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4 « L’intestin grêle, notre maillon faible » (Denis Riché)

« Classiquement, l’intestin est imperméable aux macromolécules. En fait, on a de plus en plus de preuves que, même chez un adulte normal, des macromolécules traversent la barrière intestinale en quantité insuffisante pour avoir une importance nutritive, mais suffisante pour avoir une activité antigénique ou biologique. »

COLARELLI Maïlys Les probiotiques, du conseil officinal à la PEC micronutritionnelle.

36 I.4.1 A l’état physiologique.

La muqueuse intestinale est une barrière entre le milieu intérieur de l’organisme humain et les facteurs dangereux de l’environnement. La jonction serrée régule les capacités d’absorption paracellulaire. Elle est composée de plusieurs protéines, la zonula occludens 1, ZO-1 qui joue un rôle d’échafaudage. L’occludine, les claudines 1 et 2, et la protéine JAM, Junctional Adhesion Molecule, sont des protéines transmembranaires créant la barrière entre les deux cellules.

A l’état physiologique, il existe un bruit de fond minime. Ce bruit de fond consiste au passage d’une petite quantité de macromolécules, lipopolysaccharides, peptides et protéines, à travers les jonctions serrées de deux entérocytes. Walker et Isselbaker (1974) sont les premiers à prouver que 1/1000 des protéines intactes parviennent dans le sang portal. Pourtant, il est reste exceptionnel de détecter des anticorps antibactériens intestinaux ou antiprotéines alimentaires. On parle alors de processus d’acceptation de ces corps étrangers, il est nommé « tolérance orale ».

I.4.1.1 La tolérance orale

C’est un phénomène complexe qui implique l’activation des mécanismes immunitaires de protection localisés au niveau de l’intestin et l’inhibition des réactions immunitaires systémiques (Marx, 1991 pp. 27-28). En fait, la tolérance orale résulte de l’absence de réponse des lymphocytes vis-à-vis des antigènes alimentaires et de l’exclusion de certains antigènes alimentaires dans la lumière intestinale par les immunoglobulines A sécrétoires. Les cellules M participent à la transmission de l’information de la tolérance, les lymphocytes T répondent à la réaction de tolérance (Marx, 1991). Stroebel, en 2002, liste les facteurs dont dépend l’équilibre de la balance de la tolérance alimentaire afin de ne pas plonger l’organisme dans l’intolérance orale. Ces facteurs sont :

- La prédisposition génétique ;

- La nature et la dose de l’antigène présent ; - La fréquence d’ingestion ;

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37 - Le statut immunologique ;

- La transmission d’antigène par le lait maternel ou autres voies ; - La composition de la flore intestinale ;

I.4.1.2 Méthode de mesure de la perméabilité du grêle.

Cette technique utilise des marqueurs biologiques, en général des sucres. On calcule ensuite le ratio des deux substances inertes qui traversent la muqueuse intestinale.

Les premiers sucres (A) sont choisis selon trois critères :

- Une grande taille qui empêche le sucre de passer de manière physiologique à travers la jonction serrée ;

- L’absence d’un transporteur spécifique dans la bordure en brosse ; - Une résistance à la métabolisation par les systèmes enzymatiques.

En général, ce sont des sucres dimériques comme le lactulose, le cellobiose, Les deuxièmes sucres (B) sont sélectionnés selon trois critères également :

- Une petite taille leur permettant de traverser la bordure en brosse ; - La présence d’un transporteur adapté ;

- La résistance à la métabolisation par les systèmes enzymatiques. En général, le mannitol et le L-rhamnose sont des sucres de choix.

L’ingestion des sucres dans l’objectif du test se fait le matin à jeun depuis 6 heures au moins. Ce test est simple, non invasif avec une sensibilité et spécificité de 70 à 80%. (Bouhnik, et al., 2008) On dose en général les couples lactulose/rhamnose, lactulose/mannitol par dosage urinaire HPLC, ou lactulose/mannitol par dosage urinaire en chromatographie gazeuse.

La récolte des urines se fait pendant 5 à 6h, le patient est autorisé à boire de l’eau non sucrée au bout de deux heures.

Si le rapport A/B est élevé, ceci démontre l’entrée anormale de molécules entre les entérocytes (facteur tendant à augmenter la récupération urinaire de A) et/ou l’assimilation

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38 réduite des micronutriments par ces entérocytes (facteur réduisant la récupération urinaire de B).

I.4.2 A l’état pathologique.

S’il existe des protéines responsables de la fermeture de l’espace paracellulaire, il existe une protéine, la zonuline, capable de désassembler les desmosomes. Cette zonuline est appelée ainsi car elle ressemble de très près à la ZOT, Zonula Occludens Toxin, toxine produite par le vibrio cholerae. Ainsi, dans le cas de l’allergie au gluten par exemple, la gliadine induit la libération de zonuline. Cette induction ouvre la jonction, c’est le phénomène d’hyperperméabilité intestinale.

Cela conduit au passage exagéré de protéines alimentaires, d’endotoxines bactériennes et de polymères membranaires. Cette fuite est responsable de nombreuses pathologies regroupées sous le nom de syndrome d’hyperperméabilité intestinale : (Scott-Mumby, 2010)

- Les maladies infectieuses et inflammatoires ; - Les rhumatismes inflammatoires chroniques ;

- Les atteintes cutanées telles que le psoriasis, l’acné, la dermatite herpétiforme ;

- Le syndrome de fatigue chronique et la fibromyalgie ; - L’hépatite et pancréatique chronique ;

- La fibrose cystique ;

- Le carcinome pancréatique ; - L’intolérance alimentaire ; - Le déficit immunitaire.

L’hyperperméabilité intestinale peut être une étiologie de la pathologie ou une conséquence secondaire créant ainsi un cercle sans fin par déstabilisation du trépied, Flore Muqueuse Système Immunitaire Intestinal (SII).

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39 I.4.2.1 Causes de l’hyperperméabilité intestinale

Seignalet qualifie les desmosomes de « talon d’Achille » de la muqueuse intestinale. Dès qu’il se produit une agression à l’intérieur de la muqueuse intestinale, les desmosomes ont tendance à se déconnecter, augmentant ainsi l’absorption paracellulaire passive.

Il paraît donc primordial de connaître ces agents agresseurs afin de les déceler plus rapidement et de les éliminer, ou de prévenir leur émergence.