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Les troubles fonctionnels intestinaux, ou syndrome de l’intestin irritable

II. 4.2.2.2 Les probiotiques et les diarrhées infantiles

III.2 Les troubles fonctionnels intestinaux, ou syndrome de l’intestin irritable

Jusqu’à présent l’inflammation intestinale était l’apanage des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ou MICI. Depuis peu, elle s’est étendue aux troubles fonctionnels intestinaux ou TFI. L’inflammation est de bas grade pour les TFI, et de haut grade lors des poussées pour les MICI (Nérat, Lacroix, & Burckel, 2009).

Cette inflammation chronique de bas grade est peut-être à l’origine d’autres pathologies digestives sur des terrains prédisposés et / ou sous la pression d’éléments environnementaux majeurs, MICI, cancers, …, on parle de continuum inflammatoire (Nérat, Lacroix, & Burckel, 2009). On différencie les TFI du Syndrome de l’Intestin Irritable (SII) par les douleurs. Les patients atteints de TFI ne souffrent pas. Pour le SII, les patients souffrent et sont diagnostiqués grâce aux critères de Rome III.

Les critères de Rome III sont définis tels que (Colon irritable, 2010) :

Douleurs ou inconforts abdominal récurrent présent au moins 3 jours par mois au cours des 3 derniers mois, associés à au moins 2 des 3 caractéristiques suivantes :

 Amélioré par la défécation,

 Début associé à une modification de la fréquence des selles,

 Début associé à une modification de la forme des selles.

Les marqueurs spécifiques ont permis d’identifier chez les personnes souffrant de TFI une perméabilité intestinale accrue aux macromolécules. On note parmi ceux-ci les endotoxines, les β2-défensines, l’activité sérine-protéase ou les calprotectines.

Les probiotiques et les prébiotiques ont fait leur preuve dans le traitement des TFI et du SII. Leur association permet une augmentation de l’efficacité de la thérapeutique pré/probiotiques. Cependant, il est important de ne pas les ingérer ensemble. Les fibres prébiotiques fermentescibles potentialisent les gaz formés par les bactéries et accentuent les ballonnements.

COLARELLI Maïlys Les probiotiques, du conseil officinal à la PEC micronutritionnelle.

141 Les prébiotiques, fibres solubles fermentescibles de type fructo-oligosaccharides, inuline ont des propriétés anti-inflammatoires et régulatrices vis-à-vis de la perméabilité intestinale. Les Français consomment 2 à 10 g de fructanes avec une part majoritaire située dans la zone des 2 à 3 g. Les effets santé des fructanes se font ressentir qu’à partir de 5 g pour l’effet bifidogène pour culminer à 10 g pour l’effet anti-inflammatoire, trophique et réparateurde la muqueuse intestinale, d’où la nécessité des compléments alimentaires (Nérat, Lacroix, & Burckel, 2009).

Quant aux probiotiques, l’effet ne peut être obtenu qu’en les ingérant sous forme de gélules ou de poudre à diluer dans l’eau. Même si les fabricants de produits laitiers s’amusent à utiliser les termes savants bactériens, les yaourts ne contiennent pas la quantité minimale demandée par l’AFSSA pour être efficaces. Alors quelles sont les souches les plus adéquates aux TFI, ou Syndrome de l’Intestin Irritable, SII?

III.2.1 Les TFI post-infectieux et/ou diarrhée

Une des enzymes responsables de l’hyperperméabilité intestinale chez les personnes souffrant de TFI à prédominance de diarrhée est l’enzyme protéolytique sérine-protéase, capable de « digérer » certaines protéines des jonctions serrées au niveau de la muqueuse épithéliale.

Le traitement s’axera donc sur au moins deux composantes : diminuer la perméabilité intestinale et diminuer les douleurs intestinales et la fréquence des selles.

O’Mahony et al. en 2005 (O'Mahony, McCarthy, Kelly, Hurley, & Luo, 2005) étudient deux souches Lactobacillus salivarius subsp salivarius UCC4331 et Bifidobacterium infantis 35624. Les patients souffrant de TFI à prédominance diarrhée sont divisés en trois groupes :

- Un groupe recevant chaque jour 1 x 109 probiotiques Lactobacillus salivarius dans un grand verre de lait.

