement : 1) des variations de l’orientation préférentielle, avec 9 sujets inhumés la tête au sud-ouest et 2) des positions inversées avec 9 sujets inhumés la tête à l’est. Trois de ces derniers, issus de la phase 1, proviennent de sépultures multiples où le caractère collectif de la tombe et le manque d’espace (profondeur) a possiblement contraint cette disposition particulière des corps, les 6 autres cas appartiennent à la phase 3. La moitié de ces derniers proviennent de la salle capitulaire (groupe C) permettant de proposer un statut ecclésiastique privilégié pour ces défunts, comme celles de prêtres (Bourry et al. 1991, 108 ; Langlois, Gallien 2004, 213 ; Hunot, Prigent 2012, 186). À partir du XVIIe siècle, les exemples où les prêtres sont orientés vers l’assemblée des

fidèles se multiplient comme c’est le cas en Anjou dans la cathédrale Saint-Martin d’Angers, l’abbaye de Fontevraud ou l’église rurale de Brain-sur-l’Authion (Prigent, Hunot 1996, 79). Il est possible que la sépulture « inversée » provenant de la chapelle Saint-Joseph concerne un personnage ayant le même statut. Par contre, les 2 derniers sujets sont très partiellement conservés (les pieds pour l’un et le tronçon médian d’un squelette en connexion pour l’autre). L’orientation observée révèle peut-être plus une gestion de restes déshumanisés par les frères dominicains, liée à des contraintes d’inhumations trop rapprochées dans le temps. Le qualificatif « secondaire » de ces inhumations, impliquant une décomposition de l’individu dans un autre lieu, pourrait dans ce cas être retenu.

Orientation Phase 1 Phase 2 Phase 3 A B C D Total

ouest / est 9 126 443 308 177 63 30 578 nord-ouest / sud-est 3 3 3 nord / sud 1 1 1 est /ouest 3 6 2 4 3 9 sud-ouest / nord-ouest 9 7 2 9 indéterminé 1 4 5 5 Total 12 137 456 319 188 66 32 605

Tableau 12 : Répartition des sujets selon l’orientation de leur sépulture (tête / pieds) en fonction de leur phase et de leur

groupe.