• Aucun résultat trouvé

Ce chapitre présente de façon détaillée les actions réalisées sur le terrain durant ces trois années dans les communautés indigènes diaguitas sélectionnées. Il sera question d’expliciter des conditions, les contextes, et les parcours suivis pour atteindre une connaissance du terrain, puis une compréhension des dynamiques communicationnelles.

Dans un premier point, je préciserai les différentes sources théoriques qui concernent la méthodologie à suivre pour réaliser un travail de type ethnographique. Cependant, je montrerai que bien plus qu’adapter une méthodologie précise, le chercheur doit mettre en place des stratégies et des tactiques pour répondre aux conditions du terrain. Dans un deuxième point, je rappellerai que si le travail de type ethnographique est guidé par des méthodes, il est surtout conditionné par des rencontres humaines, celle entre le chercheur et les acteurs locaux. Par conséquent, les relations avec les interlocuteurs passent par une prise conscience des subjectivités, des règles, des normes, des habitudes. Enfin, dans un dernier point, je m’attacherai à décrire les actions qualitatives et quantitatives que j’ai réalisées dans les communautés et à San Miguel de Tucumán.

De la méthodologie aux méthodes 5.1.

Les manuels théoriques en ethnographie donnent des clés pour entreprendre un travail de terrain et des outils à mettre en place : comment contacter les acteurs locaux, comment se présenter et présenter ses recherches, etc. Cependant, un terrain est toujours spécifique et de fait n’est pas forcément adapté à la méthodologie préalablement envisagée. Dans cette section, je vais présenter les différentes méthodes que j’ai utilisées, ainsi que les tactiques auxquelles j’ai dû avoir recours sur le terrain.

5.1.1. Théories d’une approche ethnographique

Au cours de la partir précédente, j’ai effectué une revue critique des recherches permettant de penser les pratiques médiatiques communautaires. Aussi, c’est à partir des

144 éléments dégagés comme pertinents pour ce cas de cette recherche, que j’ai élaborée les bases de mon travail de terrain. À partir des travaux associés à la sociologie des usages, il a été démontré que pour appréhender les pratiques des communautés indigènes, le comment mais également le pourquoi de leurs actions, il fallait prêter attention à ce qu’elles font avec les objets communicationnels. La sociologie de la traduction a permis de prendre conscience des significations sociales des artefacts techniques, de leur rôle de médiateur des relations sociales, et de l’impact qu’ils avaient sur le développement des sociétés. Leurs caractéristiques doivent être prises en compte dans la mesure où ces dispositifs peuvent contraindre ou faciliter les usages. En outre, les travaux précédents ont prouvé que pour analyser les modalités des pratiques, il était indispensable de s’intéresser non pas simplement aux conduites mais également aux processus. De plus, il a été vu que les caractéristiques très différentes prises par la communication communautaire pouvaient s’expliquer par le contexte politique, géographique, historique, technique, économique, culturel et social d’appropriation. C’est ainsi l’ensemble de ces informations que j’ai tâché de collecter pour une compréhension fine de la réalité des pratiques médiatiques.

Le recueil de ces données précises exigent d’échanger avec les acteurs concernés, de s’entretenir aux eux sur les dynamiques qui les ont menées à l’appropriation et au développement d’artefacts communicationnels. En ce sens, j’ai emprunté à la phénoménologie, telle que définie par Bourdieu: la compréhension intérieure des pratiques sociales et des logiques d’action, sa vision dynamique de l’évolution du monde à partir des actions des acteurs, et son refus de les considérer comme des « idiots culturels » (Bourdieu, 2000 : 236). Cette approche rencontre néanmoins des limites. Elle suppose que les acteurs ont pleine conscience de leurs actions et des objectifs qu’ils recherchent. De plus, elle présume qu’ils sont capables de définir une situation, d’en parler, et de l’interpréter ; autrement dit, qu’ils n’auraient pas une simple connaissance pratique de leur monde social, mais également une approche théorique de celui-ci. Ainsi, cette perspective omet les limites intrinsèques des individus à connaître leurs processus d’action, à produire des systèmes cohérents signifiants pour décrire et prévoir les conditions et conséquences de leurs actions. Il ne s’agit pas de nier aux acteurs la possibilité de connaître, prévoir et agir avec succès, mais il est question de considérer qu’ils ne peuvent avoir qu’une lucidité limitée de leurs actes. Par conséquent, il semble important de prendre de se référer aux discours des acteurs mais d’en refuser le caractère dogmatique.

