• Aucun résultat trouvé

Chapitre 6   Recherche action pour une méthodologie de modélisation des traces numériques

6.2   Traces modélisées d’une activité pédagogique dans un EIAH

6.2.2  Travail d’analyse et de modélisation

Cette première expérience de modélisation nous a permis de poser les premiers éléments de structure de notre démarche pour modéliser des traces, en commençant par la détermination du système observé et l’analyse des activités pédagogiques réalisées.

6.2.2.1 Système observé

Techniquement, la « classe virtuelle » que propose eLycée est en réalité une plateforme en ligne

cons-tituée de trois éléments (Figure 6.3).

Figure 6.3 : Les outils formant l’environnement proposé par eLycée.

(1) Un outil de visioconférence, en l’occurrence Marratech™, qui offre un espace de travail

collabora-tif à toute la classe : vidéo, chat (public ou privé), tableaux blancs partagés (permettant d’écrire, de dessiner, de manipuler des images, etc.).

(2) Un outil de navigation Web partagée, eMediathèque, développé tout spécialement pour permettre

(3) Un site Web, qui regroupe les informations relatives à l’organisation des séances mais également

un ensemble de liens utiles (pointant vers un dictionnaire en ligne, un glossaire, etc.), un ensemble de

ressources exploitables, et un espace personnel permettant de gérer ses propres documents de travail.

Il faut préciser que le développement d’eMediathèque avait pour objectif final d’intégrer directement

les fonctionnalités de visioconférence (chat, tableau blanc, puis éventuellement vidéo). Nous avons

donc engagé notre travail de modélisation en considérant que eMediathèque serait en mesure de

pren-dre rapidement en charge toutes les fonctionnalités157 nécessaires à la classe virtuelle. Au final, le

sys-tème observé retenu est constitué théoriquement d’eMediathèque seul et en pratique d’eMediathèque

et Marratech™.

6.2.2.2 Observations et analyse de l’activité

L’analyse des activités pédagogiques se déroulant dans cet environnement a demandé plusieurs séries

d’observations. Ces observations avaient lieu in situ, si l’on peut dire, le seul moyen observer l’activité

en train de se réaliser étant d’être connecté en même temps que les autres participants à la plateforme,

et de suivre les opérations sans intervenir. Sur le plan technique ces observations ont l’inconvénient d’exiger la connexion d’une personne supplémentaire ce qui alourdit la charge sur la bande passante. Le but de l’observation n’étant pas de ralentir la progression générale, certaines observations ont dû être interrompues. L’alternative qui aurait consisté à enregistrer les séances avait le même inconvé-nient, l’enregistrement devant être réalisé sur le serveur Marratech158. Dans ces conditions, peu d’enregistrements complets ont pu être effectués. De plus, la position de « participant muet » de la classe virtuelle est également délicate d’un point de vue pratique. Les travaux en binôme, par exemple, s’effectuent grâce à des tableaux blancs et des conversations « privés » dans l’outil de visioconférence, ce qui ne permet pas de savoir ce qui se passe concrètement tout au long de l’activité.

La première série d’observations a été réalisée lors d’une semaine de test de la plateforme, juste avant le lancement officiel de l’offre d’eLycée, avec une dizaine de participants159, pour qui des activités avaient été conçues spécialement. Ces premières séances étant avant tout consacrées aux réglages du dispositif technique, elles ne nous ont permis qu’une analyse superficielle du déroulement des activités pédagogiques. Une seconde série d’observations a été réalisée plus tard, en conditions réelles d’utilisation, c’est-à-dire avec des clients de la plateforme. Nous avons ainsi pu suivre, toujours en tant que participant « muet » une quinzaine de séances avec des participants se trouvant à différents

en-droits des Etats-Unis160. Finalement, le contexte de modélisation était le suivant (Figure 6.4) : les

ob-servations nécessaires à l’analyse de l’activité se trouvaient centrées sur l’utilisation de Marratech™

(qui devait disparaître à terme au profit des nouvelles fonctionnalités de eMediathèque), avec les

contraintes que nous venons d’évoquer, et le système observé quant à lui était centré sur

eMediathè-que, dont les fonctionnalités devaient soutenir l’ensemble des activités pédagogiques. Dans les deux

cas il s’agissait de tenir compte des interactions des apprenants comme de celles du tuteur.

157 De plus, une version beta d’eMediathèque prenant en charge le tableau blanc et le chat a pu être utilisée durant notre intervention mais uniquement en condition expérimentale, i.e. pas avec les utilisateur réels.

158 Les données sont stockées sur un serveur : il s’agit d’un enregistrement vidéo qui est rejouable dans Marratech™ uniquement. Les Tableaux blancs sont également enregistrés, mais à part, dans un format qui permet de les rééditer a posteriori.

159 Des élèves du secondaire en France.

160 Ce qui implique des sessions de travail à suivre entre 00h00 et 02h00 du matin, heure de Paris, souvent sans possibilité d’enregistrer. Nous avons suivi ces séances sur une période de 2 mois, début 2007. La première série avait eu lieu fin novembre 2006.

Figure 6.4 : Contexte de modélisation autour de l’activité de la classe virtuelle.

6.2.2.3 Exemple d’activité pédagogique proposée

Pour illustrer le type d’activité pédagogique proposé nous avons choisi de présenter brièvement l’exemple d’une activité de traduction d’une planche de bande dessinée (Figure 6.5). Cette activité de traduction (anglais > français), est proposée à des participants en binôme. L’intérêt est ici la confronta-tion à un langage particulier, dans lequel des expressions spécifiques à une langue sont employées.

Cela permet d’une part de rencontrer du vocabulaire, mais également de discuter la meilleure

traduc-tion possible, étant entendu que la traductraduc-tion de certaines expressions ne peuvent se faire mot à mot. Il est d’ailleurs intéressant de voir à quel point le volume d’échanges (en français) entre deux partici-pants peut-être grand relativement à la taille de l’expression à traduire.

Figure 6.5 : Exemple d’activité pédagogique : de traduction de bande dessinée.

Chaque binôme se connecte donc à la page originale à traduire (une page Web contenant l’image de la

page) sur eMediathèque. En parallèle, les deux élèves ouvrent un tableau blanc qu’ils vont partager et

sur lequel ils collent l’image de la planche avec des bulles vides. En créant une zone de texte pour chaque bulle, ils complètent leur traduction. Pour négocier la traduction, les membres du binôme

ressour-ces dont les participants disposent, outre la planche originale elle-même, sont un dictionnaire en ligne,

un glossaire présent des les médias disponibles directement dans eMediathèque, ainsi qu’un accès au

Web et aux sources qu’il peut fournir (en évitant toutefois les traducteurs automatiques).