- Un groupe recevant chaque jour 1 x 109 probiotiques Bifidoacterium infantis dans un grand verre de lait.

COLARELLI Maïlys Les probiotiques, du conseil officinal à la PEC micronutritionnelle.

142 Le résultat de l’étude montre que la souche Bifidobacterium infantis 35624 diminue très largement les douleurs abdominales et la fréquence des selles chez les patients souffrant de TFI. Cette souche augmente aussi le profil des cytokines anti-inflammatoires, en augmentant le rapport IL-10 / IL-2 de manière très significative par rapport au L. salivarius subsp salivarius UCC4331 (O'Mahony, McCarthy, Kelly, Hurley, & Luo, 2005).

III.2.2 Les TFI avec constipation

Les souches Lactobacillus acidophilus LA 102, Bifidobacterium longum LA 101, Lactococcus lactis LA 103, Streptococcus thermophilus LA 104 ont été étudiées ensemble en 2008 dans une étude randomisée. Les patients ont reçu pendant quatre semaines le mélange probiotique à la concentration de 1 x 1010 CFU par jour. La diminution des douleurs abdominales est significativement importante dans le groupe ayant reçu le mélange dès la première semaine, et l’augmentation de la fréquence des selles se fait elle aussi dès la première semaine de traitement (Drouault-Holowacz, Bieuvelet, Burckel, Cazaubiel, Dray, & Marteau, 2008).

Bifidobacterium longum est capable de stimuler la sécrétion IL-10, anti-inflammatoire, par les cellules dendritiques, et de diminuer la production IL-2, pro-inflammatoire (Seksik, 2007).

Lactobacillus plantarum 299V fait beaucoup parler. En 2001, une étude polonaise montre les effets bénéfiques de cette souche chez des patients souffrant de SII à prédominance de constipation (Niedzielin, Kordecki, & Birkenfeld, 2001). Les vingt patients reçoivent chaque jour deux fois par 5 x 107 CFU de probiotiques pendant quatre semaines. Le résultat est là : non seulement les patient se sentent soulagés au niveau des douleurs mais en plus la motilité intestinale est rétablie et la fréquence des selles augmente (figure 20.) (Niedzielin, Kordecki, & Birkenfeld, 2001).

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Figure 21 : Changement de l'intensité de douleur par rapport aux valeurs initiales au

cours des semaines consécutives. Groupe contrôle : GC, et Groupe sous probiotiques, GLP. En gris foncé : aggravation des symptômes, en gris clair : aucun changement ; en blanc : nette amélioration (Niedzielin, Kordecki, & Birkenfeld, 2001).

Lactobacillus plantarum 299V, Lp 299V, a de nombreuses propriétés pharmacologiques (Johansson & al., 1998) :

- Il a la capacité d’augmenter le taux d’acides gras à chaînes courtes dans les selles, en particulier, les acides, propionique et acétique, source d’énergie pour la muqueuse intestinale.

- Il permet l’augmentation de la population des lactobacilles et une réduction des bactéries gram négatif. Dans une étude randomisée, contrôlée, en double aveugle , 20 volontaires sains ont reçu Lp 299V 2 x 10.109 CFU / jour, contre placebo, les effets sont visibles dès la première semaine.

- Il stimule la production de mucus intestinal, via une stimulation de l’expression des gênes MUC par les lactobacilles.

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144 - Il a la capacité d’inhiber la croissance d’agents potentiellement pathogènes. Lp 299V a montré une activité antibactérienne vis-à-vis des agents potentiellement pathogènes, tels que Listeria moncytogenes, Bacillus cereus, Escherichia coli, Yersinia enterolytica, Citrobacter freundii, Enterobacter cloacae et Enterococcus faecalis (Jacobsen & al., 1999).

Johansson et al. ont aussi démontré la persistance de Lp299V dans le tractus digestif, pour l’AFSSA : « cette étude est l’un des rares cas démontrés de persistance de bactéries lactiques ingérées par l’homme (Afssa, 2005).