145 En outre, l’ethnométhodologie ne prend pas en compte les conditions sociales de l’expérience « doxique » (Bourdieu, 2000 : 234) des acteurs observés. À l’instar du courant objectiviste, j’estime qu’il ne faut pas sous-estimer les conditions sociales, les structures sociales, objectives et cognitives à partir desquelles les humains appréhendent le monde, dans la mesure où celles-ci ont une influence sur les pratiques. Néanmoins, et en accord avec la sociologie des usages des technologies d’information et de communication (TIC) et les travaux de Raymond Williams, je considère que les hommes sont autonomes et actifs. Par conséquent, bien qu’étant limités par des structures structurantes, ils ont la possibilité de les modifier, de les faire évoluer ou de les détourner.

« La capacité du sujet à modifier ses conditions d’existence, à changer le monde, et donc à construire son expérience personnelle dans, avec et contre une expérience collective » (Williams, 1980, éd. 2009 : 19).

Afin de comprendre les pratiques médiatiques des communautés indigènes, il apparaît important de connaître leurs conditions d’existence et la façon dont ils peuvent éventuellement les modifier pour arriver à leurs fins. Cette recherche relève donc d’un travail de type ethnographique.

Afin de connaître la méthodologie à suivre pour obtenir les informations pertinentes, spécifiées dans la partie théorique, je me suis référée aux travaux ethnographiques. La méthode ethnographique, telle que fondée par Malinowski, consiste à recueillir des données à partir de la réalisation d’observations sur le terrain, en explicitant les dispositions prises lors de celles-ci. Aussi, le succès de la recherche ethnographique dépend des trois principes méthodologiques suivants :

« Avant tout, bien entendu, le chercheur doit avoir des visées réellement scientifiques, connaître les normes et les critères de l'ethnographie moderne. En second lieu, il doit se placer lui-même en bonnes conditions de travail, c'est-à-dire, surtout, vivre loin d'autres Blancs, au beau milieu des indigènes. Enfin, il lui faut appliquer un certain nombre de méthodes particulières en vue de rassembler, d'utiliser et d'arrêter ses preuves. » (Malinowski, 1922, éd. 1993 : 63)

Ces observations sont consignées dans un carnet qui rappelle le cadre dans lequel elles ont été réalisées. Il s’agit alors de rester sur le terrain pendant des périodes relativement longues pour s’intégrer à l’altérité, et enfin pouvoir la saisir. Il est donc question de se familiariser avec le terrain et ses acteurs, traverser les frontières du différent afin de les observer « de l’intérieur ». L’observation prolongée permet de rompre avec le sentiment de certains acteurs locaux d’être

146 observés, mais également de saisir ce qui n’est pas dit, ce qui est implicite. La partie d’observation est nourrie d’entretiens semi-dirigés et de collecte de matériaux (affiches, feuillets touristiques, politiques et informatifs, émissions de radio, vidéos, contenus sur Internet, etc.).

Je me suis également inspirée des travaux des chercheurs de l’École de Chicago. Ces derniers sont reconnus pour avoir encouragé la « connaissance directe », soit l’obtention d’informations à partir d’un travail empirique de type ethnographique.

