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Trichophton rubrum :

Dans le document Intertrigo interorteil chez l’enfant. (Page 58-64)

Architecture et définitions

I. Trichophton rubrum :

Trichophyton rubrum est un champignon filamenteux microscopique

(10)rattaché auxAscomycota, sans forme sexuée connue et ayant une affinité particulière pour lakératine(protéine de l'épiderme, des ongles, poils, et cheveux). Cedermatophyteanthropophile est le responsable principal desdermatophytosesdes pieds (oupieds d'athlète, tinea pedis) et des ongles (onychomycose, onyxis, tinea unguium).

C'est actuellement le dermatophyte le plus fréquemment isolé dans les laboratoires à partir des mycoses des pieds en Europe et en Amérique du Nord.

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Dans certaines régions, comme l'Afrique, il est principalement responsable de la mycose de la peau glabre (herpès circiné, tinea corporis) et des cheveux (teigne, tinea capitis). C'est unparasiteobligatoire de l'homme qui est difficilement transmissible aux animaux.

Peut-être originaire d'Afrique(11), il s'est ensuite répandu dans le monde entier auXXe siècle.

1. Caractéristiques Biologique

Le diagnostic mycologique peut être réalisé en laboratoire sur une culture de 5 à 10 jours. Le mode de formation des conidies (spores par voie asexuée) et la structure du mycélium permet de discriminer les différentes espèces dedermatophytes.

Mycélium à hyphes septés (cloisonnés), filaments en raquettes

Macroconidies(12)pluricellulaires, àparoi lisse et minceavec plusieurs cloisons (1 à 10), isolées ou en bouquets et de forme variable (en cigare, en saucisse...).

La taille est de 10 à 85 µm sur 4 à 15 µm.

Microconidies unicellulaires, piriformes en acladiumou rondes.

Les microconidies sont l'agent causal primaire des infections de la peau et des ongles.

Le T. rubrumcomme tous lesdermatophytesanthropophiles associés à un parasitisme strict (T.violaceum, T. soudanense, M. audouinii, T. schoenleinii) possède :

1 - une conidiogenèse faible(13)(peu de microconidies, et rares macroconidies).

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3- une dépendance des vitamines .

4- une perte de la capacité à dégrader l'urée(test à l'uréase négatif).

Figure 6 : T.rubrum ; microconidies sur les hyphes .Cette disposition de microconidies a été décrit comme « les oiseaux sur un fil »(14)

En culture, la croissance est rapide. Les conditions optimales de formation des

conidies(15), sur une gélose de Sabouraud àdextrose, sont une température de37 °C, un pH basique de 7,5 sous une atmosphère contenant 10 % de CO2, avec une production maximale au bout de 10 jours.

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On peut observer plusieurs types de colonies en culture. Les deux principales sont(16) :

-T. rubrumvariété duveteuse (autochtone) le plus souvent isolée en France, formant des colonies plates, blanches et duveteuses, avec un revers coloré d'un pigment rouge brun à violet (lorsque le pH est à 6 - 6,5). Les microconidies sont peu abondantes, disposées en acladium. Les macroconidies sont rarement observées.

-T. rubrumvariété poudreuse, correspondant à des souches tropicales d'origine africaine ou asiatique, formant des colonies planes ou plissées, d'aspect poudreux.

La conidiogenèse est très abondante : nombreuses microconidies,et macroconidies de calibre régulier (dite en saucisse).

Figure 7 :Vue inférieure d'une culture deT. rubrumvar.rodhainisur gélose de Sabouraud (17)

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2. Activité kératinolytique

Trichophyton rubrumest unparasiteobligatoire de l'homme, spécialisé dans la dégradation de lakératine, une protéine fibreuse, riche enacide aminésà base de soufre (comme lacystéine), susceptibles de former desponts disulfure . Les champignons kératinophiles sont connus pour excréter desprotéases(ou protéinases) qui sont capables de dégrader les protéines du milieu en métabolites leurs fournissant vraisemblablement du carbone, de l'azote et du soufre, nécessaires à leurs subsistance(18) .Car, pour se nourrir, rappelons que les champignons parasites doivent relâcher dans le milieu desenzymesafin de digérer sur place les macromolécules organiques des tissus de l'hôte et de les transformer en petites molécules qui pourront ensuite être ingurgitées à travers la membrane.

