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Les différents types de SPCD

PARTIE I. L'ÉTAT DE LA QUESTION

I.3. Les symptômes psychologiques et comportementaux de la démence (SPCD)

I.3.1. Les différents types de SPCD

A. Délires et troubles de l’identification

Il s’agit de croyances paranoïdes souvent simples et non systématisées comme des accusations temporaires de vol ou d’infidélité du conjoint. Certains délires sont sous-tendus par un trouble de la perception visuelle pouvant conduire à de fausses reconnaissances (Lebert & Pasquier, 1999). Burns (1996) les classent en quatre types : le phénomène du fantôme ; le trouble de la reconnaissance de sa propre image dans le miroir ; la conviction que les personnes observées sur la télévision sont dans la pièce. Mais il existe des délires plus complexes comme le délire de

thèmes de persécution, de préjudice, d’abandon, d’infidélité ou de jalousie, simples, mal systématisées, avec des mécanismes interprétatif et imaginatif entraînant ou non une méfiance, un vécu anxieux et/ou agressif chez le patient. Elles peuvent représenter un mode d’entrée dans la maladie (les thèmes hypocondriaques s’observent à ce stade) ou en compliquer l’évolution à un stade modéré (Clément & Nubukpo, 2008). Aux stades sévères, on peut aussi observer le phénomène du compagnon imaginaire (un ancien proche est revécu dans un soignant ou un objet) qui peut être considéré comme fonctionnant en tant qu’objet transitionnel et sémiologiquement comme une hallucination « mnésique », mélangeant passé et présent.

B. Hallucinations

Les hallucinations sont des expériences sensorielles (visuelles, auditives ou tactiles) sans perception. Perception sans objet à percevoir, symptôme habituel des psychoses, l’ahallucination peut survenir avec une moindre fréquence dans la MA que dans la démence à corps de Lewy (DCL) dont elle représente un critère diagnostique. Elles sont principalement visuelles, auditives et tactiles et rarement très élaborées. Les hallucinations visuelles sont corrélées avec un déclin cognitif rapide (O’Hara et al., 2002).

C. Agitation

L’agitation du sujet dément est une activité verbale, vocale ou motrice inappropriée par sa fréquence ou sa survenue inadaptée au contexte social. L’agitation peut être verbale ou physique agressive ou non. Elle peut prendre des formes multiples :

motrices : comme la déambulation paisible (wandering) ou forcée

(pacing), et l’akathisie.

verbales et vocales : comme les gémissements, les cris et les

D. Agressivité

Elle peut être verbale (jurons, injures, menaces...), physique (coups, morsures, griffures, bousculade...) ou les deux et s’accompagner d’agitation. L’agressivité verbale est deux à trois fois plus courante que l’agressivité physique. Les comportements égoïstes, les changements de caractère vers une irritabilité et une tendance aux colères de la phase initiale et l’opposition silencieuse ultérieure peuvent être envisagés comme des équivalents agressifs (Clément & Nubukpo, 2008).

E. Manifestations dépressives

La tristesse de l’humeur peut s’observer à différents stades de démence. Au début, elle serait réactionnelle à la conscience de la perte cognitive, alors qu’avec l’évolution, elle serait l’expression d’un dysfonctionnement neurobiologique peu modulé par l’environnement. Contrairement à ce qui est observé dans la dépression, la tristesse est de courte durée dans une journée. Elle est à différencier de l’apathie, même si cette démarche est parfois difficile du fait d’une symptomatologie abrasée ou qui s’est déplacée sur une modalité d’expression plus comportementale (Clément & Nubukpo, 2008).

F. Anxiété

L’anxiété chez le patient dément n’est pas liée à l’état cognitif, ni aux paramètres démographiques (âge, sexe, niveau culturel). L’anxiété peut être liée à la dépression, à des manifestations psychotiques ou à des situations interpersonnelles (Ballard et al., 1997). Elle est peu exprimée verbalement par le patient, elle s’illustre plutôt par des changements dans le comportement. Le « sundowning » est une forme d’angoisse agitée de la fin de journée (Bliwise et al., 1993). Ballard et al. (1997) ont proposé de distinguer trois catégories d’anxiété chez ces patients : l’anxiété liée à la dépression (et cela n’aide pas à poser le diagnostic de cette dernière), l’anxiété liée à des manifestations psychotiques (terme discutable, renvoyant aux idées délirantes et aux hallucinations) et l’anxiété liée a des situations

G. Désinhibition

Elle s’exprime par une conduite relationnelle ou sociale inappropriée à expression verbale ou comportementale. C’est un trouble du contrôle de soi, comme l’euphorie inhabituelle.

H. Apathie

L’apathie est un trouble de la motivation se caractérisant par une perte d’initiative, d’intérêt, de volonté, de motivation et un émoussement émotionnel. L’apathie est le symptôme comportemental le plus fréquent au stade prédémentiel de la maladie et il est de plus en plus marqué avec l’évolution des pathologies démentielles. Elle est plus fréquente dans les démences frontotemporales que dans la MA où elle survient plus tardivement.

I. Comportement moteurs aberrants

Plusieurs types sont distingués :

la déambulation, terme utilisé pour décrire un comportement inadapté

d’exploration ;

la tasikinésie, qui est l’incapacité de rester assis ou allongé ;

le syndrome de Godot, manifestation anxieuse qui consiste à suivre l’aidant

principal dans ces déplacements.

J. Troubles du sommeil et du rythme circadien

Une fragmentation du rythme de sommeil peut être observée chez les patients déments. Le sommeil alors de mauvaise qualité (éveils multiples, réveil matinal précoce), peut se compliquer d’une inversion du rythme nycthéméral. Des parasomnies (troubles du comportement liés au sommeil paradoxal) peuvent survenir. Ce sont des rêves mis en acte qui peuvent revêtir un aspect spectaculaire et parfois poser le problème du diagnostic différentiel avec des crises d’épilepsie.

K. Troubles des conduites alimentaires

L’hyperphagie, ingestion de quantités excessives d’aliments, est fréquente. Elle se distingue de l’hyperoralité, où le patient porte à la bouche des objets non comestibles. L’hyperphagie peut comporter dans certains cas une prise d’aliments, le plus souvent sucrés, entre les repas (grignotage), elle est plus fréquente dans les démences frontotemporales.

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