« Pour comprendre la conduite d’un individu, on doit savoir comment il percevait la situation, les obstacles qu’il croyait devoir affronter, les alternatives qu’il voyait s’ouvrir devant lui ; on ne peut comprendre les effets du champ des possibilités, des sous-cultures de la délinquance, des normes sociales et d’autres explications de comportement communément invoquées qu’en les considérant du point de vue de l’acteur. » (Janowitz, 1966, in Coulon, 2012 : 75)

Qu’il s’agisse des travaux de l’École de Birmingham (évoqués dans la Partie 1 point 1.3.2.) ou de celle de Chicago, le travail de type ethnographique apparaît comme étant le plus à même de rendre compte d’une réalité, et de l’analyser à partir des discours des acteurs de terrain. Alain Coulon définie cette méthodologie à partir de l’expression « sociologie qualitative ». Il rappelle que pour les chercheurs de l’École de Chicago, les techniques et les outils pour mener à bien ce travail sont :

« On utilisera d’une part les documents personnels, comme les autobiographies, le courrier privé, les journaux et récits faits par les individus même sur lesquels porte la recherche ; d’autre part le travail sur le terrain, que les chercheurs de Chicago appellent aussi des études de cas, qui s’appuiera sur diverses techniques comme l’observation, l’interview, le témoignage, ou encore ce qu’on a appelé l’observation participante » (Coulon, 2012 : 75)

Ces méthodes d’investigation apparaissent particulièrement pertinente pour non seulement observer les pratiques des communautés, mais également comprendre leurs points de vue, de leurs intentions et des enjeux de leurs actions.

Plusieurs pièges sont à éviter dans l’approche de type ethnographique. Le premier est celui qui a trait à la prise de contact avec les populations locales. L’intérêt que je porte aux pratiques médiatiques des communautés indigènes est avant tout né sur le terrain avant même le début de la thèse, au cours d’un voyage en 2009. Comme c’est le cas dans beaucoup de

147 recherches, le choix de mon objet d’étude n’est pas exempt de considérations extrascientifiques. En effet, la sélection d’un terrain ne peut être totalement dissociée des structures sociales, des préférences personnelles, des expériences sociales et scientifiques. C’est ainsi que mon objet d’étude s’est construit à partir d’un premier contact personnel et touristique. Par conséquent, il est nécessaire de prendre conscience des fondements de ces choix, des propres pratiques, présupposés et croyances ou encore des limites inhérentes à mon point de vue pouvant affecter l’observation, l’entendement et la représentation de l’objet d’étude.

Le second piège à éviter est celui des présupposés véhiculés qui peuvent conditionner le regard, et ainsi l’analyse. Les communautés indigènes continuent encore fréquemment à être réduites à une image romantique et essentialiste d’une forme d’organisation communautaire et solidaire. Elles représentent ce système social à l’opposé des sociétés contemporaines globalisées. En effet, elles cristallisent toujours le mythe du « bon sauvage », où les habitants vivraient plus heureux selon des règles de justice équitables. Elles sont envisagées comme des cultures traditionnelles respectueuses de la nature, dans le sens spirituel et écologique. Méconnaissant le terrain en 2009, j’avais donc inconsciemment cette image des communautés indigènes. Pourtant, lorsque j’ai commencé ce travail de thèse, j’avais déjà passé plusieurs jours dans la communauté d’Amaicha del Valle. Je ne suis donc pas arrivée sur le terrain chargée de ces mêmes stéréotypes. J’ai cherché à y accéder en mettant de côté mes propres représentations.

« La connaissance praxéologique se distingue de la connaissance phénoménologique, dont elle intègre les acquis, sur un point essentiel : elle assume, avec l’objectivisme, que l’objet de science est conquis contre l’évidence du sens commun par une opération de construction qui est, indissociablement, une

rupture avec toutes les représentations « préconstruites », telles que classifications

préétablies et définitions officielles. » (Bourdieu, 2000 : 237)

Influencée par ces écrits, j’ai choisi de me prémunir autant que possible de mes représentations et contre les écrits déjà réalisés sur le terrain. Par conséquent, je me suis gardée d’effectuer des recherches approfondies sur les communautés indigènes avant d’y aller pour la première fois. Le but de ce choix méthodologique était de laisser à mon regard la possibilité d’être surpris par chaque détail, et non pas d’être influencée par ceux évoqués dans des analyses antérieures. Ainsi, ce sont mes interlocuteurs rencontrés et les situations vécues qui m’ont permis de construire une analyse des pratiques médiatiques des communautés