3. Répartition et origine

On peut individualiser environ 30génotypesau sein du complexeT. rubrum(13) .Ces génotypes peuvent être répartis en trois groupes d'origines géographiques différentes. Le groupe isolé des ongles de pieds ou d'espaces interdigito-plantaires correspond au classiqueT. rubrumen Europe et àT. kaneien Amérique du Nord. Un deuxième groupe correspond àT. soudanesedesteignesdu cuir chevelu isolé en Afrique et enfin un groupe d'Asie parasitant la peau et les plis inguinaux (l'aine) correspond àT. raubitschekii. SiT. rubrumest actuellement le dermatophyte le plus fréquemment isolé dans les laboratoires à partir des mycoses des pieds en Europe et en Amérique du Nord, il n'en a pas toujours été ainsi puisqu'il était quasi absent de ces régions au début duXXe siècle. Les données cliniques enregistrées depuis un siècle mettent

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en évidence un changement radical du spectre des dermatophytes en Allemagne(19) .Avant la Seconde Guerre mondiale, les dermatophytes dominants étaientEpidermophyton floccosumetMicrosporum audouinii(responsable d'épidémie de teignes) alors queTrichophyton rubrumétait extrêmement rare. Après la guerre, la part deT. rubrumne cessa de croître concurremment avec le nombre de patients souffrant d'onychomycoseet depieds d'athlète. On vit ainsiT. rubrumpasser de 1 % de l'ensemble des dermatophytes isolés en 1926-1928, à 42 % en 1950 pour atteindre 83 % en 1993. La mise sur le marché d'un traitement à base degriséofulvinea fait quasiment disparaîtreEpidermophyton floccosumetMicrosporum audouinii. Par contre, dans les pays d'Europe méditerranéenne, l'incidence des infections àMicrosporum canisa fortement augmenté et ce dermatophyte est devenu dominant pour les cas detinea capitischez les enfants.

Son origine africaine ou asiatique est débattue. Suivant une hypothèse de Rippon (1985)(20),l'origine deT. rubrumest à chercher du côté de l'Afrique centrale et de l'Asie orientale. Dans ces foyers originels, il aurait été présent dans les lésions de la peau glabre (mais pas du pied comme aujourd'hui) parmi la population autochtone habituée à marcher nu-pieds. Ce n'est qu'avec l'habitude du port de chaussures fermées dans les villes que la colonisation des espaces interdigitaux plantaires fut favorisée. Les colons et militaires européens auraient ensuite ramené dans leurs chaussures et bottes la nouvelle souche deT. rubrum.

Dans une analyse plus récente, Gräseret al.(2007)suggèrent une origine africaine. Ces auteurs ont collecté plus de 200 isolats deT. rubrumpartout dans le monde, dont l'analyse des marqueursmicrosatellitesa révélé deux populations distinctes. Les génotypes de la première population venaient principalement

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d'Afrique, alors que ceux de la seconde venaient de partout dans le monde sauf d'Afrique. La plus grande diversité génotypique de la population 1 suggère une origine africaine. Les isolats de la population 1 sont responsables (à plus de 80 %) de mycoses de la peau glabre et des cheveux (tinea corporisettinea capitis) et très rarement d'infections du pied. Aussi, les auteurs reprennent les considérations de Rippon : les isolats africains viennent des communautés rurales des régions chaudes et humides d'Afrique de l'Ouest où l'habitude de porter des chaussures fermées est peu répandue et où donc les risques de contacter untinea pedis(pied d'athlète) sont moins élevés. Inversement, les émigrants africains dans les régions tempérées souffrent detinea pediset sont infectés par les génotypes non africains du clade 2. Les génotypes locaux semblent donc être mieux adaptés aux conditions environnementales. Les auteurs concluent que l'évolution des populations deT. rubrumest fondamentalement redevable des barrières géographiques.

Dans le document Intertrigo interorteil chez l’enfant. (Page 58-64)

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