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Des types de scolarité très variés

Nous ne pouvons pas vraiment tirer de conclusions quant au type de scolarité privilégiée pour les orphelins, car sur cinq ouvrages nous recensons quatre cas différents.

Harry est pensionnaire à l’année dans un internat anglais. Harry Potter s’inscrit dans la tradition littéraire des romans de jeunesse anglais où le héros est pensionnaire d’une institution scolaire de septembre à juillet, et ce dès son plus jeune âge et durant des années jusqu’à la sortie du college. Ce type de roman se base sur une année scolaire, et voit pour quotidien le port de l’uniforme, la vie en dortoir et les menus contestés de la cantine. Le schéma est relativement immuable.

Harry ne rentre dans sa famille d’accueil ni pour les vacances de Noël, ni celles de Pâques. S’il pouvait rester à Poudlard durant l’été, il le ferait certainement.

Il se sentait beaucoup mieux au château qu’à Privet Drive, c’était là désormais que se trouvait son vrai foyer.

Harry Potter, p. 171

Anne et Bastien vont à l’école tous les jours. Ils y vont à pied, signe que l’école n’est pas bien loin. Bastien marche seul ; Anne rejoint sa meilleure amie, Diana, pour partager la route ensemble. L’école est journalière. A Avonlea, un maître ou une maîtresse s’occupent de tous les niveaux en même temps, tout en prenant le soin de séparer les garçons et les filles. Rappelons que le contexte est celui de la ruralité au début du XXe siècle sur l’Ile-du-Prince- Edouard. Bastien, quant à lui, suit l’enseignement de plusieurs professeurs dans un

établissement (l’équivalent de notre collège français) mixte. Au rythme de la grande horloge, il mentionne ses différents cours en imaginant le parcourt de ses camarades qui arpentent les couloirs d’une salle à l’autre. Il fréquente l’école en Allemagne dans les années 1970, la journée d’études se termine assez tôt, en début d’après-midi. Le jeune lecteur Français peut être surpris lorsque Bastien se dit que la journée est finie alors qu’il n’est que quinze heures. Le jeune adolescent n’en aime pas l’école pour autant :

Il avait de toute façon peur de l’école, cadre de ses échecs quotidiens, peur des maîtres qui, dans un esprit de conciliation, faisaient appel à sa conscience, ou qui déchargeaient sur lui leur bile, peur des autres enfants, qui s’amusaient à ses dépens et ne perdaient jamais une occasion de lui faire sentir combien il était maladroit et sans défense. Depuis toujours il voyait l’école comme une sorte de peine de prison indéfiniment longue, qui durerait jusqu’à ce qu’il soit adulte et qu’il fallait purger en silence et dans la résignation.

L’Histoire sans fin, p. 17

Heidi et Clara33 demeurent chez elles, c’est le précepteur qui se déplace tous les jours pour leur dispenser des cours. Il s’occupe de toutes les matières. Peter le chevrier, lui ne fréquente l’école qu’en hiver ; en été, il monte les chèvres dans les hauts pâturages. Durant la saison des neiges, il doit obligatoirement descendre tous les jours au village. La marche est longue et pénible sous la neige, c’est pourquoi Peter n’aime pas l’école non plus.

Quant à Mary et Colin, ils échappent encore à l’école ou aux leçons d’un précepteur. Tous deux savent lire, nous ne savons pas comment. Colin apprécie beaucoup les livres, il en possède énormément. De plus, le manoir est doté d’une grande bibliothèque. Mary apprécie également les livres que son oncle lui a offerts sur le jardinage. Ensemble ils lisent et relisent les histoires. Mary a demandé comme faveur à son oncle de ne pas lui donner de gouvernante cette année. Il est fort probable qu’elle en aura une l’année suivante ainsi qu’un précepteur, mais pour le temps de la narration, elle est libre de ses journées au grand désarroi de Mme Medlock, l’intendante du manoir : « Le maître aurait dû suivre son idée et engager une gouvernante ! Laisser une gosse sans surveillance ! Comme si moi, je n’avais pas que ça à faire ! » (Le Jardin secret, p. 72). Mary et Colin peuvent ainsi lire et jouer au manoir les jours de pluie, et découvrir et entretenir le jardin secret les jours ensoleillés.

Nous répertorions ainsi quatre types de scolarité différente. Chacune justifiée par l’époque, la situation géographique et le niveau de vie des familles.

Cependant même si la scolarité est différente, la foi en l’éducation est la même pour les orphelins. Tous considèrent le savoir comme un ascenseur social. Anne en est le meilleur exemple. Elle devient la meilleure élève de son école, puis elle obtient la première place au concours d’entrée de la Queen’s Academy, enfin après une année d’étude, elle se place dans le trio de tête des meilleures étudiants.

Mais tous les protagonistes ne sont pas aussi doués qu’Anne. Heidi et Mary sont douées. Certes Mary ne fréquente pas d’école, mais néanmoins une fois plongée dans la lecture, elle se révèle perspicace. Heidi commence l’apprentissage de la lecture de façon laborieuse. Ce n’est que lorsque « Bonne Maman », c'est-à-dire la grand-mère de Clara, lui présente un livre avec des illustrations de montagnes que s’opère le déclic : la fillette est enfin motivée à apprendre à lire, une semaine plus tard, ses progrès sont conséquents. D’ailleurs Clara est assez intelligente, elle aide Heidi de son mieux.

De même Hermione, l’amie de Harry Potter, est une élève extrêmement brillante. C’est la première de la classe, elle incarne parfaitement le cliché de la « petite intello ».

A l’inverse, autant les filles sont douées aux études, autant les garçons peinent au travail. Harry, bien que travailleur, n’est qu’un élève moyen. Ron et Neville, ses proches amis, ne sont pas plus doués que lui.

Bastien ne vaut pas mieux, il est tout juste un élève moyen. De même, Peter le chevrier déteste l’école et ne sait toujours pas lire à douze ans.

Ainsi les garçons et les filles perpétuent les clichés scolaires. Les premiers souffrent assis dans une classe, les secondes la transforment en terrain de leur succès.

Dans la continuité de cette remarque, nous remarquons que le goût des études est proportionnel à leur niveau. Anne aime énormément l’école fort probablement parce qu’elle est très douée. Mary ne fréquente aucune institution, aussi apprécie-t-elle simplement la lecture des livres. Heidi ne commence à apprécier les cours du précepteur qu’à partir du moment où elle apprend à lire. Bastien n’est pas un élève doué, il n’aime pas l’école, bien que ce dégoût soit davantage à comprendre par le manque d’amis. Seul Harry rompt cette affirmation. Bien qu’il ne soit pas particulièrement doué, il aime énormément la vie à Poudlard. Mais ce ne sont pas tant les cours qu’il apprécie, mais la vie en internat avec ses amis, loin de la famille de sa tante.