148 indigènes. C’est tout cela qui a aussi facilité l’accès aux documents matériels nécessaires pour réaliser cette analyse. Ce n’est d’ailleurs qu’à la suite de mon premier terrain, que j’ai entrepris une recherche scientifique plus poussée sur les communautés indigènes. Le manque de connaissances pré-terrain a permis de me laisser guider. Mais il comporte néanmoins un écueil, celui de n’avoir pas anticipé la place que les communautés indigènes allaient m’accorder (voir plus loin le point 5.2.).

5.1.2. Des déplacements autonomes et libres

Les membres du laboratoire argentin auquel j’étais attaché effectuaient des voyages réguliers dans les communautés indigènes des vallées Calchaquies. Ils effectuaient des allers-retours dans la journée pour effectuer des fouilles archéologiques ou s’entretenir avec des responsables locaux. Me joindre à ces voyages m’aurait permis d’asseoir mon appartenance institutionnelle et scientifique dans les communautés, et ainsi de ne pas être perçue comme un électron libre. De plus, cela m’aurait permis, grâce à leurs véhicules, de pouvoir accéder à certaines zones difficiles d’accès. Néanmoins, je n’ai pas pris part à leurs voyages pour deux raisons principales.

La première raison et la plus importante tient au fait que les communautés indigènes sont en constante lutte pour la reconnaissance et la conservation de leurs terres. Toute action qui touche à cette thématique est très sensible. Mon laboratoire était composé en majorité d’archéologues. Par conséquent, le fait de répertorier, d’effectuer des fouilles, et de prélever des échantillons de leur sol avait tendance à rendre suspicieux les acteurs locaux. Ils se demandaient comment ces données allaient être utilisées et la teneur des rapports qui en découleraient. Ils craignaient que ces derniers leurs soient défavorables. C’est pourquoi, et ayant moi-même mes propres problématiques, j’ai préféré mener seule mes investigations.

La deuxième raison est qu’il est plus facile de s’intégrer lorsqu’on voyage seule. Malinowski écrivait que l’ethnologue devait s’éloigner des Blancs et rester le plus possible en contact étroit avec les indigènes (Malinowski, 1922, éd. 1993). Si aujourd’hui ces propos choquent compte tenu de l’utilisation de termes raciaux, ces prescriptions n’en demeurent pas moins valables. Ainsi, le fait de vivre seule et sur le terrain permet de lier des contacts plus

149 étroits avec les acteurs locaux, de mieux s’imprégner de leur culture et de leur mode de fonctionnement.

5.1.3. Connaître les règles et les normes du terrain

De prime abord, certaines communautés peuvent être comparées à n’importe quelle commune rurale63. Pourtant, pour se mouvoir dans l’espace physique et social des communautés indigènes, il est indispensable de connaître, comprendre et appliquer certaines conventions, lois, usages culturelles, sociopolitiques comme l’approche ethnographique le rappelle. Par conséquent, dès le départ, je m’étais attachée à connaître et comprendre la structure sociale des communautés. Je me suis vite rendue compte que les membres des communautés exigeaient également que je connaisse leur règles de vie. Par exemple, l’un des premiers gestes de Mario Q. (membre de la communauté d’Amaicha del Valle) a été de me donner un feuillet, dans lequel étaient rédigés les règles de vie dans la communauté, ainsi que les droits et les devoirs des visiteurs. Ruben, l’un des membres de la communauté de Quilmes avait eu la même démarche.

Si les feuillets informatifs rédigés par les communautés (cf. annexe) me permettaient de prendre conscience de certaines règles d’usage, d’autres n’étaient pas explicitées, et étaient découvertes sur le tas. Pour ce faire, j’ai appliqué le principe dégagé par Malinowki, celui de se livrer à une observation de la vie de la communauté dans son intégralité :

« L'ethnographe travaillant sur place se doit de dominer, avec patience et sérieux, l'ensemble des phénomènes dans chacun des domaines de la culture tribale étudiée, en ne faisant aucune différence entre ce qui est banal, terne ou normal, et ce qui étonne et frappe outre mesure. » (Malinowki, 1922, éd. 1993 : 67)

En effet, la structure sociale dans son ensemble dépend de lois et de normes insaisissables, cristallisées, établies et non formulées. Il fallait donc que je les devine à partir de mes observations, sans les chercher uniquement dans les discours de mes interlocuteurs, puisque certaines sont devenues inconscientes, évidentes et naturelles. Ainsi, les temps de paroles, les postures, les gestes, les silences, les façons de s’adresser aux membres en fonction de leur

63Je rappelle brièvement qu’une « commune » est une unité territoriale administrée par un représentant de l’Etat argentin. Elle est donc une division administrative. La « communauté » fait ici référence à l’organisation et l’identité culturelle indigène. Pour plus de détails, revoir les points 4.1 et 4.4.1.

150 statut dans la communauté, les horaires pour contacter les interlocuteurs, les lieux où aller et ne pas aller, l’organisation de l’espace, etc. Ce sont autant d’éléments qu’il m’a fallu décrypter afin de réduire l’impact de mon statut d’étrangère.

L’entendement de la structure et du fonctionnement des communautés m’a permis de me rendre compte que toutes les communautés n’appliquaient pas les mêmes règles et n’établissaient pas de la même manière les relations entre leurs membres. Néanmoins, elles ont toutes un mode de fonctionnement politique relativement similaire : un cacique et un conseil des anciens. Ainsi, même s’il était impossible de connaître de prime abord les spécificités de chacune des communautés, il était possible d’en connaître les bases de fonctionnement. Le travail de terrain passe d’abord par un exercice personnel d’intériorisation des codes, des règles et du savoir-vivre local. Ce n’est qu’à partir de moment où l’on parvient à réduire cette distance, qu’il est possible d’engager une relation de proximité et de confiance.

Prêter attention non pas à ce qu’on souhaite observer, mais à l’ensemble des phénomènes, a permis de mieux comprendre le fonctionnement des communautés indigènes, ainsi que le pourquoi de leur pratiques médiatiques. En effet, si au départ je souhaitais me concentrer sur ce qu’elles font effectivement avec les artefacts médiatiques et partant de là en connaître les objectifs, ce n’est pas mon observation des pratiques qui m’a permis de saisir les objectifs, mais bien l’attention que j’ai prêté à l’ensemble des éléments constitutifs du contexte. Autrement dit, les entretiens avec les acteurs médiatiques m’ont certes permis de saisir les modalités de leurs actions, mais c’est l’observation de leurs comportements et de leurs actions qui m’a permis de prendre conscience des non-dits, des situations périphériques et des évidences. Ceux-ci sont parfois plus révélateurs que ce qui est donné à voir. En effet, dans mes entretiens, j’ai orienté les discussions sur les pratiques médiatiques mais à chaque fois les thématiques politiques et les problématiques de la propriété des terres sont apparues. Au départ, ces éléments me paraissaient être non pas des évidences mais des discours politiques préétablis, mais c’est en prêtant attention à ce qui est banal et ordinaire, que j’ai pris conscience que ces discours, tout en étant politiques et acquis, constituaient une des clés pour comprendre les modalités de leurs actions.

Connaître, appliquer et comprendre les règles et normes locales n’est pas seulement une étape pour être acceptée par les membres de la communauté, mais également une

151 nécessité pour mieux saisir les enjeux et les modalités de leurs pratiques médiatiques. En effet, celles-ci ne s’insèrent pas dans un vacuum, mais sont liées au contexte social et politique ainsi qu’aux modes et règles de vie. Flichy critiquait l’approche proposée par Madeleine Akrich en considérant qu’elle se situait davantage du côté de « l’usuabilité » que des usages (Flichy, 2008 : 151), dans la mesure où elle se focalisait sur le « comment » plutôt que sur le « pourquoi » du maniement des artefacts communicationnels. C’est donc à travers